L’Angola et les Luanda Leaks : chronique d’une fortune trop bien amassée
Pays lusophone d’Afrique australe grand comme deux fois la France, l’Angola attire traditionnellement peu les projecteurs des médias occidentaux. Jadis colonie esclavagiste du Portugal pendant quatre siècles (1575 – 1975), ce n’est qu’après les affres d’une intense guerre coloniale (1961 – 1974) que l’indépendance du pays est proclamée de haute lutte le 11 novembre 1975. Les Portugais partis, l’Angola devient un des théâtres de la guerre froide. Soutenu par l’URSS et Cuba, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), vient finalement à bout de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) – pourtant soutenue par l’Afrique du Sud et les États-Unis -, au prix d’une longue et sanglante guerre civile (1975 – 2002).
C’est dans ce contexte pour le moins tourmenté qu’émerge le nom de la famille dos Santos. Figure tutélaire du pouvoir en Angola pendant près de 40 ans, c’est aussi à cette famille que l’on doit le scandale des Luanda Leaks. Gigantesque fuite de documents de toutes sortes révélée par le Consortium International des Journalistes d’Investigation (1) en janvier dernier, ce scandale financier n’en est qu’à ses débuts et recèle de multiples dimensions. Entre jeux de pouvoir et détournements de fonds publics, hommes d’affaires de l’ombre et devenir des lanceurs d’alerte, les Luanda Leaks sont aussi l’occasion de réfléchir sur la conduite des affaires en Angola et plus largement dans le monde au XXIème siècle.
Aux origines d’une fortune : la kleptocratie du clan dos Santos
Si Agostinho Neto, figure de l’indépendantisme et premier président du pays (1975 – 1979), assoit les bases d’un régime dictatorial basé sur le contrôle de la rente pétrolière via la création de l’entreprise publique Sonangol (abréviation de Compagnie d’hydrocarbures d‘Angola), c’est bien José Eduardo dos Santos, vétéran de la guerre d’indépendance et nouveau dirigeant du MPLA, qui va perdurer à la tête de l’État angolais pendant près de 40 ans (1979 – 2017). S’appuyant sur la Sonangol, ce dernier va progressivement s’approprier le pays en multipliant les investissements dans des secteurs aussi divers que l’immobilier, la banque, l’éducation, la santé ou encore les télécommunications. Une telle mainmise sur le pays n’aurait pas été possible sans un népotisme bien établi. Légitimés par la première élection «démocratique» organisée en Angola en 1992, les dos Santos peuvent compter sur leur famille, les militaires et leurs hommes de confiance, au premier rang desquels, la fille aînée du président, Isabel dos Santos. Née à Bakou (Azerbaïdjan) d’une mère russe, Isabel a pour elle le sens des affaires et sa maîtrise des langues (2). Elle a 27 ans en 2000 quand son père n’hésite pas à lui confier plusieurs sociétés-écrans responsables du contrôle des mines de diamants et des télécommunications dans le pays.
Avec la fin de la guerre civile survenue en février 2002, les dos Santos, alors en pleine ascension, voient pourtant les premiers doutes surgir sur l’origine de leur fortune. Aux yeux de beaucoup, ONG internationales et opposants locaux en tête, l’appel du président dos Santos à l’aide internationale pour la reconstruction d’un pays ravagé par la guerre pose la question du devenir des milliards de dollars engendrés par les industries pétrolière et diamantaire. Ces milliards servent-ils réellement au pays et à sa reconstruction ou bien profitent-ils uniquement à quelques privilégiés au détriment d’un peuple plongé dans la pauvreté ? À Luanda, les BMW et Mercedes dernier cri bruissent devant les immondices des musseques, les bidonvilles locaux. Pendant ce temps-là, Isabel dos Santos se marie avec le collectionneur d’art dano-congolais Sindika Dokolo, qui déclare, sûr de sa force : «Les nouveaux oligarques seront bientôt originaires de notre région. Je ne suis pas un des ces nouveaux riches qui se sent obligé de donner une partie de sa fortune». Pour le couple au cœur des Luanda Leaks, la reconstruction du pays peut attendre, tout occupé qu’il est au développement de son empire financier.
À Luanda, un autre acteur émerge à l’ombre du clan dos Santos en ce milieu des années 2000 : la Chine. «L’empire du Milieu» se propose en effet de reconstruire le pays en échange d’un accès privilégié à ses ressources pétrolières. Marché conclu pour José Eduardo dos Santos qui a vraisemblablement «oublié» sa promesse de réinjecter dans l’économie locale les généreux revenus issus de l’extraction des mines de diamants. Quinze ans après, l’emprise de la Chine sur l’économie angolaise est aussi durable que remarquable : 20 000 km de routes, 2800 km de chemins de fer, 100 écoles et 50 hôpitaux construits plus tard, pour un investissement total de plus de 20 milliards de dollars, Pékin tient aujourd’hui un Angola en récession à bout de bras (3).
