2018 : Quel bilan ?

2018 : Quel bilan ?

Alors que le monde s’engage dans une année 2019 déjà riche en événements, il est temps de marquer une courte pause dans le flot incessant de l’actualité. Classe Internationale vous propose aujourd’hui de revenir sur l’année 2018 et ses événements centraux, afin de poser les jalons d’une meilleure compréhension des enjeux des années à venir. Petit tour d’horizon.

L’Afrique

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Le 9 juillet à Asmara, le président érythréen Isaias Afwerki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ont conclu un accord de paix après un conflit de 20 ans.

L’Afrique a été au cœur de plusieurs préoccupations internationales en 2018. De nombreuses élections ont souvent eu lieu sous tension, suscitant tantôt espoirs de renouvellement mais s’inscrivant, ailleurs dans une irrésistible continuité politique. Placées elles-aussi sous le signe de la continuité, certaines crises n’ont pas trouvé en l’année 2018 la clé du dénouement. D’autre part, la croissance y reprend globalement des couleurs, c’est souvent vers l’Afrique que les regards ont convergé cette année, notamment à l’occasion du 10e sommet des BRICS, ou encore lors du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC).

Enfin, l’année 2018 marque un tournant positif pour la Corne de l’Afrique. Elle signe la fin d’un conflit de 20 ans, cause majeure de l’instabilité régionale : en juillet, les sœurs ennemies Érythrée et Éthiopie ont proclamé la paix, à la surprise générale des observateurs.

Une année de réformes : l’attractivité africaine au cœur des convoitises internationales

Après un ralentissement du PIB réel en 2016 et une reprise en 2017, la croissance globale se maintient, avec une augmentation sur le continent de 3,8% [1]. Toutefois cette évolution est mitigée : alors que les pays pauvres en ressources naturelles, grâce à une production agricole plus importante et une relance de l’investissement public, ont observé un taux de croissance dépassant les 7% au Rwanda, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, la courbe est plus morose dans les principaux pays exportateurs de produits de base. Ainsi la croissance est inférieure à 1% en Afrique du Sud, et n’a pas dépassé les 2% au Nigéria.

Sous la présidence du rwandais Paul Kagame, L’Union africaine a entrepris de nouvelles réformes. Lors du sommet qui s’est tenu à Kigali en mars, les États ont adopté la zone de libre échange continentale (ZLEC), dressant ainsi les bases d’un nouveau marché intra-africain. Cet accord devra toutefois compter sans le géant nigérien.

Beaucoup d’États ont également entrepris de modifier leurs législations pour permettre d’importants projets d’exploration et de production de leurs ressources souterraines. Alors que la majorité des membres de l’OPEP, depuis l’adhésion du Congo en juin, est désormais africaine, les investisseurs s’intéressent de très près au continent.

L’année 2018 a surtout vu les liens sino-africains se renforcer. À l’occasion du troisième FOCAC, en septembre, la Chine a exprimé sa volonté de lier la China’s Belt and Road Initiative avec l’agenda des Nations Unies pour le développement durable d’ici 2030 et celui de l’Union africaine d’ici 2063. Elle a en outre annoncé un financement de 60 milliards de dollars pour soutenir le développement du continent. Enfin, après que le Burkina Faso a rompu ses liens avec Taïwan, le Swaziland est désormais le dernier État africain à s’opposer aux volontés de la République populaire de Chine à cet égard.

Des élections sous tension : entre espoirs de renouvellement et continuité politique

Si de nombreuses élections se sont tenues à travers le continent en 2018, certaines ont été le théâtre de fraudes, asphyxiant tout espoir de renouvellement.

Ainsi au mois de mars en Égypte, les candidats d’opposition ont-ils renoncés à se présenter, sous pression ou par rejet de leur candidature par la commission électorale. Sans surprise, Abdel Fattah Al-Sissi a été élu avec 97% des voix pour un second mandat de 4 ans. De la même façon, c’est le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013, qui reprend pour 5 ans les rennes du Mali, toujours en proie à la menace djihadiste. Le Cameroun également, plus que jamais morcelé et confronté à une rébellion sécessionniste, a vu son président depuis 36 ans Paul Biya réélu en octobre pour un 8ème mandat, dans un contexte de violence. Avec la présence de Boko Haram dans l’extrême nord du pays ainsi qu’un conflit armé depuis fin 2017 dans les régions anglophones de l’ouest, l’année 2018 y  a été le théâtre de combats quasi-quotidiens.

Certains États ont néanmoins, dans une certaine mesure, opté pour le renouvellement. C’est le cas de Madagascar où, au soulagement de tous, l’élection en décembre d’Andry Raojolina, chef du mouvement de contestation ayant mené au renversement du pouvoir en place lors de la crise de 2009, n’a pas provoqué de crise post-électorale.

En Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa a repris la présidence, marquant la fin de l’« aire Zuma » et ouvrant la voie à des enquêtes sur la corruption d’État durant le long mandat de ce dernier.

Au Zimbabwe, après une lutte pour la succession du “dinosaure” Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa a été élu en août dans un climat tendu, sur fond de soupçons de fraude. Des violences ont fait plusieurs morts. Le pays traverse en 2018 sa pire crise économique depuis une décennie, et les conditions de vie se sont dégradées malgré les espoirs qu’avait suscité la chute de Mugabe. En décembre 2018, l’inflation était de 42%, et la plupart des entreprises ont progressivement fermé. L’année 2019 s’y ouvre actuellement sur d’importantes manifestations, sévèrement réprimées par les forces militaires.

La situation en République démocratique du Congo au tournant de l’année 2019 est également préoccupante. La validité de l’élection de Félix Tshisekedi ne fait pas l’unanimité, alors que le 30 décembre, la population a été appelée aux urnes pour élire le successeur de Joseph Kabila, avec l’espoir de mettre fin à un régime corrompu et prédateur. Les États voisins et l’ensemble de la communauté internationale sont inquiets quant à l’instabilité régionale que pourrait provoquer ces contestations.

Un continent toujours en proie à d’inextinguibles tensions régionales

L’avenir incertain de l’opération « Barkhane »

L’année 2018 a été marquée par une multitude d’actions des forces françaises, en collaboration avec la mission Minusma des Nations unies au Mali dans le contexte de la guerre du Sahel. Le Mali, le Niger, le Burkina-Faso, le Tchad et la Mauritanie, regroupés depuis 2014 dans le cadre du « G5 Sahel », continuent de lutter contre la présence de groupes armés se réclamant d’Al-Qaïda et de l’État islamique. Les différentes autorités s’interrogent quant à l’avenir de l’intervention extérieure française. En effet, le manque de financement et le niveau disparate des armées ont encore démontré la faiblesse de cette coordination, et les djihadistes ont continué en 2018 de frapper dans ces pays, par exemple au Burkina Faso en mars par deux attaques conjointes visant l’ambassade de France et l’état-major des armées burkinabées.  

République centrafricaine : entre tentatives de médiations et nouvelle proximité russe

Au cours de 2018 se sont développées des tentatives de médiation dans la crise en Centrafrique qui oppose depuis fin 2012 une multiplication de groupes politico-militaires qui se disputent le contrôle du territoire et de ses importantes richesses.

Dans un contexte de ressentiment croissant à l’égard des Nations Unies, souvent accusées en 2018 de détourner les yeux de ce pays sur lequel elle exerce tant bien que mal une tutelle, des médiateurs de l’Union africaine ont entrepris une navette entre les 14 groupes armés et le gouvernement. Ils ont  présenté à terme une synthèse des revendications, qui devrait servir dans le cadre des négociations de sortie de crise en Janvier 2019, à Khartoum.

Durant l’année 2018, le gouvernement russe a tenté une approche afin de participer à la formation de l’armée centrafricaine ainsi que d’entourer le président Touadéra.

Des accords de paix fragiles dans le plus jeune État du monde

Au Sud-Soudan, les tensions entre les partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar font osciller le pays entre guerre et paix depuis 2013, déstabilisant les populations et l’économie du pays. En septembre, le président et son rival ont conclu un énième traité afin de mettre fin à la guerre civile, sous pression internationale. Toutefois, les doutes planent largement sur ses chances de succès.

Une situation migratoire toujours meurtrière en 2018

En 2018, les statistiques les plus optimistes ont fait état de 1400 morts sur les routes migratoires africaines. La Méditerranée aura emporté 2 242 vies, alors que les autorités de l’Union européenne et africaines échouent encore à adopter des solutions effectives quant aux flux migratoires.

La réconciliation Éthiopie-Érythrée : un tournant pour la Corne de l’Afrique

Le 9 juillet à Asmara, à la surprise générale des observateurs internationaux, le président érythréen Isaias Afwerki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ont conclu un accord de paix après un conflit de 20 ans. Ce dernier était une cause majeure de l’instabilité régionale. L’Érythrée, indépendante de l’Éthiopie depuis 1993, a déclenché la guerre en 1998 en envahissant une partie de son territoire. Le conflit a provoqué d’importants exodes et la destruction d’éléments clés des infrastructures Érythréennes. Les combats se sont progressivement étendus à la Somalie.

