Le mouvement 969 et Ma Ba Tha: l’extrémisme birman

Le mouvement 969 et Ma Ba Tha: l’extrémisme birman

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Le mouvement 969 et Ma Ba Tha : l’extrémisme birman 1/3

« Le bonheur se trouve dans la vie harmonieusement disciplinée ». De la discipline, ils en ont, aux ordres d’un chef, infiltrés dans les rouages de la politique nationale, s’assurant méthodiquement le soutien d’une part toujours croissante de la population. L’harmonie, la cohésion nationale et la paix, ils la cherchent dans l’unité ethnique et religieuse. Les nationalistes bouddhistes sont de plus en plus nombreux en Birmanie, et répandent leur haine xénophobe et islamophobe dans tous les pans de la société. Des moines en robes orange prêchent ainsi la violence contre les musulmans, encourageant boycotts, massacres et politiques discriminatoires à leur égard. À la tête de cet extrémisme bouddhiste : le mouvement 969 et le comité Ma Ba Tha.

Le mouvement 969, jusqu’à son interdiction officielle en 2013, appelait au boycott des magasins musulmans et tenait des propos incitant à la haine raciale qui ont mené à de nombreux affrontements contre les populations musulmanes. En mars 2013 dans le village de Meiktila, 40 musulmans sont tués et près de 12000 doivent fuir. Ma Ba Tha est la transformation du mouvement 969 en un Comité à vocation plus politique. La doctrine bouddhiste extrémiste se prolonge aujourd’hui encore jusque dans les rangs du nouveau pouvoir.

Retour historique

Ces mouvements ne peuvent être compris qu’à l’aune de l’histoire récente de la Birmanie. Depuis son indépendance en 1948, le pays n’a connu que des régimes militaires autoritaires et répressifs, qui ont valorisé le bouddhisme comme fondement premier de l’identité birmane.

Le XIXème siècle birman est marqué par les guerres coloniales anglo-birmanes qui s’achèvent en 1886 par l’annexion de la Birmanie au Raj britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, la Birmanie devient un théâtre d’affrontement entre les Alliés et le Japon. Avec l’indépendance, s’instaure une fragile démocratie parlementaire. Les insurrections, soutenues par les communistes chinois, secouent le pays jusqu’en 1962 et s’achèvent avec un coup d’État militaire. Le général Ne Win reste à la tête du pays jusqu’en 1988 où un mouvement de protestation populaire permet à un groupe de généraux de mettre en place une nouvelle junte militaire : le Conseil d’Etat pour la restauration de la Loi et de l’Ordre. Le mouvement démocratique populaire est réprimé dans le sang. Les élections de 1990 voient la victoire d’Aung San Suu Kyi, la fille du héros national de l’indépendance, Aung San. Refusant sa défaite électorale, la junte fait annuler les élections et assigne la Lady à résidence. La junte pérennise son autorité et résiste aux émeutes de 2007, la révolution de safran ayant été durement réprimée. En 2010, avec l’élection officielle du président Thein Sein, le pays s’engage sur la voie de la démocratisation. Après des décennies de dictature militaire et de répression, le 8 novembre 2015, le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la Démocratie, remporte les élections législatives et, le 15 mars, la Birmanie a un nouveau président, Htin Kyaw, ami proche d’Aung San Suu Kyi. Président pantin, car la Lady est aujourd’hui le vrai numéro un du pays, ayant réussi à contourner l’article de la Constitution qui l’empêche de devenir présidente. Cependant, malgré les efforts récents de démocratisation, la Birmanie est aujourd’hui pointée du doigt pour les violences perpétrées à l’égard des minorités musulmanes notamment les Rohingyas. Depuis les débuts des années 2010, les violences religieuses animent de nouveau le pays et la haine raciale et islamophobe continuent de faire des morts dans cette nouvelle Birmanie démocratique.

