L’Éthiopie, Tigre africain ?

L’Éthiopie, Tigre africain ?

 

       « Où se situe la majeure partie de la population éthiopienne ? Ça dépend du vent. » « Pourquoi le soldat éthiopien est-il si redoutable ? Parce qu’il peut se cacher derrière son fusil. » Quand elles ne concernent pas les Somaliens, ces plaisanteries — de mauvais goût, on en convient  — sont révélatrices de nos perceptions erronées de l’Éthiopie, encore et toujours imaginée comme un pays faible et pauvre, traversé par la famine et la guerre. Qu’en est-il vraiment ? L’Éthiopie actuelle connaît une croissance soutenue et attire les investisseurs étrangers. Ambitieux et dirigiste, le gouvernement s’est fait l’horloger autoritaire d’un « développement » économique frénétique. Il a d’autant plus la confiance des investisseurs et des institutions internationaux que le pays fait figure d’îlot de stabilité dans la Corne de l’Afrique. Mais en l’état, l’Éthiopie pourra-t-elle jamais émuler le modèle économique des « Tigres asiatiques », dont elle se réclame ?

enculé de ta mère1Bet Giyorgis (en amharique ቤተ ጊዮርጊስ) ou église Saint-Georges, l’une des onze églises rupestres (XIIIe siècle) de Lalibela, ville sainte du christianisme éthiopien (source : Hidden Inca Tour).

Légende noire contre légende dorée : les origines d’une perception ambivalente de l’Éthiopie

        L’histoire très spécifique de l’Éthiopie en fait un État particulièrement prestigieux sur le continent noir. L’Église orthodoxe éthiopienne s’est constituée dès le IVe siècle, à peu près au moment où Constantin convertissait l’Empire romain. La monarchie éthiopienne, fondée en 1137, n’est elle renversée qu’en 1974. Enfin, l’Éthiopie est l’un des rares pays d’Afrique à avoir résisté à la colonisation. En 1896, à Adoua, les troupes de l’Empereur Ménélik II taillent en pièces les Italiens, repoussant pour quarante ans les ambitions impérialistes européennes(1). Pour cette raison, l’Éthiopie est reconnue très tôt par les Occidentaux comme une « nation civilisée », en intégrant dès 1923 la Société des Nations ; et comme un « champion » de la lutte anticoloniale par les Africains, qui font de sa capitale, Addis-Abéba, le siège de l’Organisation de l’Union africaine, en 1963. Enfin, l’Éthiopie est fantasmée par de nombreux mouvements panafricanistes et prophétiques, comme le rastafarisme jamaïcain ou le mouvement américain Back to Africa, qui la voyait comme le centre de la renaissance des Noirs opprimés. Tous ces éléments historiques confèrent par conséquent à l’Éthiopie une aura et un statut particulier qui jurent avec l’image noire et ambivalente qui lui colle pourtant.

 

fdp2L’emblématique Haïlé Sélassié Ier, symbole de lutte anti-coloniale et idole des rastas. Sa dictature, soutenue par les États-Unis, est féroce et mène à sa destitution en 1974. Le personnage, très controversé, symbolise bien les ambivalences de l’Éthiopie (source : Wkipédia).

 

        La légende noire de l’Éthiopie est donc à chercher ailleurs, dans la période du Derg, ou « Comité » en guèze. En 1974, cette junte militaire dépose le dernier Négus, Haïlé Sélassié, et impose un parti unique, une économie nationalisée de type soviétique, et une répression féroce des opposants. Le pays traverse alors plusieurs conflits sanglants (intra et inter-étatiques)(2) et de nombreuses famines (celle de 1984-1985 fait 400 000 victimes). En 1991, la junte est renversée, et s’entame une transition démocratique, sous la houlette du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens, dirigé par Meles Zenawi(3). En 1994, une Constitution fédérale, reposant sur des bases ethniques, est adoptée. Depuis les années 2000, le volontarisme de l’État a, de fait, apporté au pays une prospérité sans précédent dans la région et dans l’histoire du pays. L’Éthiopie a également acquis, aux yeux du monde, le rôle de puissance régionale. Le gouvernement s’en targue, lui qui aime à se désigner comme le « Tigre de l’Afrique », en référence aux Tigres asiatiques (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Vietnam, Philippines), qui s’industrialisent et exportent à marche forcée. Ces succès peuvent néanmoins camoufler diverses limites et tensions : sont-ils suffisamment stables et homogènes pour mériter cette qualification ?

