La Grande-Bretagne et la construction européenne : de l’Empire au Brexit

La Grande-Bretagne et la construction européenne : de l’Empire au Brexit

Par Joséphine BOURRINET

Selon Laurent Warlouzet, professeur d’histoire européenne à l’université Paris-Sorbonne,  la construction européenne désigne “une coopération institutionnalisée et volontaire entre des États européens, visant à les rapprocher, sans nécessairement les fusionner. Elle se différencie donc de simples coopérations techniques entre Européens […] ou des organismes internationaux à vocation mondiale, tels que l’Organisation des Nations unies”1. Si la construction européenne ne débute concrètement qu’au tournant du second XXème siècle, la relation que la Grande-Bretagne entretiendra avec ce processus de “coopération institutionnalisée”, elle, sera grandement influencée par les évènements du XIXème et du premier XXème. Désignant l’Angleterre, l’Ecosse et le Pays de Galle, puissance mondiale au début de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), elle se considère encore impériale malgré la vague de décolonisation qui sévit après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les évolutions économiques, géographiques et sociales sculpteront grandement les relations qu’elle entretient avec une construction européenne elle-même marquée par de nombreuses évolutions politiques, géographiques et géopolitiques. Entre 1945, fin de la Seconde Guerre mondiale où s’opère le début de la concrétisation d’une construction européenne jusqu’à présent largement restée au stade d’idées, et la date officielle du Brexit le 31 décembre 2020, la Grande-Bretagne a ainsi eu une relation agitée et particulière avec la construction européenne. Pourtant, sa trajectoire est en apparence assez similaire avec ses voisins européens jusqu’au premier XXème siècle – le christianisme, la démocratie, l’alternance entre périodes de querelles de voisinages et collaborations dans le cadre de concerts européens, le passage d’un système féodal à une société industrielle, ou encore la possession d’un empire étant un socle relativement commun avec les premiers impulseurs de la construction européenne.  

Ainsi, alors qu’elle présente une apparente similarité historique avec ses voisins européens, pourquoi le rapport de la Grande-Bretagne à la construction européenne est-il si awkward

I- Les débuts – un Empire glorieux face à la construction européenne (1945-1960) 

  1. Des circonstances nationales qui démarquent la Grande-Bretagne  des ambitions européistes 

Avant même l’avènement de la Seconde Guerre mondiale et alors que la construction européenne n’était qu’une idée controversée, la Grande-Bretagne était déjà en malaise avec sa relation avec le reste de l’Europe (Churchill dira en 1930 « We are not of Europe »2 ).  Cette perception provient en premier lieu des récits soulignant la séparation physique de la Manche et de son statut d’île, qui donnent lieu à une représentation d’isolation et à un fort nationalisme, exemplifié par le mouvement “Little England” au XIXème siècle. De sa position à la marge, elle cherche plutôt dans l’entre-deux-guerres à être une médiatrice, poursuivant une politique qui avait déjà émergé au cours du XIXème siècle. La politique extérieure de non-alignement et de non-intervention en Europe jusqu’en 1938 peut aussi trouver des sources historiques : alors qu’au XIXème siècle, la Grande-Bretagne alterne entre isolationnisme et interventionnisme en Europe, le rejet américain de la Société des Nations (SDN) la propulse en tant que puissance devant arbitrer les conflits entre Etats européens. Celle-ci cherche alors à maintenir un équilibre des pouvoirs à l’image du XIXème siècle3. Elle choisit dans cette optique une politique d’”appeasement et ne se positionne clairement dans le jeu géopolitique que très tardivement, en condamnant l’annexion nazie et en engageant un projet de mutualisation de ses ressources avec la France en 1939. 

En outre, la Grande-Bretagne se présente comme un bastion du libéralisme économique et du libre-échange, à l’opposé des continentaux plus protectionnistes. Ainsi, là où le plan Briand faisait un premier pas vers le fédéralisme européen, la Grande-Bretagne avait répondu à la crise de 1929 par un renforcement du libre-échange. Le fédéralisme proposé par Briand n’est en effet pas économiquement intéressant pour la Grande-Bretagne4. L’appeasement est également motivé par des raisons économiques : une guerre est politiquement perçue comme trop coûteuse pour l’économie britannique. Avant la Seconde Guerre mondiale, elle se tenait ainsi déjà à l’écart du continent, qui lui adressait une méfiance similaire : Coudenhove-Kalergi n’inclut pas la Grande-Bretagne dans le projet Paneuropa jusqu’à 1938, un an après la fin de la politique d’ appeasement de la Grande-Bretagne5

