La guerre civile au Yémen : enfer et damnation ?
Depuis le début du mois d’avril, un vent nouveau souffle sur la péninsule arabique ; le conflit meurtrier au Yémen pourrait trouver son règlement à la faveur de l’épidémie de Covid-19. Dès lors, il s’agira, pour les différents protagonistes de régler leurs nombreux différends, ce qui ne sera pas chose aisée. Classe Internationale vous propose un récapitulatif du conflit.
Le Yémen est déchiré par une guerre civile depuis le mois de juillet 2014. Les forces du Gouvernement national de Transition sont dirigé par le président Abdrabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale et soutenu militairement par une coalition militaire internationale dirigée par l’Arabie saoudite. Elle s’opposent à la coalition révolutionnaire formée, jusqu’en décembre 2017, par les milices zaydistes Houthis et les forces fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh, soutenues par le Hezbollah et l’Iran. Ces affrontements se déroulent dans un des pays les plus pauvres du monde, dénué d’infrastructures, et qui doit importer 100 % de ses ressources en riz, thé et sucre, ainsi que 90 % de son blé. La population du Yémen, composée à 70 % de jeunes de moins de vingt-cinq ans, est dans une situation humanitaire catastrophique. Elle est aggravée par l’échec de l’État yéménite à juguler les différentes tensions internes du pays et les pressions extérieures des États riverains, dans un pays où 75 % de la population est membre d’une tribu plus ou moins encline à reconnaître une autorité supérieure à la sienne. La responsabilité de la faillite de l’État repose sur la politique corrompue du président Saleh, alors au pouvoir de 1990 à 2011. En repoussant les élections prévues en 2009 à 2011, il a ainsi favorisé uniquement son propre camp et stigmatisé des pans entiers de la population du pays. En 2011, le Congrès Yéménite pour la Réforme (CYR), principal parti d’opposition, ne souhaite plus faire confiance au président Saleh pour la mise en œuvre d’une transition politique et souhaite sa démission. Le conflit trouve également, dans une moindre mesure, ses racines dans la stigmatisation des populations pratiquant l’islam zaydiste, une branche du chiisme toutefois très similaire au sunnisme. Le zaydisme est la religion principale dans les provinces du nord et du centre du pays, il concerne ainsi 35 % de la population. La permanence de revendications d’indépendance dans les anciennes provinces de la République Démocratique Populaire du Yémen, situées au sud du pays et la persistance de la menace des groupes armés terroristes du djihad mondial ajoutent aussi une difficulté quant au règlement des différends au Yémen. Ce rapide aperçu permet de saisir la complexité du conflit actuel, où se superpose aux oppositions politiques et ethnico-religieuses internes à un pays très pauvre, la confrontation de différentes puissances internationales. Aussi, le contexte des « Printemps Arabes » de 2011 a favorisé l’éclatement de la guerre civile le 9 juillet 2014.
Plusieurs légitimités s’affrontent dans ce conflit, ce qui complexifie l’analyse. La guerre civile au Yémen est le produit de l’histoire d’un pays jeune, dont l’indépendance fut proclamée en 1990 suite à l’unification de deux pays : la République Arabe du Yémen (Nord) et la République Démocratique Populaire du Yémen (Sud). Immédiatement après, le président Saleh prit le pouvoir et défendit les intérêts de son propre camp, entraînant le nouveau pays dans un nouveau cycle de violences et de frustrations. La complexité de ce conflit tient également au fait que très peu de journalistes sont présents sur le terrain des affrontements, étant donné le blocus aérien, terrestre et maritime exercé sur le Yémen par l’Arabie saoudite, acteur majeur du conflit, et ses alliés, sur le Yémen. La médiatisation du conflit a également été empêchée par le manque d’intérêt des opinions publiques mondiales : par exemple, le quotidien britannique The Independent rapporte que, selon un sondage, 51 % des britanniques n’ont pas connaissance du conflit alors en cours au Yémen (1). Pourtant, les enjeux de ce conflit sont nombreux. Le pays occupe une position stratégique, à proximité immédiate du détroit de Bab El-Mandeb. Le conflit s’inscrit également dans un contexte extrêmement volatile au Moyen Orient. À la permanence d’une menace terroriste malgré les efforts militaires mis en œuvre depuis 2001 s’ajoute l’aggravation des tensions entre l’Arabie saoudite et ses alliés et l’Iran pour la quête du leadership dans la région. C’est d’autant plus le cas que la position des partisans du compromis et de la négociation est de plus en plus affaiblie tant à Riyad qu’à Téhéran, ce qui ne peut que contribuer à aggraver le conflit au Yémen.