 

fdp3Enfants éthiopiens en sous-nutrition avancée lors de la grande famine de 1984 (source : Diaspora Afrique Télévision)

 

L’Éthiopie, Tigre potentiel : des réussites certaines, mais pas encore pérennes

        Croissance rapide, volontarisme politique et stabilité régionale, l’Éthiopie a de sérieux atouts pour s’imposer comme un phare du développement économique en Afrique, à l’instar de l’Afrique du Sud, de l’Angola et du Nigéria. Néanmoins l’Éthiopie demeure un Tigre potentiel : ses réussites sont certaines, mais récentes et à confirmer pour s’imposer au même titre que ses émules asiatiques.

 

Une accélération économique marquée, mais récente

        Ces dix dernières années, l’Éthiopie a connu une croissance moyenne colossale de  10 %, soit la deuxième plus rapide d’Afrique après l’Angola. C’est plus que la Chine. Dans les années à venir, la croissance du P.I.B. devrait toujours dépasser les 7 % en moyenne. De plus, cette croissance creuse peu les inégalités, et le niveau de corruption est en deçà de la moyenne du continent. Le pays attire de plus en plus d’investissements étrangers, alors que l’économie, fortement dirigée, se libéralise — mais toujours très partiellement et sous l’étroit contrôle du gouvernement. Ainsi, des partenariats public/privé sont à l’origine de grandes réussites. Par exemple, avant 2005, il n’y avait aucune culture des roses en Éthiopie. Or les efforts d’investissements publics et privés en provenance de l’État et d’entreprises néerlandaises en ont depuis fait le deuxième exportateur au monde ! Un autre exemple éloquent des réussites abyssiniennes est celui du Suédois H&M, qui depuis 2003 a délocalisé en Éthiopie certaines de ses usines de textile précédemment en Asie. L’Éthiopie a été choisie pour sa main-d’œuvre plus bon marché et sa proximité géographique avec l’Europe, qui réduit les coûts de transport ; mais également en réponse aux critiques éthiques des dures conditions de travail en Asie du Sud-Est.

 

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H&M a fait le pari de s’installer en Éthiopie au détriment de l’Asie (source : France 2).

 

Le volontarisme économique d’un État « dévelopementaliste »

        Cette croissance s’appuie sur le fort volontarisme d’un État qui se dit lui-même « développementaliste ». Sa priorité absolue est de « développer » le pays et d’éradiquer rapidement l’extrême pauvreté à un niveau macro-économique. Cette idéologie « développementaliste » repose sur trois piliers. D’abord, bien sûr, sur une forte intervention de l’État. Depuis 2002, il a mené trois plans économiques successifs de développement durable et de réduction de la pauvreté. Son activisme diplomatique lui a également permis d’obtenir une réduction de la dette internationale du pays (environ 40 % du P.I.B.) à travers l’« Initiative des pays pauvres très endettés », en l’échange de réforme visant à lutter contre la pauvreté (en partenariat avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international). Le développement du pays passe, ensuite, par un  un développement très contrôlé du secteur privé, où l’État se réserve toujours un droit de regard, voir la part du lion. Pour attirer les investisseurs, l’État limite également les fluctuations de la monnaie nationale, le birr. Enfin, le « développementalisme » à l’éthiopienne suppose une modernisation massive des infrastructures au service de l’économie — comme les routes, d’autant que le pays ne dispose plus de port depuis la perte de l’Érythrée. En cours, la réalisation la plus emblématique de cette politique est la construction, depuis 2013, du Barrage de la Renaissance sur le Nil bleu. Plus grand barrage d’Afrique, il devrait faciliter l’irrigation, et surtout, rendre le pays autosuffisant en énergie. Son énorme capacité de 6 000 mégawatts pourra permettre au pays d’exporter de l’énergie aux pays frontaliers, confortant sa place d’hegemon régional. Au prix de tensions politiques avec ses voisins, on le verra.