Après la Seconde Guerre mondiale, alors que des ambitions de construction européenne plus poussées voire fédérales (c’est-à-dire qui ne reposent pas sur l’unanimité) sont explorées, la Grande-Bretagne s’y oppose fermement. Les divergences de vécus sur la guerre peuvent en partie expliquer ce rejet : avant 1945, une union politique européenne est inenvisageable par les chefs d’État. La Seconde Guerre mondiale change la donne pour le reste de l’Europe : Hitler ayant exploité les nationalismes pour parvenir à ses fins, les récits orientent vers la construction d’une organisation supranationale pour l’éviter6. Mais la Grande-Bretagne n’a pas été vaincue pendant la guerre, et le sentiment qui en émerge est donc l’inverse de celui qui émerge dans le reste de l’Europe. C’est un patriotisme triomphant et la grandeur du nationalisme britannique qui éclosent ainsi7, ce qui expliquera, au-delà du mythe d’une appartenance à un destin plus large, la réticence à appartenir à une organisation européenne supranationale qui caractérisera toute la relation avec la Communauté Economique Européenne (CEE) puis l’Union Européenne (UE). Ce patriotisme naissant ainsi qu’une volonté de se concentrer sur la reconstruction empêche un soutien populaire8 de la CECA.  

Mais son peu d’affection pour l’Europe ne s’explique pas uniquement par sa relation avec elle ; au sortir de la Seconde Guerre mondiale, c’est d’abord sa relation avec le reste du monde qui explique sa relation avec la construction européenne naissante. 

  1. Une construction européenne peu intéressante pour une économie et une identité tournées vers le monde 

Dans les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale commence le démembrement de l’Empire colonial britannique, qui fut le plus grand empire du XIXème siècle9 et qui imprégnait l’identité britannique. En effet, dans les deux dernières décennies du XIXème siècle, la fierté impériale était dans les livres, les manuels, mais aussi dans les possibilités professionnelles qu’offrait l’Empire10. La Grande-Bretagne avait par ailleurs renforcé le commerce avec ses colonies dans l’entre-deux-guerres11, auquel s’ajoutait un large empire informel12. Au fur et à mesure de la décolonisation, l’Empire est remplacé par le Commonwealth of Nations, une organisation regroupant 56 pays à travers le monde. L’identité britannique et sa politique étrangère restent ainsi intimement liées à ce realm perçu comme incompatible avec une identité européenne. Churchill déclare ainsi en 1947 qu’il a une obligation spéciale envers le Commonwealth, qui est “plus large et plus importante” que l’Europe13. Cette priorité donnée au Commonwealth détourne la politique étrangère britannique d’une plus forte collaboration avec le continent.  

De plus, la relation avec les Américains – avec qui ils ressentaient une certaine proximité culturelle et linguistique14 à la suite de la Première Guerre mondiale mais dont les différends croissaient15 – se renforce lors de la Seconde Guerre mondiale, donnant naissance à une special relationship. Terme historiographiquement contesté, le rapprochement économique entre les deux pays au sortir de la Seconde Guerre mondiale l’est moins, car la Grande-Bretagne a joué un rôle important dans la conception de Bretton Woods, qui a régi  l’équilibre monétaire mondial jusqu’en 197316. La Grande-Bretagne se perçoit comme le pont entre l’Europe et les Etats-Unis, et les premières années de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sont fructueuses pour la relation entre les deux pays. Le Royaume-Uni sculpte ainsi l’Organisation européenne de Coopération économique (OECE) et le Conseil de l’Europe, deux organisations chapeautées par les États-Unis. La Grande-Bretagne a par ailleurs perçu la majorité du plan Marshall17. La crise de Suez en 1956, qui est un choc pour l’indépendance stratégique britannique, l’a encouragée à s’en rapprocher davantage18. Le soutien croissant que les États-Unis montrent envers la CEE, notamment sous la forme d’investissements dans la propagande pour le fédéralisme européen, l’a également encouragée à candidater à partir de 196019