Certains analystes, dont Sonia le Gouriellec [2], ont explicité le rôle d’influences extérieures sur cet accord, notamment venues du Golfe. Les Émirats arabes unis assurent la stabilité en Éthiopie et soutiennent financièrement les dettes des deux pays en échange d’une loyauté politique et d’un accès aux ressources. De plus, le nouveau Premier ministre éthiopien réformateur souhaite mener l’ouverture du pays et dynamiser sa position dans la région.

Bien que les observateurs restent prudents quant à la durabilité de cette paix, c’est une bonne nouvelle pour l’économie et la pacification de la Corne de l’Afrique.

L’Europe

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Le Parlement européen à Strasbourg

Montée des populismes en Europe

En Espagne, l’exception est terminée. De multiples facteurs ont permis pour la première fois à un parti d’extrême droite, Vox de faire son entrée dans un parlement régional, en Andalousie. Ainsi, la tentative d’indépendance de la Catalogne et l’accueil médiatisé de migrants ont permis à un tel parti de se faire entendre en Espagne, une première depuis la fin du franquisme. Cela semblait pourtant encore impensable au 1er juin 2018. Lorsque le leader du parti socialiste Pedro Sanchez (PSOE) a réussi à faire voter une motion de censure contre Mariano Rajoy du parti populaire, il est ainsi devenu le chef d’un nouveau gouvernement. Celui-ci est marqué par la place importante prise par les femmes et par un engagement résolument européen. De plus, le scandale de la « Manada », un groupe condamné à une peine mineure suite à une agression sexuelle collective, avait impulsé un fort mouvement de protestation contre le patriarcat et les violences faites aux femmes. Vox s’est néanmoins illustré en cette fin d’année 2018, en proposant des mesures fortes visant à supprimer le système des Autonomies en Espagne ou à refuser la mise en place de mesures contre les violences faites aux femmes.

L’Allemagne n’a pas non plus été épargnée par cette montée des extrêmes. L’année 2017 s’était ouverte sur la retentissante affaire des violences commises à Cologne, et pour lesquelles des migrants avaient été accusés. La politique d’accueil d’Angela Merkel fin 2015 avait alors été pointée du doigt, ce qui a continué de l’affaiblir politiquement. Après les élections de 2017, un accord entre le SPD (parti socialiste) et la CDU n’avait été signé que le 7 février 2018. Le Parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a surfé sur le regain de xénophobie qui s’en est suivi. Cette montée a alors fragilisé la coalition d’Angela Merkel, ex-leader de l’Union Chrétienne Démocrate (CDU), avec l’Union Chrétienne-Sociale (CSU).  Le Ministre-président de la Bavière Markus Söder a tenté d’imposer un virage à droite à Angela Merkel, avec en ligne de mire les élections en Bavière. Il voulait ainsi empêcher la fuite de son électorat vers l’extrême droite. Même si au terme des élections du 14 octobre la CSU a conservé sa majorité avec 37% des voix, l’AfD a néanmoins obtenu 10,6% des voix, faisant pour la première fois son entrée au Parlement régional.

Toutefois en 2018 la plus grande victoire des populistes en Europe reste en Italie. Le 4 mars 2018, la coalition de centre droit portée par Matteo Salvini leader de la Ligue remporte 37% des voix tandis que le Mouvement 5 étoiles de Luigi Di Maio récolte 32,7% des voix. Après de longues négociations entre ces deux partis et un refus du Président de la République Sergio Matarella d’approuver un gouvernement dont le ministre de l’économie était ouvertement europhobe, le gouvernement a finalement été formé le 1er juin 2018. Giuseppe Conte, le Président du Conseil, y est appuyé par Matteo Salvini, vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur et Luigi Di Maio, également vice-Premier ministre et ministre du développement économique, du travail et des politiques sociales. Les premières mesures n’ont pas tardé, comme le refus de l’entrée de bateaux d’ONG humanitaires transportant des migrants dans les ports italiens, ou le vote d’un budget en désaccord avec les règles de l’Union Européenne.

Parallèlement à l’émergence de nouveaux courants populistes, d’autres se sont consolidés. Ainsi en Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban continue son travail d’érosion de l’Etat de droit par un effacement progressif des séparations entre les pouvoirs. Une récente réforme des heures supplémentaires y a cependant fait naître une contestation importante. Il en est de même en Pologne et en Roumanie, où l’effacement des barrières entre les trois pouvoirs laisse supposer des jours sombres pour l’Etat de droit et le libre exercice de la démocratie. L’application de l’Article 7 du Traité de l’Union européenne contre la Pologne pour violation grave des valeurs fondamentales de l’Union, qui pourrait à terme retirer le droit de vote de la Pologne au Conseil ne semble pas avoir changé radicalement le discours du PiS, le parti au pouvoir. Cette procédure a de toute façon peu de chances d’aboutir.

En Suède, les élections de septembre ont confirmé la montée du Parti populiste anti-immigration Les Démocrates de Suède. Le rejet d’une immigration volontiers assimilée à l’insécurité dans un pays historiquement généreux en matière de politique d’asile a été le thème central de leur programme. Totalement absente du paysage politique avant 2010, la formation de J. Åkesson a obtenu 17% des suffrages, un score suffisant pour plonger le pays dans une impasse électorale. Les partis traditionnels ont mené des discussions infructueuses pendant les mois qui suivirent l’élection sans parvenir à se mettre d’accord sur la formation d’un gouvernement.

À l’approche des élections européennes de 2019, l’ensemble de ces partis semblent s’accorder sur un rejet de l’Europe et de ses institutions. 

Brexit : accord de sortie ou « no deal »

Accord ou « no deal », tels ont été les deux pôles qui ont marqué les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, deux ans après le référendum de juin 2016. Le 19 mars, un certain optimisme a prévalu quand la Commission européenne et Londres ont publié le premier accord sur les modalités du Brexit, notamment sur une période de transition qui prendra fin le 31 décembre 2020. Mais si un pas avait été franchi sur la scène internationale, c’est dans les affaires internes que la situation s’est compliquée. Ainsi la loi de retrait, transposant les compétences de Bruxelles dans le droit britannique, n’a cessé en juin 2018 de faire la navette entre les deux chambres, où chaque amendement était débattu. La loi est finalement passée, offrant un sursis à Theresa May.

Mais le point de crispation a sans nul doute été  la question de la frontière entre les deux Irlande. Après de longs mois de négociations un accord a été trouvé le 13 novembre avec les 27 pays membres. Celui-ci semble pouvoir éviter la remise en place d’une frontière physique, en maintenant provisoirement le Royaume-Uni dans l’Union douanière européenne, en contrepartie de quoi le pays continuera d’observer les règles en matière de politique sociale, fiscale et environnementale. Fin 2018, à 3 mois du 29 mars 2019, le terrain semblait dégagé. Depuis, les députés ont rejeté massivement l’accord durement négocié par Theresa May, avant de donner à nouveau mandat à Theresa May pour renégocier la fameuse clause dite de backstop le 29 janvier 2019. Mais l’Union européenne, par la voix de Donald Tusk, s’est fermement opposé à toute renégociation.

La résurgence de la menace russe autour de la Baltique

Après l’annexion de la Crimée en 2014, la persistance des tensions en Ukraine et l’intervention actuelle des troupes russes en Syrie, c’est dans la région de la mer Baltique que la Russie inquiète La Suède et les trois pays baltes se montrent de plus en plus inquiets. Il faut dire que la Baltique a été le théâtre d’un regain d’activités sous-marines russes, de patrouilles de navires, voire de viol d’espace aérien de la part de chasseurs russes. C’est aussi l’enclave de Kaliningrad, avant-poste pour la flotte russe au cœur de l’UE, qui inquiète. Ainsi, c’est dans le contexte de la crainte d’une attaque venue de l’est, que les pays de la Baltique, notamment la Suède, se préparent au pire. L’exercice de l’OTAN « Trident Juncture », se déroulant entre octobre et novembre 2018 au nord de la Norvège, auquel la Suède a participé au titre de pays non-membre de l’OTAN, a été vu, même s’il s’agit d’un hasard du calendrier, comme une répétition générale pour un tel scénario, doublée d’une volonté dissuasive envers la Russie. L’exercice Saber Srike, dans son édition 2018, exécuté en juin dernier dans les pays baltes et en Pologne s’est inscrit dans ce même contexte de crainte et de volonté de dissuader.

Macédoine vs Grèce : un accord mettant fin à 30 ans de tensions

Depuis 1993 et l’indépendance de la Macédoine, cette dernière et la Grèce ont entretenu une relation tendue. Le nom de « Macédoine » était vu comme illégitime par la Grèce qui la considérait partie exclusive de son patrimoine historique. La suite a été un blocus commercial grec en 1994, un véto d’Athènes en 2005 contre l’ouverture des négociations pour l’adhésion de la Macédoine à l’UE et un veto en 2008 contre son intégration dans l’OTAN. Pourtant, la main tendue par Skopje en 2017 a conduit à la réouverture des négociations en janvier 2018, sous l’égide de l’ONU. Ainsi, le 17 juin 2018, un accord historique a été trouvé puis soutenu par un référendum consultatif organisé par Skopje en septembre 2018 : la Macédoine a accepté d’être rebaptisée « République de la Macédoine du Nord ». Le 11 janvier 2019 le parlement macédonien a voté ce changement aux deux-tiers, à une voix près. C’est au tour du Parlement grec de fermer, du moins l’espère-t-on, un épisode de 30 ans de querelles.