 

fdp5Travaux du barrage de la Renaissance. Il sera le plus grand d’Afrique et fera de l’Éthiopie un pays exportateur d’électricité (source : Mada Masr).

 

Un havre de stabilité dans une région sous tension

        Pour terminer, l’Éthiopie fait figure, dans la Corne d’Afrique, d’îlot de stabilité et de croissance dans une région en proie aux conflits récurrents ­— bien qu’elle en soit l’un des acteurs. L’Éthiopie profite donc de l’instabilité de ses voisins pour se donner l’image et le rôle de puissance régionale stable et en paix. Et en effet presque tous ses voisins sont en proie à l’instabilité : le Soudan est un paria pour les États-Unis, et la situation au Soudan du Sud, lui-même en guerre civile, est explosive ; l’Érythrée est la plus féroce dictature d’Afrique ; le Kenya a récemment connu une série d’attentats islamistes ; surtout, la Somalie vit dans le chaos depuis 1995. Cette stabilité en fait pour Washington un partenaire stratégique incontournable dans la lutte contre le terrorisme dans la région, comme en témoigne la visite de M. Obama en juillet 2015 à Addis-Abéba. À ce titre, à partir de 2006, l’Éthiopie s’est ingérée en Somalie pour en chasser l’Union des tribunaux islamiques, et combattre Al-Shabbaab, d’abord seule, puis aux côtés de la force de l’Union africaine(4). Les États-Unis comptent également sur l’Éthiopie pour le règlement de la crise entre les deux Soudans. Ainsi, fin 2013, 300 000 Sud-Soudanais fuyant des combats fratricides s’étaient réfugiés et ont été — plus ou moins — pris en charge par l’Éthiopie.

 

fdp6Barack Obama en visite en Éthiopie, du 26 au 28 juillet 2015. Addis-Abéba est le partenaire privilégié de Washington dans la lutte contre le terrorisme dans la corne de l’Afrique (source : 20 Minutes).

 

L’Éthiopie, à peine un Tigron

        L’Éthiopie traverse pourtant trop de difficultés et son « développement » est encore trop hétérogène pour se mesurer aux Tigres d’Asie. À cet égard, elle mérite, au mieux, l’appellation de « Tigron ».

 

Un décalage béant entre les ambitions et les réalités économiques

        On constate un décalage fort entre les ambitions du Gouvernement, et les réalités de l’économie éthiopienne. En effet celle-ci repose toujours largement sur l’agriculture — bien que cette part se réduise lentement. Elle emploie près de 80 % de la population, représente plus de 40 % du P.I.B., et 60 % des exportations (principalement café, maïs, et élevage). Néanmoins cette agriculture est loin d’être modernisée, et surtout, cette activité est très dépendante des conditions climatiques. Or, la corne de l’Afrique est très souvent frappée par de longues sécheresses, à l’origine de nombreuses disettes, voire de famines. La dernière crise alimentaire, qui remonte à 2011, aurait causé de 50 à 250 000 morts dans la sous-région. Ainsi, la croissance éthiopienne, qui semble solidement établie, succède en réalité à des phases d’expansion plus ou moins soutenues, qui alternent avec de nombreuses dépressions, la dernière remontant à 2003 (-2,2 %). Ces récessions sont liées à la sécheresse, aux famines et aux conflits (tensions fratricides avec l’Érythrée, intervention en Somalie, mouvements séparatistes somali et oromo dans le Sud). Il est évidemment permis de penser que de tels désastres pourraient se reproduire dans les années à venir, freinant brutalement une croissance pourtant forte encourageant. À plus long terme, les effets du changement climatique sur une économie agraire dépendante d’un climat difficile sont encore plus inquiétants. L’Éthiopie est donc potentiellement fragile. Plus généralement, elle connaît des problèmes structurels handicapants : absence de façade maritime depuis 1991, importante déficience de productivité, et inflation galopante, qui obère la consommation intérieure (10,3 % en 2013, 8,5 % en 2014).