  1. La Grande-Bretagne à la recherche d’une “troisième voie” ? 

Au vu de ses différences identitaires, économiques et géopolitiques, la Grande-Bretagne lance ses propres initiatives de rapprochement européen, qui correspondent mieux à ses objectifs. Le mouvement « United Europe », lancé en 1947, cherche ainsi plutôt à placer la Grande-Bretagne comme une « troisième voie » où elle joue les facilitateurs sans s’engager20. Par la suite, les Britanniques chercheront à bâtir une construction européenne selon leur propre vision, qui a “horreur du supranationalisme”21, alors que la construction européenne naissante cherche à faire un compromis entre supranationalisme et intergouvernementalisme. En cela, la politique intérieure joue un rôle clé. Le gouvernement travailliste, méfiant des tentatives de fédéralisation du Conseil de l’Europe pourtant impulsé à Londres, empêche l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe de gagner un réel pouvoir politique. Déçu par le boycott travailliste du Conseil de l’Europe, Monnet impulse la CECA22 mais la toute récente nationalisation des entreprises de charbon et d’acier par le gouvernement Labour les décourage d’y entrer23. En 1950, le Premier Ministre McMillan proposera sa propre « CECA »24, avant d’essayer de saboter la CEE en proposant leur propre « plan G » de zone de libre-échange en octobre 1956, qui échoue néanmoins à prendre forme25. Militairement, c’est l’Union de l’Europe Occidentale (UEO) qui supplante la Communauté Européenne de Défense (CED) – une extension du traité de Bruxelles qui devait montrer la supériorité de la stratégie intergouvernementale26 alors que les ambitions supranationales de la CED sont rejetées.  

Le facteur économique est également prégnant dans la décision de ne pas participer à la CECA en 1950, même si d’autres raisons ont aussi convergé dans ce sens (le ressentiment contre les Français, la peur de perdre leur souveraineté, des pressions de politique interne). En 1950, la Grande-Bretagne produisait la moitié du charbon et le tiers de l’acier des sept pays qui formaient la CECA, mais ceux-ci ne représentent que 5% de ses exportations. Un droit de douane commun aurait été très désavantageux pour la Grande-Bretagne27. Le programme libéral et la vision purement économique de la Grande-Bretagne vis-à-vis de la CEE – qui comporte de nombreux volets plus sociaux et sectoriels – sont marqués par l’appellation métonymique de common market, appellation qui est restée jusqu’au début des années 198028 . En 1957, ce common market est rejeté de peur qu’il entrave le commerce intra-Commonwealth29, qui représente à l’époque 50% des exportations britanniques, au profit de l’Association européenne de libre-échange (EFTA), créée en 1959. Mais au cours des années 1950, les échanges avec les pays du Commonwealth diminuent à mesure de la décolonisation, et les échecs de la détente avec les soviétiques combinés à une dépendance trop marquée aux Américains poussent les Britanniques à reconsidérer leur place dans la construction européenne30

Carte des membres de l’Association Européenne de Libre-Echange (AELE) impulsée par la Grande-Bretagne en 1959. Source = population data. Carte non actualisée depuis 2016.

 II- Une relation tumultueuse (1960-1990) 

  1. Le “déclin”, facteur moteur des demandes d’adhésion britanniques

Alors que les autres anciens empires européens ne sont généralement pas fiers de leurs empires déchus31, les médias et l’opinion publique britanniques continuent, au cours du second XXème siècle et jusqu’au Brexit, de célébrer son ancienne domination coloniale, en même temps qu’ils déplorent un déclin32.  L’adhésion au projet européen est donc perçue comme une conséquence du déclin de cette puissance impériale et du particularisme national qui l’accompagne, la première candidature survenant seulement un an après la déclaration de McMillan d’accélérer la fin de la décolonisation en Afrique33.  Les échanges vers les Etats-Unis et une CEE économiquement performante augmentent, alors que la compétitivité économique britannique, qui en est exclue, diminue de près de 10%34, ce qui la fait entrer en stagflation35 et augmente l’angoisse de déclin. 

L’économie britannique en difficulté se conjugue à une conjoncture internationale défavorable : l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) montre sa puissance avec Spoutnik et le mur de Berlin, et le Sommet de Paris de 1960 échoue à établir une détente36. La Grande-Bretagne se perçoit comme à court d’alternatives37, d’autant que les États-Unis voient l’EFTA d’un mauvais œil38. Ces facteurs motivent ainsi la Grande-Bretagne à candidater une première fois en 1961, dans un mouvement transpartisan, tout en cherchant à assurer à l’EFTA et au Commonwealth sa loyauté39. La candidature a été rejetée malgré l’espoir que la vision intergouvernementale partagée avec De Gaulle prenne le pas sur sa méfiance vis-à-vis de la relation Royaume-Uni-Etats-Unis40. En 1967, les raisons la seconde candidature font l’objet de débats historiographiques, mais il est probable que la pression des lobbies et des raisons de politiques internes, dans un débat qui polarisait les opinions publiques, poussent Wilson à candidater – sans succès41.  

En parallèle, entre 1964 et 1979, la relation avec les États-Unis se délite42. En 1970, pour éloigner les suspicions lors de la troisième et dernière tentative de candidature pour la CEE, Heath, premier ministre britannique de 1970 à 1974, fait comprendre que la relation Royaume-Uni-Etats-Unis est subordonnée à la coopération européenne. La démission de Charles de Gaulle, remplacé par l’atlantiste Pompidou, et l’avènement d’une politique européenne axée vers l’élargissement marquent le succès des négociations : le Royaume-Uni entre officiellement dans la CEE le 1er janvier 197343.  

