L’ambivalence de l’UE sur l’extraction du gaz de schiste en Algérie

L’ambivalence de l’UE sur l’extraction du gaz de schiste en Algérie

Par Jules Demars

MEED | Exclusive: Major Algerian gas project close to commissioning

Projet de gaz naturel de Reggane-Nord dans le Sahara, Algérie (Source: MEED journal)

L’exploitation du gaz de schiste, en particulier grâce à la fracturation hydraulique, a donné lieu à d’importants débats en raison de ses conséquences environnementales et sociales. Cet article étudie la position ambivalente de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de l’extraction du gaz de schiste, en se concentrant sur le cas de l’Algérie, pays doté de riches réserves en gaz de schiste. Malgré les politiques internes de l’UE qui dissuadent d’utiliser la fracturation hydraulique en raison de ses risques environnementaux, certains États-membres soutiennent l’extraction de gaz de schiste à l’étranger, notamment en Algérie. Depuis 2013, l’Algérie est devenue un foyer des conflits liés au gaz de schiste, avec des manifestations contre la fracturation hydraulique tant à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale. Ces manifestations mettent en lumière les conséquences environnementales et sociales de l’exploitation du gaz de schiste, telles que la contamination de l’eau, la pollution de l’air et les inégalités sociales.

La position duale de l’UE prend racine dans le besoin qu’a cette dernière de sécuriser son approvisionnement en énergie, en particulier dans le cadre des tensions géopolitiques comme la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a poussé l’UE à chercher des sources d’énergie alternatives. Cette approche pragmatique l’emporte souvent sur ses engagements en matière de protection de l’environnement et de droits humains, comme exprimé clairement dans ses traités. L’Algérie, qui repose beaucoup sur son industrie fossile pour garantir la stabilité de son économie, a accueilli des investissements étrangers dans son secteur du gaz de schiste, en dépit de l’opposition nationale et des risques environnementaux.

Cet article explore les dynamiques de conflit environnemental comme défini par Le Billon, qui met l’accent sur la théorie de la malédiction des ressources, suggérant que la dépendance à une ressource naturelle abondante peut exacerber les conflits sociaux. L’Algérie, qui repose sur le gaz de schiste sans diversifier son économie, correspond à ce modèle, provoquant agitation sociale et dégradation de l’environnement. L’implication de l’UE dans ce scénario révèle des interactions complexes entre son besoin de sécurité énergétique et ses principes environnementaux et de droits humains.

En Algérie, les manifestations contre l’exploitation du gaz de schiste soulignent les questions plus larges de gouvernance, de transparence et de justice sociale. Les populations locales, notamment dans la région du Sahara où la plupart des ressources en gaz se situent, souffrent du manque d’eau, de la pollution, et de la marginalisation économique. Ces griefs sont aggravés par le déficit de libertés politiques et la corruption endémique au sein du gouvernement algérien.

La réponse de l’UE à l’extraction de gaz de schiste en Algérie reflète une tendance plus générale qui donne la priorité à la sécurité énergétique aux dépens de considérations environnementales et sociales. Cette ambivalence est manifeste dans le contraste entre les politiques internes de l’UE, imposant des règles strictes en matière de fracturation hydraulique, et sa politique extérieure, soutenant des projets énergétiques dans des pays non-membres dont le bilan environnemental et le bilan en matière de droits de l’homme sont discutables. Cette dualité soulève des questions fondamentales sur les engagements de l’UE envers ses valeurs fondamentales et son rôle dans la promotion de pratiques durables et équitables au niveau mondial.

En conclusion, le soutien de l’UE à l’extraction de gaz de schiste en Algérie, malgré l’opposition interne à la fracturation hydraulique, met en lumière un manque de cohérence politique significatif motivé par les impératifs de sécurité énergétique. Ce cas souligne la nécessité d’une approche plus cohérente et plus éthique, pour une politique pondérant protection de l’environnement, justice sociale et considérations géopolitiques. La situation algérienne illustre le caractère complexe et souvent contradictoire de la politique énergétique mondiale, où la recherche de la sécurité énergétique peut reléguer au second plan les engagements en faveur de la durabilité et des droits humains.

