Entre opportunités professionnelles et grandes multinationales, petit guide d’un expatrié à Bratislava.
Expatrié depuis près de 10 mois à Bratislava, j’écris cet article à destination des jeunes diplômés qui galèrent pour démarrer leur carrière. Si toi aussi tu en as assez des difficultés du marché du travail français et que tu souhaites commencer une carrière à l’international… Bratislava est LA ville pour se lancer
Jeune diplômé du Magistère de Relations Internationales et Action à l’Étranger, j’ai fait le pari de m’installer dans une ville en plein essor économique. Cette ville, c’est Bratislava et malgré ses limites, celle-ci dispose de sérieux atouts afin de lancer la carrière d’un jeune diplômé. Je tenterai d’en expliquer les raisons comme de proposer un mini mode d’emploi pour celles et ceux décidés à se jeter dans le grand bain.
Bratislava, capitale omnipotente de la République slovaque
Avec ses 414 000 habitants, Bratislava est la capitale de la Slovaquie ; pays de 5,14 millions d’habitants né de la dissolution de la fédération Tchécoslovaque le 1er janvier 1993. Situé à l’extrême Ouest du pays, elle tire son originalité de son statut de capitale de jeune Etat. Malgré l’influence toujours perceptible des anciens régimes austro-hongrois et communistes, Bratislava est une capitale en effervescence qui souhaite se tourner vers le futur.
Bien que Bratislava et sa région ne concentre que 14 % du marché du travail slovaque, cette dernière est omniprésente dans les statistiques nationales. En effet, de fortes inégalités existent entre la région de la capitale et les autres provinces du pays. Par exemple, quand le PIB par habitant avoisine les 30 000 euros, ce dernier n’atteint que 12 000 dans le reste du pays1. En 2012, le taux de chômage de la région était de 5,7 % contre un taux national moyen de 13,5 %2. Autre chiffre, 36 % des 164 700 entreprises du pays sont implantées dans la capitale et sa région. Ces données permettent de comprendre les disparités de développement économique entre capitale et périphérie : Bratislava la riche à l’extrême ouest face aux régions plus pauvres de l’est slovaque.
Bratislava, capitale au centre de l’Europe
La Slovaquie est un Etat résolument ancré dans l’Europe Centrale. En effet, ses pays limitrophes sont l’Autriche, la République Tchèque, la Pologne, l’Ukraine et la Hongrie. La capitale Bratislava jouit quant à elle d’une situation géographique optimale car comme Vienne, Belgrade et Budapest, celle-ci se trouve sur le Danube. Bratislava se situe ainsi non seulement au carrefour de l’Europe centrale mais aussi sur les rives du plus grand fleuve européen.
Reflet de cette position géographique, les principaux partenaires économiques de la république slovaque sont ses voisins directs et indirects. En effet, 61 % des exportations slovaques vont vers les pays suivants : Allemagne, République Tchèque, Pologne, Hongrie et Autriche.
Pour donner un exemple, les entreprises souhaitant développer leurs activités en Europe choisissent le schéma classique d’une double installation en territoire européen : une plate-forme s’installe à Vienne pour couvrir le marché de l’Europe de l’Ouest quand une autre s’installe 80 kilomètres plus loin dans la capitale slovaque afin de couvrir celui de l’Est.
Bratislava, capitale “bon élève” sur le plan financier et politique
L’entrée de la Slovaquie dans la zone euro a conduit à une diminution de l’inflation qui s’élevait à 1,7% en 2013. Surtout, ceci marque une différence avec les fluctuations caractéristiques de l’époque où la Slovaquie battait sa propre monnaie, la couronne slovaque.
De même, les exportations sont supérieures aux importations quand les comptes publics et extérieurs sont satisfaisants. La Slovaquie est un pays qui respecte les critères du Pacte Européen de stabilité en maintenant son niveau de dette publique en dessous de la barre des 60 % du PIB (dette à hauteur de 55,5 % du PIB en 2013). En outre, cette orthodoxie prévoit des ajustements budgétaires obligatoires si la dette vient dépasser la barre des 55 % du PIB.