  1. Une méfiance et un particularisme qui persistent… 

Après son entrée dans la CEE, la relation Grande-Bretagne-CEE a été  marquée par de nombreuses exceptions, car si l’intégration de la Grande-Bretagne est motivée économiquement et géopolitiquement, son identité est toujours impériale et hostile au fédéralisme. Cela se traduit par une conditionnalité aux objectifs britanniques44 : ainsi, l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE est renégociée de 1973 à 1975 suite à l’accession d’un premier ministre travailliste et justifiée par le changement de contexte international (crises pétrolière et financière)45, puis adoptée par référendum – procédure inhabituelle dans le système politique britannique.  Des mouvements eurosceptiques – c’est-à-dire critiquant la participation de la Grande-Bretagne dans la CEE puis l’UE – émergent par ailleurs dès 1976. De manière générale, selon Goodwin, “Depuis les années 1970, les Britanniques ont toujours été moins enthousiastes à l’égard de ce qui est aujourd’hui l’UE et de la poursuite de l’intégration européenne que la plupart […] de leurs voisins continentaux”46.  En 1984, Thatcher a négocié un rabais des contributions47. Monétairement, les exceptions se multiplieront également pour des raisons économiques : en 1979, la Grande-Bretagne choisit de ne pas participer au Système Monétaire Européen (remplaçant du Serpent Européen suite à la fin de Bretton Woods en 1973) car elle souhaitait retrouver une “monnaie forte”48, et en 1991, la Grande-Bretagne s’exclut de la monnaie unique et estime que Maastricht est « un pas de trop »49.  

La méfiance est également toujours de mise sur le continent : l’historien Nick Crowson remarque qu’une des raisons de l’incompréhension du système européen vient de l’absence de volonté de l’UE de montrer comment elle fonctionne50 et de s’intéresser aux intégrations proposées par les Britanniques, qui jouèrent pourtant un rôle clé dans le marché unique et dans les futurs élargissements51. Encore aujourd’hui, les tentatives de construction européenne du Royaume-Uni sont peu évoquées. Par exemple, dans la chronologie de la construction européenne de l’Encyclopédia Universalis – par ailleurs écrite par un français -, l’AELE n’est que brièvement évoquée, et uniquement dans son rapport avec la CEE ; le traité de Bruxelles, impulsé par le secrétaire d’état britannique aux Affaires Etrangères, n’est quant à lui même pas évoqué, ni l’intégration de l’UEO dans l’UE et sa dissolution.  

  1. Rebond géopolitique, recul dans l’intégration européenne ? 

Au fur et à mesure de l’européanisation de la Grande-Bretagne, un renversement de politique intérieure s’effectue. Si les référendums et les renégociations sont effectués suite à l’arrivée au pouvoir du gouvernement Labour en 1974, le clivage gauche/droite ne suffit plus pour expliquer les attitudes politiques et diplomatiques envers la construction européenne52. Alors que les travaillistes sont de moins en moins unanimement opposés à la CEE, c’est finalement la conservatrice Thatcher qui a euune attitude antagoniste vis-à-vis de la CEE, s’en servant comme bouc émissaire pour les crises domestiques53

Les années 1980 viennent en effet voir un retour du conservatisme dans le bloc occidental, avec l’arrivée de Thatcher et Reagan, et un regain de tensions avec l’URSS. Mais c’est un autre événement de politique extérieure qui vient faire basculer une partie des conservateurs, historiquement pro-CEE : la reconquête des Malouines en 1982. L’entrée dans la CEE avait été motivée par la perception d’un déclin de puissance coloniale, économique et d’un délitement de la relation avec les Etats-Unis. Cette reconquête efface le traumatisme de Suez, et a pour effet le renforcement du chauvinisme ; cette victoire extérieure est utilisée pour redorer l’image de Thatcher. Le “thatchérisme” s’oppose au déclin en remobilisant la rhétorique de la “fierté impériale”54 et s’adresse largement à son électorat dans un contexte domestique difficile55. La relation Reagan-Thatcher vient renforcer la perception de puissance56 britannique.  

Elle reprend ainsi la représentation selon laquelle l’intégration européenne s’oppose à la fière identité impériale britannique et cherche à s’accaparer sa souveraineté. Ainsi, non seulement elle négocie intensément le rabais de la contribution britannique au budget européen de 1979 à 1984, mais elle prétend refuser par la suite toute avancée supranationale qui ne soit pas en adéquation avec son projet politique57. Elle compromet néanmoins sur l’Acte Unique Européen (1986) en raison de la création du marché unique. En 1988, la proposition de création de Banque centrale européenne et de monnaie unique – un pas de plus vers une construction européenne supranationale – est vue comme une perte de souveraineté britannique et est dénoncée par la Première ministre dans le discours de Bruges la même année58. Elle accepte tout de même de rejoindre le Système Monétaire Européen (SME), infirmant le récit d’opposition frontale qu’elle promeut.  