Dans le domaine de l’énergie, peu de sujets suscitent autant de débats et de dissensions que l’exploitation du gaz de schiste. Atout majeur pour alimenter les nations en énergie et pour leur fournir la chaleur nécessaire, son extraction s’accompagne également d’une ribambelle de dilemmes environnementaux et sociaux, nourrissant un malaise politique. Le besoin urgent de parvenir à un équilibre entre la gérance environnementale et les exigences de la population occupe une place prédominante dans le calendrier mondial. Cependant, les conséquences dépassent les débats politiques. Les communautés vivant à proximité des sites d’extraction font les frais de ses conséquences environnementales, ce qui soulève de sérieuses questions de justice sociale. Alors que l’Union européenne (UE) dissuade d’exploiter le gaz de schiste, en particulier en utilisant des techniques controversées comme la fracturation hydraulique, certains États-membres adoptent une toute autre position lorsqu’ils sont dans le cadre des relations internationales. Exemple notable : l’Algérie, en 2013, s’est retrouvée mêlée à une lutte environnementale acharnée au sujet de ses réserves de gaz de schiste, un conflit qui a largement échappé au contrôle de la communauté internationale. Alors que nous creusons ce sujet, il devient évident que le discours autour du gaz de schiste traverse les frontières, soulignant l’impératif d’une attention et d’un dialogue à l’échelle mondiale.      

Conflit environnemental et gaz de schiste issu de la fracturation

Le conflit environnemental résultant de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie et la position ambivalente de l’UE sont les points centraux de cet article. Le Billon définit de manière large le conflit environnemental et le catégorise comme un conflit social lié à l’environnement (2015). Toutefois, cette définition admet des variantes. Une des formes principales de conflit observées par Le Billon est le conflit sur l’environnement, au sujet de l’usage des ressources. Il reprend la définition de Turner, arguant que les conflits environnementaux sont des conflits sociaux violents ou non-violents liés aux différends pour l’accès aux ressources naturelles ainsi qu’aux conflits provoqués par l’utilisation de ces ressources (2004). Pour avoir une meilleure compréhension des conflits environnementaux, Le Billon parle de « malédiction des ressources », un argument basé sur la quantité limitée de ressources, selon lequel l’exploitation d’une ressource abondante dans une économie peu diversifiée mène à la dépendance à cette ressource, ce qui accroît la vulnérabilité au conflit (2015). Ainsi, cette définition extensive du conflit environnemental correspond bien au conflit sur l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, une ressource abondante sur laquelle le pays s’appuie fortement, sans diversifier ses activités économiques.

Concernant la fracturation hydraulique pour l’extraction du gaz de schiste, la Recommandation européenne 2014/70/EU donne une définition formelle, affirmant que :
« Le gaz de schiste est piégé dans des structures rocheuses qui doivent être fracturées pour l’en extraire. Le procédé qui permet de le faire est appelé fracturation hydraulique. Il consiste à ouvrir la roche en insérant de grands volumes d’eau, de sable ou de produits chimiques dans un puits. »

Cette définition a été complétée par des scientifiques qui ont aussi étudié le gaz de schiste selon une perspective différente, qui couvre tant la santé humaine que la protection de l’environnement. L’extraction et la consommation du gaz de schiste augmentent les risques environnementaux tels que la pollution des eaux, les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air1. En effet, le procédé de fracturation hydraulique, comme mentionné dans la définition de l’UE, implique d’injecter des produits chimiques dans un puits de forage, directement dans le sous-sol. Les produits chimiques utilisés dans ce processus contaminent les ressources souterraines d’eau potable, ayant des conséquences à la fois sur l’environnement mais également sur la santé humaine (Finkel et Hays, 2013). Les activités autour du gaz naturel ont été associées à de nombreuses allégations de problèmes respiratoires, neurologiques, reproductifs, dermatologiques, gastro-intestinaux et d’autres encore qui touchent à la santé humaine (Finkel et Hays, 2013). Enfin, la fracturation hydraulique et la consommation de gaz de schiste ont également un effet néfaste sur la qualité de l’air : la fracturation hydraulique accroît la quantité de méthane et de polluants dans l’atmosphère (Wang, Yang et Wang, 2015). Ainsi, il est possible de dire que la production du gaz de schiste par fracturation hydraulique et sa consommation sont nocives pour l’environnement et pour la santé humaine.