 

fdp7.jpgLa sécheresse de fin 2015 a fait craindre un retour à la famine de 1984. Elle vient régulièrement frapper une économie toujours largement agricole (source : Le Monde).

 

L’illusion d’un système politique stable

        L’Éthiopie donne l’illusion d’un système politique stable, sous la houlette d’un régime autoritaire qui, en contrepartie, assure la prospérité. Depuis l’adoption d’une Constitution ethno-fédérale en 1994, la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (F.D.R.P.E.), prétend avoir assuré la paix en concédant l’indépendance de l’Érythrée, et en rompant avec le centralisme autoritaire du Derg. Or, depuis 1995, le F.D.R.P.E. a, à chaque élection, consolidé son emprise, phagocytant les autres partis et intimidant médias et opposants — sans pour autant clairement manipuler les urnes, au grand désespoir des observateurs internationaux(5). Aux élections générales de mai 2015, le F.D.R.P.E. et ses alliés se sont attribués 99 % des sièges au Parlement, abandonnant deux sièges à l’opposition ! Cet unanimisme de façade camoufle de nombreuses tensions qui ne manqueront pas d’éclater un jour. L’ethno-fédéralisme est critiqué par les partis pan-éthiopiens, centralistes et rêvant de Grande Éthiopie(6), ou, au contraire, par les mouvements irrédentistes, notamment chez les peuples musulmans des Afars, des Oromos et des Somalis. L’insurrection de ces derniers en 2007-2008 est d’ailleurs sévèrement réprimée(7). La minorité musulmane du pays (40 % de la population) tend ainsi à être re-marginalisée par les autorités, au nom de la « lutte contre le terrorisme ». Enfin, les tensions avec les voisins perdurent : militarisation de la frontière érythréenne(8) ; intervention en Somalie ; et crainte du Caire quant au barrage de la Renaissance (le Nil bleu fourni 59 % du débit du Nil). Ces tensions sont potentiellement explosives, et pourraient constituer autant de gênes au développement de l’Éthiopie.

 

fdp8Des réfugiés érythréens attendant de s’enregistrer en Éthiopie dans la région du Tigré à la frontière, le 9 février 2016 (source : La Croix).

 

Un titre usurpé : une comparaison cinglante avec les Asiatiques

        Dès lors, la comparaison entre l’Éthiopie et ses émules asiatiques est cinglante. Elle laisse voir l’ampleur des réformes à mener. L’Éthiopie est par exemple le 7e  pays le moins alphabétisé du monde (seul 36 % de la population sait lire et écrire) ; en revanche, chacun des Tigres asiatiques dépasse les 90 % d’alphabétisés. C’est également le 8e  pays le moins urbanisé : 17 % de la population, alors que les Tigres oscillent entre 30 et 60 %. Le P.I.B. de l’Éthiopie est plus de trois fois inférieur à celui du Vietnam, pays le plus pauvre des Tigres, pour une population comparable. Même si la croissance éthiopienne est vigoureuse, le pays pâtit donc énormément d’une main-d’œuvre mal éduquée et trop rurale. Par ailleurs, elle n’a pas, dans son environnement proche, de pays développé ou émergent qui tirerait son développement par des investissements massifs et divers dans son économie. Or, si les Tigres sont devenus ce qu’ils sont, c’est essentiellement grâce aux efforts des compagnies japonaises puis chinoises, à la recherche d’une main-d’œuvre modique mais suffisamment qualifiée. À travers un regard froid et à l’épreuve des faits, on voit bien que le titre de « Tigre africain » est, pour l’Éthiopie, très largement usurpé. N’empêche : bien malin qui au bout du compte trouvera autant de motifs d’espoir dans un continent qui ne compte que pour 3 % du commerce mondial.