III- 1990 – 2023 : d’une Grande-Bretagne intégrée à un Brexit unanime ? 

  1.  Une attitude toujours ambivalente face à l’UE jusqu’en 2016 

En 1992, la CEE se transforme en Union Européenne avec le traité de Maastricht dans le but de répondre à la question de la réunification allemande et de la chute de l’URSS. Elle marque l’avènement d’une période d’intégration à but supranational et d’élargissement, période qui marque aussi l’émergence de mouvements eurosceptiques sur tout le continent. Major, remplaçant conservateur de Thatcher, fait ainsi face à un euroscepticisme grandissant de son propre bord politique, alors que les travaillistes sont désormais pro-européistes, convaincus des avancées de l’“Europe Sociale”59. Il sort la Livre Sterling de la SME, qui avait eu un effet économique néfaste, et refuse ainsi l’entrée dans la monnaie unique entre autres opt-outs, mais adopte largement la culture du compromis60. La Grande-Bretagne continue ainsi globalement sa politique d’“un pied dehors, un pied dedans”. Mais l’opinion publique est lasse des conservateurs61: en 1997, un gouvernement “néo-travailliste” est élu. 

L’arrivée du “New Labour” en 1997, mené par Tony Blair et constitué de jeunes députés qui n’ont connu ni l’Empire, ni la Seconde Guerre mondiale, doit apporter un nouveau souffle à l’”européanisme britannique”62. Mais bien que cet atlantiste ait renforcé une union militaire et la création d’une “armée européenne”, il reste dans la continuité des gouvernements précédents63 en refusant la monnaie unique et en n’intégrant pas l’espace Schengen. Blair et son successeur sont soumis à la pression des eurosceptiques, qui accusent l’UE d’aller trop vite dans son intégration supranationale avec les traités de Maastricht, d’Amsterdam et de Nice64, nourris par une opinion publique qui ne comprend toujours pas le fonctionnement de l’appareil européen65

La crise des dettes souveraines accentue encore les mouvements eurosceptiques et une distance de plus en plus marquée s’engage : en 2010, Cameron arrive au pouvoir à la tête d’une fragile coalition et fait passer en 2011 l’European Union Act, qui conditionne le transfert de souveraineté à un référendum et retire la Grande-Bretagne de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE).   

  1. Une conjoncture économique qui se dégrade et une incompréhension persistante, moteurs d’un euroscepticisme qui prend de l’ampleur. 

La crise de 2008 vient grever une situation économique qui avait tendu à s’améliorer en Grande Bretagne : elle voit une augmentation de l’insécurité de l’emploi et des souffrances physiques et psychologiques au travail pour les plus précaires66. Dans le même temps, la situation est floue en Grèce, et la peur de devoir bail out des pays considérés comme faibles monte. Les eurosceptiques, qui avaient été battus en brèche par l’élection de New Labour mais n’avaient cessé d’exister – critiquant notamment les dommages de la SME – se renforcent alors : réutilisant les tactiques de Thatcher, ils se servent de Bruxelles comme bouc émissaire pour tous les maux de politiques internes. Ainsi, lorsque l’entrée des pays d’Europe centrale et orientale dans l’UE se conjugue à une arrivée massive d’immigrés très mal perçue suite à une décision du gouvernement travailliste en 2004, celle-ci est imputée à Bruxelles par les eurosceptiques, qui gagnent en influence67. De plus, la montée du nationalisme promu par les eurosceptiques reflète une tendance internationale, qui voit une montée des extrêmes-droite partout en Europe et aux Etats-Unis68

Enfin, l’incompréhension par la population d’un Parlement européen (PE) au pouvoir renforcé depuis 1992 et l’incompatibilité perçue avec le fonctionnement parlementaire britannique, au cœur des tensions sur les questions supranationales, resurgissent d’autant que les questions européennes sont désormais réglées par référendum. Le système politique britannique se base en effet sur la souveraineté indivisible du Parlement. Ces incompréhensions contribuent à nourrir le mythe d’une UE toujours vue comme “une sorte de super-État qui s’empare de la souveraineté et de l’identité britanniques“69, ainsi que l’euroscepticisme70

En 2013, les eurosceptiques sont minoritaires dans le parti conservateur et inexistants dans le United Kingdom Independence Party (UKIP), bien que troisième parti britannique au Parlement européen. Mais ils sont suffisamment menaçants médiatiquement pour amener Cameron, dans le cadre de sa stratégie électorale, à annoncer un référendum pour le Brexit devant se tenir en 2016. 