La Birmanie est un pays à majorité bouddhiste, soit près de 89% de la population. Le bouddhisme birman est issu de la branche Theravada, traditionnellement plus conservatrice. Les musulmans représentent 4% de la population, les chrétiens 4% et les hindouistes 1%. Depuis l’indépendance du pays, les conflits inter-ethniques ont fait rage dans certaines régions. La majorité bouddhiste birmane cherche depuis à imposer une unité religieuse et raciale sur le pays. Si l’on constate un relatif apaisement des tensions ethniques ces dernières années, la minorité musulmane reste confrontée à une véritable violence populaire. L’islam est arrivé dans le pays au XIème siècle et se limite aujourd’hui majoritairement à l’Etat de l’Arakan, entre la côte de l’Arakan, du Bangladesh et du delta de l’Irrawaddy. Il y a plusieurs groupes ethniques musulmans : les descendants d’Indiens, dont les Kamein, vivant principalement à Rangoun, les Rohingyas vivant dans l’Etat d’Arakan et interdits de nationalité birmane depuis 1982, les Pantays qui sont des musulmans d’origine chinoise et les musulmans d’origine malaise. La Birmanie reconnaît théoriquement la liberté religieuse et n’a pas de religion officielle.

L’idéologie bouddhiste en Birmanie

Dès 1982, les Rohingyas, ethnie musulmane de l’ouest du pays, se voient déchus de leur nationalité et privés de leurs droits politiques et sociaux. Si leur soutien aux Anglais lors de la lutte pour l’indépendance les a isolés du reste de la population, cette situation tient également de la préexistence d’un sentiment islamophobe dans ce pays très majoritairement bouddhiste. L’ensemble des musulmans de Birmanie, qu’ils soient Rohingyas ou non, sont aujourd’hui persécutés. C’est à la fin des années 1990 qu’on trouve l’origine du mouvement 969, d’après les théories d’un ancien Ministre des affaires étrangères, U Kyaw Lwin.

Le mouvement est lié dès l’origine au pouvoir militaire birman. La junte militaire s’est imposée en 1988 dans le sang de la répression, contre les moines et la population demandant pacifiquement la démocratie. L’objectif premier a donc été pour la junte de retrouver la sympathie des moines, très influents sur la société. Kyaw Lwin fut choisi par la junte pour promouvoir le bouddhisme afin de rallier les moines à la cause gouvernementale. En 1991 est créé le « Bureau pour la promotion et la propagation du Sasana » avec à sa tête Kyaw Lwin. En 1992, le Bureau publie Comment vivre comme un bon bouddhiste, réimprimé en 2000 sous le nom de Le Meilleur bouddhiste avec en couverture le logo repris par 969. Le bouddhisme qui a toujours été considéré comme l’élément fondateur de la nation birmane est alors présenté comme condition exclusive à la nationalité birmane. Ces publications mobilisent ainsi un instrument d’unification : la création d’un ennemi commun. Kyaw Lwin a agi en ce sens avec la stigmatisation des populations musulmanes. Afin d’unifier la nation dans l’identité bouddhiste, il utilise l’Islam comme bouc émissaire.

U Kyaw Lwin croyait en la numérologie, et le mouvement bouddhiste extrémiste est basé sur cette croyance. En Asie du Sud-Est, les musulmans retranscrivent l’expression : « Au nom d’Allah clément et miséricordieux » avec le nombre 786. Ce nombre est un moyen de reconnaissance pour les musulmans entre eux. Or U Kyaw Lwin voit dans ce nombre l’évidence que les musulmans veulent conquérir la Birmanie au 21ème siècle, car 7+8+6 font 21. 969 est supposé être l’opposé cosmologique de 786. 969 représente par ailleurs les Trois Joyaux du bouddhisme. (Les Trois joyaux sont la représentation du Bouddha historique, le Dharma comprenant les enseignements de Bouddha et le Sangha : la communauté spirituelle). Cette croyance selon laquelle les musulmans voudraient dominer la Birmanie devient un leitmotiv légitimant les actions violentes à leur égard.

