La politique extérieure de la France en Amérique centrale et dans les Caraïbes de 1990 à nos jours

La politique extérieure de la France en Amérique centrale et dans les Caraïbes de 1990 à nos jours

Par Véïa Schwaller

« Région oubliée par la diplomatie française, la Caraïbe mérite aussi une stratégie »1 : cette phrase pourrait à elle seule résumer la politique extérieure française en Amérique centrale et dans les Caraïbes depuis la fin de la Guerre froide. Alors même que la France bénéficie d’une  implantation directe dans cette région grâce à ses départements français d’Amérique (DFA), elle a longtemps laissé de côté cette aire dans l’élaboration de sa politique extérieure. Cette absence assez prépondérante d’intérêt de la France pour la région se traduit par un faible nombre, surtout entre 1990 et 2010, de discours officiels ou de documents parlementaires traitant de cette question et de travaux historiques de fond sur son histoire contemporaine, l’abordant au mieux en marge de l’Amérique latine au sens large, alors même que les logiques qui s’y opèrent ne sont pas nécessairement les mêmes. 

    Si ce choix peut s’expliquer par plusieurs raisons (intérêts économiques limités dans la région, volonté de privilégier les échanges avec ses DFA pour favoriser leur développement à la suite de l’apparition de mouvements indépendantistes antillais, etc.), il n’en demeure pas moins que la politique extérieure de la France dans cette région a connu plusieurs évolutions depuis la fin de la Guerre froide, qui permis l’entrée de la région dans une ère de collaboration en diminuant globalement les tensions interétatiques. Encore assez peu étudiée, se pencher sur ces évolutions est de fait très intéressante, puisque la politique s’opère par l’action combinée de l’État français et de celle, de plus en plus autonome, de ses DFA. La confrontation de la France à la doctrine américaine Monroe  – qui tend depuis le XIXe siècle à condamner toute volonté d’intervention européenne dans les affaires américaines tout en développant leur propre influence dans la région -, et à une certaine réticence des autres pays de la région à collaborer avec un ancien État impérial constitue également un enjeu clef dans cette région qui pourrait se révéler être un véritable atout pour la France du fait notamment de ses ressources halieutiques. 

    Nous distinguerons trois périodes distinctes dans cette étude. La première, de 1990 à 1999, est marquée par un repli protectionniste autour des intérêts des DROM-COM français et une politique extérieure encore très faible. Dans un second temps, allant de 2000 à l’élection d’E. Macron en 2017, la France a semblé prendre progressivement conscience des enjeux de la région et a cherché à y développer une stratégie politique. Enfin, depuis 2018 et la prise de fonction d’E. MACRON, le développement d’une politique extérieure française en Amérique centrale et dans les Caraïbes semble avoir beaucoup ralenti, se recentrant autour de questions moins clivantes telles que la recherche scientifique contre le réchauffement climatique ou encore la lutte contre la criminalité. 

1. Une action extérieure française effacée derrière un protectionnisme des intérêts des départements français d’Amérique (1990 – 1999)

Alors que la fin de la Guerre froide se traduit en Amérique centrale et dans les Caraïbes par un désir marqué de collaboration régionale, la France, en réponse à un essor des mouvements indépendantistes en Guadeloupe et en Martinique dans les années 1980, va prioriser la mise en place d’une relation privilégiée avec ses départements d’Amérique. 

Ce protectionnisme se concentre dans les domaines économique et politique, avec une certaine réserve en matière de coopération régionale. La France craint en effet de créer une situation défavorable à ses DFA en s’ouvrant à un marché à la main-d’œuvre souvent moins onéreuse. Afin de ne pas perdre toutefois tout contact avec l’environnement régional, elle rejoint certaines organisations régionales, le plus souvent à simple titre d’observateur :  l’Association des États de la Caraïbe2 en 1994 ou encore le Système d’intégration centraméricain (SICA) en 1991. Dès cette période, on observe un certain décalage entre les élus locaux, demandeurs de plus d’intégration régionale de peur d’une rupture totale avec leurs voisins directs, et les dirigeants français, encore assez réfractaires à cette logique. Un premier pas est franchi par la loi d’orientation du 6 février 19923 qui permet aux collectivités locales de conclure des conventions avec des collectivités territoriales d’autres pays, posant les premières pierres d’un développement de stratégies régionales dans des domaines comme l’aide technique ou l’intervention dans un but humanitaire. Il s’agit toutefois d’un processus lent, car « l’introduction d’une « coopération régionale » est une innovation qui demande un temps d’adaptation et d’acceptation parce qu’elle remet en cause les procédures habituelles »4.  La France semble en réalité se reposer durant cette décennie sur ses installations préexistantes, notamment les Alliances françaises déjà installées, et sur la volonté européenne de s’implanter dans cette région, matérialisée par un accord-cadre signé en 1993 entre la nouvelle Union européenne et les États d’Amérique centrale puis par les accords de Cotonou5 le 23 juin 2000.