  1. Le Brexit, a landslide victory ? 

Carte des votes Brexit. Source : New York Times

Bien que UKIP ait réuni seulement 12,6% des votes lors de la general election en 2015, le Leave l’emporte en 2016 avec près de 52% des voix. S’ensuivront de longues négociations sur la sortie de l’UE, effective en 2021. Menées par Theresa May puis Boris Johnson, celles-ci débouchent sur un hard Brexit, avec peu d’accords de coopération : la rupture de la collaboration est bien marquée, exemplifiée par le refus de Boris Johnson d’accréditer l’ambassade de l’UE à Londres. 

De nombreuses théories tentent d’expliquer ce résultat. Premièrement, la peur de perdre l’identité nationale glorifiée par la Seconde Guerre mondiale71 avait été amplifiée par l’intégration de plus en plus poussée depuis Maastricht. Deuxièmement, certains historiens évoquent le désir de retrouver la gloire impériale du XIXème siècle des “Little Englanders72 – sans doute renforcée par un “renouveau” du Commonwealth depuis les années 199073. Enfin, une troisième hypothèse évoque le ressentiment plus récent d’une partie de la population qui s’est sentie économiquement laissée pour compte par l’Union européenne et le système politique britannique74, notamment sur ses politiques d’immigration75. Une  étude de Goodwin et Milazzo montre que ce sont les populations majoritairement plus précaires, blanches et peu éduquées qui ont voté Leave en Angleterre et au Pays de Galles76. La campagne populiste des eurosceptiques avait relayé et amplifié ces multiples domaines d’inquiétudes. 

 Ces facteurs reflètent dans l’ensemble les tensions historiques de la Grande-Bretagne vis-à-vis de la construction européenne. Il faut toutefois noter des clivages internes, de classe et d’éducation mais aussi régionales : par exemple, l’Ecosse vote à 62% contre le Brexit, mais est écrasée par la majorité anglaise et galloise. Pour Medrano, ce vote reflète une volonté nationaliste77 : en effet, alors que les Anglais et Gallois estiment que l’identité britannique est exclusive à l’identité européenne, les Écossais revendiquent une identité à la fois écossaise et européenne78. L’Irlande du Nord vote également majoritairement pour le maintien dans l’UE, et se montrera hostile à un hard Brexit, ravivant des tensions nationalistes pourtant apaisées depuis 1998. 

Conclusion  

La relation du Royaume-Uni avec la construction européenne s’est révélée tumultueuse, marquée par un particularisme et un exceptionnalisme allergique au supranationalisme, réminiscence du XIXème siècle et de sa qualité de puissance impériale. Les divergences de vécus de la Seconde Guerre mondiale, la persistance de ses colonies et sa relation avantageuse avec les Etats-Unis enterrent d’abord toute possibilité d’intégration européenne. Cependant, ses difficultés économiques, la perte progressive de son empire et le délitement de sa “relation spéciale” l’amènent ensuite à rentrer dans la CEE, non sans difficultés au vu d’une méfiance partagée par le reste du continent. Elle gardera néanmoins une relation tumultueuse avec celle-ci, marquée par la récupération des politiques extérieures à des fins de stratégie politique interne et d’une résistance toujours marquée au supranationalisme. Enfin, un regain d’européisme dans les années 1990 n’a pas empêché la persistance de son particularisme, et la crise de 2008 – qui marque un renouveau des nationalismes en Europe – a catalysé les mouvements eurosceptiques, présents dès l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE. Si les raisons du Brexit sont le sujet de débats historiographiques, le renouveau des discours impériaux et de regain de souveraineté et de pouvoir économique sont indéniables, bien que les conséquences immédiates post-brexit tendent à les démentir. Les tensions sont encore nombreuses dans la relation post-UE, alors qu’une révision du protocole sur l’Irlande Du Nord vient d’être signée en février 2023, et que l’Ecosse, elle, aspire à réintégrer l’UE. 

