Le chef du groupe du Hezbollah libanais soutenu par l’Iran a déclaré « mission accomplie » lundi, après avoir réalisé des gains importants lors des élections législatives du 7 mai, les premières depuis presque une décennie dans le pays. La principale faction occidentale soutenue par le Premier ministre Saad Hariri et l’Arabie Saoudite ayant perdu un tiers de ses sièges, notamment en raison du changement du système de scrutin qui a instauré entre autres une partie de proportionnelle.
Les résultats de l’élection de dimanche renforcent encore davantage les alliés de l’Iran au Liban et en Syrie voisine à un moment où Téhéran fait face à des menaces israéliennes croissantes et à la perspective que les États-Unis se retirent d’un accord nucléaire historique négocié avec les puissances mondiales. De l’autre côté de l’échiquier géopolitique, l’Arabie saoudite y perd avec l’affaiblissement son allié Hariri (libano-saoudien), même s’il devrait rester à la tête du Conseil des ministres.
Malgré les résultats, M. Hariri s’est engagé à « participer à la stabilité politique et à améliorer la vie de tous les Libanais ». « Ma main est tendue à tous les Libanais qui ont participé aux élections pour préserver la stabilité et créer des emplois », a-t-il déclaré dans une allocation télévisée, avant de rappeler sa volonté de travailler en étroite collaboration avec le président Michel Aoun.
Un autre grand gagnant de ces élections : les Forces chrétiennes libanaises de droite, qui ont presque doublé leur nombre de sièges, de 8 à 15. Cependant le Courant patriotique libre (CPL) du président Michel Aoun, allié du Hezbollah, reste le parti le plus fourni en députés de la communauté chrétienne avec une vingtaine de sièges.
À la fermeture des bureaux de vote dimanche, moins de la moitié des électeurs inscrits (47%) avaient voté, soit 5 % de moins que lors du dernier scrutin de 2009 – et bien en deçà des prévisions. Alors que la détention de Saad Hariri en Arabie saoudite avait ravivé l’unité libanaise, ces élections en demi-teinte montrent la difficulté pour le pays à trouver une offre politique novatrice et fédératrice.
Séphora Saadi
Alors que les élections criaient à toute la face du pays leur venue, à grand renfort d’affiches colossales et colorées, elles semblent n’avoir que peu mobilisé les foules. Dans la frange de la population que j’ai côtoyée, beyrouthine, jeune, et aisée, le spectre des « indépendants » planait dans les esprits. Ces quelques frondeurs, difficilement identifiables politiquement, étaient pleins de promesses de changement et de bouleversement d’un paysage politique figé par l’héritage de la Guerre civile. Spectraux, ils le sont restés, la partition confessionnelle et menée par quelques ténors septuagénaires (voire plus) restant plus que jamais à l’ordre du jour.
Jean Leviste
Affiche représentant Saad Hariri, Rafic Hariri, et Nouhad Machnouk ministre de l’intérieur
(Credits : Jean Leviste)
Cortège circulant dans Beyrouth quelques jours avant les élections
(Credits : Jean Leviste)
Fin d’un discours de Saad “Selfieman” Hariri au Palais des sports de Beyrouth
(Credits : Jean Leviste)
Affiches dans les rues de Beyrouth à proximité du Palais présidentiel. Cette année, 6 femmes ont été élues parmi les 86 candidates. Elles représentent moins de 5% des députés élus.
(Credits : Jean Leviste)
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