Manifestations au Yémen pendant le printemps 2011 © Flickr
L’aggravation de la crise institutionnelle au Yémen au lendemain des « Printemps Arabes »
Le Yémen n’échappa pas aux protestations de 2011 soulevées par les événements des « Printemps Arabes » ; elles aboutirent à la démission négociée du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1990, sous l’égide de ONU et des États membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). L’accord de transition, signé le 23 novembre 2011, stipulait la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigé par le président Hadi, qui occupait alors le poste de vice-président. Bien que formellement élu le 21 février 2012, le président Hadi n’incarne pas le renouveau : il fut vice-président du Yémen de 1994 à 2012. Son mandat de trois ans fut toutefois marqué par des initiatives visant à donner au Yémen une feuille de route pour assurer une transition du pouvoir vers un système moins corrompu et plus représentatif. Une « Conférence du Dialogue National », composée de plus de cinq-cents membres, fut instituée le 28 mars 2013 pour émettre des recommandations dans les domaines de la sécurité, des droits de l’homme, de la réconciliation, de la lutte contre la corruption et de la reconstruction de l’État, dans l’objectif de rédiger une Constitution. Ce Conseil avait pour ambition d’être représentatif de la diversité ethnique et sociologique du Yémen. Toutefois, il était composé à plus de 56 % de membres originaires de l’ancienne République Démocratique Populaire du Yémen, alors que la population des provinces de l’ancienne RDPY ne représente que 30 % de la population totale du pays. Seuls 28 % de ses membres étaient des femmes, et les jeunes de moins de vingt-cinq ans, bien que représentant plus de 70 % de la population, ne formaient que 20 % des membres du Conseil. Celui-ci s’est rapidement englué dans des discussions sans lendemain : aucun consensus ne fut trouvé pour régler des différends remontant à l’unification du pays de 1990. L’évocation des questions du fédéralisme, du nombre de régions, ou de la mise en œuvre d’un développement économique plus inclusif, mit à jour les profondes dissensions existantes entre les différentes parties, qui ne pouvaient être résorbées sur une échelle-temps aussi courte.
Le Conseil a rendu ses recommandations le 24 janvier 2014, dix mois après sa création. Toutefois, cet effort de mise en œuvre d’une transition politique au Yémen fut davantage mis à profit par les parties prenantes au renforcement de leur outil de propagande et de recrutement, ainsi que de l’entraînement de leurs forces militaires en vue de l’affrontement à venir. L’autorité du Gouvernement de transition fut également amoindrie par les actions de division commises par le président Hadi vers les membres du parti CYR, dont les membres sont majoritaires au sein du Gouvernement de transition. D’importantes contestations populaires s’élevèrent également contre l’action économique du gouvernement, qui procéda à des hausses de tarifs sur l’essence. Cette politique bénéficia aux adversaires du gouvernement, qui incarnèrent ainsi une alternative politique aux yeux de la population. La coalition formée entre le mouvement Houthi et le Congrès Général du Peuple du président Saleh appela à la démission du président Hadi et de son gouvernement. Les forces coalisées prirent la capitale Sanaa en septembre 2014, sans coup férir, officialisant l’existence de cette coalition paradoxale soutenue par une partie non négligeable de la population. Autrement dit, avoir laissé l’opportunité à l’ancien président Saleh de, non seulement rester au Yémen mais aussi de garder la présidence de son Parti et son réseau de fidèles au sein des forces armées a conduit à l’échec de la transition politique au Yémen. Ce dernier cherchait à fragiliser l’action du gouvernement dominé par ses adversaires politiques pour reprendre le pouvoir en s’alliant avec son ancien adversaire, le mouvement Houthi. Cette alliance militaire ne pouvait être freinée par le gouvernement de transition : le président Hadi fut contraint à la démission le 22 janvier 2015 par la coalition Houthi-Saleh. Ce dernier s’enfuit dans la ville d’Aden, située au sud du Yémen, pendant que la coalition, tout en cherchant à prendre la ville d’Aden, proclama, le 6 février 2015, l’instauration d’un Comité Révolutionnaire Suprême. Le président Hadi n’eut pas d’autre choix que de fuir en Arabie saoudite le 21 février. Le 25 mars 2015, le président Hadi, revenu sur sa démission, demanda officiellement l’aide militaire des pays du CCG pour reprendre le contrôle du Yémen, ouvrant la voie au début de l’offensive militaire « Tempête décisive » sous la commandement de l’Arabie saoudite.