Joséphine Bourrinet

Annexe 

Christophe PÉRY, « CONSTRUCTION EUROPÉENNE – (repères chronologiques) », Encyclopædia Universalis [en ligne]. Consulté le 11 avril 2023. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/construction-europeenne-reperes-chronologiques/ 

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Notes :

1 WARLOUZET Laurent, « Introduction », dans : Laurent Warlouzet éd., Histoire de la construction européenne depuis 1945. Paris, La Découverte, « Repères », 2022, pp.3-4

2 BOGDANOR, Vernon , “Footfalls echoing in the memory. Britain and Europe: the historical perspective”, International Affairs, 2005/4, (n.81), pp 689–701, p.690 

3 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 1. La Grande-Bretagne et l’Europe de 1815 à 1914 », dans : La GrandeBretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, pp. 19-55. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-19.htm

4CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.18 

5 ibid, p.47 

6 BOGDANOR, Vernon, “Footfalls echoing in the memory. Britain and Europe: the historical perspective”, International Affairs, 2005/4, (n.81), pp 689–701, p.690 

7 Ibid, p.691 et LUDLOW, Piers N., “The Historical Roots of the ‘Awkward Partner’ Narrative”. Contemporary European History, 2019/1 (28), pp.35-38, p.36

8 Ibid, p.693 

9 FERGUSON, Niall. Empire: How Britain made the modern world. London, Penguin UK, 2012, 422 p., p.3 

10 LLOYD, Amy J., “The British Empire.” British Library Newspapers. Detroit: Gale, 2007, p.5 

11 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.51 

12 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 3. L’impérialisme britannique au XIXe siècle : la mise en œuvre de l’esprit colonial », dans : , La Grande-Bretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 79-115. URL : https://www-cairninfo.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-et-le-monde–9782200631956-page-79.htm 

13 ROBBINS, Keith. Great Britain: Identities, Institutions and the Idea of Britishness Since 1500. Londres, Routledge, 2016, 392 p., p.313

 14 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 4. Les relations anglo-américaines de 1783 à 1914 », dans : , La GrandeBretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 117-127. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-117.htm 

15 ROBBINS, Keith. Great Britain: Identities, Institutions and the Idea of Britishness Since 1500. Londres, Routledge, 2016, 392 p., p.373 

16 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 7. La Seconde Guerre mondiale : « leur plus belle heure » ou « la victoire perdue » ? », dans : , La Grande-Bretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 197-217. URL : https://www-cairninfo.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-et-le-monde–9782200631956-page-197.htm 

17 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.81 

18 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 9. Le temps des renoncements (1956-1979) », dans : , La GrandeBretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 241-263. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-241.htm 

19 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 8. Le temps des ajustements (1945-1956) », dans : , La Grande-Bretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 219-240. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-219.htm et CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.107

20 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.84-85

 21 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 8. Le temps des ajustements (1945-1956) », dans : , La Grande-Bretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 219-240. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-219.htm 

22 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.95

 23 ROSS George. “Continental Drift: Britain and Europe from the End of Empire to the Rise of Euroscepticism Grob-Fitzgibbon Benjamin”. Political Science Quarterly. 2017/3 (132), pp.578–80, p.578

 24 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.93

25 ibid, p.99 

26 ibid, p.97 

27 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.93 28 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.10 29 ibid, p.98

28 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.10

29 ibid, p.98

30 ibid, p.100-107

31 MEDRANO, J. D. (2003). Framing Europe: Attitudes to European Integration in Germany, Spain, and the United Kingdom. Princeton University Press. https://doi.org/10.2307/j.ctv1mjqv8n, p.215-216

32 LUDLOW, N. The Historical Roots of the ‘Awkward Partner’ Narrative. Contemporary European History, 2019/1 (28), 35-38. doi:10.1017/S0960777318000759, p.36

33 LLOYD, Amy J.: “The British Empire.” British Library Newspapers. Detroit: Gale, 2007, p.2 

34 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. Routledge, 2010, p.108 

35 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 9. Le temps des renoncements (1956-1979) », dans : , La GrandeBretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 241-263. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-241.htm 

36 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p, p.25 

37 ibid, p.25 

38 ibid, p.108 

39 ibid, p.113

40 ROBBINS, Keith. Great Britain: Identities, Institutions and the Idea of Britishness Since 1500. Londres, Routledge, 2016, 392 p., p.379

41 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.124

 42 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 9. Le temps des renoncements (1956-1979) », dans : , La GrandeBretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 241-263. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-241.htm 

43 ibid 

44 WILSON, Graham K. « Brexit, Trump and the special relationship. » The British Journal of Politics and International Relations 2017/3 (19) : pp.543-557, p.551 

45 ROBBINS, Keith. Great Britain: Identities, Institutions and the Idea of Britishness Since 1500. Londres, Routledge, 2016, 392 p,. p.382

 46 GOODWIN, Matthew J., and MILAZZO Caitlin. « Britain, the European Union and the Referendum: what drives euroscepticism?. » Chatham House, 2015., p.3

 47 ROBBINS, Keith. Great Britain: Identities, Institutions and the Idea of Britishness Since 1500. Londres, Routledge, 2016, 392 p., p.139 

48 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 9. Le temps des renoncements (1956-1979) », dans : , La GrandeBretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 241-263. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/la-grande-bretagne-etle-monde–9782200631956-page-241.htm 