Cette stigmatisation, si elle s’appuie sur une islamophobie présente au sein de la population, est d’origine gouvernementale. Aujourd’hui encore, le mouvement 969 et Ma Ba Tha sont en partie contrôlés par des anciens membres de la junte. Ma Ba Tha a toujours des relais de premier plan sur la scène politique. Pourtant, d’après les règles bouddhistes, les moines ne sont pas encouragés à s’impliquer en politique, et la Constitution de 2008 leur interdit d’user de la religion à des fins politiques.

 

Le mouvement 969 et Ma Ba Tha : l’extrémisme birman 2/3

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Ashin Wirathu à la une du Time du 1 juillet 2013

 

  • Le mouvement 969 en action

Les idées d’U Kyaw Lwin ont résonné auprès du moine Ashin Wirathu. Celui que le Time a présenté en juin 2013 comme étant le « Hitler de Birmanie » a suivi Kyaw Lwin jusqu’à sa mort en 2001 où il a créé le mouvement 969. En 2003, il est condamné à 25 ans de prison pour incitation à la haine et au conflit religieux après des émeutes ayant causé la mort de 10 musulmans. Il est libéré en 2012 lors d’une amnistie générale. Ashin Wirathu est aujourd’hui le visage de l’extrémisme birman. Il dirige le monastère de Masoeyein à Mandalay, ville où vivent de nombreux musulmans. Le moine s’est déjà lui-même désigné comme le « Ben Laden birman », avec l’ironie violente d’un homme que la mégalomanie a atteint. Les journalistes du Figaro qui l’ont rencontré en 2015 témoignent de la vénération qui entoure le bonze et de la complaisance de celui-ci dans son antre, à Mandalay. S’il a soutenu Aung San Suu Kyi et la démocratie, il lui reproche aujourd’hui de ne pas être une véritable nationaliste, de défendre les Rohingya au détriment du peuple birman, bien que celle-ci n’a jamais pris parti sur la question. Le mouvement est soutenu par les membres du monastère de Masoeyein et s’est étendu à d’autres provinces.

A partir de 2012, des moines de l’Etat de Mon, dont la population se revendique comme les premiers convertis au bouddhisme, lancent le programme « Gana Wasaka Sangha », catéchisme du mouvement 969. Il se répand rapidement dans toute la Birmanie. Les autocollants et les drapeaux portant le logo du mouvement apparaissent sur les magasins, les taxis, les maisons. Des tracts et lettres antimusulmans sont distribués dans tout le pays. Le mouvement s’y défend d’être islamophobe mais assure vouloir protéger la religion bouddhiste et la pureté de la race birmane. L’impact de ce boycott, bien que non étudié, a pu avoir des conséquences importantes pour certaines familles musulmanes qui travaillent traditionnellement dans les petits commerces.

