Richard Wagner : de Hecker à Hitler

Richard Wagner : de Hecker à Hitler

La plupart du temps, le nom « Wagner » évoque immédiatement le compositeur allemand, mais dans le champ des relations internationales, il s’agit de la dénomination d’une société militaire privée russe. Évidemment, il est pertinent dans le cadre d’une plateforme consacrée aux relations internationales de s’intéresser à l’influence de cette société sur les différents conflits internationaux impliquant plus ou moins directement la Russie. Cependant, il peut être aussi intéressant d’interroger ce que les arts et la culture peuvent nous apprendre au sujet des enjeux internationaux. L’objectif de cet article est de montrer à travers une étude de cas précise la pertinence d’une réflexion sur les liens entre enjeux culturels et enjeux internationaux.

Avant toute chose, nous pensons qu’il est nécessaire de présenter en quelque lignes le célèbre compositeur allemand Richard Wagner. Né en 1813 dans le Royaume de Saxe2 et mort en 1883, Richard Wagner est le témoin direct des bouleversements politiques, nationaux et internationaux, qui marquèrent le XIXe siècle et qui eurent une influence déterminante sur l’avenir de l’Allemagne. Le parcours personnel de Richard Wagner nous permet donc, à travers un cas particulier, de percevoir les transformations et les évolutions radicales caractéristiques de cette période. Concernant son parcours artistique, il est l’auteur de quatorze opéras et drames lyriques dont l’oeuvre la plus célèbre est le fameux cycle de quatre opéras intitulé L’Anneau du Nibelung (Der Ring des Nibelungen dans la langue de Schiller). L’ensemble de son œuvre marqua de très longues années de sa vie, ses premières créations datant de 1833 et la dernière, son opéra Parsifal, de 1882, créée peu de temps avant sa mort. Il faut également préciser que Wagner se rattache à la tradition romantique, mouvement artistique européen caractéristique de la première moitié du XIXe siècle dont les implications politiques nous offrent une formidable clé de lecture pour comprendre les agissements de Richard Wagner à travers le prisme des relations internationales.

Le romantisme allemand : l’expression d’une jeunesse contestataire en perte de repères identitaires dans une nation fragmentée

Pour comprendre l’importance du romantisme allemand, de ses thèmes, et de son influence sur les relations internationales, il est tout d’abord nécessaire de dresser un bref rappel des événements politiques qui influencèrent le développement du XIXe siècle. En 1806, à la suite de la victoire de Napoléon Bonaparte à Austerlitz face à l’Autriche et à la Russie, alors empereur des Français depuis 1804, celui-ci impose la création d’une nouvelle entité politique. Cette dernière revêt la forme d’un regroupement d’États allemands satellites de la France au sein de ce qu’on appela la Confédération du Rhin, et met un terme à l’existence du Saint-Empire romain germanique alors pluricentenaire. Cette domination française sur les États allemands n’est pas sans provoquer des résistances importantes de la part des populations, moments propices au développement d’une réflexion sur ce qui constitue l’identité allemande. Des idées nouvelles se développement, des courants artistiques et culturels émergent. Le romantisme est de ceux-là. Pourtant, alors que le nationalisme et le patriotisme étaient tolérés et encouragés durant les guerres de résistance, la situation qui fait suite au Congrès de Vienne3, actant la restauration de l’Ancien régime partout où il avait été remplacé par les institutions napoléoniennes, se caractérise par un renouveau de la censure et une opposition des autorités à ces nouvelles idées. 

Le romantisme nationaliste allemand prend donc bien vite une forme contestataire, libérale, voire démocratique. Richard Wagner est ainsi un pur produit de la période du Vormärz4. Les revendications politiques de cette époque sont le respect des libertés individuelles, la fin de la censure, l’unification de la nation allemande, encouragée par des philosophes de renom comme Johann Gottlieb Fichte, figure de l’idéalisme et du romantisme allemand, ou encore la revendication d’une monarchie parlementaire. En 1842, Richard Wagner s’installe à Dresde et fait jouer son premier opéra d’envergure, Rienzi, le dernier des Tribuns (Rienzi, der letzte der Tribunen dans la langue de Heine). Pendant six ans, il continue de créer et composer des opéras qui deviendront, pour la plupart, des chefs d’œuvre. Parallèlement, Richard Wagner s’engage politiquement et défend des positions démocratiques radicales, inspiré par les idéaux du milieu romantique allemand, ce dernier s’engageant dans les milieux anarchistes et révolutionnaires, allant même jusqu’à recevoir chez lui le révolutionnaire anarchiste russe, Mikhaïl Bakounine. C’est dans cet état d’esprit que Wagner traverse un des plus importants bouleversements du XIXe siècle au niveau européen, le Printemps des Peuples. Partout en Europe, des soulèvements se produisent, contestant les vieux régimes autocratiques et absolus pour réclamer le respect des libertés et un changement de régime :  l’instauration de la monarchie parlementaire ou bien, parmi les révolutionnaires les plus radicaux, de la République. 