En parallèle de cette timidité en matière d’action économique et politique, la politique extérieure française se consolide autour de sujets peu politisés, notamment dans le domaine de la sécurité et dans la lutte contre le trafic international de stupéfiants et la criminalité organisée6. Il s’agit par exemple de l’implantation du service de coopération internationale de police (SCTIP) au Salvador en 1994, ou encore de la création en 1992 d’un Centre Interministériel de Formation Anti-Drogue (CIFAD) destiné à lutter contre les stupéfiants dans la zone Antilles-Guyane et Caraïbes, et qui est notamment chargé d’organiser des formations et des séminaires spécialisés à destination des forces de police des autres États de la région. La France a également fourni une importante aide humanitaire en Amérique centrale suite au passage de l’ouragan Mitch en octobre 1998, notamment au Nicaragua et au Honduras. 

En matière culturelle, les actions menées par la France ont connu un succès assez faible dans cette période7. Bien que la bonne volonté des onze Alliances françaises et des services culturels et de coopération des ambassades en Amérique centrale est à saluer, les crédits alloués à la coopération culturelle, linguistique et éducative ont diminué de 25% entre 1996 et 1999, empêchant une action véritablement efficace. Par ailleurs, les Alliances françaises de la région souffrent d’un véritable problème structurel et d’organisation, empêchant l’émergence d’une dynamique commune malgré la création en 1999 d’un Centre culturel et de Coopération pour l’Amérique centrale (CCCAC), regroupant les activités culturelles, linguistiques et éducatives des différents acteurs. On peut toutefois souligner l’augmentation du nombre d’établissements d’enseignement à l’étranger, qui est passé d’un en 19918 à six en 20019, la plupart en Amérique centrale au détriment des Caraïbes. Un fonds d’échanges culturels et artistiques a également été créé le 31 mars 1999, permettant d’esquisser un espoir de collaboration culturelle à l’échelle régionale. 

A l’occasion du Sommet de Rio de juin 1999, la France a réaffirmé sa volonté de renforcer les relations bilatérales préexistantes avec différents partenaires latino-américains. Elle cherche également à intensifier les relations entre l’Union européenne, ses Etats membres et les Etats du continent latino-américain. 

2. Une lente prise de conscience de la nécessité de développer une politique française dans la région (2000 – 2017) 

En déplacement à la Martinique, le Président de la République J. Chirac a prononcé le 11 mars 2000 un discours10 considéré comme un tournant essentiel de la politique extérieure française dans la région. Il reconnaît dans ce discours les réelles difficultés économiques et sociales touchant les DFA, ainsi que la difficulté à cumuler des identités créole, caribéenne, française et européenne. Il admet par ailleurs la nécessité pour l’État français et son administration « d’adapter leurs structures et leurs méthodes de travail » en inventant « un modèle original de développement, comportant à la fois un transfert accru de responsabilités vers [ces] sociétés et vers leurs élus tout en maintenant les solidarités françaises et européennes », déclarant pour la première fois que les exécutifs régionaux doivent pouvoir siéger en leur nom propre dans les principales organisations multilatérales régionales. Le deuxième tournant majeur aura lieu en 2012 avec l’élection de F. Hollande, qui a affirmé à plusieurs occasions sa volonté de renforcer les relations de la France avec le continent centre-américain et les Caraïbes. 