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Logo du mouvement 969

Une islamophobie rampante

Les discours du mouvement 969 réécrivent l’histoire, l’instrumentalisent. Ainsi, les musulmans birmans sont présentés comme étant issus d’une immigration illégale depuis le Bangladesh. Si cette accusation concerne essentiellement l’ethnie Rohingya, l’ensemble des musulmans birmans en font les frais. Le terme « Rohingya » est par ailleurs récusé par les extrémistes qui utilisent le terme de « bengalais » d’après leur origine présumée. Ces discours s’alimentent sur l’actualité internationale récente et l’islamisme djihadiste. L’Indonésie, l’Afghanistan, le Pakistan, sont pris en exemple comme des pays bouddhistes « tombés » aux mains des musulmans. Le 11 septembre 2001, la destruction des Bouddha de Bamiyan en Afghanistan en 2001 par les talibans, sont des événements mis en avant par les membres du mouvement lors de leurs prêches. Lors de ses allocutions, Ashin Wirathu explique : « les musulmans sont très intelligents. Ils utilisent leur intelligence pour [menacer] notre société bouddhiste. Ils obtiennent de l’argent des pays musulmans, et veulent nous conquérir et détruire le bouddhisme. Ce sont des étrangers et ils devraient se sentir chanceux qu’on les traite aussi bien que des invités. » Il présente les musulmans comme dominants d’ores et déjà l’économie nationale : « L’argent pourra éventuellement être utilisé contre vous pour détruire votre race et votre religion. Cet argent sera utilisé pour obtenir une femme birmane bouddhiste et elle se verra rapidement obligée ou forcée à se convertir à l’islam ». Ce qui amène Wirathu à conseiller aux Birmanes bouddhistes de se marier à un chien plutôt qu’à un musulman, car un chien ne les obligera pas à se convertir. La naissance de l’organisation Etat islamique lui donne un nouvel argument épouvantail : les musulmans de Birmanie vont bientôt réclamer leur propre Etat islamique. Est également régulièrement cité en exemple le cas de la ville de Maungdaw, dans l’Etat de l’Arakan, où les bouddhistes sont devenus minoritaires « sur leur propre terre ».

Ces propos prennent car ils s’appuient sur une réalité islamophobe dans le pays. Dans un rapport mené par Oxford University, des chercheurs ont recueilli les discours de la population dans 6 régions du pays, pour comprendre ce qui permettait de considérer les musulmans comme une menace réelle. Dans les discours, la menace du remplacement de population par les musulmans est récurrente. Revient également la vision des musulmans comme représentant une menace directe pour chacun. Le rapport explique que les musulmans sont vus comme « violent, untrustworthy, and devout ». Les personnes interrogées parlent également du traitement de la femme dans l’Islam et de son manque de liberté comme d’une preuve de la menace que représente la religion. Le rapport donne le témoignage de cette bouddhiste de 38 ans, de Lashio, ayant rejoint le Comité Ma Ba Tha :

« The things that happened took place not far from our work place – members of the other religion rape children like your daughter’s age, and we read about that in the news and also see it in real life… Their religion is terrorism. They lured people to convert to their religion by force; they don’t have freedom of belief in their religion. If a Burmese Buddhist got married to one of them, every opportunity would be lost. Even a drop of blood from them is very dangerous. The blood of terror. They have been taught this since they were children, so it’s very terrifying. We say, ‘don’t kill’… They say, ‘kill, if you kill you will be blessed’… Now, in the news, we see about their Jihad in other countries, cutting off peoples’ heads. Horrible things, burning people alive… I don’t want to see our Buddhists suffer like that. That’s why I want to show people the horror of their religion. I want everyone to know. »

Les discours tenus par les membres du mouvement 969, s’ils n’imposent pas l’action violente, incitent à la haine raciale. Les émeutes de 2012 et 2013 ont eu lieu après des meetings du mouvement 969 ou des distributions de tracts. Sur les ruines des maisons brûlées, les criminels ont peint le chiffre 969.

Série d’attaques

Le 3 juin 2012, dans l’Etat de l’Arakan, des bouddhistes attaquent un bus et tuent 10 musulmans. Cela fait suite à une accusation de viol sur une jeune bouddhiste par un passager du bus, accusation avérée fausse. Le 8 juin, plusieurs villages sont incendiés dans la région de Maungdaw faisant 7 morts et environ 500 maisons détruites. Les violences se poursuivent avec un total de 80 morts et 90000 déplacés le 28 juin. Au total, ce sont presque 200 personnes qui ont été assassinées en 4 mois dans cette lutte raciale et religieuse. À Meitkila, en mars 2013, les violences ont débuté sur l’accusation d’une famille musulmane propriétaire d’un magasin d’or d’avoir agressé des clients bouddhistes lors d’une dispute à propos d’une épingle. Ces violences durent 2 jours et font au moins 40 morts dont un moine bouddhiste tué par des musulmans. Les jours suivants des lieux musulmans sont encore brûlés. Ce sont au moins 9000 personnes qui sont forcées à se déplacer suite à ces émeutes. À Okkan, en avril 2013, près de 400 personnes mettent le feu aux mosquées, maisons et magasins musulmans. Les violences auraient fait suite à un épisode malheureux où une jeune musulmane à vélo aurait heurté un moine en faisant tomber son bol à aumône. Les violences font deux morts, plusieurs blessés et plus d’une centaine de déplacés.  D’autres épisodes violents ont eu lieu, suivant le même schéma d’action.