Portugal, Grèce, Suède… des événements météorologiques extrêmes et dramatiques

Certains pays européens ont été frappés en 2018 par des catastrophes naturelles, causant des dommages à la fois matériels et humains. Au Portugal, le gouvernement a décrété « l’état de catastrophe publique » à la suite des incendies meurtriers d’octobre. En Grèce, les incendies de juillet-août dans la région d’Athènes ont causé la mort d’une centaine de personnes. Dépassé, le pays a dû lancer un appel à l’aide aux pays voisins et à l’Union européenne pour lutter contre les flammes. Au nord, la Suède a également demandé de l’aide pour faire face à une vague de chaleur et des incendies d’une ampleur inédite. De manière générale, les pays du nord de l’Europe ont été particulièrement frappés par les hausses de chaleur. La Norvège a connu le mois de mai le plus chaud de son histoire.

L’Europe subit ainsi de plein fouet les effets du réchauffement climatique. La sécheresse et les hautes températures perdent de plus en plus leur caractère exceptionnel et mettent à genoux l’agriculture dans certaines régions. Or les enquêtes sont claires : ces événements météorologiques extrêmes sont la conséquence du réchauffement climatique. Dans le rapport du GIEC paru en 2018, les scientifiques alertent qu’au delà d’un certain seuil, les conséquences du changement climatique deviendront irréversibles. Ces événements climatiques extrêmes mettent les pays européens (et du monde) au défi de trouver des solutions politiques immédiates face à l’urgence de la situation. Malheureusement, la faible représentation politique, l’absence de relèvement des ambitions et les ambiguïtés sur les financements dressent un bilan en demi-teinte des négociations de la COP24, tenus en décembre 2018 à Katowice.

L’Amérique latine

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Le , Jair Bolsonaro obtient 55,13 % 58 des voix et prend la tête de la République fédérative du Brésil

Nicaragua – Une répression grandissante

L’année 2018 aura été marquée par un conflit social violemment réprimé au Nicaragua. Le 16 avril 2018, des protestations étudiantes ont éclaté, elles ont ensuite rapidement pris de l’ampleur et se sont diffusées à l’ensemble de la société pour exiger la démission du président Daniel Ortega. L’ancien guérillero du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) avait participé au renversement de la dynastie Somoza en 1979. Loin de céder aux exigences du peuple, Ortega a organisé une sanglante répression du mouvement qui exige une véritable démocratie et s’oppose à la dérive autoritaire du Nicaragua. La liberté de la presse est également menacée puisque le gouvernement contrôle l’approvisionnement en papier. Ceci a poussé plusieurs journaux à devenir uniquement numériques, mais certains ont également dû fermer suite aux pressions de l’Etat. La situation n’a cessé d’empirer malgré une tentative de médiation de la part de l’Eglise, et le 23 décembre, les enquêteurs de la Cour inter américaine des droits de l’homme ont été expulsés du pays, accusés d’ingérence par Managua. L’enquête a néanmoins révélé que la répression avait fait 325 morts dont 24 mineurs depuis mi-avril.

Venezuela et Argentine : l’enchaînement de crises

L’année 2019 s’est ouverte sur le deuxième mandat de Nicolas Maduro, réélu en 2018. Néanmoins la validité des élections n’est pas reconnue par de nombreux Etats. Le Venezuela est accusé par ses voisins ainsi que par l’opposition de progressivement s’enfoncer dans une dérive autoritaire, tandis que les crises se multiplient. Crise économique, d’abord : du fait de l’hyperinflation, les prix ont augmenté vertigineusement, et la décision du président de multiplier le salaire minimum par 35 n’y a rien changé. Les pénuries augmentent, les queues aux distributeurs s’allongent. Crise migratoire ensuite : on compte aujourd’hui plus de 2 millions de vénézuéliens exilés. La plupart se trouvent dans les pays proches comme la Colombie mais certains ont également fui vers les États-Unis. Pendant ce temps là, le gouvernement crie au complot fomenté par les puissances étrangères, les États-Unis en tête, appelant les exilés à revenir au pays. Il recourt également à la censure, et a déjà fait disparaître une dizaine de médias écrits.

L’Argentine, touchée par une grave crise économique au début des années 2000, est en passe d’en subir une nouvelle. Le peso argentin aura en effet subi une perte de valeur importante durant l’année 2018. Le pays a également été touché fin 2018 par le mouvement #meetoo, qui a pris la forme d’un hashtag #miracomonosponemos suite à la révélation par des actrices argentines des agressions qu’elles avaient subies de la part d’autres acteurs.

L’Amérique latine au rythme des élections présidentielles : un tournant dans le paysage politique interne ?  

L’année 2018 fut marquée par les élections présidentielles en Colombie. Passée la surprise de voir un candidat de gauche, Gustavo Petro, au second tour, c’est finalement Ivan Duque qui a été élu. Cet ancien ministre du président Alvaro Uribe était peu médiatisé avant son élection, raison pour laquelle il a été appuyé par les uribistes. Orienté à droite, il souhaite dans son programme revenir sur l’accord conclu avec les FARC par l’ancien président Santos. Il juge en effet celui-ci trop clément avec les ex-guérilleros. Le début du mandat d’Ivan Duque a été marqué par d’importantes manifestations étudiantes demandant plus de moyens pour les universités publiques. On a également assisté à une recrudescence des attaques et des meurtres de leaders sociaux dans les campagnes. L’incapacité de l’État à assurer une emprise effective sur son territoire est encore pointée du doigt. L’arrivée de nombreux migrants vénézuéliens pose aussi la question de leur accueil en Colombie.

Encore des élections : au Mexique, André Manuel Lopez Obrador (AMLO) a été élu président, après deux premières tentatives infructueuses. Il a ainsi de nouveau mis fin à l’hégémonie du Parti révolutionnaire institutionnel, déjà battu en 2000. AMLO rompt avec ses prédécesseurs dans la manière avec laquelle il veut lutter contre la violence qui gangrène le pays. Ainsi, il s’est prononcé en faveur de la légalisation du cannabis, ainsi que pour l’amnistie de trafiquants retournant à la vie civile. Ces mesures ne font toutefois pas l’unanimité dans la population. L’année 2018 aura aussi été marquée par le passage de caravanes de migrants venus d’Amérique centrale, traversant le Mexique pour rejoindre les États-Unis. Le Salvador, le Honduras et le Guatemala sont en effet minés par les maras, des groupes criminels ultra violents. Contrairement à son homologue étasunien qui lutte en ce moment contre le Congrès pour obtenir le financement d’un mur à la frontière mexicaine, AMLO, lui, s’est engagé à accueillir les migrants qui le souhaitent en leur accordant des titres de séjours. Mais ceux-ci les ont souvent refusés, leur but ultime restant les États-Unis. La première mesure symbolique du nouveau président a été l’annulation du projet de nouvel aéroport de Mexico, symbole du capitalisme de connivence avec des projets donnés par l’ancien gouvernement sans aucun appel d’offre.

Au Brésil, l’élection présidentielle a occupé une place centrale dans l’actualité politique internationale en 2018. Jair Bolsonaro (PSL), le candidat d’extrême-droite, a remporté le deuxième tour avec 55% des votes, face aux 44% de son principal adversaire, Fernando Haddad, du Parti des Travailleurs (PT). L’élection du capitaine de réserve marque un vrai tournant politique dans le pays, après plus d’une décennie de gouvernements de gauche. En tant que candidat, Bolsonaro s’est fait entendre pour avoir misé sur les enjeux critiques au cœur de la société brésilienne : l’insécurité dans les grandes villes, les scandales de corruption récurrents et la crise économique. La campagne électorale a néanmoins été émaillée par une campagne de désinformation massive contre le PT, contre laquelle le parti a déposé une plainte auprès de la commission électorale. En politique extérieure, Bolsonaro a promis le retrait du Brésil du Pacte mondial pour les migrations et le transfert de l’ambassade brésilienne à Jérusalem, ce qui n’est pas sans rappeler la décision de Donald Trump un peu plus tôt dans l’année. Reste à savoir si les promesses de campagne du nouveau président brésilien verront le jour en cette année 2019.

L’Amérique du Nord

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Les présidents Trump,  Trudeau, et Enrique Peña Nieto signent l’accord U.S.-Mexico-Canada à  Buenos Aires, à la marge du sommet des leaders du G-20 le 30 november 30 2018

Justin Trudeau : le Canada rattrapé par l’international

À propos de la politique interne. L’année 2019 annonce une nouvelle campagne électorale pour Justin Trudeau, laquelle prévoit d’être féroce entre le premier ministre libéral et le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer. Le scrutin est prévu pour le 21 octobre. Le Nouveau parti démocratique (NPD), le Parti vert et le Parti populaire (aile conservatrice dissidente) sont également dans la course mais sans grand espoir de victoire.