Abdul-Malik al-Houthi, actuel leader du mouvement Houthi, frère du fondateur du mouvement Hussein Badreddine al-Houthi, tué en 2004 © Wikimedia Commons
L’émergence du mouvement Houthi
Le mouvement Houthi s’est constitué en 1992, sous la forme d’un mouvement revivaliste de défense du zaydisme, une variante très différente de l’islam chiite pratiqué en Iran. Ainsi, cette forme du chiisme est la plus proche de l’islam sunnite, et en particulier de l’islam sunnite shafi majoritaire au Yémen. La proximité entre les deux formes de l’islam est telle que les zaydistes et les sunnites shafi pratiquaient leur religion dans des mosquées communes. La politique clientéliste du président Saleh a néanmoins conduit à la marginalisation des populations zaydistes. Cette marginalisation prit une nouvelle ampleur lorsque le président Saleh opéra un rapprochement avec les États-Unis, dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » lancée après les attentats du 11 Septembre 2001. Pour Saleh, il s’agissait de récolter un soutien financier mais surtout militaire (matériels, entraînement) de la part des États-Unis et des États du Golfe, dans le but de renforcer son pouvoir au Yémen. Pour atteindre cet objectif, avec le prétexte d’une menace terroriste d’ampleur incarnée par Al-Qaida, le régime de Saleh exprima également ses craintes de voir l’influence de l’Iran croître au Yémen, par l’entremise du mouvement chiite Houthi. Dès lors, les forces armées yéménites lancèrent leur offensive sur le mouvement Houthi en 2004. La guerre dura jusqu’en 2010. Même si le mouvement Houthi y perdit son fondateur Husayn Al-Huti, tué en 2004, les affrontements avec les forces de Saleh ont renforcé le mouvement. Le mouvement Houthi incarna alors l’opposition à la répression brutale et à la corruption du président Saleh, ainsi qu’à sa politique de marginalisation de ses opposants. Le mouvement bénéficia d’un surcroît de publicité : tous ceux s’estimant lésés par la politique de Saleh pouvaient se reconnaître dans la politique prônée par le mouvement Houthi : mise en application de la loi islamique, fin de la corruption, reconstruction de l’État. Ainsi, le conflit de 2004 – 2010 bénéficia au mouvement Houthi qui diversifia son recrutement et développa sa force militaire et politique.
Lorsque la guerre civile éclate en 2014, le mouvement Houthi n’est plus le groupe armé local de ses débuts dans les années 1990. Il est devenu un acteur politico-militaire de poids au Yémen, qui ne peut plus être ignoré. Le président Saleh, dans sa quête de reconquête du pouvoir perdu après la transition de 2011, ne s’y trompa pas, en nouant une alliance avec ses anciens adversaires houthis en 2014. En 2010, les provinces de Hajja, Saa’da et Amran sont passées sous le contrôle du mouvement Houthi, qui se répand dans toutes les provinces du Yémen. Le mouvement procède par élimination des pouvoirs locaux, qu’ils soient d’obédience religieuse ou tribale, ou par collaboration avec eux lorsqu’il ne peut s’imposer seul. C’est ce qui l’a conduit à s’allier avec le président Saleh, afin d’affaiblir le gouvernement de transition et d’élargir encore davantage sa base de soutien populaire, en s’imposant comme le principal moteur du changement politique au Yémen. Cette alliance contre-nature a pu bénéficier du soutien financier et militaire de l’Iran (entraînement, fourniture d’équipements). Le mouvement Houti a également reçu le soutien militaire de la milice chiite libanaise du Hezbollah, qui envoya au Yémen des instructeurs. L’ampleur de l’aide iranienne au mouvement Houthi bien qu’avérée, demeure discutée. Lorsque le mouvement s’empara de la capitale Sanaa en 2014, le député iranien Ali Rez Zakani, membre de l’entourage du Guide Suprême iranien, a déclaré que Sanaa était la « quatrième capitale à rejoindre la révolution islamique » (2). Le soutien iranien au mouvement aurait pour objectif d’accroître l’influence de Téhéran jusqu’au détroit stratégique de Bab El-Mandeb, tout en entraînant ses adversaires du Moyen Orient dans une stratégie d’attrition de leurs moyens militaires dans le conflit yéménite.