Les violences de 2012 et 2013 résultent ainsi d’un climat de tension lié à la situation politique et sociale du pays. Par leur discours stigmatisant et violent, ils favorisent le passage à l’acte des populations. Cette manipulation passe notamment par les réseaux sociaux. Comme mentionné plus haut, les nouveaux médias et réseaux sociaux se sont démocratisés récemment en Birmanie et la population est ainsi encore peu critique à leur égard. En juillet 2014, une rumeur Facebook est lancée sur une femme bouddhiste qui aurait été violée par un musulman à Mandalay. Ashin Wirathu s’exprime alors : « Ils se rassemblent dans des mosquées de Mandalay sous le prétexte du Ramadan, mais en réalité ils recrutent et ils se préparent au djihad (…). Tous les Birmans doivent être prêts et ne pas tomber dans les pièges de ces musulmans. » Les émeutes qui s’ensuivent font deux morts et une vingtaine de blessés. Il est démontré par la suite que la rumeur était fausse. Le rapport de C4ADS fait également état d’une information partagée sur Facebook en octobre 2012. Elle évoque une saisie d’armes sur le territoire birman, en provenance du Bangladesh. Or la photographie avait été prise en Egypte l’année précédente. 42700 personnes ont partagé la publication et 8400 l’ont aimée.

Une telle violence de masse doit également se comprendre à l’aune de la situation économique et sociale du pays. En 2014, l’OMS indiquait que la Birmanie était à la 150ème place sur 187 à l’indice de développement humain. Dans un pays où la population est majoritairement rurale, où près de la moitié de la population urbaine vit en bidonville, où les catastrophes naturelles sont fréquentes et meurtrières, le terreau est propice au discours de violence et l’intérêt naturel est de protéger ce qu’on a acquis. Il est encore plus compliqué d’en distinguer l’irrationalité quand ces actes sont dictés par des hommes religieusement saints.

Il faut également prendre en compte l’inaction des forces gouvernementales. Les anciens militaires de la junte ont laissé une grande marge de manœuvre aux organisations, espérant sans doute que l’insécurité et le regain du nationalisme joueraient en leur faveur lors des élections. Les témoignages sont nombreux sur l’inaction des forces de l’ordre face aux violences de 2012 et 2013. Cette passivité complice indique le soutien implicite du gouvernement alors en place. La stigmatisation d’un ennemi commun a été un instrument de la junte pour conserver son pouvoir. Dans le documentaire Mantra of Rage, paru en octobre 2013 et produit par SBS Australia, les images des affrontements montrent les forces de l’ordre inactives face à de jeunes musulmans battus. À Mandalay, des musulmans sont interviewés. Ils utilisent le terme de « state-sponsored terrorism », accusant la junte de manipuler les peurs birmanes pour justifier la nécessité de garder le pouvoir. Ces propos sont aussi ceux de certains moines bouddhistes, persuadés de l’implication du gouvernement dans ces affrontements meurtriers, au moins par leur inaction volontaire.

