Les commémorations du génocide arménien prennent cette année une résonance toute particulière à l’occasion du centenaire. Classe Internationale prend part à ces commémorations en organisant une semaine entièrement consacrée à l’Arménie et au génocide avec des articles, des Zap’ Int’ et un compte-rendu.
« A quelques mètres du monument au génocide construit en 1965, au temps de l’URSS, une des premières manifestations politiques des arméniens qui réclamaient leurs terres en marchant vers la frontière turque. « Cevkiyat », Erevan République d’Arménie, 1989″, Antoine Agoudjian.
Cette année, c’est la première fois qu’on en parle autant. Ce qui jusqu’à peu était un « génocide oublié » est aujourd’hui un pan de l’histoire connu et reconnu, du moins dans certains pays. Même en Turquie, le sujet est plus que jamais discuté. Et cela malgré le négationnisme d’État qui fait consensus entre le pouvoir et l’opposition, malgré les menaces d’un arsenal judiciaire soumis à l’exécutif, malgré la terreur exercée par certains groupes fanatiques.
En 2015, l’accent est mis sur les Arméniens de Turquie, ces enfants et petits-enfants d’Arméniens qui découvrent leurs origines. Ce sont les descendants de rescapés dont beaucoup ont choisi ou subi la conversion à l’islam. Ils se tournent aujourd’hui vers leurs histoires. Ce sont eux qui détiennent une partie de la clé de la reconnaissance et de la réparation du génocide par l’État turc. Car ils sont la preuve vivante qu’il y a bien eu des Arméniens sur ces terres et que cent ans auparavant leurs ancêtres ont du renoncer à leur foi et à leur culture pour avoir la vie sauve. Ils sont Turcs, ils sont Arméniens. Ils incarnent ce que certains ne peuvent imaginer : la double culture entre deux peuples qui n’ont pas été qu’ennemis.
On a longtemps perçu le génocide arménien comme un processus d’extermination abouti, dans la mesure où la population arménienne d’Anatolie a pratiquement disparu et où la mémoire de ces massacres a été occultée durant de longues décennies. Cependant, on voit que le travail de mémoire entretenu par la diaspora arménienne dans le monde entier et les relais trouvés au sein de la population turque, d’origine arménienne ou non, marque l’ultime défaite des génocidaires.
No Comment