Éloignée de ces considérations, occupée à fréquenter les palaces de Londres ou de Monaco, Isabel dos Santos assure que sa fortune relève d’une self made woman au forum économique mondial de Davos, dont elle est une invitée régulière.
Un empire financier mondial basé sur la complaisance des pays occidentaux
Dans la galaxie des affaires made in dos Santos, Lisbonne tient une place de choix. Fruit d’une longue histoire commune, les milieux d’affaires angolais et portugais entretiennent des relations privilégiées. C’est en effet depuis l’Avenida da Liberdade, les Champs-Élysées locaux, que le couple dos Santos-Dokolo amorce ses premiers business par l’entremise de plusieurs hommes d’affaires portugais influents, mais aussi néerlandais, britanniques ou encore maltais. Rien qu’au Portugal, les dos Santos acquièrent des actions dans plusieurs banques et leurs filiales en Angola. Ils s’immiscent également dans le domaine de l’énergie, du ciment et des télécommunications en contrôlant respectivement les groupes les plus importants du Portugal comme d’Angola, reproduisant par là l’exemple paternel du début des années 1980. Si le business devient très vite des plus lucratifs, il est indispensable de le protéger. À chaque fois, le montage est le même : des sociétés-écrans basées à Malte, paradis fiscal favori du couple, se chargent de détourner l’argent public en provenance d’Angola ou de blanchir des profits susceptibles d’éveiller l’attention des administrations fiscales angolaise ou portugaise. Les achats, eux, se montrent toujours grandiloquents puisque le capital immobilier du couple s’enrichit de luxueux appartements à Lisbonne ou à Monaco. En mars 2013, Isabel dos Santos devient la première et seule femme africaine au monde milliardaire selon Forbes (4). Du haut de ses 40 ans, la «réussite» d’Isabel, au milieu de sa trentaine de sociétés-écrans parmi des investissements diversifiés dans 19 pays et 90 entreprises est aussi cosmopolite que totale.
Isabel n’oublie pas pour autant qu’elle est Angolaise et en profite pour s’adjuger, avec la bénédiction paternelle, plusieurs immeubles sur le front de mer flambant neuf de Luanda où derrière les millions du pétrole et des diamants, les gratte-ciel poussent comme des champignons. Un brin philanthrope, soucieuse de sa réputation, elle n’hésite pas à proclamer que la construction de centres commerciaux, dont elle est à l’origine, donnera du travail à des centaines d’Angolais. Derrière la communication officielle, les premiers soupçons de PT Ventures co-actionnaire avec Isabel du premier opérateur de télécommunication en Angola (Unitel), vont cependant jeter le trouble sur la licéité du business dos Santos.
Rapidement, PT Ventures s’en remet à l’arbitrage de la Chambre Internationale de Commerce à Paris. L’arrêt rendu par cette dernière est sans équivoque. Il stipule que des centaines de millions de dollars de prêts alloués à une société-écran néerlandaise appartenant à dos Santos visaient à vider Unitel de ses actifs au profit exclusif de la fille du président de l’Angola. Progressivement marginalisée par le système bancaire occidental, Isabel dos Santos argue qu’elle est victime de discrimination et ne tarde pas à répliquer. En mal de capitaux, l’empire dos Santos va se replier sur ses connexions africaines, en particulier au Cap-Vert. La banque Banco BIC Cabo Verde, propriété d’Isabel, a aidé plusieurs de ses entreprises à réaliser de substantiels profits entre 2013 et 2017. D’une perte de 1,7 million d’euros les entreprises dos Santos affichent soudainement un bénéfice de près de 13 millions d’euros. Cette banque capverdienne n’est autre qu’une filiale de la BIC Portugal dont Isabel est pour moitié actionnaire. Une enquête diligentée en 2015 par la banque centrale portugaise a mis en évidence des pratiques de blanchiment d’argent. Isabel dos Santos a ainsi pu transférer d’importantes sommes d’argent d’Angola vers l’Europe. Si la BIC a depuis été restructurée, le Portugal, pilier des débuts pour Isabel et son mari, reste toujours ce pays amical où leurs avoirs ne sont pas encore gelés.
Dans le même temps, l’intérêt pour l’Afrique ramène également invariablement les dos Santos en Angola. Alors que le pays essuie de plein fouet une grave crise économique sur fond de chute des cours du pétrole qui divise les revenus du gouvernement par deux entre 2014 et 2017, l’avenir de la Sonangol, joyau du système dos Santos est en jeu. L’entreprise est finalement restructurée derrière une société-écran maltaise dont Isabel est la seule actionnaire avec l’entregent efficace de cabinets d’avocats établis à Boston et à Lisbonne. Isabel pouvait respirer, elle qui venait de participer au sauvetage de la Sonangol et qui en assume désormais la présidence à partir de juin 2016.