    La coopération dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre les divers trafics dans la région se perpétue pendant cette période, renforçant l’influence française dans la région. De nouveaux accords bilatéraux de coopération policière ont ainsi été signés en Colombie (juillet 2003), mais aussi avec les garde-côtes néerlandais à Sin Marteen ; l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN)  a organisé des exercices multilatéraux et de formations ; un projet d’appui à la lutte contre la criminalité aux Antilles a été lancé entre 2015 et 2018 avec un budget de plus d’ un million d’euros afin de favoriser la mise en réseau des forces de sécurité et des systèmes judiciaires des pays de la région. Le CIFAD, créé en 1992, a par ailleurs continué à proposer des formations aux autres polices des États et a permis en 2014 la formation de la Police nationale haïtienne11, favorisant l’exportation de l’expertise française en matière de sécurité. Bien que n’en faisant pas officiellement partie, la France coopère aussi énormément avec le Regional Security System (RSS), une organisation interétatique de défense et de sécurité luttant contre le trafic de stupéfiants.  

Le tournant du XXIe siècle marque aussi la poursuite de la coopération universitaire et scientifique, avec des résultats tout autant mitigés. On peut citer la création de l’espace régional Campus France à San José (Costa Rica) en 2001, ou encore l’action indépendante d’établissements d’enseignement supérieur français comme l’IEP de Paris pour développer de nouveaux partenariats dans la région. L’attrait de l’expertise française dans la région s’est également matérialisé par la demande du Panama de bénéficier de l’ingénierie éducative française en matière de formation professionnelle. En 2011, le CCCAC est devenu l’Institut français d’Amérique centrale (IFAC), avec l’objectif de centraliser l’action française dans les domaines de la coopération linguistique et éducative, culturelle, audiovisuelle, scientifique, technique et universitaire. Le programme CentrAm SUP, créé sur la base d’une proposition en 2014 de l’IFAC afin d’offrir un cadre pour les relations entre établissements universitaires dans plusieurs domaines12, a également reçu un accueil très bienveillant des autorités universitaires concernées. La France a par ailleurs souhaité miser sur la promotion de la francophonie dans la région, en lançant un plan de réintroduction du français dans les systèmes éducatifs centre-américains et constituait en 2016 le 6e pays d’accueil pour les étudiants d’Amérique centrale13. Cela semble être un résultat relativement satisfaisant dans la mesure où la population est encore très peu francophone. Certaines initiatives sont toutefois, là encore, restées au stade de projet, comme celui de la mise en place d’un « Erasmus Caraïbes »14, qui aurait permis de renforcer l’attrait de la France et de la francophonie chez les étudiants de la région. 

L’action française durant cette période s’est également centrée sur la collaboration dans la lutte contre les catastrophes naturelles, à la fois avec des aides d’urgence (Haïti en octobre 2016) mais aussi avec des formations assurées par la sécurité civile française et avec la diffusion aux administrations de la région des référentielles de normes antisismiques françaises. Cette diffusion de l’expertise française passe aussi par les antennes de l’Agence française de développement (AFD), qui intervient dans les Caraïbes avec le mandat de favoriser une « croissance verte et durable ». Des partenariats entre centres hospitaliers universitaires ont également été développés pour diffuser les savoirs français, mais aussi bénéficier des études menées par d’autres pays de la région. La France est par ailleurs membre participant au sein de l’Organisation panaméricaine de santé (OPS).

La politique extérieure de la France en termes d’action culturelle a également connu un certain succès durant cette période, malgré un manque chronique de moyens et une structure administrative trop complexe soulignée par de nombreux rapports15. En 201116, l’instauration d’une journée de l’Amérique latine et des Caraïbes, qui sera ensuite transformée en semaine, est symbolique de la volonté de la France de resserrer ses liens économiques et politiques avec cette région. Malheureusement cette initiative a connu un succès limité en France, trop peu mise en valeur. L’exemple de Cuba semble particulièrement illustrateur de ce revirement opéré à partir de l’année 2010 : alors même que jusqu’en 2015 la France n’avait que des liens très ténus avec ce pays, les liens diplomatiques et politiques ont finalement été renoués. L’organisation d’un mois de la Culture Française a également suscité un vif intérêt dans ce pays longtemps fermé. Autre exemple d’une opération marquée d’un certain succès, l’édition 2017 de la Fête de la musique a rassemblé plus de 20 000 spectateurs en République dominicaine. Le nombre d’établissements français d’enseignement homologués a doublé entre 2001 et 2021, passant de 5 à 10 dans la région, révélateur d’un intérêt marqué pour la zone Caraïbe. Souffrant toujours d’un manque de moyens économiques, un certain nombre de projets n’ont cependant jamais vu le jour alors même qu’ils auraient permis à la France d’étendre son influence dans la région. Ainsi le projet Caribbean Heritage Connections, qui devait permettre la mise en œuvre d’une sorte de musée commun virtuel interactif pour promouvoir la culture caribéenne de dix pays, n’a finalement jamais été mis en œuvre. 