Ces quelques données macroéconomiques démontrent que par-delà la situation économique optimale de la capitale, les gouvernements ont fait en sorte de mettre en place un système économique et financier robuste et stable. Les entreprises sont ainsi attirées par ce climat dit economic friendly. Il n’est alors pas étonnant que l’entreprise d’assurance française COFACE ait décerné la note de A2 à “l’environnement des affaires” du pays.
En outre, l’instabilité politique appartient au passé. Le premier ministre actuel, Robert Fico a déjà occupé cette fonction entre 2006 à 2010. Les dernières élections de 2012 ont vu Fico et son parti, le SMER-SD (Direction Social-Démocratie) obtenir une majorité absolue avec 83 des 150 sièges au parlement. Situation inédite, le premier ministre actuel gouverne sans coalition ce qui lui donne une vraie liberté en attendant les prochaines élections prévues l’an prochain.
Quel ressenti sur le marché du travail ?
J’ai pu entendre de nombreux Slovaques se plaindre de la concurrence existant sur le marché du travail bratislavien. De ce que j’ai pu observer, le propos doit être nuancé, notamment par un facteur clé : les langues étrangères.
En effet, les personnes parlant le français ou bien une autre langue comme l’allemand, l’espagnol, le roumain ou le hongrois sont activement recherchées dans la ville.
Tout jeune diplômé parlant anglais avec un niveau B2 a de grandes chances d’être embauché dans un service administratif ou de support client en lien avec son pays d’origine. C’est ainsi que Bratislava constitue un tremplin pour un début de carrière, de nombreuses opportunités s’offrent à ceux qui parlent plusieurs langues et il serait dommage de ne pas les saisir.
Pour vous aider dans vos recherches, il est vivement conseiller de consulter le site Profesia.sk, qui est un site slovaque compilant toutes les offres d’emploi disponibles dans le pays.
Un simple visite de la page d’accueil permet de se rendre compte de l’intérêt des multinationales pour le marche slovaque. On retrouve ces dernières dans de nombreux secteurs : automobile (VW, KIA, PSA) ; télécom (Orange, T-Mobile, AT&T) ; banques et assurances (ING, VUB, Raiffesen, Swiss Re etc) et informatique (Lenovo, IBM, Dell).
Tu es jeune diplômé parlant français et anglais ? n’hésite donc pas alors à tenter ta chance à Bratislava. Lors de ma recherche d’emploi, je n’ai pas reçu une mais trois offres d’emploi, ce qui m’a fait découvrir une sensation inconnue : celle de pouvoir choisir son employeur…
Bratislava au quotidien
Question transport en commun : Bratislava dispose d’un réseau très étendu mais dont l’état va du flambant neuf au délabré. En matière de sécurité, bien qu’il existe une petite délinquance, Bratislava est une ville sûre dans laquelle on peut marcher seul tard dans la nuit sans rencontrer de problèmes.
Ville sûre et bien desservie, Bratislava offre en outre un cadre de vie agréable, avec ses 4 lacs et parcs où l’on peut profiter du soleil, de l’eau et de la verdure. Agréable le jour, Bratislava s’anime le jour tombé, sa vie nocturne se caractérise par son accessibilité et sa diversité, d’où son surnom de Partyslava.
De même, Il m’est souvent arrivé de rencontrer d’anciens étudiants en échange qui avaient décidé de rester ici après leur année Erasmus afin de tenter leur chance et de trouver du travail.
Indications sur le coût de la vie :
– Impôt sur le revenu : 19 % prélevé à la source
– Loyer mensuel : entre 150 et 300 euros pour une chambre
– Pass Navigo Bratislava mensuel : 26 euros
– Entrée discothèque et prix d’une bière : respectivement 5 euros et 1,50 euros
– Café : entre 1,5 et 2 euros
– Cinéma : 6,5 euros
– Budget mensuel pour la l’alimentation 120 euros
– Dîner pour 2 dans un bon restaurant : 20 euros
Liens Utiles :
– Programme culturel de la ville : http://www.citylife.sk/
– Site de l’ambassade de France à Bratislava : http://www.ambafrance-sk.org/
– Annuaire d’offres d’emploi : http://www.profesia.sk/
Fabien Segnarbieux
1 THE WORLD OF LABOUR, « Bratislava – capital city of Slovakia versus other regions of Slovak Republic », 29 avril 2013,
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