L’année 2018 avait mal commencé pour Justin Trudeau : un voyage officiel en Inde ayant tourné au fiasco (notamment en raison de l’invitation d’un extrémiste Sikh lors d’un dîner officiel) a entraîné une forte baisse de popularité du Parti libéral du Canada et du Premier ministre – malgré une économie relativement forte et un taux de chômage n’ayant jamais été aussi faible depuis quarante ans. Il a également dû faire face à une vague continue de demandeurs d’asile qui traversent la frontière canadienne de manière irrégulière.

En avril 2018, Justin Trudeau a effectué son premier voyage officiel en France pour “raviver les relations entre les deux pays”. En janvier 2019, le Canada et la France ont d’ailleurs fêté les 90 ans de leurs relations diplomatiques. De leur côté, les Etats-Unis aussi semblent vouloir se rapprocher de la France, comme l’illustre la visite officielle de Donald Trump auprès d’Emmanuel Macron en 2018 (voir Une nouvelle relation franco-américaine ?).

À propos de la légalisation du cannabis. Le 17 octobre 2018, le Canada est devenu le premier pays du G7 à légaliser la consommation du cannabis, dit “récréatif”, pour les personnes majeures. C’est le deuxième pays du monde à passer ce cap après l’Uruguay en 2013. La légalisation du cannabis annonce la promesse d’une profonde manne fiscale pour le gouvernement canadien – mais aussi pour les entreprises étrangères qui voient déjà le Canada devenir le nouvel eldorado de “l’or vert”. Justin Trudeau justifie cette nouvelle politique par un double objectif : supprimer le marché informel du cannabis et enrayer sa forte consommation. D’ici octobre 2019, il sera également possible de vendre des produits consommables à base de cannabis, et la culture de quatre plants de cannabis est permise dans l’ensemble du Canada sauf dans la province québécoise (qui réserve d’ailleurs son commerce à des structures publiques uniquement). En effet, chaque province et territoire dispose de ses propres réglementations à ce sujet.

À propos des questions migratoires. En janvier 2017, le tweet #WelcomeToCanada de Justin Trudeau, en réaction à la position anti-immigration du nouveau président Donald Trump, a provoqué une vague migratoire d’une ampleur conséquente. Alors que seulement 2 400 personnes ont immigré illégalement au Canada en 2016, les migrants illégaux sont plus de 20 500 en 2017, et plus de 17 000 fin octobre 2018, entraînant des mouvements de contestations. La signature par le Canada du Pacte mondial pour les migrations de l’ONU (texte juridiquement non-contraignant) a réactivé ce mécontentement minoritaire mais les sondages montrent que 60% des Canadiens sont favorables à l’immigration et 80% considèrent qu’elle a un impact positif sur l’économie.

Le Canada et l’Arabie saoudite. Début août 2018, sur Twitter, la ministre canadienne des Affaires Étrangères, Chrystia Freeland, s’est dite “gravement préoccupée” par l’arrestation d’activistes pacifiques en Arabie saoudite (dont la famille de l’un des militants vit en exil au Canada). Il s’en est suivi une demande officielle du gouvernement canadien, exigeant leur libération immédiate. En réaction, Riyad a expulsé l’ambassadeur du Canada en Arabie saoudite et a suspendu les projets d’affaires et d’investissements. De plus, le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a demandé à 8000 étudiants saoudiens de quitter le territoire canadien, les redirigeant vers les universités américaines et britanniques. Toutefois, Riyad n’a pas remis en cause le contrat de vente controversé de véhicules blindés canadiens (15 milliards de dollars) conclu par l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper et General Dynamics Land Systems Canada. En soutien à Ottawa, le journal américain The Washington Post a traduit pour la première fois son édito en Arabe, reconnaissant l’importance d’élever la voix contre des États qui ne respectent pas les droits de l’homme.   

À propos de l’armement et du terrorisme. Début décembre, après les polémiques qui ont envenimé les relations entre Ottawa et Riyad, Justin Trudeau a annoncé qu’il étudiait la possibilité de ne plus vendre des armes à l’Arabie saoudite. Il a justifié ce tournant dans sa politique d’armement par la participation de l’Arabie saoudite à la guerre du Yémen, et par l’implication présumée du gouvernement saoudien dans l’assassinat de Jamal Khashoggi en Turquie le 2 octobre dernier. En réaction, General Dynamics Land Systems Canada a prévenu le gouvernement d’Ottawa qu’il s’exposait à lui verser des indemnités en cas d’annulation de son contrat. Le 23 avril, une attaque terroriste au camion-bélier a causé la mort de 10 personnes et a blessé 15 autres piétons dans le centre de Toronto. Toutefois, l’auteur de l’attaque n’a pas semblé être lié au terrorisme international – comme ce fut le cas pour d’autres attaques du même motif opératoire en Europe ces dernières années. Le 22 juillet, une nouvelle fusillade dans le quartier grec de Toronto, ayant fait 3 morts et 13 blessés, a ré-ouvert le débat sur le contrôle des armes. En fin d’année, le gouvernement Trudeau a soumis à l’examen du Sénat un projet de loi (C-71) modifiant la législation en vigueur concernant les armes à feu. Du 1er janvier au 14 juillet 2018, au total, 220 fusillades ont fait 27 morts à Toronto, faisant augmenter le taux de morts par balle de 10% en comparaison à la même période en 2017.

L’organe législatif américain, source de tensions dans l’Empire de Trump

Les midterms, une secousse dans l’Empire de Trump. En 2018 aux États-Unis se tenaient les élections de mi-mandats, déterminantes pour la politique intérieure du pays et pouvant faire basculer la toute puissance des Républicains et donc de Donald Trump au Sénat et à la Chambre des Représentants.  Le résultat tant attendu est tombé le 6 novembre. Cette élection a un effet sur la suite du mandat du Président Trump car les Républicains ont perdu leur majorité à la Chambre des Représentants face aux Démocrates qui occupent désormais 218 sièges sur 435, mais les premiers dominent encore le Sénat. Toutefois un Congrès divisé politiquement promet une fin de mandat mouvementée pour Donald Trump qui devra maintenant composer plus qu’avant avec l’opposition. Quelques semaines après les élections cette difficulté est déjà perceptible alors que les Etats-Unis sont paralysés sur la question du budget du mur promis par Donald Trump à la frontière mexicaine, la controverse sur ce projet a entraîné le plus long shutdown de l’histoire des États-Unis.

L’année 2018 aura été marquée par de fortes tensions autour du projet de campagne de Donald Trump d’élever un mur à la frontière mexicaine, afin de mieux contrôler l’immigration vers les Etats-Unis. Du fait d’un désaccord entre l’administration Trump et le Congrès sur la loi de financement de ce mur (que Trump veut faire monter à 5,7 milliards de dollars), le président américain a imposé le “shutdown” du gouvernement depuis le 22 décembre 2018, qui est le plus long de l’histoire américaine. C’est le vingtième shutdown en quarante ans. Les fonctionnaires américains ne touchent plus leur salaire.

Donald Trump rebat les cartes de la politique économique extérieure des Etats-Unis

Le 30 septembre 2018, les États-Unis, le Canada et le Mexique sont parvenus, après de houleuses discussions, à un nouvel accord commercial, toujours aussi favorable aux États-Unis : c’est l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) qui vient remplacer l’ALENA. Washington avait effectivement menacé d’expulser le Canada de l’accord commercial si Ottawa ne se pliait pas à ses conditions. Les États-Unis et le Mexique avaient déjà trouvé un terrain d’entente fin août, sans le Canada. En mars, Donald Trump avait annoncé unilatéralement une taxation massive des importations d’acier (à hauteur de 25%) et d’aluminium (10%) contre le Canada et le Mexique (et l’Union européenne à partir fin mai). Cette taxation représentait en réalité un levier de négociation avec le Canada et le Mexique dans les discussions sur l’ALENA. 53% des importations américaines d’acier, de fer et d’aluminium proviennent du commerce avec le Canada et le Mexique. Par ailleurs, la Chine, la Russie, Taïwan, le Japon et l’Inde figurent désormais parmi les pays qui ont l’obligation de s’acquitter de cette taxe.

Ces tensions commerciales s’inscrivent dans une politique élargie de protectionnisme économique instaurée par l’administration Trump. Les Européens n’ont pas manqué de réagir aux menaces de taxation contre l’UE, en se disant prêts à engager une guerre commerciale avec les États-Unis et à saisir l’OMC. De son côté, le Canada avait déjà saisi l’OMC début janvier 2018 face aux mesures punitives imposées par Washington sur le commerce canadien.

L’année 2018 marque un regain des tensions entre Washington et Téhéran, concernant non seulement l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 par l’administration Obama mais également le traité d’amitié, de commerce et de droits consulaires signés par les deux pays en 1955. Donald Trump a mis fin à la participation américaine dans cet accord multilatéral au motif que l’Iran n’aurait pas respecté les limitations imposées. L’Iran a introduit une action contre les États-Unis auprès de la CIJ en juillet 2018, alléguant des violations du traité d’amitié. Le 3 octobre, la CIJ a donné raison à Téhéran et a ordonné aux États-Unis de mettre fin aux sanctions contre l’Iran visant les biens et services nécessaires à des fins humanitaires ainsi que ceux indispensables à la sécurité de l’aviation civile. À ce propos, voir Save the JCPOA ! 