L’élection de F. Hollande en 2012 semble par ailleurs marquer une véritable accélération de la politique française dans le domaine économique, avec une large marge de progression possible dans ce secteur17. Avec le soutien nouvellement acquis de la France, les DFA ont demandé durant cette période à rejoindre en leur nom propre les organisations régionales : la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane ont ainsi déposé des demandes d’adhésion comme membre associé de la Communauté Caribéenne (CARICOM) en 2012 afin de renforcer leurs relations avec les États voisins. En mai 201418 le Président a clairement énoncé que sa volonté était « qu’il y ait des relations encore plus fortes sur le plan économique », ce qu’il réaffirme en 201519 en précisant que la France veut être «un partenaire privilégié de l’Amérique latine et des Caraïbes ». La Martinique est ainsi devenue membre associé de l’association des États de la Caraïbe (AEC) en 2013, suivie par la Guadeloupe en 2014. Cela a permis de développer une politique française via des acteurs locaux en profitant de l’identité commune partagée par ces DFA avec les autres États de la région. La loi Letchimy de 201620 vient renforcer la légitimité et le rôle de ces collectivités territoriales en matière de coopération régionale, entérinant ce nouveau paradigme de la France. 

Cette intensification de la politique extérieure française va toutefois connaître un ralentissement dès 201621, suivi d’un quasi arrêt à partir de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.

3. Un ralentissement et une dépolitisation de la politique extérieure de la France en Amérique centrale et dans les Caraïbes (depuis 2018)

Dans une interview22 accordée par l’ancien envoyé personnel du Président français en Amérique latine, l’accélération de la politique extérieure de la France en Amérique centrale et dans les Caraïbes sous F. Hollande pourrait s’expliquer par son positionnement sur l’échiquier politique, qui le rapprocherait des logiques en œuvre dans certains États de la région. En conséquence, la France s’est grandement retirée de la région en termes d’actions économiques et politiques depuis l’élection d’E. Macron, supprimant par exemple le poste d’envoyé personnel en Amérique latine. De même, alors qu’un sommet France-Caraïbes devait être l’occasion pour le Président de présenter publiquement la politique française dans l’arc antillais, celui-ci a finalement été annulé et remplacé par une conférence internationale sur les sargasses23 en Guadeloupe au mois d’octobre 2018. Les rapports entre les États de cette zone et la France tendent de ce fait à se détériorer à cause du manque de considération des élus français envers les représentants de cette région.

Depuis 2018, la France concentre son action extérieure dans cette région sur les domaines assez peu politisés, comme la lutte contre les trafics et la recherche sur le réchauffement climatique. Concernant la coopération en matière de sécurité, certains rapports suggèrent le développement dans cette région d’outils déjà déployés au sein de l’UE, notamment le mandat d’arrêt européen, ce qui là encore permettrait à la France de faire rayonner son savoir-faire. La France est également active dans le domaine scientifique de la lutte contre le réchauffement climatique et de la gestion de crise, que ce soit en s’alliant aux pays de la région lors de la COP21 ou en co-finançant des projets scientifiques à large échelle afin de mieux comprendre les phénomènes climatiques qui s’y opèrent. On peut ainsi citer le projet CaribCoast24, cofinancé par l’UE, la France, la Martinique et la Guadeloupe, qui a pour objectif de « mutualiser et diffuser les démarches de surveillance, de prévention des risques côtiers et d’adaptation au changement climatique », se matérialisant notamment par l’installation de bouées françaises dans la région afin d’étudier les courants marins et la houle. Des négociations sont par ailleurs en cours entre la France et le CARICOM sur un possible accord de sécurité civile, afin de permettre une meilleure réponse régionale en cas de crise majeure, cette région étant particulièrement exposée aux catastrophes naturelles. 