49 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.163

50 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.176

 51 LUDLOW, N. The Historical Roots of the ‘Awkward Partner’ Narrative. Contemporary European History, 2019/1 (28), 35-38. doi:10.1017/S0960777318000759, p.35 

52 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.26

53 ROSS, G. (2017). Continental Drift: Britain and Europe from the End of Empire to the Rise of Euroscepticism Grob-Fitzgibbon Benjamin. Political Science Quarterly, 132(3), 578–580, p.579 et CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.146 

54 MEDRANO, J. D. (2003). Framing Europe: Attitudes to European Integration in Germany, Spain, and the United Kingdom. Princeton University Press., p.234 

55 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.146

56 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 10. Un retour au premier plan de la scène internationale (1980-2010) », dans : , La Grande-Bretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 265-295. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univparis1.fr/la-grande-bretagne-et-le-monde–9782200631956-page-265.htm

57 WALL, S. (2020). Reluctant European: Britain and the European Union from 1945 to Brexit. Oxford University Press, p.202 

58 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.158 

59 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p., p.175 

60 ibid, p.162 

61 BENTLEY Brinkerhoff, JOYCE G. B., The Tony Blair government (1997–2007), Encyclopedia Britannica. Accédé le 11 avril 2023. https://www.britannica.com/place/United-Kingdom/The-Tony-Blair-government-1997- 2007 

62 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p, p.173 

63 Bentley Brinkerhoff, Gilbert Patrick Joyce, The Tony Blair government (1997–2007), Encyclopedia Britannica. Accédé le 11 avril 2023. https://www.britannica.com/place/United-Kingdom/The-Tony-Blairgovernment-1997-2007 et Chassaigne, P. (2021). Chapitre 10. Un retour au premier plan de la scène internationale (1980-2010). Dans : , P. Chassaigne, La Grande-Bretagne et le monde: De 1815 à nos jours (pp. 265-295). Paris: Armand Colin.

64 CROWSON, Nick J. Britain and Europe: A political history since 1918. New York, Routledge, 2010, 272 p, p.170 

65 ibid, p.176 

66 GALLIE, D., FELSTEAD A, GREEN, F., & INANC, H. (2014). The quality of work in Britain over the economic crisis. International Review of Sociology, 24(2), pp. 207-224 

67 EVANS, G., & MELLON, J. (2019). Immigration, Euroscepticism, and the rise and fall of UKIP. Party Politics, 25(1), 76-87. Accédé 11 avril 2023. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1354068818816969 

68 WILSON, Graham K. « Brexit, Trump and the special relationship. » The British Journal of Politics and International Relations 19.3 (2017): pp.543-557, p.543 

69 MEDRANO, J. D., Framing Europe: Attitudes to European Integration in Germany, Spain, and the United Kingdom. Princeton, Princeton University Press, 2003, p.214 

70 GOODWIN, Matthew J., and MILAZZO Caitlin. « Britain, the European Union and the Referendum: what drives euroscepticism?. » Chatham House, 2015, p.5 

71 CARRARO, Alessa, “Brexit: historical reasons and constitutional consequences: how British history influenced the outcome of the 2016 Brexit referendum”, Université Libre de Bruxelles, 2021., p.40 

72 BEAUMONT Paul, “Brexit, Retrotopia and the perils of post-colonial delusions”, Global Affairs, 2017/3, (4- 5), pp. 379-390, p.383 et MEDRANO, J. D., Framing Europe: Attitudes to European Integration in Germany, Spain, and the United Kingdom. Princeton, Princeton University Press, 2003, 360 p., p.217 

73 CHASSAIGNE Philippe, « Chapitre 10. Un retour au premier plan de la scène internationale (1980-2010) », dans : , La Grande-Bretagne et le monde. De 1815 à nos jours, sous la direction de CHASSAIGNE Philippe. Paris, Armand Colin, « Collection U », 2021, p. 265-295. URL : https://www-cairn-info.ezpaarse.univparis1.fr/la-grande-bretagne-et-le-monde–9782200631956-page-265.htm 

74 GOODWIN Matthew, “Explaining the Rise of the UK Independence Party”, Heinrich-Böll-Stiftung, 2014 p.3

75 GOODWIN, Matthew J., and MILAZZO Caitlin. « Britain, the European Union and the Referendum: what drives euroscepticism?. » Chatham House, 2015., p.9 

76 ibid, p.4 

77 DIEZ MEDRANO Juan, « Unpacking European identity », Politique européenne, 2010/1 (n° 30), pp. 45-66, p.57

78 MCCRONE, David. « Who’s European? Scotland and England Compared. » The Political Quarterly 2019/3 (n. 90), pp.515-524, p.523

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