 

Le mouvement 969 et Ma Ba Tha : l’extrémisme birman 3/3

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Des moines bouddhistes lors d’une cérémonie du mouvement Ma Ba Tha à Rangoun, 4 octobre – Crédit photo Khin Maung Win/AP
  • Ma Ba Tha : entrée en politique

Le Comité pour la protection de la race et de la religion (acronyme Ma Ba Tha en birman) prend le relais du mouvement 969 dont la mobilisation en politique a été interdite en 2013. Officiellement créé à Mandalay en 2014, il est dirigé par un comité central de 52 moines, sub-divisé en un Comité central exécutif, et plusieurs départements spécialisés. Dans ce pays où la liberté de la presse est parmi les moins respectées du monde, il est difficile de lister les membres du Comité. Néanmoins parmi les membres identifiés, il y a un nombre important d’anciens membres du mouvement 969, ainsi que des moines birmans très influents et respectés. Ma Ba Tha est davantage organisé que le mouvement 969, et s’est peu à peu constitué en réel organe politique. Son discours se fait plus modéré, et certains de ses membres présentent des positions moins radicales. Les quartiers du comité sont basés au monastère d’Insein, monastère du leader le Sayadaw Ashin Tiloka Bhivuna. Âgé de 76 ans, il est Agga Maha Pandita, un des titres les plus honorifiques du bouddhisme Theravada et dirige un monastère de 1000 élèves à Rangoun. Le vice représentant est U Nyanissara, plus connu sous le nom de Sitagu Sayadaw est aussi un Agga Maha Pandita, dont la renommée internationale est grande. Il est l’un des membres les plus modérés, ayant condamné les affrontements de 2012, bien qu’il s’exprime publiquement en usant de préjugés populaires sur les Birmans musulmans. Un autre membre est Ashin Kawi Daza, responsable d’un monastère dans l’Etat Karen et ancien du mouvement 969. Le rapport Sticks and Stones du C4ADS (le centre pour les études approfondies sur la défense – organisation américaine travaillant sur les problématiques de sécurité dans le monde) le présente comme le moine le plus agressif du pays envers les musulmans. En septembre 2012, c’est un groupe issu de son monastère qui lance les premiers ordres de boycott et les premières violences. Sous le Comité central exécutif, les huit départements regroupent 23 membres : tous moines, la plupart associés au mouvement 969. Ashin Wirathu est à la tête du département « Education et Propagation ». Ces membres continuent d’arborer le logo 969, assumant la filiation des deux mouvements. Les membres du Ma Ba Tha ne font néanmoins plus de discours incitant à la violence, ayant choisi un nouvel angle d’attaque.

Ma Ba Tha agit dans la sphère du politique, avec une action lobbyiste auprès des grands partis. Le Comité a su gagner en organisation par rapport au mouvement 969. Son réseau est étendu à travers toute la Birmanie par le biais de monastères amis. Un nombre croissant de professionnels offre leur expertise pour gérer la relation aux médias, aux législations. Ma Ba Tha se façonne en lien avec son soutien populaire et son réel poids politique. Le rapport Sticks and Stones du C4ADS indique que : « L’appareil de communication de Ma Ba Tha, puissant et organisé, a transformé les ressentiments des bouddhistes envers les musulmans en un discours logique et pertinent pour un public moderne », public que le rapport présente comme peu au fait des manipulations médiatiques modernes. En octobre 2015, Ma Ba Tha réunissait plus de 10 000 supporters au stade de Rangoun, ce qui n’a pu être obtenu qu’avec l’intervention du président Thein Sein, fêtant la fin de la campagne électorale et l’adoption des 4 lois antimusulmanes.

Un rapport de Oxford University explique que le discours de haine n’est plus nécessaire pour instrumentaliser le sentiment islamophobe. En effet, les préjugés et les peurs vis-à-vis des musulmans sont si ancrés dans la société bouddhiste birmane que la menace musulmane est perçue comme crédible. Il s’agit maintenant de rationaliser le discours et de présenter le besoin de protection de la race et de la religion birmane comme une nécessité immédiate.