A l’occasion d’un discours en 201825, le Président E. Macron a par ailleurs affirmé sa volonté de consolider et de dynamiser le réseau scolaire à l’étranger, marquant un changement de priorité. Les collectivités locales françaises se heurtent par ailleurs aux réticences des autres États à favoriser leur intégration, du fait d’une crainte de la concurrence culturelle et politique, d’autant que la francophonie bénéficie dans cette région de l’appui d’Haïti, qui a obtenu en février 2013 que le français devienne la seconde langue officielle de la CARICOM. Enfin, le manque d’intérêt de la France dans cette région s’explique principalement, comme souligné par G. LACHER en 201626, par l’urgence que constitue pour la France le Proche-Orient et l’Est de l’Europe.

Conclusion

Malgré une certaine progression de la politique extérieure de la France dans cette région depuis les années 1990, le bilan de l’action française demeure contrasté. Dans l’ensemble, ces actions restent embryonnaires, souffrant d’un important manque de moyens et d’un véritable manque de volonté politique. A l’occasion d’une rencontre professionnelle avec Jérôme Bresson27, directeur adjoint de la Direction de Coopération de sécurité et de défense du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, celui-ci m’a confirmé que l’aire géographique de l’Amérique centrale et des Caraïbes constitue une des dernières priorités du ministère des Affaires étrangères. Comme entre 1990 et 2000, un certain fossé se creuse entre les dirigeants français métropolitains et les élus locaux des DFA en matière de volonté politique. Lors de la XIIIème Conférence de coopération régionale Antilles-Guyane de 2017, le Président du Conseil régional de Guadeloupe soulignait ainsi « Notre développement économique passe par ce destin commun : l’éducation et la formation, la promotion de l’excellence, un système de santé performant, l’autonomie énergétique, la valorisation raisonnée de notre riche patrimoine culturel et de notre diversité », prouvant un véritable besoin d’une action française dans cette région, tandis que la France continue de diminuer le budget alloué dans cette région à la promotion de la culture française.  

La France semble peiner à trouver sa place face au monde anglo-saxon, tant au niveau des instances régionales qui sont assez réfractaires à son action qu’au niveau de l’attrait culturel que représente les universités américaines pour les chercheurs et étudiants de cette région. Parallèlement à cela, les actions ayant le mieux réussi sont celles dépassant l’aspect politique de chaque pays, c’est-à-dire la lutte contre des fléaux communs : catastrophes naturelles, changement climatique, trafics en tous genres. Les récents évènements en Martinique et en Guadeloupe illustrent le sentiment d’être des « citoyens de seconde zone », oubliés par le gouvernement français. Il apparaît donc absolument essentiel pour la France, comme souligné par le rapport de 2020 précité, de développer une véritable stratégie dans la région afin de parvenir à concilier la création d’une sentiment d’identité double dans les DFA, à la fois identité française et identité caribéenne propre, et une action française à plus large échelle dans la région. 

Véïa Schwaller

1Rapport d’information enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 6 novembre 2020 par la commission des Affaires étrangères sur l’environnement international des départements et collectivités d’outre-mer.

2Convention etablishing the Association of Caribbean States, 24 juillet 1994. 

3Loi n°92-125 du 6 février 1992 relative à l’administration territoriale de la République.

4Ministère des Affaires étrangères, Direction générale des Relations Culturelles Scientifiques et Techniques, Service de la Programmation des affaires financières et de l’Évaluation, Évaluation de la politique de coopération régionale en Amérique latine, Paris, 1996

 5Accord de partenariat 2000/483/CE – entre les pays ACP et l’UE.

6Réponse du Ministère de l’Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, Journal Officiel du Sénat, 4 mars 2004, page 530

7Culture et langue française en Amérique latine – Evaluation rétrospective de la coopération menée par la France entre 1996 et 2001, dans les domaines culturel, linguistique et éducatif avec le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Panama et le Salvador – Ministère des Affaires étrangères, direction générale de la coopération internationale et du développement.