En Allemagne, le Printemps des Peuples prend la forme de la Révolution de Mars (Märzrevolution dans la langue de Lessing). Inspirés par la révolution de février 1848 qui renverse la monarchie de Juillet en France, les révolutionnaires allemands se soulèvent pour réclamer le respect des libertés et l’unification de l’Allemagne. Elle aboutit rapidement à la formation de gouvernements libéraux et à l’élection d’un parlement, le Parlement de Francfort, du nom de la ville dans laquelle il s’installe. Rapidement, la jeune révolution fait face à une forte résistance puis à des reculs. Les révolutionnaires se divisent sur la question des institutions et font face à l’intransigeance du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV qui refuse de devenir l’empereur d’un État allemand unifié, proposition qui lui est faite par la Kaiserdeputation, une députation de trente-deux membres du Parlement de Francfort dont le mandat était de faire accepter au roi de Prusse une unification suivant la solution petite-allemande5. En juillet 1849, la tentative de créer pour la première fois en Allemagne un État-nation unifié est réprimée par la Prusse et l’Autriche. La Révolution de Mars se révèle à court et moyen terme être un échec. Quant à Wagner, acteur de cette révolution dans la ville de Dresde, il est contraint de fuir, sous le coup d’un mandat d’arrêt lancé par la police de Dresde et s’exile à Paris puis en Suisse. Le révolutionnaire sans le sou devient un fugitif traqué par la police.

Richard Wagner : un représentant culturel d’une Allemagne réactionnaire et antisémite

Richard Wagner, comme nombre de ses contemporains de la mouvance romantique, va connaître un changement de vue radical. Autorisé à retourner en Allemagne en 1862, il devient le confident du roi Louis II de Bavière en 1864, ce dernier agissant comme un mécène auprès du compositeur. Après de nombreuses années inlassablement consacrées à la production culturelle, Richard Wagner, vers la fin de sa vie, met en avant une autre facette de son travail, celle de polémiste et de théoricien. Il rédige de nombreux articles, notamment politiques, dans lesquels il exprime ouvertement ses pensées réactionnaires, à des lieues de ses positions libérales et démocrates de jeunesse. Il s’intéresse particulièrement à la religion, notamment dans ses articles « La Religion et l’Art » de 1880 ou « L’Héroïsme et le Christianisme » de 1881. Son intérêt pour la religion se comprend par les mutations rencontrées par le nationalisme allemand dans la seconde moitié du XIXe siècle, un nationalisme beaucoup plus agressif et autoritaire que le nationalisme libéral et romantique des années 1830-1840. 

À la fin des années 1850, le nationalisme allemand prend une coloration militaire dans une atmosphère marquée par une haine vis-à-vis de la France, une peur de la Russie, le rejet de la balance des pouvoirs issue du Congrès de Vienne de 1815 et un culte encouragé par les autorités prussiennes puis allemandes des héros et des patriotes allemands. Parmi ces héros allemands, le plus célébré fut le chef de tribu Arminius qui infligea une cuisante défaite aux Romains lors de la bataille de Teutobourg en l’an 9 de notre ère. Un autre exemple de cet aspect guerrier et militaire du nationalisme allemand est notamment visible à travers la figure de Germania, allégorie de la nation allemande, femme guerrière le plus souvent affublée d’une cuirasse, d’un casque, d’un bouclier et d’une épée. Contrairement au nationalisme allemand de 1848 qui était basé sur des valeurs libérales, le nationalisme allemand utilisé par les partisans de l’Empire allemand était basé sur l’autoritarisme prussien, et était de nature conservatrice, réactionnaire, anti-catholique, anti-libérale et anti-socialiste. Les partisans de l’Empire allemand prônaient une Allemagne basée sur la domination culturelle prussienne et protestante. Ce nationalisme se concentrait sur l’identité allemande fondée sur l’ordre teutonique6. Ces nationalistes soutenaient une identité nationale allemande prétendument fondée sur les idéaux de Bismarck qui comprenaient les valeurs teutoniques de volonté, de loyauté, d’honnêteté et de persévérance. Cette atmosphère xénophobe a évidemment fortement marqué le compositeur allemand et est notamment visible dans sa dernière œuvre d’importance, Persifal, où les symboles chrétiens, en premier lieu le Saint Graal et la lance ayant percé le flanc du Christ, jouent un rôle structurant dans l’opéra. 