Conflit autour du gaz de schiste en Algérie

Source: Green Prophet

Historiquement, l’Algérie a toujours été dotée d’importantes ressources, comme en témoigne la découverte de réserves considérables de pétrole en 1953. L’Algérie a utilisé ces ressources comme un catalyseur pour développer son économie et pour se positionner comme une grande puissance économique sud-méditerranéenne (Boersma et al., 2015). L’Algérie détient d’énormes ressources de gaz de schiste. En 2013, une étude financée par l’AIE a estimé que s’y trouvait 20 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste techniquement récupérables (Boersma et al., 2015), faisant de l’Algérie le troisième plus grand pays du monde en terme de ressources en gaz de schiste techniquement récupérables (Boudalia et al., 2022). Pour comprendre ce que cela signifie, l’industrie fossile algérienne représente environ 60 % de ses recettes budgétaires de l’Algérie, 30 % de son produit intérieur brut (PIB) et plus de 97 % de ses recettes d’exportation (Hamouchene et Pérez, 2016). Ces ressources immenses sont principalement situées dans le désert du Sahara (Boudalia et al., 2022 ; Aczel, 2020). En 2013, pour inciter les firmes internationales à investir en Algérie, l’Assemblée nationale a amendé la législation du pays sur les hydrocarbures, autorisant le développement d’hydrocarbures non-conventionnels (Hamouchene et Pérez, 2016). Cet amendement a été suivi par une annonce du ministre de l’Énergie – Yousfi – concernant le lancement du forage prospectif par Sonatrach en décembre 2014. Ces premiers forages se sont vu opposer des manifestations violentes, d’abord au niveau local, puis se répandant à travers le pays. En effet, entre 2014 et 2015, il y a eu des mouvements d’opposition dans la région saharienne, notamment des manifestations contre la fracturation hydraulique (Hamouchene et Pérez, 2016).Le gouvernement algérien, pour stopper ces manifestations, a annoncé l’arrêt temporaire de l’exploitation du gaz de schiste. Cependant, en 2017, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a encouragé Sonatrach, une entreprise pétrolière publique, à redémarrer les activités de forage. Une telle action a été soutenue par la France, encourageant Total – son société énergétique principale et qui a signé un accord avec Sonatrach en 2017 – dans le but de renforcer leur ‘partenariat global’ (Aczel, 2020). L’UE a renforcé ses liens énergétiques et donc sa dépendance à l’Algérie quand la guerre entre la Russie et l’Ukraine a éclaté en février 2022. L’Algérie fait partie des pays avec lesquels l’UE a signé des accords énergétiques supplémentaires – sept exactement – depuis le début de la guerre.

Quant aux destinations, l’Algérie est un exportateur de gaz majeur vers l’UE (environ 14 % des imports de gaz de l’UE et 10 % de sa consommation). Le Portugal, la France, l’Italie et l’Espagne sont parmi les États importants le plus de gaz en provenance d’Algérie (Hamouchene et Pérez, 2016). 