8Arrêté du 20 novembre 1991 fixant la liste des écoles et établissements français d’enseignement situés hors du territoire de la République française.

9Arrêté du 3 décembre 2001 portant classement des établissements d’enseignement à l’étranger.

10Discours de M. Jacques Chirac, Président de la République, à Madiana (Martinique), 11 mars 2000. 

11 « Des Antillais forment la police haïtienne »,  France-Antilles, Radolphe Lamy, 17 novembre 2014

12Relance d’accords interuniversitaires préexistants, soutien à des projets de recherche à travers la formation doctorale, institutionnalisation progressive des relations entre Présidents d’Universités, …

13Selon des données du ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports.

14Annoncé par la ministre des Outre-mer G. Pau-Langevin lors de la XIIe Conférence de Coopération Régionale Antilles-Guyane des 31 mars et 1 avril 2016.

15Voir notamment Rapport d’information n°3528, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 6/11/2020, sur l’environnement international des départements et collectivités d’outre-mer.

16Résolution relative à l’institution d’une journée de l’Amérique latine et des Caraïbes en France, 16 février 2011. 

17Caraïbes et Amérique centrale : au carrefour des marchés d’avenir, Rapport officiel, Actes du colloque Sénat – Ubifrance du 12 décembre 2013, sous le haut patronage de M. Jean-Pierre Bel, Président du Sénat, n°114.

18Discours de F. Hollande du 28/05/2014, à l’issue de sa rencontre avec les chefs d’entreprise d’Amérique latine. 

19Discours de F. Hollande du 4/06/2015 lors d’une réception offerte à l’occasion de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes.

20Loi n°2016-1657 du 5/12/2016 relative à l’action extérieure des collectivités territoriales et à la coopération des outre-mer dans leur environnement régional.

21« La France reste mobilisée, mais sa place tend à régresser» – Discours du Président du Sénat Gérald Larcher à l’occasion de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes, 30/05/2016.

22Relations diplomatiques France-Amérique latine, Fondation Jean-Jaurès, 14 octobre 2021 – Entretien de Jean-Pierre Bel, ancien président du Sénat et envoyé personnel du Président français de janvier 2015 à mai 2017.

23Type d’algues envahissant les plages des Caraïbes, selon certains scientifiques à cause de la déforestation en Amazonie, ayant un fort impact sur le tourisme de la région.

24https://www.carib-coast.com

25Discours du 20 mars 2018 du Président de la République Emmanuel Macron sur la stratégie pour la francophonie et le plurilinguisme.

26Discours du 30 mai 2016 du Président du Sénat Gérard Larcher à l’occasion de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes.

27organisée par l’Institut Guerre et Paix en Sorbonne le 9 décembre 2021. 

28Ouest France « Antilles. Le couvre-feu est prolongé en Martinique, réduit en Guadeloupe », 8 décembre 2021 

Bibliographie 

Ouvrages

  • Adélaïde-Merlande J., Histoire contemporaine de la Caraïbe et des Guyanes de 1945 à nos jours, Karthala, 2003 
  • Bethell L., The Cambridge history of Latin America – Volume VI : 1930 to the Present, Part. 2 : Politics and Society, Cambridge University Press, 1995
  • Blérard A.-P., La question nationale en Guadeloupe en en Martinique : essai sur l’histoire politique, L’Harmattan, janvier 1998 
  • Broadberry S., Fukao K., “Part I – Regional Developments -9. Latin America” in The Cambridge economic history of the modern World, Volume II (1870 to the Present), Cambridge University Press, 2021 
  • Chaubet F., Martin L., Histoire des relations culturelles dans le monde contemporain, Armand Colin, 2011 
  • Chevalier F., L’Amérique latine de l’Indépendance à nos jours, Presses Universitaires de France, 1993
  • Fernandez A., L’Amérique latine du XIXe au XXIe siècle : Etats et mondialisation(s), Presses Universitaires de Bordeaux, 2019
  • Galy K., « La nouvelle stratégie Union Européenne – Caraïbes : quelle place pour les entités infra-étatiques françaises de la Caraïbe ? » in Perrot D., Collectivités territoriales et organisation régionales, de l’indifférence à l’interaction, l’Harmattan, pp. 305-327, 2015 
  • Piboubès J.-Y., Chapitre 43 « La France dans un monde globalisé depuis 1995 » in Nouvelle histoire du monde contemporain – De la fin du XIXème siècle à nos jours, Nathan, 2021 
  • del Pozo J., Histoire de l’Amérique latine et des Caraïbes : de 1825 à nos jours, Nouveau Monde Editions, 2006, pp. 359 – 362 et 405