 

fdp9.jpgBangkok, prospère capitale de la Thaïlande. Addis-Abéba a encore du chemin à faire (source : Bangkok.com)

 

En guise de conclusion

        L’Éthiopie part de loin (30 % de sa population vit encore sous le seuil de pauvreté), et l’avenir lui réserve d’énormes défis, démographiques pour commencer. Déjà le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique derrière le Nigéria, l’Éthiopie devrait passer de 92 à 150 millions d’habitants en 2035. Pour tirer son épingle du jeu, elle devra investir massivement dans le capital humain, et démocratiser son modèle afin de désamorcer ses tensions internes — comme a su faire l’Inde. L’Éthiopie veut imiter le succès des Asiatiques. C’est bien. Il est aussi important qu’elle évite les écueils des Africains. À cet égard, le « miracle éthiopien », qui se fonde sur une croissance endogène, qui n’est pas liée, par exemple, à la découverte de pétrole ou d’autres richesses minières, est une chance à saisir pour ne pas se changer en économie de rente, mais fonder une économie moderne et diversifiée.

Charles de Jessé

(1) Benito Mussolini prendra sa revanche en 1935-1936, mais la ténacité des Éthiopiens, pourtant largement sous-équipés et abandonnés par la communauté internationale, le poussera à employer aviation et armes chimiques pour emporter la décision. De 1940 à 1941, l’Afrique orientale italienne est libérée par les Britanniques et les Français et Belges libres, épaulés par la Résistance éthiopienne.

(2) Détachée de l’Empire d’Éthiopie en 1890, l’Érythrée est une colonie italienne jusqu’en 1952, avant d’être fédérée à l’Éthiopie puis annexée et intégrée de force en 1962. C’est le début de la guerre d’indépendance de l’Érythrée, qui prend fin en 1991. À la suite du coup d’État marxiste de 1974, le Derg est confronté jusqu’à sa chute en 1991 à une série de guerres civiles (mouvements autonomiste ou indépendantistes chez les Tigréens, les Oromos, les Afars, les Somalis). De 1977 à 1978, l’Éthiopie repousse une invasion somalienne qui cherche à s’emparer de l’Ogaden, largement peuplé de Somalis sunnites. Enfin, de 1998 à 2000, Éthiopie et Érythrée s’affrontent dans la dernière guerre de tranchées des temps modernes, pour quelques localités contestées. Addis-Abéba remporte le conflit, sans pour autant régler juridiquement le tracée de la frontière.

(3) Meles Zenawi (1955-2012) devient en 1979 le chef du Front de libération du peuple du Tigré, qui lutte contre le régime marxiste du Derg. En 1989 il se hisse à la tête d’une large coalition armée, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien. Une fois le régime renversée en 1991, Zenawi accède au poste de Président (1991-1995), puis de Premier ministre, détenant la réalité du pouvoir, jusqu’en 2012. Il libéralise économiquement et politiquement son pays dans les années 1990 (privatisations, élections multipartites, liberté de religion, Constitution ethno-fédérale, acceptation de l’indépendance de l’Érythrée), avant de se faire de plus en plus autoritaire et de museler l’opposition.