Le problème principal ici est le risque environnemental causé par l’exploitation et la consommation de gaz de schiste aux dépens des minorités vivant proche des usines, couplé à une redistribution inégale des ressources. L’exploitation de gaz de schiste présente trois risques principaux : la rareté de l’eau dans les régions arides, la pollution de l’eau souterraine et la pollution de l’air. En plus des risques inhérents à l’exploitation, elle est aussi à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre participant au changement climatique (Zang et Tingyun, 2015). Comme Boudalia et al. l’ont mis en avant, les inquiétudes environnementales font partie des raisons principales pour expliquer les mouvements d’opposition. En outre, les populations algériennes sont conscientes des sources d’énergie alternatives pouvant potentiellement remplacer l’exploitation du gaz de schiste, comme les panneaux solaires. Ceci interroge la volonté du gouvernement algérien à vouloir  protéger l’environnement, alors que ce dernier a ratifié l’Accord de Paris en 2022.

Au-delà des préoccupations environnementales, les manifestations recouvrent aussi un volet social. La combinaison du taux de chômage élevé dans la région, du manque de transparence au niveau gouvernemental et des problèmes de corruption a rendu le conflit encore plus prépondérant (Aczel, 2020). Par exemple, le gouvernement utilise les revenus du pétrole et du gaz pour récupérer et réprimer les revendications réformatrices formulées par la société civile. Le gouvernement algérien a un indice démocratique de 3,66/10, 10 étant la meilleure forme démocratique possible (Indice démocratique, n. d.). La meilleure façon de décrire le régime politique algérien est proposée par Hamouchene et Pérez qui y voient un régime politique imposant des restrictions aux libertés et ne respectant pas les droits humains et politiques des activistes, la classe dirigeante étant par ailleurs corrompue (2016). Ainsi le conflit est-il double : environnemental et social.

Le double standard de l’UE

Source: ANASR

La position de l’UE est assez ambivalente. La recommandation 2014/70/UE de la Commission européenne souhaite introduire des « mesures de sécurité et de protection de l’environnement adéquates »2 avant de pouvoir procéder à la fracturation hydraulique. Par ailleurs, elle a condamné la Pologne en 2018 pour ne pas avoir mené d’évaluation convenable de l’impact environnemental de l’exploitation du gaz de schiste3. Ainsi, l’UE fait-elle d’abord preuve de tolérance à l’égard de l’exploitation du gaz de schiste, à condition que certaines mesures de sécurité soient respectées. La position de l’UE transparaît en France à travers l’adoption en 2011 de la loi Jacob qui interdit la fracturation hydraulique. Néanmoins, de manière surprenante, l’UE adopte une politique contradictoire à l’égard de l’Algérie en encourageant l’exploitation dans le pays (Aczel et al., 2018). Du point de vue de l’UE, l’Algérie n’est rien de plus qu’un partenaire stratégique du fait de ses ressources en pétrole et en gaz. A la suite des invasions russes en Ukraine – dans un premier temps de la région de la Crimée en 2014, puis de l’ensemble du pays en 2022 –, l’UE a revu ses partenariats énergétiques et a redirigé ses importations de gaz (Sauvageot, 2020 ; Commission européenne, 2023), en particulier vis-à-vis de l’Algérie. La crise du Covid-19 a aussi joué un rôle dans le besoin croissant de l’UE en sources d’énergie (Commission européenne, 2023). Une telle ambivalence peut s’expliquer par les traités européens, qui donnent la priorité à l’indépendance énergétique plutôt qu’à la protection de l’environnement, comme l’article 194(2) du TFUE l’entérine (Aczel et al., 2018). Par conséquent, il est possible d’affirmer que la préoccupation principale de l’UE et de ses États-membres est de sécuriser les approvisionnements énergétiques ainsi que leur diversification.

Les États-membres de l’UE utilisent les entreprises énergétiques comme outils de politique étrangère par les États-membres de l’UE (Peter, 2023). Il est possible de considérer qu’ils utilisent les entreprises énergétiques nationales (mais pas nécessairement nationalisées) pour sécuriser leurs approvisionnements en énergie. Toutefois, la plupart de ces entreprises sont impliquées dans des affaires de détournement de fonds, de fraude ou de corruption. Par exemple, Sonatrach, la compagnie pétrolière détenue par l’État algérien est empêtrée dans des scandales de corruption, pendant que SAIPEM, une firme italienne, est poursuivie pour subornation (Hamouchene et Pérez, 2016). Donc une grande partie des entreprises impliquées dans le commerce de gaz de schiste ne font guère attention à la protection environnementale mais accordent une attention toute particulière à réaliser des bénéfices.