Meeting et lois discriminatoires

Le Comité réalise des conférences et Congrès réunissant de plus en plus de personnes. La dernière date de septembre-octobre 2015 et a rempli un stade de sport. Le 2 octobre, il y avait au moins 30 000 personnes réunis pour la célébration du vote des 4 lois discriminatoires. Les moines opèrent également avec une certaine autonomie, conduisant des initiatives avec le support implicite du Comité. Les moines peuvent interférer dans les affaires policières et judiciaires locales. En mars 2015, Ashin Parmoukkha est ainsi intervenu dans une affaire policière où un musulman était accusé d’avoir agressé son ami bouddhiste. Les moines reconnus traversent également le pays en dispensant leurs sermons. Ashin Wirathu est sans doute le plus actif de ces moines. En mars 2015, il aurait réalisé 24 apparitions publiques, déclamant ses sermons islamophobes à travers tout le pays. Les membres du comité s’affichent également avec des membres des forces armées birmanes, montrant par-là leur soutien réciproque. Ainsi, au moment des inondations en août 2015, des membres du Ma Ba Tha s’associaient aux soldats pour coordonner et prodiguer l’aide.

Ces actions de communication s’accompagnent d’une réelle pression sur les décisions politiques. Ainsi une pétition rédigée par les membres du Comité a réuni 1,3 millions de signatures. Cette pétition a servi de base pour l’élaboration de 4 lois votées au Parlement birman, avec l’aval du président Thein Sein. Ces lois de « protection de la religion » ont pour but d’empêcher l’expansion de l’islam dans la société et leur objectif officiel est la protection des femmes bouddhistes. La première concerne la monogamie. La loi rend illégale la polygamie et les couples non mariés. La seconde traite de la conversion. Elle oblige tout citoyen souhaitant se convertir à obtenir l’accord du nouveau Bureau d’enregistrement pour les conversions religieuses de sa ville ainsi que se soumettre à un entretien et à une formation sur ladite religion. Après la formation et l’examen, le Bureau peut donner un certificat de conversion religieuse. La loi prévoit des sanctions pour les conversions forcées, les conversions ayant pour but de nuire à la religion et les conversions n’ayant pas suivi la procédure. La troisième loi concerne le mariage inter-religieux. Cette loi réglemente le mariage de femmes bouddhistes avec des non-bouddhistes. Une femme âgée de moins de 20 ans doit se marier avec l’assentiment parental. Les administrations locales peuvent afficher publiquement les demandes de mariages pendant 14 jours afin de déterminer s’il y a des objections. S’il y a des objections, la question peut être portée devant les tribunaux. La quatrième loi porte sur le contrôle des naissances. Elle impose aux femmes de certaines régions d’espacer leurs accouchements de 36 mois. Les gouvernements des états peuvent demander une ordonnance présidentielle limitant les taux de naissance s’il est avéré que « la croissance de la population, l’accélération des taux de natalité, la hausse du taux de mortalité infantile ou maternel ont un impact négatif sur le développement régional » ou « qu’il existe un déséquilibre entre la population et les ressources, les indicateurs socio-économiques faibles et l’insuffisance alimentaire régionale en raison de la migration interne ». Ces lois sont contraires à la liberté de religion, au respect de la vie privée ainsi qu’au droit des femmes. Mais elles visent surtout une communauté particulière notamment par le biais du contrôle des naissances. Ces lois encouragent à l’endogamie bouddhiste. Le combat du Comité à aboutit et Ashin Wirathu a prévenu : « Si la LND forme un gouvernement et si elle essaie d’amender les lois sur la protection de la race et de la religion, elle devra faire face à Ma Ba Tha ».

Aujourd’hui le Comité est réellement implanté dans la vie politique du pays et représente, pour certains, un futur parti politique crédible. Ma Ba Tha ne craint pas la LND car il dispose de relais efficaces sur la scène politique, y compris au Parlement, et d’un réel soutien populaire. En septembre dernier, le gouvernement local de la région de Mandalay a demandé aux musulmans de réduire le nombre de bœufs sacrifiés pour la fête de l’Eid, conformément aux requêtes de Ma Ba Tha, et citant la nécessité de « satisfaire les demandes de la majorité ». La LND s’est également gardée de présenter un membre musulman lors des élections et dans le nouveau gouvernement. En ménageant ce groupe pour garder les voix électorales de ses sympathisants, le nouveau gouvernement leur laisse une marge de manœuvre qui pourrait se concrétiser par de nouvelles violences.