En mars 2018, seulement quelques jours après son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump s’est également retiré du Partenariat transpacifique signé en 2017 par son prédécesseur, dans la continuité de sa politique protectionniste : “America First”. Après le retrait américain, les onze autres pays signataires (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam) ont poursuivi les négociations malgré tout. Ce nouveau partenariat s’appelle le Comprehensive and Progressive Agreement for a Trans-Pacific Partnership (CPTPP).

L’année 2018 : Victoire de la lutte contre les discriminations

Le #metoo movement, un nouvel archétype du combat des femmes ?

L’année 2018 dans  le monde a été placé sous le signe du féminisme avec une augmentation importante des réclamations des femmes concernant leurs droits et leur place au sein de la société. Aux États-Unis où le mouvement #metoo est apparu en 2017, de nouvelles affaires ont divisé la population. On pense notamment à l’élection du juge Brett Kavanaugh accusés de d’abus sexuels et de viols. Bien que le Président américain Donald Trump lui ait manifesté son soutien, une grande partie de la population s’est rassemblée contre son élection qui a pourtant eu lieu. Cette nouvelle affaire montre encore les divisions qui persistent dans une société s’étant lancée depuis décembre 2017 dans une grande chasse aux sorcières. Cette année a aussi été une année où de nombreuses artistes se sont exprimées concernant les violences qu’elles ont subis au cours de leur carrière ou pour dénoncer les violences faites aux femmes plus généralement. 

La questions environnementale, toujours une priorité malgré le retrait américain des accords de Paris

A la fin de l’année 2018, la Canada a signé avec les États-Unis et le Mexique un accord de coopération sur les questions environnementales qui allient libre-échange et respect de l’environnement. Ces accords ont notamment pour but de réduire la pollution, les émissions de carbone et de protéger la nature et la biodiversité. Les enjeux environnementaux constituent une urgence globale, mais le Canada en particulier est touché par des pluies acides, et par des problèmes de pollutions de l’air et de l’eau qui conduisent le pays à s’engager dans la lutte contre le changement climatique aux côtés d’autres pays.

 

États-Unis : Des initiatives controversées politiquement et socialement

Avec le retrait américain des accords de Paris, le Président Trump montrait au monde entier que les questions environnementales n’étaient pas une priorité pour les États-Unis. D’après une étude publiée par le cabinet de recherche Rhodium Group, les émissions de CO2 auraient augmenté de 3,4% dans le pays entre 2017 et 2018, une augmentation significative depuis 2010. Bien qu’on note un nombre record de fermeture d’usine à charbon, cette énergie est remplacée massivement par l’utilisation de gaz naturels. De plus, le carburant utilisé pour les transports demeure la première source d’émission de CO2. Face à cela, certains États comme la Californie, affirment leur volonté de combattre le réchauffement climatique. Aussi cet exemple est suivi par de nombreuses villes comme Boston, New York, ou Chicago qui s’engagent pour le climat à travers des politiques urbaines visant à limiter les émissions de gaz à effets de serre.

Relations multilatérales

Le G7 et Donald Trump: un essoufflement de l’hégémonie occidentale

En juin 2018, le Canada a accueilli le sommet annuel du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni, sous l’observation de l’UE). Ce sommet aura été marqué par un Donald Trump impassible, campé sur ses positions, précipitant la décomposition de l’ordre mondial de la fin du XXème siècle et la division au sein du “bloc occidental”. Le G7 ne semble plus incarner une vision occidentale dominante.

Le sommet à peine clôturé, Donald Trump a rejeté le communiqué final du G7, en jugeant Justin Trudeau “malhonnête et faible” (Justin Trudeau ayant dénoncé des taxes “insultantes” imposées au Canada par les Etats-Unis) alors même qu’il se rendait le 12 juin à une entrevue avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, qualifié de “fort et honorable”. En 2018, Donald Trump a souvent tourné le dos à ses alliés européens pour se rapprocher de la Corée du Nord, de la Russie (évincée du G8 en 2014, redevenu G7) ou de l’Arabie saoudite.

A ce titre, d’autres forums multilatéraux, comme le G20, semblent avoir aujourd’hui davantage de sens et de représentativité que le G7, trop occidentalisé et restreint à des puissances qui se fatiguent. Toutefois, c’est le multilatéralisme dans son ensemble que Donald Trump semble remettre en cause en 2018, préférant couver les relations bilatérales entretenues par Washington.

Pour autant, l’attitude du Président américain n’a fait que révéler les divisions déjà présentes au sein du G7. Ainsi de l’absence d’un consensus unanime sur la question russe. Alors que l’Italie est hostile aux sanctions contre Moscou (appliquées depuis l’annexion de la Crimée en 2014), le Japon est également bien plus conciliant envers les Etats-Unis que ne l’est l’Allemagne.

L’attitude de Donald Trump a également renforcé les craintes d’une guerre économique sans précédent à l’Europe – alors même que les Etats-Unis gagnent plus à commercer avec l’Union européenne qu’avec aucun autre partenaire économique. L’Allemagne est particulièrement vulnérable sur ce point, dépendant fortement de ses exportations pour se financer. Donald Trump a effectivement réaffirmé la politique isolationniste de l’économie américaine lors du G7.

Le Moyen-Orient

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Une manifestation au lendemain du meurtre de Khashoggi devant l’ambassade de l’Arabie-Saoudite à Washington.

Montée en puissance du Hezbollah au Liban: alimentation des tensions régionales?

Après une fin d’année 2017 chaotique, où le Premier ministre Saad Hariri avait annoncé sa démission lors d’un séjour en Arabie saoudite avant de retirer son annonce, l’année 2018 a été marquée par la tenue de nouvelles élections législatives. Organisées le 6 mai, elles ont renforcé la place du Hezbollah, allié de l’Iran et de la Syrie sur la scène politique du pays des Cèdres.

La situation avec le voisin israélien reste complexe, et dépendante des facteurs internes (conflits entre le Hezbollah et l’Etat d’Israël) et extérieurs (conflit syrien). Le 4 décembre 2018, l’armée israélienne a lancé l’opération “Bouclier du Nord”, et a découvert dans les semaines qui ont suivies des tunnels creusés par le Hezbollah, reliant le Liban à Israël. Les deux Etats sont techniquement toujours en état de guerre.

Yémen : théâtre de « la pire crise humanitaire du monde » selon l’ONU

Après deux ans de bombardements et de combats, l’ONU estime que le conflit a causé la mort de près de 7 700 personnes, principalement des civils, et a fait plus de 40 000 blessés. Les affrontements entre les rebelles chiites houthis, les forces fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh et les forces du gouvernement d’Abdrabbo Mansour Hadi se sont intensifiés avant que les Etats-Unis n’interviennent une seconde fois. En Mai 2018, ils avaient déjà permis à leur allié l’Arabie-Saoudite de conserver sa frontière avec le Yémen, et à sécuriser le périmètre en débusquant les missiles houthis. Mais cela n’aura pas suffi à déloger les milices rebelles qui sont parvenues le 13 décembre 2018 à négocier d’égal à égal avec le gouvernement yéménite à Stockholm, dans le cadre de consultations de paix organisées sous l’égide de l’ONU.

Si cette rencontre n’a pas eu pour résultat la fin des combats à l’échelle nationale, un cessez-le-feu temporaire dans la ville côtière d’Al-Hodeïda et un échange de prisonniers ont pu être décidés par les deux parties.

Affaire Khashoggi : le vrai visage du prince MBS

En mai 2018, au moment même où les Saoudiennes prennent le volant, et où le prince Mohammed Ben Salman cultive son image de monarque réformateur et progressiste, une dizaine de militantes féministes sont arrêtées. Amnesty International rapporte le 20 novembre 2018 qu’au moins trois d’entre-elles – dont les témoignages ont pu être recueillis – ont été torturées à coups de fouets et de chocs électriques.[3]

Jamal Ahmad Khashoggi, un journaliste initialement proche du pouvoir entre en dissidence en 2017 suite à l’avènement du prince héritier MBS, et édite des articles particulièrement critiques à l’égard du régime et de l’intervention de l’Arabie saoudite au Yémen. C’est ainsi que le 2 octobre 2018, lors d’un déplacement au consulat d’Arabie saoudite en Turquie, celui-ci y est assassiné par un commando saoudien. Après avoir initialement nié sa mort, l’Arabie-Saoudite, sujette à une lourde pression internationale, finit par reconnaître le 20 octobre que Jamal Khashoggi a été tué à l’intérieur du consulat, mais donne plusieurs versions contradictoires des circonstances de sa mort avant d’admettre que le meurtre était prémédité.