Articles de recherche

  • Arnold A. J., « Présentation : La Caraïbe dans tous ses états », in Critique, 2006/8, n°711-712, Editions de Minuit
  • Martineau M., Décolonisation et indépendance : le nationalisme et la départementalisation en Guadeloupe de 1950 à 1990, mémoire dans le cadre d’une maitrise en science politique, Montréal, Université du Québec à Montréal, 2018
  • Nabajoth E., « Les relations entre les départements français d’Amérique et les Caraïbes : une histoire en construction », in Revue française d’administration publique, 2002/1, n°101, Ecole nationale d’administration, pp. 137 à 148
  • Vitalien C., « Les régions ultra-périphériques entre assimilation et différenciation », in Revue française d’administration publique, 2002/1, n°101, Ecole nationale d’administration, pp. 115 à 126

Articles de presse

  • « Une coopération en quête de boussole : l’Europe face aux attentes latino-américaines », in Le monde diplomatique, mars 1997, pp. 16-17 

Sources législatives  

Accords internationaux :

Lois :

  • Loi n°92-125 du 6 février 1992 relative à l’administration territoriale de la République
  • Loi n°95-115 du 4 février 1995 d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire : précise les modalités de la coopération transfrontalière

Loi n°2016-1657 du 5 décembre 2016 relative à l’action extérieure des collectivités territoriales et à la coopération des outre-mer dans leur environnement régional

Décrets :

  • Décret n°98-451 du 4 juin 1998 portant publication de l’accord entre le Gouvernement de la République française et l’Association des Etats de la Caraïbe définissant les modalités de la participation de la République française à l’association des Etats de la Caraïbe en tant que membre associé au titre de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Martinique, signé à Mexico le 24 mai 1996
  • Décret n°98-450 du 11 juin 1998 portant publication de la convention créant l’Association des Etats de la Caraïbe, signé le 24 juillet 1994 
  • Décret n°2014-976 du 22 août 2014 portant publication de la convention pour la création de la zone de tourisme durable pour la Caraïbe, signé à l’île de Marguerite le 12 décembre 2001
  • Décret n°2000-878 du 11 septembre 2000 relatif à l’Agence française de développement
  • Décret n°2014-1140 du 7 octobre 2014 portant publication de l’accord entre les Etats membres et membres associés de l’Association des Etats de la Caraïbe pour la coopération régionale en matière de catastrophes naturelles, signé à Saint-Domingue le 17 avril 1999, entré en vigueur le 31 mars 2014
  • Décret n°2016-459 du 13 avril 2016 portant publication de l’accord entre le Gouvernement de la République française et l’Association des Etats de la Caraïbe définissant les modalités de participation de la région Martinique à l’Association des Etats de la Caraïbe, en tant que membre associé, signé à Carbet, Martinique, le 11 avril 2014, de l’accord entre le Gouvernement de la République française et l’Association des Etats de la Caraïbe définissant les modalités de participation de la région Guadeloupe à l’Association des Etats de la Caraïbe, en tant que membre associé, signé à Basse-Terre, Guadeloupe, le 14 avril 2014, du protocole modifiant l’accord signé à Mexico le 24 mai 1996 entre le Gouvernement de la République française et l’Association des Etats de la Caraïbe définissant les modalités de la participation de la République française à l’Association des Etats de la Caraïbe en tant que membre associé au titre de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Martinique, signé à Port-d’Espagne, République de Trinité-et-Tobago, le 16 avril 2014

Circulaires:

Circulaire du 21 mai 1994, relative à la coopération des collectivités territoriales françaises avec les collectivités étrangères