A cela s’ajoute le fait que l’Algérie est un État de rente qui vit de l’exploitation de ses ressources et de la rentrée d’argent issue de celle-ci. Par exemple, malgré les problèmes socio-économiques du pays, l’administration est parvenue à survivre au Printemps arabe pourtant né de l’opacité du système de redistribution des richesses (Aczel et al., 2018). Le gouvernement algérien se sert des revenus du gaz de schiste de sorte à se maintenir au pouvoir – d’une façon non démocratique – et à s’imposer comme puissance régionale forte. Et malgré le fait que l’Algérie soit étiquetée comme un système illégitime et antidémocratique, l’UE, qui certifie travailler avec l’Algérie, soutient le régime. En effet, l’UE continue de ne pas tenir compte des mouvements sociaux et de la société civile pour, à la place, séduire le régime algérien et assurer ses approvisionnements énergétiques (Hamouchene et Pérez, 2016). Dernier élément, peut-être le plus important de tous, il semble que l’Algérie ait utilisé ses ressources énergétiques comme des leviers politiques sur les importateurs de gaz européens puisqu’elle reçoit un soutien économique et politique dans le Sahara occidental (Kardas, 2023).

Une telle situation a des conséquences directes sur les populations locales. Le Sahara – région riche en pétrole générant la majorité des ressources et du revenu de l’Etat algérien mais qui a longtemps été politiquement, économiquement et culturellement marginalisé –, a été le théâtre d’un mécontentement croissant depuis 2012. Le Comité National pour la Défense des Droits des Chômeurs (CNDDC) a été le fer de lance des manifestations (Hamouchene et Pérez, 2016 ; Boudalia et al., 2022). En outre, les populations locales, pour des raisons évidentes – inégalités, contamination des nappes phréatiques, dommages environnementaux – souhaitent mettre un terme à l’extraction du gaz de schiste. De plus, elles pensent que les opérations d’extraction du gaz de schiste mettent en danger leurs vies puisque celles-ci reposent majoritairement sur l’utilisation des terres (pâturage et agriculture), ce qui est vital pour elles (Hamouchene et Pérez, 2016). Les populations locales exigent donc plus de transparence et de considérations sociales, culturelles et environnementales à leur égard de la part du gouvernement.

Conclusion

En somme, l’UE, comme ses lois l’entérinent, donne la priorité à la sécurité énergétique sur la protection de l’environnement ainsi que sur la défense des droits civiques de la population locale algérienne. De tels actes entrent en contradiction avec l’application interne de la loi européenne ce dont témoignent le cas de la Pologne qui a été sanctionnée et la Recommandation 2014/70/UE qui requiert l’application de mesures de sécurité avant toute exploitation du gaz de schiste. Par ailleurs, l’article 2 du TUE4 assure que l’UE se fonde sur un ensemble de valeurs telles que le respect de la dignité humaine, les droits humains et la démocratie. Pourtant, comme précédemment expliqué, l’UE soutient le gouvernement algérien, qualifié de régime non démocratique avec une note de 32/100 (Freedom House, 2024). Par conséquent, un tel soutien révèle également à quel point l’approvisionnement énergétique est important pour l’UE et les sacrifices qu’elle est prête à consentir. Le fait que l’UE a augmenté ses liens énergétiques avec le Qatar, noté 25/100 par Freedom House en 2024, reflète un telle conjoncture. Ainsi l’ambivalence de l’UE à propos de ses standards environnementaux et démocratiques est-elle mise en exergue par l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, mais pas seulement, comme en témoigne le renforcement des liens avec le Qatar à la suite de la guerre russo-ukrainienne.