(4) Mission de l’Union africaine en Somalie ou African Union Mission in Somalia (Amisom)

(5) Plusieurs raisons expliquent ces succès électoraux véritables, mais désespérants. D’abord, rendons à César ce qui appartient à César : le parti a bel et bien renversé la précédente dictature et la plus grande partie des Éthiopiens ont vu leurs conditions de vie s’améliorer significativement depuis 1991. De plus, le gouvernement subventionne grassement les agriculteurs, 80 % de la population. Par ailleurs, l’offre électorale s’est réduite comme peau de chagrin tant le F.D.R.P.E. a su fusionner et s’allier aux autres partis. En outre, les pressions et intimidations sont telles sur les partis étant demeurés dans l’opposition que seul un petit nombre de courageux ose voter ou se présenter contre la coalition en place. Enfin, le gouvernement abuse largement des croyances et cadres mentaux traditionnels des paysans éthiopiens. Pour ces orthodoxes largement illettrés, le pouvoir est lié au divin, et il convient naturellement de voter pour le gagnant le plus probable afin de ne jamais agir (et élire) contre la volonté de Dieu !

(6) Maintenant dans le giron d’Addis-Abéba les hautes terres du Sud musulman, et pourquoi pas l’Érythrée.

(7) Plus de 1 000 civils sont décédés lors d’affrontements qui ont fait de 500 à 2 500 morts parmi les séparatistes du Front national de libération de l’Ogaden, et de 375 à 950 du côté du gouvernement. Plusieurs violations des droits de l’homme sont dénoncées dans les deux camps.

(8) Sporadiques, les derniers combats frontaliers, meurtriers de part et d’autre, remontent au 12 juin 2016.

 

Bibliographie

Ouvrages

sous la direction de Gérard Prunier, L’Éthiopie contemporaine, Centre français d’études éthiopiennes – Karthala, 2007, 440 pages (N.I.N.L. : 9782845867369)

 

Marc Fontrier, Éthiopie, le choix du fédéralisme ethnique. Chronique du gouvernement de transition, 1991-1995, L’Harmattan, 2012, 482 pages (N.I.N.L. : 9782336004754)

 

Alain Gascon, Sur les hautes terres comme au ciel. Identités et territoires en Éthiopie, Publications de la Sorbonne, 2006, 326 pages (N.I.N.L. : 2859445587)

 

Articles

Jean-Nicolas Bach, L’Éthiopie en route vers les élections de 2015. Note 2, Observatoire des enjeux politiques et sécuritaires dans la Corne de l’Afrique, 2014

 

Jennifer Austruy, « Éthiopie, le nouveau « “tigre africain” », mai 2014

https://jenniferaustruy.wordpress.com/2014/03/26/ethiopie-le-nouveau-tigre-africain/

 

Olivier Caslin, « L’Éthiopie se rêve en “tigre africain” », Jeune Afrique, mai 2013

http://www.jeuneafrique.com/19859/economie/l-thiopie-se-r-ve-en-tigre-africain/

 

Rapport Deloitte, « Ethiopia. A growth miracle », juillet 2014

http://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/za/Documents/strategy/za_ethiopia_growth_miracle_july2014.pdf

 

Nicolas Mottis, « H&M s’installe en Éthiopie : le but est de produire moins cher et surtout plus rapidement », Le Nouvel Observateur, août 2013

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/923464-h-m-s-installe-en-ethiopie-le-but-produire-moins-cher-mais-surtout-plus-rapidement.html

 

Clélie Nallet, « Quelle success story pour l’Éthiopie ? », Afrique Décryptages, Institut français des relations internationales, juin 2014

https://afriquedecryptages.wordpress.com/2014/06/05/quelle-success-story-pour-lethiopie/

 

Emeline Wuilbercq, « Obama en Éthiopie : une visite placée sous le signe de la sécurité régionale », Le Monde, juillet 2015

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/07/28/obama-en-ethiopie-une-visite-placee-sous-le-signe-de-la-securite-regionale_4701611_3212.html

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  1. Ethiopians and their leadership are well aware that what is at stake is the development of their country. But there is a war going on between the selfish westerners and China a great country investing a lot on a win-win basis. That’s why the west is mounting operations to destabilize our countries in the Horn of Africa from Djibouti to Ethiopia and Somalia.Westerners and their valet like the shebaabs

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