Une autre facette, encore plus contestable des réflexions et motivations de Wagner est son antisémitisme. Du fait de l’importance accordée par les nationalistes allemands au volk, compris comme une communauté ethnique, et non pas politique, comme dans le nationalisme civique, la question de la place laissée aux catégories de la population n’appartenant pas à ce volk se pose assez rapidement et est propice au développement de réflexions racistes et antisémites, auxquelles Wagner n’est pas étranger. Ainsi, le premier essai de Wagner dans lequel on puisse déceler un fort antisémitisme est publié en 1850 sous le nom Das Judenthum in der Musik (soit Le Judaïsme dans la Musique dans la langue de Racine). Dans cet essai, Wagner cherche à expliquer les raisons de « l’aversion populaire » au sujet de la musique des compositeurs juifs Felix Mendelssohn et Giacomo Meyerbeer. On y lit notamment des phrases telles que « le peuple allemand est repoussé [par les Juifs] en raison de leur aspect et de leur comportement d’étrangers », « [les Juifs] sont des anomalies de la nature jasant de leurs voix grinçantes, couinantes et bourdonnantes ». La thèse générale de cet essai est que la musique “juive” serait artificielle et ne serait pas en mesure de retranscrire l’esprit authentique du peuple allemand en se contentant de pâles imitations. Wagner récidive à nouveau dans un essai publié en 1879 et intitulé Qu’est-ce qu’être allemand ? dans lequel il reproche la domination juive dans le domaine intellectuel, craignant que l’esprit allemand soit remplacé par un simulacre, une imitation juive de cet esprit national qui s’imposerait au peuple allemand et aboutirait finalement à ce que Wagner appelle “l’extinction des plus belles dispositions de l’espèce humaine”.

L’héritage de Wagner : instrumentalisation nazie et débats contemporains

Bien que Wagner ait été reconnu de son vivant comme un compositeur de génie, ses principaux admirateurs appartenaient pour une grande partie au milieu nationaliste allemand. On peut notamment mentionner le cas de Houston Stewart Chamberlain, essayiste britannico-allemand et théoricien racialiste, inspirateur direct des nationalistes pangermanistes, völkisch et nazis et mari de la fille de Richard Wagner, Eva Wagner. Mais le plus célèbre admirateur de Wagner est sans aucun doute Adolf Hitler, ami personnel de Winifred Wagner, belle-fille du compositeur, qui va être à l’origine d’une des plus importantes tentatives d’instrumentalisation de l’art, et notamment de la musique allemande, au profit du régime nazi. Adolf Hitler et les théoriciens nazis de l’art à sa suite vont s’essayer à développer une lecture nationale-socialiste de l’oeuvre du compositeur, insistant sur les nombreuses références antisémites et nationalistes qui parsèment son travail, et en leur donnant une importance excessive, justifiant ainsi la thèse selon laquelle Wagner est un précurseur de l’idéologie nazie. 

Les compositions de Wagner étaient régulièrement jouées lors des grands rassemblements du parti et du régime nazis. Ainsi, le festival de Bayreuth, festival d’opéra fondé par Richard Wagner en 1876, se tenant chaque été dans la ville de Bayreuth, en Bavière, devient, sous la direction de Winifred Wagner, à partir de 1930, un haut lieu du nazisme culturel. Le festival est maintenu pendant toute la durée du Troisième Reich et est l’occasion pour les artistes les plus reconnus du milieu européen de se produire. Se produisent notamment des chefs d’orchestre de renommée internationale comme Karl Böhm, Richard Strauss ou Wilhelm Furtwängler. Hitler est un tel partisan du festival et de la famille Wagner qu’il accepte même d’inviter le chef d’orchestre italien et antifasciste notoire, Arturo Toscanini, à prendre la tête du festival, ce qu’il refuse. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’instrumentalisation du festival et des œuvres de Wagner devient plus prononcée et celui-ci est mis à la disposition du parti nazi et des « invités du Führer », des soldats blessés lors des affrontements sur le front. L’instrumentalisation est telle qu’entre 1943 et 1944, une seule œuvre de Wagner est à l’affiche, Les Maîtres de Nuremberg (Die Meistersinger von Nürnberg dans la langue de Goethe), opéra en trois actes composé entre 1861 et 1867, et qui se prête facilement à un détournement du fait des thèmes abordés. On peut penser par exemple à la glorification de l’art allemand (le fameux final de l’acte 3 dans lequel un des protagonistes Hans Sachs, insiste sur la nécessité de sauvegarder l’art allemand des menaces étrangères) ou à la représentation de l’opposition entre une bourgeoisie commerçante, évoquant les Juifs d’Allemagne, désirant s’élever par l’art, et l’aristocratie traditionnelle, attachée à ses privilèges. 