Arrêtés:

  • Arrêté du 23 août 1990 fixant la liste des établissements d’enseignement prévue à l’article 1er du décret n° 90-469 du 31 mai 1990
  • Arrêté du 28 août 1994 fixant la liste des établissements d’enseignement français à l’étranger placés en gestion directe auprès de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger 
  • Arrêté du 3 décembre 2001 portant classement des établissements d’enseignement à l’étranger
  • Arrêté du 4 juin 2010 fixant la liste des établissements scolaires français à l’étranger 
  • Arrêté du 22 juin 2021 fixant la liste des écoles et des établissements d’enseignement français à l’étranger homologués

Sources parlementaires 

  • Direction générale de la coopération internationale et du développement, Ministère des Affaires étrangères, Culture et langue française en Amérique latine – Evaluation rétrospective de la coopération menée par la France entre 1996 et 2001, dans les domaines culturel, linguistique et éducatif avec le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Panama et le Salvador, juillet 2002.  Accessible en ligne au lien suivant : https://www.oecd.org/countries/panama/36487575.pdf
  • Colloque Sénat – Ubifrance, Caraïbes et Amérique centrale : au carrefour des marchés d’avenir, 12 décembre 2013
  • Comptes rendus de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées – Mardi 28 avril 2009 – Rencontre avec les ambassadeurs des pays d’Amérique latine et de la Caraïbe. Accessible en ligne au lien suivant : http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20090427/etr.html 
  • Rapport d’information par la Commission des Affaires étrangères sur l’ouverture d’un dialogue culturel et politique avec l’Amérique latine, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 22 juin 2016. Voir notamment pp. 35 à 44 pour les enjeux clefs et pp.47 à 53 pour un bilan de cette absence de stratégie politique. Accessible en ligne au lien suivant : https://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i3866.asp 
  • Ministère des Affaires étrangères, Direction générale des Relations Culturelles Scientifiques et Techniques, Service de la Programmation des affaires financières et de l’Évaluation, Évaluation de la politique de coopération régionale en Amérique latine, Paris, 1996
  • Rapport d’information n°2621 sur l’évaluation de la loi du 25 juin 2015 portant transformation de l’université des Antilles et de la Guyane en université des Antilles, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 23 janvier 2020, par le député Max Mathiasin. Accessible en ligne à l’adresse suivante : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/om/l15b2621_rapport-information#

Discours et déclarations officielles

  • Discours de François Hollande, Président de la République, à l’issue de sa rencontre avec les chefs d’entreprise d’Amérique latine, 28 mai 2014, visionnable sur : https://www.dailymotion.com/video/x1xbgef [13 minutes 03 secondes] 

Documents produits par les acteurs de la politique extérieure française : 

  • « Les échanges commerciaux entre la France et l’Amérique centrale (CA – 4 + Bélize) en 2018 », Site du ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, A. Avila et C. Galliardo, 16 mai 2019, accessible au lien suivant : 

https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2019/05/16/les-echanges-commerciaux-entre-la-france-et-l-amerique-centrale-ca-4-belize-en-2018 [dernière consultation le 2 décembre 2021] 

Sites internet des acteurs de la politique extérieure de la France 

  • Site de la Sistema de la Integracion Centroamericana (SICA) : https://www.sica.int/  [consulté pour la dernière fois le 18 novembre 2021]
  • Site de la Carribean Community (CARICOM) : https://caricom.org/  [consulté pour la dernière fois le 12 décembre 2021] 

Site de France Diplomatie : 

Site de l’Institut des Amériques (réseau d’enseignement supérieur, de recherche et de coopération internationale) : 

Site de l’Agence française de développement (AFD) : 

Site PROPARCO (filiale de l’AFD) : 

Page Amérique centrale et Caraïbes : https://www.proparco.fr/fr/page-region-pays/amerique-centrale-et-caraibes 

Sites des ambassades de France :

Annexes

ANNEXE 1 – Carte de l’Amérique centrale et des Antilles, direction des Archives du ministère des Affaires étrangères, février 2011 

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ANNEXE 2 – Schéma des organisations régionales de la zone Caraïbe. Source : direction des Amériques du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

ClasseInternationale

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