La question qui s’est imposée en priorité est celle de la position des États-Unis, soutien important de l’Arabie saoudite notamment pour ce qui est de la fourniture d’armes. Le Sénat américain a lui voté le 13 décembre 2018 deux textes demandant l’arrêt de tout soutien militaire américain à l’Arabie saoudite relatif à sa guerre au Yémen, et reconnaissant la responsabilité du prince héritier Mohammed ben Salman dans le meurtre de Jamal Khashoggi. Néanmoins, le Président américain Trump préfère entretenir le doute quant aux responsables de l’assassinat et assure MBS que les États-Unis resteront un « allié fiable » du pays.

La Palestine au lendemain du sanglant 14 mai 2018

L’année 2018 a été marquée par la décision américaine de déplacer son ambassade d’Israël à Jérusalem. Une décision du président en rupture avec la politique de son prédécesseur Barack Obama, qui jusque-là avait favorisé la solution à deux États. La France, comme la plupart des États membres de l’Union européenne, considère que le statut de Jérusalem doit être déterminé dans le cadre de négociations entre les parties et s’oppose à tout règlement unilatéral. Elle perçoit ainsi ce revirement comme une grave entorse au droit international.

Le 14 mai 2018, des centaines de manifestants palestiniens ont défilé à Gaza pour protester contre le déplacement de l’ambassade américaine d’Israël de Tel Aviv à Jérusalem. Manifestation se voulant initialement pacifique, elle s’est transformée en véritable bain de sang faisant 60 morts et 2771 blessés dont 900 par balle, du côté palestinien.

Enfin, les Etats-Unis ont annoncé le 20 août 2018 la suspension de leur contribution financière au budget destiné aux réfugiés palestiniens. Une décision qui a suscité une forte indignation de l’UNRWA (L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) qui avait jusque-là fortement contribué à la stabilité de la région en apportant une assistance vitale à ces réfugiés.

 

L’Asie

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La Chine du « nouvel empereur rouge », all under heaven

Le « rêve chinois » énoncé par Xi Jinping lors de son arrivée au pouvoir en 2013 ne fait plus aucun doute ; la Chine est indéniablement un acteur incontournable des relations internationales pour le meilleur et pour le pire ! À sa tête, « le nouvel empereur rouge » devenu possible leader à vie, et dont la pensée est désormais inscrite dans la constitution chinoise, comme l’ont été celle Mao Ze Dong et de Deng Xiao Ping, expose les ambitions de la Chine au grand jour avec une volonté évidente de se détacher de l’emprise occidentale.

De plus, malgré une croissance économique ralentie, l’excédent commercial chinois bat des records (375 milliards de dollars). De la visite officielle du Président français Emmanuel Macron en Chine pour rééquilibrer les relations commerciales défavorables à la France à la croisade contre les importations menée par M. Donald Trump en surtaxant les produits chinois aux Etats-Unis, une chose est sûre, l’Occident se sent menacé par l’empire du Milieu. La Chine l’a bien compris et souhaite désormais sortir du piège de la dépendance vis-à-vis des Etats-Unis en diversifiant ses partenaires grâce au projet du siècle « l’Initiative Ceinture et Route », “Belt and Road Initiative”. La couverture de The Economist « Planet China » – All under heaven [4]– ainsi que les nombreux rapports publiés à ce sujet au cours de l’année 2018 (IRIS, le Sénat) confirment l’ampleur et le poids du projet sur la scène internationale.  [5] Un bilan de « l’Initiative Ceinture et Route » sera développé plus longuement ci-dessous.

La Chine lance également des défis technologiques sur tous les fronts, que ce soit des avancées sur l’intelligence artificielle lui permettant de mettre sous vidéo-surveillance sa population, à la mise en exploitation de la première centrale nucléaire au monde de dernière génération dotée d’un réacteur EPR, à la présentation de sa prochaine station spatiale, « le palais céleste ». Sans oublier le domaine militaire où les essais en mer de son premier porte-avions de technologie chinoise à partir du port de Dalian ne font qu’attiser les tensions dans la zone.

Taïwan en manque de souffle… les États-Unis redoublent d’effort

À Taïwan, la situation politique intérieure a été dominée par les élections locales du 24 novembre 2018. Le DDP, parti actuellement au pouvoir depuis 2016, a été démis face à l’opposition du KMT, qui a remporté le scrutin dans la majorité des grandes municipalités du pays. Cette défaite se lit non seulement dans la stagnation des salaires de la classe moyenne, premier motif de mécontentement, mais aussi dans une évolution notable de la population sur la question de l’indépendance. L’institut de sondage taïwanais Public Opinion Foundation montrait dans son dernier sondage que seuls 36,2 % de la population étaient favorables à l’indépendance, alors qu’ils étaient 51,2 % en 2016. Inversement, 26,1 % des Taïwanais seraient favorables à l’unification avec le gouvernement de Pékin ; ils n’étaient que 14 % en 2016. Cette évolution majeure se nourrit des pressions chinoises à l’égard de l’île considérée comme « province rebelle » à Pékin. Outre des pressions militaires, avec des manœuvres aériennes et navales à proximité de l’île, la Chine conduit un effort résolu de marginalisation de Taïwan. Seuls 16 pays reconnaissent l’île comme indépendante officiellement. Taïwan n’a pas de représentation à l’ONU ; ses ressortissants n’ont donc pas le droit d’accéder aux instances internationales. Pékin joue également sur l’économie : l’accès au marché chinois est majeur pour la croissance de l’économie taïwanaise.

Pourtant, l’île est une démocratie dynamique, qui a déjà connu l’alternance politique dans son passé récent. Les libertés civiles sont respectées et l’État de droit y est assuré. Aujourd’hui, cette position de « démocratie orpheline » suscite de plus en plus de réaction, à l’instar de l’Allemagne le 16 janvier dernier, jugeant « inacceptable » l’emploi de moyens militaires à l’égard de Taïwan. L’île peut aussi compter sur le soutien officieux – mais réel – des États-Unis, son premier fournisseur d’armes. L’American Institute a inauguré son nouveau bâtiment en juin dernier, quatre mois après la promulgation du Taiwan Travel Act qui autorise de hauts-responsables états-uniens à effectuer des voyages officiels à Taïwan. En septembre dernier, les États-Unis ont validé une vente d’armes d’un montant de 330 millions de dollars, montrant un peu plus qu’en période de tensions commerciales et politiques avec Pékin, les États-Unis semblent opter pour la « carte taïwanaise » afin de faire pression sur la Chine.

L’épisode nord-coréen : les montagnes russes diplomatiques de Kim Jong Un

L’actualité coréenne a également été mouvementée pendant l’année écoulée. Le 1er janvier 2018, Kim Jong Un annonçait la participation de la Corée du Nord aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, quelques jours avant la tenue d’une rencontre bilatérale entre les délégations des deux Corées, la première du genre depuis 2015. Le 9 février, la Corée du Nord envoya ainsi sa délégation d’athlètes à Pyeongchang, où ceux-ci ont défilé aux côtés de leurs homologues Sud-coréens, sous le drapeau de la Corée unifiée. Une délégation de haut niveau du régime fut également présente, avec notamment Kim Yo-jong, sœur du dirigeant nord-coréen, assise à quelques mètres du président Sud-coréen, ainsi que du vice-président des États-Unis à la cérémonie d’ouverture.

Au mois d’avril, la Corée du Nord a fait plusieurs annonces fracassantes. Le 21 avril 2018, le pays s’est en effet engagé à suspendre ses tests balistiques et nucléaires, et à fermer le site d’essais de Punggye-Ri, tout en évoquant publiquement, par la voix de Kim Jong Un, le projet d’un « dialogue » avec les États-Unis. Ces annonces ont permis la tenue d’un sommet intercoréen avec son homologue de Séoul, Moon Jae-In, le 27 avril 2018. Pour la première fois, un dirigeant nord-coréen traversait la ligne de démarcation, en direction du Sud. Lors de ce sommet, les deux leaders ont affiché leur objectif commun de « dénucléarisation totale » de la péninsule. Même si certaines turbulences ont, peu après, remis en cause cette embellie diplomatique, les deux leaders ont rouvert un dialogue interrompu depuis 2007, et la Corée du Nord a détruit définitivement son site d’essais nucléaires de Punggye-Ri le 24 mai 2018.

Toute cette série d’actes a ainsi permis la tenue le 12 juin 2018 d’un sommet à Singapour entre le président des États-Unis, Donald Trump et le leader nord-coréen, Kim Jong-Un. À l’issue de cette rencontre historique, les deux dirigeants ont signé un accord dans lequel la Corée du Nord s’engage à « travailler à la dénucléarisation complète de la péninsule ». En échange, Donald Trump a annoncé en marge du sommet l’arrêt des exercices militaires des États-Unis en Corée. Un deuxième sommet intercoréen s’est tenu dans la foulée, entre le 19 et le 20 septembre 2018, à Pyongyang. Des effets tangibles de ce rapprochement se sont produits, avec la destruction d’une vingtaine de postes de garde de la frontière situés équitablement de part et d’autre de la frontière née de l’armistice. Toutefois, ces actions tangibles n’ont pas permis à des équipes internationales de mener des inspections des installations nucléaires et balistiques de Pyongyang, en vue d’une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible. C’est bien sur ces derniers points que les négociations entre les États-Unis et la Corée du Nord échouent actuellement, les premiers souhaitant une dénucléarisation avant la levée des sanctions onusiennes, la seconde souhaitant que le principe de réciprocité accompagne ses actions de désarmement. Un sommet devant réunir Donald Trump et Kim Jong Un d’ici fin février, probablement au Viêt Nam, permettra de clarifier ces points de discorde, en attendant d’aborder ceux – bien plus complexes – de la levée des sanctions, de la libre-circulation en Corée, ainsi que de la réunification.