Après la chute du Troisième Reich, en 1945, un tribunal condamne Winifred Wagner pour son soutien au nazisme et lui retire la direction du festival, qui échoit à ses deux fils, Wieland et Wolfgang Wagner. Il est important de préciser que l’instrumentalisation de l’art par les nazis ne s’est pas limitée aux œuvres de Richard Wagner, d’autres artistes beaucoup moins compromis que Wagner dans le nationalisme allemand et l’antisémitisme, tels que Anton Bruckner ou Ludwig van Beethowen, ayant été récupérés par le régime. Toujours est-il que le nom de Wagner est désormais traditionnellement associé, à tort ou non, au nazisme et au nationalisme. Il n’apparaît donc pas surprenant que Dimitri Outkine, ancien lieutenant-colonel des forces spéciales russes et néo-nazi notoire ait choisi de nommer sa société militaire privée du nom du compositeur allemand7. La preuve que cette polémique sur les liens entre Wagner et antisémitisme et nationalisme xénophobe, continue d’imprégner les débats contemporains est la place qu’occupent ses œuvres en Israël. Ainsi, les œuvres de Richard Wagner ne sont pas inscrites au répertoire de l’Orchestre philharmonique d’Israël, le principal orchestre symphonique du pays, et la plupart des représentations publiques des compositions de Wagner, en particulier celle de Daniel Barendoim en 2001, ont suscité un intense débat en Israël sur la question de la primauté donnée à l’artiste ou au théoricien politique, une partie du public ayant quitté la salle en signe de protestation. Quoi qu’il en soit, la question, qui ne se limite pas à Wagner, de la ligne de démarcation qu’il est nécessaire de tracer entre l’artiste et l’individu, est loin d’être close.

Lucas Privet

1 Friedrich Hecker est un révolutionnaire allemand, acteur majeur du Printemps des Peuples et équivalent allemand de Garibaldi, partisan de l’unification allemande autour d’un État démocratique. 

2 L’Allemagne, à cette époque, n’était pas encore unifiée, ce processus ayant lieu en 1871.

3 Le Congrès de Vienne est une conférence diplomatique se tenant du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815. Elle rassemble les représentants des principales puissances européennes de l’époque, comme l’empire d’Autriche, le Royaume-Uni, le royaume de Prusse ou encore l’empire russe. Son objectif est de mettre en place un nouvel ordre européen pacifique à la suite de la défaite de Napoléon et de l’effondrement du Premier Empire.

4 Littéralement l’avant-mars, il s’agit de la période s’étendant du congrès de Vienne de 1815 à la révolution de mars 1848, dans la continuité du Printemps des Peuples européen.

5 On oppose généralement deux projets d’unification de l’Allemagne durant cette période : la solution grande-allemande qui comprendrait l’Autriche, et la solution petite-allemande qui se limiterait à une unification autour de la Prusse.

6 L’Ordre Teutonique est un ordre militaire chrétien né au Moyen-Âge, fondé en 1190 à Saint-Jean d’Acre, en Terre sainte, destiné à christianiser l’Europe du Nord, et notamment la Pologne ou la Lituanie.

7 À ce propos, l’article suivant y est consacré : « Wagner : des mercenaires sans nom ni insigne à la solde du Kremlin ». https://classe-internationale.com/2020/05/12/wagner-des-mercenaires-sans-noms-ni-insignes-a-la-solde-du-kremlin/

Sources :

DE DECKER Jacques, « Richard Wagner » France Inter, 17/01/2011

MILLINGTON Barry, The Wagner Compendium : A Guide to Wagner’s Life and Music, Thames and Hudson Ltd, 2001

WARSHAW Hilan, « Wagner et les Juifs » Arte, 19/05/2013

GODEFROID Philippe, Richard Wagner, l’ecclésiaste antisémite : Être wagnérien en 2013 ?, L’Harmattan, 2011

SPOTTS Frederic, Bayreuth : A History of the Wagner Festival, Yale University Press, 1994

ZAMOISKY Adam, Holy Madness : Romantics, Patriots and Revolutionaries 1776-1871, Weidenfield & Nicolson, 1999

GARRIGOU Alain, « 1848, le printemps des peuples » Le Monde Diplomatique, 05/2011

VEREHYEN DIRK, The German Question : A Cultural, Historical and Geopolitical Exploration, Westview Press, 1999

SAMSON James, The Cambridge History of Nineteenth-Century Music, Cambridge UP, 2002

« Wagner concert sparks Israel row » BBC News, 3/05/2001

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