Assumer la présidence de la Sonangol revient à être l’éminence grise du président José Eduardo dos Santos, alors proche de passer la main dans un pays exsangue économiquement à la veille des élections générales en août 2017. Jusqu’au bout, les dos Santos prennent leurs précautions avec la justice angolaise puisqu’une révision constitutionnelle de 2010 immunise le président sortant de tous ses délits potentiels commis dans l’exercice de ses fonctions. Le business n’a lui non plus pas de limites. Officiellement, une politique de grands travaux publics est lancée pour relancer l’économie et sortir la population de la pauvreté. Officieusement, cette politique vient enrichir les comptes d’Isabel dont les banques et entreprises sont impliquées dans l’obtention de juteux contrats. Dans les faits, trois ans après le départ de José Eduardo dos Santos du pouvoir, un tiers de la population angolaise vit dans l’extrême pauvreté et le pays reste un des plus inégalitaires au monde.
L’arrivée de João Lourenço à la présidence de la République marque néanmoins un tournant pour le système dos Santos. Initialement vu comme une marionnette du clan dos Santos, Lourenço est en réalité désireux d’en finir avec la corruption qui n’a de cesse de miner son pays. Il s’empresse alors de démettre Isabel de ses fonctions de PDG de la Sonangol le 17 novembre 2017. Le jour même de son licenciement, Isabel prend le temps de détourner 38 millions de dollars, bientôt réévalués à 58 millions, vers une société dubaïote tenue par un de ses plus proches conseillers financiers. Acculée, Isabel a depuis vu Unitel, une entreprise qu’elle possédait en copropriété avec la Sonangol, condamnée par la Chambre Internationale de Commerce à verser 650 millions dollars à son actionnaire portugais pour cause de rupture de contrat. De son côté, João Lourenço a annulé les contrats de travaux publics de l’ère dos Santos, y compris le plan de réaménagement de Luanda, laissant des immeubles en construction à l’abandon. Enfin, l’entreprise publique du négoce de diamants, intimement liée aux dos Santos, a depuis rompu ses contrats avec eux.
Au total, selon les chiffres du Consortium International des Journalistes d’Investigation, les dos Santos-Dokolo ont investi dans pas moins de 400 entreprises et filiales disséminées dans 41 pays depuis 1992. Ces sociétés sont pour un quart d’entre elles régies par des juridictions secrètes, toutes relevant de paradis fiscaux entre Malte, Hong Kong et l’île Maurice. Dans cet archipel de sociétés-écrans visant à échapper aux sirènes de la justice, démêler le système dos Santos promet d’être une tâche ardue pour la justice angolaise. Dans une enquête désormais mondiale, cette dernière peut compter sur le concours de pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse, le Brésil et même le Portugal, d’ordinaire si complaisant avec les dos Santos. Verra-t-on prochainement le clan dos Santos sous les barreaux ? Isabel n’a plus été vue en Angola depuis 2018, préférant se réfugier quelque part entre Dubaï, Londres et la Russie. Nombre de ses frères et sœurs ont eux aussi fui le pays. Quant au patriarche, José Eduardo dos Santos, il poursuit désormais une retraite dorée à Barcelone. Si le pouvoir des dos Santos n’est plus ce qu’il était à Luanda, nul doute que la famille continuera à défendre farouchement ses intérêts.
Une enquête qui s’amorce à peine : comment faire du business au XXIème siècle ?
Les quelques 715 000 documents qui composent les Luanda Leaks ont été rendus publics grâce au hacker portugais Rui Pinto, célèbre pour avoir révélé les Football Leaks fin 2015 (5). Ce faisant, le gouvernement angolais a déjà annoncé la saisie préventive des comptes du couple dos Santos-Dokolo, accusé d’avoir détourné 1 milliard de dollars des comptes publics. La justice angolaise cherche également à savoir si les deux époux ont organisé le pillage des sociétés pétrolières et diamantaires de l’État, se basant pour cela sur des transferts de la Sonangol vers Dubaï. Le Portugal et Monaco ont également annoncé l’ouverture d’une enquête pour blanchiment d’argent.