Bibliographie

M. R. Aczel, Public opposition to shale gas extraction in Algeria: Potential application of France’s ‘Duty of Care Act’. The Extractive Industries and Society, 7(4), 2020, p. 1360-1368.

M. R. Aczel, K. E. Makuch, M. Chibane, How much is enough? Approaches to public participation in shale gas regulation across England, France, and Algeria. The Extractive Industries and Society, 5(4), 2018, p. 427-440. 

T. Boersma, M. Vandendriessche, A. Leber, Shale Gas in Algeria – No Quick Fix. Brookings, 2015.

S. Boudalia, S. A. Okoth, R. Zebsa, The exploration and exploitation of shale gas in Algeria: Surveying key developments in the context of climate uncertainty. The Extractive Industries and Society, 11, 101115, 2022.

Commission européenne,  Europe’s Energy Security. In Search of Supply Independence From Russia. Représentation en Pologne, 2023.

M. L. Finkel, L. Hays, The implications of unconventional drilling for natural gas: a global public health concern. Public health127(10), 2013, p. 889-893

“Algeria”, Freedom House, consulté en 2024, https://freedomhouse.org/country/algeria/freedom-world/2024

“Qatar”, Freedom House, consulté en 2024, https://freedomhouse.org/country/qatar/freedom-world/2024

H. Hamouchene, A. Perez,  Energy Colonialism: The EU’S Gas Grab in Algeria. The Observatory on Debt and Globalisation,  2016

S. Kardas, Keeping the lights on: The EU’s energy relationships since Russia’s invasion of Ukraine. ECFR, 2023, https://ecfr.eu/publication/keeping-the-lights-on-the-eus-energy-relationships-since-russias-invasion-of-ukraine/

P. Le Billon,  Environmental conflict. In The Routledge handbook of political ecology, Routledge, 2015, p. 598-608.

E. P. Sauvageot, Between Russia as producer and Ukraine as a transit country: EU dilemma of interdependence and energy security. Energy Policy, 145, 111699, 2020

M. D. Turner,  “Political ecology and the moral dimensions of ‘resource conflicts’: the case of farmer–herder conflicts in the Sahel”. Political Geography 23(7), 2004, p. 863-889

L. K. Wang, C. T. Yang, M.-H. S. Wang, Hydraulic Fracturing and Shale Gas: Environmental and Health Impacts. In Advances in Water Resources Management, Vol. 16, Springer International Publishing AG, 2015, pp. 293–337. https://doi.org/10.1007/978-3-319-22924-9_4

D. Zhang, Y. A. G. Tingyun, Environmental impacts of hydraulic fracturing in shale gas development in the United States. Petroleum Exploration and Development, 42(6), 2015, p. 876-883

Notes

  1. Zhang et Tingyun, 2015; Boudalia et al., 2023 ; Boersma et Vandendriessche, 2015 ; Aczel et al., 2018 ↩︎
  2. Recommandation de la Commission 2014/70/EU relative aux principes minimaux applicables à l’exploration et à la production d’hydrocarbures (tels que le gaz de schiste) par fracturation hydraulique à grands volumes ↩︎
  3. Affaire C-526/16, Commission européenne conte République de Pologne, 2018, ECLI:EU:C:2018:356 ↩︎
  4. Traité sur l’Union européenne (version consolidée) – Titre I Dispositions Communes – Article 2. ↩︎

ClasseInternationale

Sur un sujet similaire

L’Union européenne face à l’émergence du secteur automobile chinois

L’Union européenne face à l’émergence du secteur automobile chinois

Post-Conflict UN Peacebuilding: the environment as a pathway towards a sustainable peace

Post-Conflict UN Peacebuilding: the environment as a pathway towards a sustainable peace

L’élargissement de l’Union européenne aux prises avec les questions de territorialité du droit européen

L’élargissement de l’Union européenne aux prises avec les questions de territorialité du droit européen

The EU’s ambivalent attitudes on Algeria’s shale gas extraction

The EU’s ambivalent attitudes on Algeria’s shale gas extraction

No Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *