Analyse : Samuel HUNTINGTON, Le choc des civilisations

Analyse : Samuel HUNTINGTON, Le choc des civilisations

Un futur conflictuel et civilisationnel 

                                                 Mur entre Israël et Palestine                                    

  Samuel Phillips Huntington est un professeur américain de sciences politiques né en 1927 à New York. Enseignant à l’Université de Harvard pendant 58 ans, il sera également expert auprès du Conseil national américain de sécurité. Huntington est reconnu dans le monde entier pour ses ouvrages politiques, comme Le choc des civilisations, par exemple. Le politologue traitera bien des sujets, tels que la politique américaine, la démocratisation, la politique militaire, la stratégie ou encore la politique de développement.

Dans ses fondements, Le choc des civilisations n’était autre qu’un article appelé, dans sa langue d’origine, The Clash of civilizations que Huntington a, par la suite, développé pour en faire un ouvrage intégral. Dans cet ouvrage riche et complet, Samuel Huntington dépeint un monde d’après guerre froide complètement changé, où la scène internationale s’élargit. Cet ouvrage offre une vision du monde depuis la fin de la guerre froide ce qui est, à la date de sa sortie, assez inédit. En effet, Huntington publie son essai dans les années 1990. Cette approche sera nettement opposée à d’autres visions déjà existantes comme celles qui reposent sur le primat de l’économie, ou encore la vision de Fukuyama, pour qui l’Histoire s’achèvera le jour où un consensus universel sur la démocratie mettra un point final aux conflits idéologiques. 

D’après Huntington, l’Occident a atteint une sorte d’apogée et est maintenant voué au déclin, tandis que les autres civilisations qu’il décrit seraient sur la voie d’une émergence certaine. C’est donc dans un monde multicivilisationnel que l’humanité se développe désormais et c’est également l’émergence de ces civilisations non-occidentales qui mènera à ce fameux choc des civilisations. Il est nécessaire de rappeler que pour Huntington, les civilisations sont ici à prendre au sens d’un ensemble de caractères propres à la vie intellectuelle, artistique, morale, sociale et matérielle d’un pays ou d’une société. Ce sont des groupes d’Etats qui se reconnaissent entre eux par ces différents critères. Les différences culturelles sont donc une des raisons qui pourrait mener au conflit, selon l’auteur, puisqu’elles sont la base des civilisations. Le livre de Samuel Huntington se divise en quatre grandes parties, composées de douze chapitres au total. Tout d’abord, il explique comment le monde est désormais divisé en civilisations. Puis, il montre que ces différentes civilisations reposent sur un équilibre instable et en explique les raisons. Troisièmement, Huntington présente l’ordre que maintiennent ces civilisations entre elles. Enfin, le but ultime du livre est de montrer en quoi ces civilisations entrent en conflit. C’est grâce à une approche historique que notre politologue montera son essai d’analyse. D’après Samuel Huntington, pour quelles raisons les différents États du monde se sont regroupés ainsi et pourquoi l’Occident est-il souvent au centre de cette réflexion ? Pourquoi la politique globale sera affectée par cette recomposition culturelle ?

         Durant la Guerre Froide, le monde était régi par un ordre bipolaire. L’Occident et l’Union Soviétique, tous deux opposés, créent un conflit global principalement idéologique. Les conflits périphériques sont, malgré eux, alimentés par ces deux pôles dominants. La chute de l’Union soviétique, souvent considérée comme l’événement qui mène à la fin de la Guerre Froide, sera surtout l’élément ultime de cet ordre mondial bipolaire. Samuel Huntington cherche à démontrer que le monde d’après Guerre Froide a été un nouvel âge en matière de politique globale.

D’après lui, les différents États du monde tendent à se regrouper par rapport à leur identité culturelle, et non plus d’après une idéologie commune. Ces « groupes » seront appelés civilisations. Ces civilisations forment un monde multicivilisationnel et même multipolaire. C’est en retournant en arrière dans l’Histoire de notre monde que Huntington commence son analyse. Avant d’expliquer pourquoi le monde se regroupe culturellement et pourquoi cela est synonyme de conflits, l’auteur montre pourquoi cela n’est pas arrivé plus tôt dans le passé.

Dans la majeure partie de l’Histoire de l’Homme, les contacts entre civilisations sont restés intermittents. Aux alentours de 1500, le monde se retrouve très vite divisé en deux : l’Occident contre le reste du monde. On retrouve donc un monde bipolaire. Au XXe siècle, le monde se retrouve scindé en deux, les sociétés démocratiques se retrouvant opposées aux sociétés communistes. Comme annoncé précédemment, la fin de la Guerre Froide annonce ensuite la fin de cette bipolarité, en faveur de l’Occident. L’Occident se posera au départ comme un sorte de modèle mondial, qui sera très vite la cause de ce monde civilisationnel. En effet, Huntington démontre plusieurs paradigmes plausibles, tel que le paradigme étatique qui consiste à considérer chaque État comme acteur sur la scène mondiale. Ce paradigme étatique ne peut être pertinent d’après l’auteur puisqu’il ne permet pas de faire une vraie distinction entre le monde d’avant et d’après guerre froide. Le paradigme le plus pertinent pour lui sera le civilisationnel. Les différents Etats se retrouveront d’après lui dans une sorte de crise identitaire qui les incitera à mettre leur culture en avant, au détriment de l’Occident. Les cultures communes auront donc tendance à se regrouper les unes face aux autres, ce qui créera ce monde multicivilisationnel.

Une civilisation n’est pas associée à la race, mais à l’identité culturelle. La civilisation est le concept opposé à la barbarie selon le prisme ethnocentré, mais dans le monde selon Huntington, chaque civilisation est « civilisée » à sa propre manière, et cette façon de se différencier est culturelle. Pour l’auteur, les civilisations sont le niveau le plus haut d’identité culturelle et le mode le plus élevé de regroupement. Elles durent et évoluent. Elles n’ont toutefois pas pour fonction de maintenir l’ordre ou d’édicter les droits. Cette identité culturelle est notamment très souvent construite sur une base religieuse. Lorsqu’il explique comment les civilisations naissent et se forment, Huntington définit les grandes civilisations contemporaines qui sont les suivantes : chinoise, japonaise, hindoue, musulmane, occidentale, latino-américaine et africaine. On peut d’ailleurs notifier un problème de pertinence concernant sa définition des civilisations islamique, africaine et latino-américaine. Huntington explique que les pays entrent en contact avec une civilisation en tant qu’Etats membres ; ils sont Etats dominants, Etats phares, ou alors États divisés, isolés ou déchirés.

La montée de l’Occident par rapport aux autres civilisations est notable pour l’auteur et c’est également la raison de certaines situations politiques. Au départ, loin derrière les civilisations chinoise, byzantine et musulmane, la civilisation occidentale a emprunté leur culture, en l’adaptant et en se développant de façon fulgurante. Ce système civilisationnel a donc tendance à être partiellement dominé par l’Occident. Lorsqu’on lit cette analyse, on peut d’ores et déjà remarquer que la vision du monde qui est délivrée dans ce livre est très centrée sur l’Occident.

         Dans son ouvrage, Samuel Huntington présente le développement d’un monde multicivilisationnel. L’Occident semble être au centre de ce monde, au premier abord, mais à l’aide de paradigmes plus précis, on se rend compte que le destin de cette civilisation ne peut être qu’un déclin inévitable. Tout d’abord, le politologue présente la situation de l’Occident dans l’Histoire, et il est impensable de ne pas reconnaître sa domination. L’émergence principale de l’Occident débute entre le 8ème et le 9ème siècle après J.C. Comme présenté antérieurement, la civilisation occidentale se trouvait loin derrière le monde chinois, musulman et byzantin. En s’inspirant de la culture byzantine et musulmane, l’Occident commencera son développement. Le christianisme prendra ensuite plus de poids et l’hégémonie de la Méditerranée au XIIIème siècle augmentera encore un peu la domination du monde occidental. Les deux siècles qui suivent seront marqués par la domination de l’Europe. En 1914, on considère que l’Europe contrôle 84% de la surface de la terre. Cette domination sera particulièrement marquée par sa capacité à utiliser la violence organisée. Le politologue américain note ensuite que cette domination et cette apogée seront remises en cause au XXe siècle, face aux intenses interactions multidirectionnelles au sein des civilisations mondiales. On peut prendre l’exemple de la concurrence impérialiste entre les pays européens qui s’installe.

C’est à partir de là que, selon lui, on commence à observer un début de révolte contre l’Occident. À la fin de la première partie de son livre, Huntington pose la question de l’existence d’une civilisation universelle. Cette question se pose évidemment d’après cette fameuse domination évoquée plus tôt. Ce concept est principalement soutenu par l’Occident lui-même. On pourrait penser que l’industrialisation et la modernisation apportées par la civilisation occidentale installent dans les esprits une sorte de morale universelle. La fin de l’Union Soviétique, au profit des sociétés démocratiques, peut également sembler être une victoire pour l’Occident, et donc, être la naissance d’une sorte d’universalité mondiale. Cependant, cette vision universelle est, selon Huntington, parfaitement impertinente et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cette vision est occidentalo-centrée, ce qui en fait une vision trop subjective pour être proche de la réalité. Deuxièmement, la fin du communisme n’annonce pas la victoire de la démocratie puisque les dictatures et les politiques autoritaires sont encore bien présentes dans le monde. L’auteur prend l’exemple de la Chine, qui, même si elle était une démocratie, élirait sûrement un gouvernement trop nationaliste pour être à l’image de l’Occident. De plus, la langue et la religion étant les critères principaux de création ou regroupement d’une civilisation selon lui, l’Occident ne peut pas être la civilisation universelle puisque les différents pays du monde ne peuvent se reconnaître dans les traditions et la culture de l’Occident.

L’Occident tient un rôle moteur pour les sociétés car il est celui qui apporte la modernisation. Cependant, cela ne suffit pas à le sauver du déclin qui le menace et au contraire, cette domination amène à cette sorte de crise identitaire. En effet, l’identité civilisationnelle primera sur tout et le renouveau global du religieux sera l’un des éléments de cette crise d’identité. C’est une réaction à cette vision du monde comme un tout. À cause de cela, l’Occident fera face à son propre effacement. À tous les niveaux, l’Occident perdra alors de son influence dans le monde. Sa part dans les ressources mondiales, nécessaire pour faire de l’Occident une civilisation dominante et puissante, a nettement commencé à décliner. Le monde fait également face à une résurgence des cultures non-occidentales, que Huntington qualifie d’indigénisation. Tous ces facteurs font que la longue domination de la civilisation occidentale tend, selon l’auteur, à une importante baisse d’influence sur la politique globale dans le futur.

         Huntington présente donc un futur dans lequel on observe un nouvel équilibre entre civilisations. D’après lui, les civilisations se regroupent d’après leur identité culturelle pour contrer la possible menace de l’Occident dominant. Une telle organisation du monde peut avoir des conséquences. En effet, ces civilisations identitaires vont former un nouvel ordre mondial qui mène et va mener à des conflits. Tout d’abord une identité se construit par rapport à l’autre. S’il n’y a pas d’autre, il n’y a pas besoin de se forger une identité. Les civilisations se forment pour contrer un ou plusieurs ennemis. S’il n’y a pas d’ennemi, il n’y a pas d’identité, selon le politologue, puisque c’est dans la nature de l’Homme que de haïr son prochain.

Le fait que les groupes se forment d’après une identité culturelle est aussi ce qui amène à la discorde. En effet, comme nous l’avons dit précédemment, la religion est souvent ce qui est à l’origine d’une identité culturelle. Les conflits mondiaux sont donc plus difficiles à régler que les anciens conflits idéologiques puisqu’ils traitent de questions culturelles. Souvent la culture est quelque chose que l’Homme ne peut remettre en question, sous aucun prétexte, ce qui en fait un sujet aussi compliqué à traiter.

Cette identité est aussi la raison pour laquelle le changement de civilisation est à ce jour pratiquement impossible. Huntington démontre que les pays qui ont tenté une transition ont tous fait face à un échec. Il illustre ses propos avec la Russie qui a, par exemple, tenté de rejoindre l’Occident, mais sans grand succès. On peut également prendre l’exemple de la Turquie qui est caractéristique puisque la Turquie est un pays majoritairement musulman, qui a tenté de rejoindre l’Union Européenne, une organisation purement occidentale. Les différences culturelles entre les pays de l’Union Européenne et la Turquie font que sa transition de civilisation – si l’on puit dire – est quasiment impossible pour l’instant. Pour Huntington, les sociétés doivent se moderniser sans tenter de suivre le modèle exact de l’Occident mais en gardant leurs propres traditions. Il prend l’exemple du Japon, qui s’appuie sur sa propre culture pour se développer. Pour lui, il ne faut pas essayer de s’intégrer à l’Occident sous peine de devenir un pays déchiré.

Les civilisations émergentes connaissent certaines instabilités qui renforcent les problèmes à l’échelle globale. L’absence d’un Etat phare islamique est, selon Huntington, ce qui pose problème aux autres sociétés, puisque cette civilisation manque d’une voix directrice, d’un point de repère dominant. L’universalisme occidental évoqué précédemment est donc perçu comme une menace et les civilisations non-occidentales sont amenées à pointer du doigt les actions de l’Occident qui s’éloignent fortement de ses principes. Le développement économique et social global cause également la diffusion des moyens militaires. La course à l’armement présente pendant la Guerre Froide continue toujours dans les autres civilisations, et c’est ce qui mène également à des conflits, ou au moins à la menace de conflits futurs. Les Etats phares sont particulièrement incités à acheter des armes de destruction massive qui leur permettent d’asseoir leur domination sur les autres pays du même groupe.

Le développement de certaines sociétés et l’arrivée des conflits dans d’autres, tout ceci additionné à la décolonisation, crée également une augmentation de l’immigration. Cette immigration peut également devenir source de conflit au sein même des Etats, et peut en avantager d’autres. C’est surtout la différence de traitement entre les différentes vagues d’immigrations qui mène au conflit. En Europe, l’immigration de l’Est ne semble poser aucun problème tandis qu’aujourd’hui l’immigration culturellement musulmane pose beaucoup de problèmes et de remises en question. Ici encore, cela est dû aux différences identitaires. Le conflit peut aussi se créer à propos de l’aspect démographique. Les immigrés ont en général un taux de fertilité élevé et assurent la croissance démographique. Se déclare alors, chez les occidentaux, une peur de l’envahissement qui mène au conflit. On peut penser alors à la théorie complotiste que l’on appelle le Grand remplacement. Selon celle-ci, il existerait un processus de substitution de la population française et européenne par une population non européenne, originaire d’Afrique noire et du Maghreb. Cette théorie raciste et xénophobe est présente dès le XIXe (siècle) et sera introduite en France par Renaud Camus. 

Les conflits entre civilisations prennent deux tournures différentes. Soit ils se manifestent au niveau local : les Etats voisins de civilisations différentes entrent en conflits. Huntington note que ces conflits sont souvent entre pays musulmans et non musulmans. On prendra l’exemple de la guerre entre Israël et Palestine. Les conflits prennent aussi place au niveau global, entre Etats phares. Les conflits entre l’Occident et les autres civilisations seront décisifs, selon Huntington.

On portera à la thèse de Samuel Huntington un intérêt particulier lors de sa sortie. En effet, il n’est pas le premier à voir un “choc des civilisations” puisque le Professeur de l’Université Mohammed V à Rabat, Mahdi Elmandjra, prévoyait déjà une guerre civilisationnelle. Huntington sera reçu de différentes manières. Peu d’ouvrages ont provoqué autant de polémiques que celui-ci dans le monde. L’auteur lui-même prépare les futurs lecteurs au fait que sa théorie est simplifiée et omet de nombreux points. C’est une “carte simplifiée de la réalité”. C’est pourquoi le professeur en sciences politiques est souvent critiqué : le manque de précision concernant les définitions dont il fournit sa thèse. Les limites de sa thèse se trouvent d’abord ici ; on constate un réel problème méthodologique lié à sa définition, son découpage et sa critérisation des civilisations et à son déterminisme culturel. Ce problème de pertinence concerne surtout la civilisation africaine, la civilisation islamique et enfin la civilisation d’Amérique latine. Sa démarche n’est pas scientifique mais politique. Sa volonté de créer un nouveau paradigme est donc problématique dans le sens où sa démarche porte plutôt sur une recherche d’efficacité politique. Il justifie la scientificité douteuse de sa démarche en prenant l’excuse du relativisme de toute théorie scientifique. 

Le contexte historique dans lequel se trouve le monde lorsque Huntington sort son ouvrage est assez conflictuel. Tout d’abord, c’est en 1990 que la chute de l’URSS s’opère et la fin de la guerre froide est annoncée. Pour les historiens, c’est une sorte de monopole de l’Occident qui s’opère alors à cette époque. Les Etats-Unis sont les “gagnants” de cette guerre, c’est pourquoi il est si difficile pour les lecteurs de notre auteur d’accepter sa thèse et donc d’accepter une chute future de l’Occident. De plus, le terme “civilisation” pose problème. Ces raisons font qu’à sa sortie, l’ouvrage est très contesté. La fin du monde bipolaire est en effet le moment idéal pour repenser les relations internationales. Pour lui, c’est la fin des conflits idéologiques, et le détour par les origines permet de mieux cerner une vision du monde. L’idée de la chute du bloc communiste amène à l’époque à la thèse de Fukuyama selon laquelle on peut arriver à un consensus démocratique. L’Histoire serait donc finie puisqu’il n’y aurait plus de conflits idéologiques. Ce qu’Huntington va directement nier avec sa théorie des civilisations. Pour lui l’idée de Fukuyama ne peut être vraie car elle implique l’existence d’une civilisation universelle, ce qui comme nous l’avons vu est impossible. Sa vision est donc très pessimiste par rapport aux autres, c’est sûrement aussi pourquoi elle est contestée. La puissance des Etats Unis pose donc également problème dans l’acceptation de la thèse de Huntington puisque dans les années 90 le pays parait intouchable. 

La thèse de l’auteur sera reconsidérée en 2001, lors des attentats du 11 septembre. En effet, cette idée de conflits de civilisation remonte alors, ainsi que celle de la civilisation islamique qui prendrait en puissance. La peur du terrorisme et la soudaine faiblesse des Etats Unis face à celui-ci alimente cette reconsidération. 

         Huntington imagine donc le monde futur comme un monde conflictuel, orchestré par les différences culturelles des civilisations. Son point de vue est occidental, notamment lorsqu’il évoque les autres cultures. Il a tendance à ne pointer du doigt que les inconvénients des civilisations non-occidentales. L’auteur montre également que l’Occident est voué au déclin face à l’émergence de nouvelles puissances dans cette politique globale changeante. Celui-ci est aussi la raison de cette sorte de crise identitaire qui pousse les Etats à se regrouper en fonction de leur identité culturelle et non en fonction de leurs idéologies. Les conflits entre civilisations vont augmenter, d’après Huntington, et il va même jusqu’à imaginer une guerre entre les Etats-Unis et la Chine, un Etat qui ne cesse d’augmenter en puissance. La véracité des propos d’Huntington ne cesse d’être remise en cause par les évènements de crises qui prennent place après la Guerre Froide. À la sortie de son ouvrage, sa thèse était souvent remise en question aux Etats-Unis, mais des événements comme les attentats du 11 septembre ont remis en jeu sa pensée. Certaines de ses hypothèses, basées sur des faits déjà existants, s’avèrent être pertinentes. 

Valentine Weiss

BIBLIOGRAPHIE

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3 Comments

  1. Vingt ans après, la théorie du choc des civilisations est toujours autant critiquable. Pour autant, les conflits n’ont pas disparu des relations internationales, ils émergent sporadiquement dans un monde instable porté par une constellation d’incertitudes. La confrontation civilisationnelle n’est pas le paradigme qui détermine les relations internationales contemporaines, les États ayant des intérêts stratégiques supérieurs qui dépassent souvent les considérations identitaires, ethniques, religieuses ou culturelles.
    Au contraire, à bien observer l’évolution des civilisations, tout porte à croire que l’humanité se dirige vers la civilisation « pan-anthropique », c’est-à-dire une civilisation commune planétaire partagée entre toutes les civilisations après une longue sédimentation des savoirs acquis. Pour Jean-Emmanuel Medina, « La convergence civilisationnelle repose sur la diffusion planétaire des principes suivants : la démocratie, l’économie de marché, le développement technologique et l’écologie responsable. Ces principes sont cumulatifs, toutefois, l’absence de l’un d’eux ou sa réalisation même partielle dans une société n’exclue en rien celle-ci du processus global qui pousse toutes les civilisations vers un stade évolutif supérieur à visée universelle » (Jean-Emmanuel Medina, Après le Choc des civilisations, la convergence Pan-Anthropique – Réflexions sur la formation d’une civilisation universelle, Editions Kapaz, 2022 pp. 118-119).

  2. Je cherchais une synthèse du ‘Choc des civilisations’, en voici une qui me semble très instructive et objective.
    Une trentaine d’années plus tard, force est de constater que c’est bien ce que nous vivons. Que ce soit un prétexte ou la réalité, l’argument civilisationnel est invoqué dans les récents conflits (invasion d’Ukraine, pogroms du Hamas contre Israël, guerre au Yemen…).
    Les alliances entre les états ayant des intérêts communs contre d’autres sont certes bâties sur des raisons économiques, ou politiques internes, mais il n’en demeure pas moins que cette alliance regroupe majoritairement deux blocs : celui Occidental avec les EU comme pays phare et celui des ‘non-alignés’ derrière la Chine. Par ailleurs, la contraposée existe, c’est à dure l’alliance entre des pays ayant des intérêts divergents, pour un but commun : comme l’EU. L’alignement politique, économique, législatif (imposé) entre les pays membres ne repose que sur le postulat que l’union fait la force, or les peuples, religions, traditions entre les pays qui composent l’UE sont très différents. Voici donc le contre exemple, l’alliance de pays ou nations repose sur un but commun, mais cela ne dissout pas la réalité de leur diversité, et donc la fragilité de cette alliance qui éclatera dès lors le but atteint.
    L’idée d’un gouvernement mondial, cher à J.Attali et autres membres du forum de Davos est une illusion occidentale…Que serait l’Occident sans les EU maintenant ? L’ Occident se démarque de toutes les autres ‘civilisations’ par son avancement technologique ou son individualisme ou sa religion monothéiste ou encore son auto-destruction interne, voir plusieurs facteurs.
    D’après l’indice de démocratie de 2022 (cf Wikipedia), 53% de la population mondiale vit sous un régime non démocratique. Ce serait bien la première fois que la minorité (démocratique) en voie de déclin réussisse à s’imposer face à la majorité (non démocratique) en voie d’émergence, et surtout beaucoup plus résolue.

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