Le protectionnisme de Trump : place à un resserrement des relations inter-asiatique

Sous la présidence de Donald Trump, la remise en question du soutien étasunien dans la zone a impulsé une nouvelle coopération dans les relations inter-asiatiques. L’Asie pacifique est marquée par la renaissance des accords transpacifiques à l’initiative du Japon sans les Etats-Unis, qui y ont mis fin unilatéralement en 2017. Ceux-ci réunissent 11 pays de la zone dans un accord de libre-échange.

De même, des tensions sont apparues entre l’Inde et les Etats-Unis suite aux annonces de Donald Trump concernant l’ALENA et les accords de libre-échange transocéaniques. En réponse, l’Inde a annoncé une augmentation de ses tarifs douanier. Cette crise a débouché sur une détente sino-indienne: en avril, Xi Jinping a accueilli le Premier ministre Narendra Modi, avec un objectif d’apaisement aux frontières des deux grands, d’autant plus que New Delhi se sent menacé par “l’initiative Ceinture et Route” qui fait du Pakistan un véritable corridor économique [6].

Cependant le resserrement des relations inter-asiatiques ne va pas de pair avec une pacification de la zone. À travers la renaissance des accords transpacifiques ainsi que l’accroissement en 2018 de son budget militaire de 200 milliards d’euros sur les 5 prochaines années [7], le Japon cherche à se protéger. L’imprévisibilité de la Corée du Nord, l’hégémonie chinoise dans la région et l’augmentation de la présence militaire russe aux portes du Japon, sur les îles Kouriles qu’il revendique, sont autant de menaces à prendre en compte pour l’archipel.

La « Belt and Road Initiative » accentue les inégalités sur le passage de ses routes : les corridors de la discorde dans le Golfe du Bengale

Au Bangladesh, au Myanmar, en Thaïlande et en Inde orientale, les infrastructures de transport manquent et freinent le développement. Ainsi, lorsque des investisseurs étrangers proposent des prêts avantageux et une expertise technique en prime — dans le cadre de partenariats stratégiques — pour construire des routes, des ports, des vois ferrées, les décideurs politiques n’hésitent pas longtemps. Aussi, les opportunités pour les banques chinoises, indiennes ou japonaises ne manquent pas, mais la concurrence est rude. Les conséquences de ces investissements sont duelles, puisqu’elles permettent la construction de centres modernes au milieu de zones sous-développées et laissées pour compte, dans un schéma binaire de centre-périphérie, qui accentue les inégalités à tous les niveaux.  

En 2018, la Chine continue de soutenir l’extension de sa « Belt and Road Initiative », avec pour objectif de re-configurer en Asie les circulations de marchandises et de capitaux, en interne, et vers le Proche-Orient, l’Afrique, et l’Europe. En Asie du Sud-Est, l’un des enjeux principaux pour les investisseurs étrangers est le contrôle de l’accès au Golfe du Bengale à partir de la région de Chittagong (premier port du Bangladesh), ou de l’Etat d’Arakan (Myanmar). On y trouve en effet des centres d’exploitation de ressources énergétiques (gaz et/ou pétrole), ressources dont les pays en développement ont absolument besoin pour assurer leur croissance économique. L’approvisionnement énergétique est l’un des enjeux principaux de la « Belt and Road Initiative » : l’idée de ceinture doit être pensée comme une mesure de protection, car Pékin compte sur la croissance économique pour maintenir sa population satisfaite (un défi au regard de la chute de la croissance du PIB ces dernières années, autour de 6,5% alors qu’elle est à deux chiffres depuis deux décennies). Dans cette région du Golfe du Bengale, la Chine a ainsi placé deux « perles » de son collier maritime, mais le Japon et l’Inde ont aussi des intérêts à défendre dans la zone. Par exemple, en avril 2015, le Bangladesh a opté pour le projet japonais de construction d’un port en eau profonde à Matarbari (district de Cox’s Bazar, à quelques encablures au Sud de Chittagong), avec la fourniture de centrales à charbon, d’une station de transit pour gaz naturel liquéfié et la réalisation d’un couloir industriel d’infrastructures de transport. Le projet chinois, envisagé dans un premier temps pour le développement d’un port de même type un peu plus au Sud, à Sonadia a ainsi été rejeté en dernier lieu.

À échelle locale, ce jeu intense de concurrence attise les tensions car il contribue à  accentuer les inégalités. Samuel Berthet écrit récemment dans un article sur le sujet : “Que ce soient les « routes de la soie » chinoises ou les projets concurrents indiens et japonais, les nouvelles circulations des matières premières et des biens se déclinent en corridors, hubs et zones franches qui court-circuitent les populations locales, intensifiant les conflits et suscitant des expropriations massives. Au Bangladesh, au Myanmar et au Sri Lanka, ces investissements, pilotés par des conglomérats en liaison avec les pays qui les financent et les contrôlent, se développent en accord avec les autorités étatiques locales, au sein desquelles l’armée joue un rôle majeur. Bien souvent, cette collaboration se noue au prix de la stabilité des populations locales, voire de leur présence.” Ce sont généralement les militaires de la puissance étrangère qui organisent le transfert des terres cédées par les gouvernements locaux, comme cela a été le cas pour le pipeline de la China National Petroleum Corporation à Sittwe. Au Myanmar, les mêmes logiques de cessions territoriales constituent la toile de fond de l’expulsion violente des Rohingyas (musulmans et bengalis), ce qui a des répercussions directes sur le traitement de la minorité birmane au Bangladesh… Samuel Berthet résume encore : “Ces déplacements forcés et ces transferts fonciers aggravent une crispation des identités religieuses, dans une région-frontière qui se caractérisait jusqu’au milieu du XXe siècle par une population culturellement et religieusement composite. Les récents conflits apportent une justification supplémentaire à la militarisation de toute la région, au nom de la sécurisation de la frontière. La captation foncière est donc à la fois un motif et une conséquence des violences religieuses.”

L’insertion accrue des influences (des capitaux) étrangers dans la région semble donc avoir des effets déstabilisateurs. Les espaces de rencontre entre les différentes forces sont devenus des lieux de tensions, entre concurrents mais aussi entre nouveaux arrivés et populations locales. Ces tendances tendent à faire augmenter toujours plus les effectifs militaires déployés, et à faire perdre la crédibilité de la solution politique et du dialogue entre parties prenantes. De plus, les corridors et les zones franches industrielles pèsent sur l’avenir de communautés qui se trouvent à l’intersection de bassins linguistiques et de découpages politiques parfois sans correspondance, plus largement sur les populations de la périphérie et ceux qui y sont repoussés par l’implantation de centres « off-shore ». Ils pèsent également sur le devenir d’écosystèmes fragiles, traditionnels et peu adaptés à la mondialisation. L’année 2019 verra peut-être la proposition de solutions aux nombreuses questions posées par ces projets et investissements étrangers en Asie du Sud-Est.

Cambodge : des élections sans proposition de changement et une mémoire clivée de la période khmère

En novembre 2018, le régime khmer était jugé coupable de crime de génocide (1975-1979). Jusqu’ici, aucun procès n’était venu qualifier les actions du gouvernement du Kampuchea, si ce n’est en 2012, lors du jugement d’un ancien chef de camp de torture. Cet événement inédit a pu être perçu comme un « Nuremberg » cambodgien, alors que les mémoires nationales ne sont plus partagées par toute la population, plus de trente ans après la fin du régime de Pol Pot.

En effet, les différences se sont accentuées entre les jeunesses issues du baby-boom des années 1990 et 2000, et ceux qui conservent le souvenir des massacres. Le Premier Ministre actuel, Hun Sen, est en poste depuis 33 ans, et compte encore sur sa légitimité d’homme de la transition post-totalitaire auprès des anciennes générations. Toutefois, sa pratique autoritaire du pouvoir trouve peu de soutien parmi les plus jeunes. Cette jeunesse, mais aussi bien d’autres personnes, ont exprimé leur mécontentement en votant pour le principal parti d’opposition : le Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), rallié à Kem Sokha. En 2013, puis en 2017, le PSNC a recueilli chaque fois plus de 45% des suffrages, et le chiffre était en augmentation. À quelques mois des élections législatives de juillet 2018, toute l’opposition a été dissoute et le parti de Hun Sen a ainsi obtenu la totalité des 125 sièges de l’Assemblée.