L’instrumentalisation populaire de ces groupes, par le discours et la manipulation médiatique, ont pu mener à des actes violents meurtriers. Les Birmans bouddhistes connaissent un sentiment islamophobe ancien mais passent à l’acte sous l’encouragement de ces groupes, soutenus implicitement par les politiques. L’islamophobie et le nationalisme basé sur la religion montent ainsi en popularité en Birmanie. La politisation récente de ce mouvement a permis de calmer les affrontements violents. Néanmoins les conséquences de cette politisation auront un impact réel sur la vie des musulmans birmans, notamment si la dynamique des lois de « Protection de la race et de la religion » se poursuit. Les Rohingyas sont encore entre 800 000 et 1 million à vivre à l’ouest du pays dans des conditions inhumaines, privés de droits. Aung San Suu Kyi continue de nier le terme de « génocide » pour définir la situation et n’a encore fait aucune proposition pour son amélioration. La frilosité du prix Nobel sur ces questions raciales et religieuses risque de laisser un espace politique libre au groupe Ma Ba Tha. Il faut néanmoins remarquer l’arrestation d’extrémistes bouddhistes lors d’une manifestation contre l’emploi du terme Rohingyas le 28 avril dernier. Ces manifestants font, pour la première fois, face à la justice, signe avant-coureur d’un changement profond ?

Mathilde Blayo

 

Sources :

Birmanie: des extremists bouddhistes poursuivis, RFI Asie-Pacifique, 29 avril 2016 http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20160429-birmanie-extremistes-bouddhistes-poursuivis-rohingya


FRITS SOLLEWIIN,
Media Continues to ignore Burma’s Religious Minister’s Anti-Muslim actions, The Chicago Monitor, 19 avril 2016: http://chicagomonitor.com/2016/04/media-continues-to-ignore-burmas-religious-ministers-anti-muslim-actions/

Birmanie: les premiers pas décevants d’une idole au pouvoir, Info Birmanie, 19 avril 2016 : http://www.info-birmanie.org/birmanie-les-premiers-pas-decevants-dune-idole-au-pouvoir/

Ma Ba Tha, un groupe extrémiste bouddhiste qui reste très influent en Birmanie, Eglises d’Asie, 11 février 2016,  disponible : http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/birmanie-myanmar/2016-02-11-ma-ba-tha-un-groupe-extremiste-bouddhiste-qui-reste-tres-influent-en-birmanie

WA LONE & AUNG KYAW MIN, U Wirathu condemned and warned over hate speech video, Myanmar Times, 2 février 2016: http://www.mmtimes.com/index.php/national-news/18779-u-wirathu-condemned-and-warned-over-violent-video.html

EJ CHERRY AUNG, PHYO THIHA CHO, Radical Ma Ba Tha gives NLD victory a cautious welcome, Mizzima, 14 novembre 2015: http://mizzima.com/news-domestic/radical-ma-ba-tha-gives-nld-victory-cautious-welcome

MAUNG ZAW, Communal violence haunts Meiktila vote, Myanmar Times, 12 novembre 2015 : http://www.mmtimes.com/index.php/national-news/17584-communal-violence-haunts-meiktila-vote.html

CETTOUR ROSE, Birmanie : Aung San Suu Kyi réfute le terme de ‘génocide ‘ des Rohingyas, Geopolis, FranceTV Info, 7 novembre 2015 : http://geopolis.francetvinfo.fr/birmanie-aung-san-suu-kyi-refute-le-terme-de-genocide-des-rohingyas-85505

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