Isabel dos Santos, dont la fortune est aujourd’hui estimée à plus de 2 milliards de dollars, prépare d’ores et déjà sa défense. Se disant victime d’une «chasse aux sorcières» menée par le gouvernement angolais, elle a annoncé son intention d’intenter un procès au Consortium des Journalistes d’Investigation. Elle nie avoir fait l’objet de tout favoritisme dans l’obtention de contrats lorsque son père était encore président, soutenant que ses avoirs sont «commerciaux» et qu’il n’y a pas lieu de la poursuivre pour détournement de fonds publics, sauf à vouloir faire d’elle la victime d’un procès politique. Sindika Dokolo, le mari d’Isabel, ne dit pas autre chose. Dans un entretien à RFI, l’entrepreneur congolais affirme que l’on veut «les blâmer pour toute la corruption et la faillite en Angola» alors qu’ils sont «les premiers contribuables» et qu’ils «ont beaucoup travaillé dans ce pays, plus que quiconque». Pour les dos Santos les faits qui leur sont reprochés tiennent d’un complot dont les ficelles sont tirés par le nouveau président, João Lourenço.
À ce propos, dans sa croisade déclarée contre la corruption, le nouvel homme fort de Luanda s’est très vite attiré la sympathie des Angolais. Il n’en demeure pas moins que la situation économique du pays reste délétère. L’inflation est galopante et les poursuites pour corruption sont «sélectives». En effet, l’opinion publique s’accommode mal de la «compréhension» dont fait preuve Lourenço au sujet de Manuel Vicente, ancien vice-président et pilier du régime dos Santos poursuivi depuis 2018 pour corruption au Portugal avant que Lourenço n’obtienne finalement qu’il soit jugé en Angola. À l’approche des élections générales de 2022, Lourenço joue sa crédibilité politique. Les Luanda Leaks seront, ou ne seront pas, le strapontin pour un nouveau mandat.
Mais les Luanda Leaks ne sont pas seulement une affaire politique ou judiciaire. À l’instar des Panama Papers de 2016, ils nous invitent à réfléchir sur la conduite des affaires au XXIème siècle. Dissimulés derrière des sociétés-écrans, des dirigeants peu scrupuleux volent sciemment l’argent du contribuable en détournant des montants colossaux avec la complicité inavouable de grands groupes occidentaux. Il est raisonnable de penser que l’argent ainsi blanchi puisse faire le bonheur de la finance internationale qui a ensuite tout loisir de déployer des activités de lobby à des fins politiques, au grand péril de la démocratie. Cette «main invisible», qui ne dit pas son nom, ruine des économies et annihile toute politique de développement au bénéfice des citoyens. En définitive, les Luanda Leaks ne sont que le parangon d’un État failli. De là à croire que l’Angola est une exception…
Alexis Coquin
- Réunissant des journalistes d’investigation du monde entier, le Consortium international des journalistes d’investigation pointe régulièrement dans ses enquêtes les dérives de la finance mondiale.
- Outre le portugais, Isabel dos Santos parle couramment l’anglais, l’espagnol, le français, l’italien et le russe.
- La chute des cours du pétrole a mis en évidence le besoin impérieux de diversifier l’économie angolaise alors que le baril de brut représente 90 % des exportations du pays. L’Angola sort en effet de trois récessions consécutives entre 2016 et 2018. Après la construction de centres commerciaux, des projets de coopération pilotés par la Chine sont à l’étude en matière d’agriculture, d’éducation ou de santé.
- La liste complète peut être consultée ici : http://stats.areppim.com/listes/list_billionairesx13xwor.htm
- Vaste affaire d’évasion fiscale, les Football Leaks ont permis de mettre au jour les mécanismes d’optimisation fiscale qui régissent les revenus de certains clubs et joueurs de football. Au Portugal, Cristiano Ronaldo a été entendu comme témoin dans l’enquête qui vise Rui Pinto. Passible de 90 chefs d’accusation, le lanceur d’alerte devrait être jugé cette année.
Sitographie / Bibliographie
Consortium des Journalistes d’Investigation (International Consortium of Investigative Journalists) :
- “How Africa’s richest woman exploited family ties shell companies and inside deals to build an empire”
Ferreira Liane. “China investment in Angola exceeds $20 billion”, CGTV, 27 septembre 2019.
Maussion Estelle. La dos Santos Company. Mainmise sur l’Angola. Paris, Kartala, 2019. Rare enquête disponible en langue française sur la fortune des dos Santos. Cet ouvrage n’a pas pu être consulté pour la rédaction de cet article.
Molley Sonia. «Les Luanda Leaks ou la mise à nu de l’écosystème Dos Santos-Dokolo», RFI, 19 janvier 2020.
«Le lanceur d’alerte Rui Pinto assure être à l’origine des Luanda Leaks», Le Monde, 27 janvier 2020.
“Luanda Leaks: investigação na íntegra”, SIC Notícias.
Reportage de la télévision portugaise sur les connexions portugaises de l’empire des dos Santos.
“Lisbon Talk: Angola: que mudança?”, Conferências de Lisboa, Clube de Lisboa, 19 novembre 2018.
Retour sur les changements politiques et les enjeux économiques de l’Angola contemporain (en anglais et en portugais).
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