Il est donc peu probable que le cours politique dévie beaucoup de cette ligne. L’opposition qui se retrouve sans leader a été rendue inoffensive, ou presque. Par ailleurs, le régime dispose du soutien de la Chine, qui investit massivement dans le pays pour le développement de ses nouvelles « routes de la Soie ». La Chine est depuis le début de la décennie le principal partenaire économique et diplomatique du Cambodge, en matière d’investissements et d’échanges commerciaux. L’argent chinois a permis, en particulier, le développement des infrastructures de transport. Toutefois, cette proximité ne paraît pas sans risque, car le piège de la dette et de la dépendance pèse comme une épée de Damoclès au-dessus des élites cambodgiennes au pouvoir. Si le gouvernement se retrouvait incapable de rembourser les prêts chinois dans les temps, l’autonomie de l’Etat souverain se verrait probablement fortement remise en cause, ce qui entraînerait également une détérioration des relations avec les autres membres de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)… Ces investissements qui créent des richesses à court terme, pourraient ainsi coûter beaucoup plus cher au moment de réparer les pots cassés. À la fin de 2018, la situation au Cambodge semble ainsi paralysé.

En Malaisie, au mois de mai 2018, l’opposition remportait pour la première fois depuis 61 ans, la majorité aux élections législatives (voir Tsunami électoral en Malaisie).

Le Viêt Nam contesté et contestataire : la remise en question du statut quo

Au Viêt Nam, le bouillonnement de la société civile se fait sentir. D’importantes figures du paysage culturel et associatif ont gagné un certaine visibilité, notamment lors de leur arrestation ou expulsion. En effet, le gouvernement vietnamien, dirigé par le Parti Communiste du Viêt Nam, fait preuve d’un raidissement croissant à l’égard de toute voix contestataire. 130 personnes seraient emprisonnées au Viêt Nam pour des raisons politiques, dont 40 depuis la seule année 2018.

En parallèle, le Viêt Nam poursuit sa lutte contre la montée en puissance de la Chine, éternelle rival, notamment pour la souveraineté sur certains îlots situés en Mer de Chine méridionale. Ce conflit a poussé Hanoi à se rapprocher des États-Unis. Le porte-avions USS Carl Vinson a notamment fait escale à Da Nang en mars 2018, pour la première fois depuis la fin du conflit. Afin de promouvoir un axe “indopacifique”, le Premier ministre Edouard Philippe s’est rendu au Vietnam en novembre, quelques mois après l’escale d’un porte-hélicoptères français à Ho Chi Minh ». 

 

Pendant cette année, de Madrid à Phnom Penh en passant par Abidjan, Bogota ou Kachgar, Classe Internationale s’est efforcé par le choix de thèmes variés de couvrir le large spectre de l’actualité mondiale. Sans avoir la prétention d’aborder tous les sujets, nous voulons ici vous offrir une synthèse des articles écrits par nos différents contributeurs afin de dresser un panorama représentatif des réalités internationales. Tous les articles ont été écrits dans le but de se pencher sur les sujets qui ont fait la une de l’actualité internationale mais également sur des thèmes qui sont passés au second plan ou ont fait la une de pays dont l’actualité est peu connue en France. Nous continuerons dans la même démarche en 2019, et nous espérons sincèrement que vous serez encore avec nous !

Classe Internationale

 

 

Notes

[1] Rapport de la Banque africaine de développement https://www.afdb.org/fr/knowledge/publications/african-economic-outlook/

[2] Dans un article de « The Conversation » https://theconversation.com/ethiopie-erythree-la-proclamation-inattendue-dune-paix-importee-103853

[3]  https://www.amnesty.org/en/latest/news/2018/11/saudi-arabia-reports-of-torture-and-sexual-harassment-of-detained-activists/?utm_source=TWITTER-IS&utm_medium=social&utm_content=1912430546&utm_campaign=Amnesty&utm_term=Making+the+Case+for+Human+Rights

[4]  //www.economist.com/leaders/2018/07/26/chinas-belt-and-road-plans-are-to-be-welcomed-and-worried-about

[5] En 2018, 110 pays et 29 organisations internationales ont signé des accords de coopération des accords de coopération en la matière avec la Chine et 82 zones de coopération économique et commerciale ont été établis dans une vingtaine de pays riverains.

[6] https://www.diploweb.com/Synthese-de-l-actualite-internationale-de-mai-2018.html

[7] https://www.diploweb.com/Synthese-de-l-actualite-internationale-de-mars-2018.html

 

Sources

https://www.express.co.uk/news/world/1060716/2018-in-pictures-roundup-what-happened-in-2018https://www.courrierinternational.com/article/trump-ou-la-diplomatie-du-chaos

https://www.985fm.ca/nouvelles/politique/177498/pas-de-repit-pour-justin-trudeau-a-laube-dune-annee-electorale

https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-canada-au-g7-trump-fait-exploser-le-bloc-occidental

https://www.courrierinternational.com/article/vu-dallemagne-apres-ce-g7-desastreux-les-europeens-doivent-serrer-les-rangs

https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-volte-face-de-trump-sur-le-partenariat-transpacifique

https://www.courrierinternational.com/article/economie-trump-veut-faire-peser-lacier-dans-laccord-sur-lalena-et-braque-son-propre-camp

https://www.courrierinternational.com/article/acier-et-aluminium-les-etats-unis-ne-taxeront-pas-la-majorite-des-importations

https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/canada-la-legalisation-du-cannabis-recreatif-fait-des-envieux-ailleurs

https://www.courrierinternational.com/video/reportage-business-du-cannabis-au-canada-les-gagnants-et-les-perdants

https://www.courrierinternational.com/article/canada-une-legalisation-du-cannabis-geometrie-variable

https://www.courrierinternational.com/article/toronto-la-tristesse-sans-hysterie-apres-lattaque-au-camion-belier

https://www.courrierinternational.com/article/canada-la-fusillade-de-toronto-rouvre-le-debat-sur-le-controle-des-armes

https://www.mosaiquefm.net/fr/actualites-internationales/464781/affaire-khashoggi-justin-trudeau-entre-deux-feux

https://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201812/06/01-5206979-justin-trudeau-veut-resserrer-le-controle-de-certaines-armes-a-feu.php

https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-canada-seul-face-lintimidation-saoudienne https://www.courrierinternational.com/article/le-washington-post-traduit-son-edito-en-arabe-pour-soutenir-le-canada-face-larabie-saoudite

https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-canada-larabie-saoudite-reagit-de-maniere-demesuree

https://www.infodimanche.com/actualites/actualite/350832/les-canadiens-paieront-davantage-pour-lechec-de-justin-trudeau-a-la-frontiere-estime-bernard-genereux

https://www.cbsnews.com/live-news/brett-kavanaugh-vote-confirmation-protests-fbi-report-senate-latest-today-2018-10-05-live-updates/https://www.cbsnews.com/news/brett-kavanaughs-nomination-could-have-a-huge-impact-on-midterm-elections/

https://rcf.fr/culture/lecologie-et-les-etats-unis-un-rapport-ambigu

https://theundefeated.com/features/is-crazy-rich-asians-the-asian-black-panther/

https://www.dailymotion.com/video/x6csty1

https://www.youtube.com/watch?v=TF6M92uqaZQ

http://www.lefigaro.fr/cinema/dossier/harvey-weinstein-retour-sur-l-affaire-qui-ebranle-hollywood

https://plus.lesoir.be/145317/article/2018-03-13/black-panther-la-fierte-et-lheritage-retrouves-des-noirs-damerique

https://actu.orange.fr/societe/environnement/les-emissions-de-co2-aux-etats-unis-ont-augmente-en-2018-selon-une-etude-independante-CNT000001bLxjN.html

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France Diplomatie – Présentation du Liban

GRANDCHAMPS Claire, Nasrallah admet l’existence de tunnels à la frontière-sud et nargue Israël, L’Orient Le Jour, 26 Janvier 2019, URL : https://www.lorientlejour.com/article/1154554/nasrallah-admet-lexistence-de-tunnels-a-la-frontiere-sud-et-nargue-israel.html

Le Monde, Israël affirme avoir découvert tous les tunnels du Hezbollah à la frontière libanaise, 13 janvier 2019: https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/13/israel-annonce-avoir-decouvert-tous-les-tunnels-du-hezbollah-a-la-frontiere-libanaise_5408453_3210.html

https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/05/14/gaza-une-dizaine-de-blesses-dans-des-affrontements-entre-palestiniens-et-soldats-israeliens_5298602_3218.htmlhttps://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/05/israelopt-use-of-excessive-force-in-gaza-an-abhorrent-violation-of-international-law/

http://www.rfi.fr/moyen-orient/20181225-arabie-saoudite-mbs-affaire-khashoggi-tournant-2018

 https://www.franceculture.fr/geopolitique/comprendre-la-guerre-au-yemen

https://www.courrierinternational.com/article/yemen-comment-les-rebelles-houthis-ont-reussi-resister-logre-saoudien

Samuel Berthet, « Les corridors de la discorde », Novembre 2018, Le Monde diplomatique

Guillaume Pajot, « Fin du « Printemps birman » », Mai 2018, Le Monde diplomatique

Christine Chaumeau, « Le rêve monarchique du Premier Ministre cambodgien », Juillet 2018, Le Monde diplomatique.

Christine Chaumeau, « Sihanoukville à l’heure chinoise » Juillet 2018

Pheakdey Heng, « Générosité de la Chine : Bénédiction ou Malédiction pour le Cambodge ? », 10 Septembre 2018, CambodgeMag

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