L’éclatement de la guerre civile au Yémen fut d’abord motivé par des raisons politiques internes, à savoir la multitude de différends politiques non résolus depuis la fin des années 1990, dans un contexte d’appauvrissement de la population yéménite. Toutefois, on ne peut seulement attribuer à des facteurs internes l’éclatement de la guerre en 2014. Comme le montre l’exemple du soutien iranien au mouvement Houthi, le rôle des puissances internationales est également déterminant dans l’aggravation de la guerre civile au Yémen.
Le secrétaire d’État des États-Unis Mike Pompeo rencontre le Prince héritier et Ministre de la Défense Mohamed ben Salmane à Riyad, en octobre 2018 © Wikimedia Commons
Les ambitions et les craintes de l’Arabie saoudite
Le Yémen est le pays le plus pauvre du Moyen Orient. Ses voisins sont des puissances régionales ayant bâti leur prospérité économique sur l’exploitation de ressources d’hydrocarbures, avant de mettre en œuvre des politiques visant à diversifier leur économie. Ces États, pour la plupart réunis au sein du CCG, se sont également dotés d’une politique extérieure ambitieuse, appuyée par la constitution de forces armées modernes et puissantes. Les relations du Yémen avec ces États ont été compliquées dans les années 1990 et 2000 ; le Yémen paya son soutien à Saddam Hussein lors de l’opération « Desert Storm » de 1991. Le premier de ces États, tant par sa puissance que par l’ampleur de son implication dans la guerre civile yéménite, est l’Arabie saoudite. Cette monarchie absolue s’est constituée en 1932, par la revigoration d’un pacte noué en 1744 entre la tribu des Saoud et le mouvement de réforme religieuse du wahhabisme, qui prône une pratique fondamentaliste de l’islam conforme à celle en vigueur du temps du Prophète Mahomet. L’Arabie saoudite, qui est le seul État au monde à porter le nom de la dynastie qui la dirige, puise sa légitimité dans la promotion d’une réforme religieuse pour un islam plus « pur », et qui s’appuie pour ce faire sur le contrôle de deux lieux saints de la religion musulmane : les villes de Médine et de la Mecque. Ainsi, les dirigeants saoudiens justifient leur pouvoir sur la promotion d’une doctrine religieuse, et perçoivent à ce titre toutes les autres comme des menaces pour leur pouvoir. Il est inacceptable pour l’Arabie saoudite de cohabiter, sur la péninsule arabique, avec une doctrine religieuse opposée au monopole politico-religieux saoudien de la défense d’un islam « pur et vrai ». En refusant le monopole de l’imam sur la société, le zaydisme constituerait une menace fragilisant le pouvoir saoudien, tel le « petit village gaulois » des aventures d’Astérix et Obélix. De plus, l’Arabie saoudite est peuplée de 35 millions d’habitants, mais seulement 20 millions d’entre eux sont des ressortissants saoudiens (3), soit un nombre inférieur aux 30 millions d’habitants du Yémen ; aussi, la crainte d’un Yémen « fort » hante les dirigeants saoudiens. Dès lors, l’Arabie saoudite a entrepris, dès sa création, une politique visant à s’assurer que le Yémen soit suffisamment faible pour ne pas menacer le pouvoir de la dynastie des Saoud, tout en s’assurant qu’il soit suffisamment fort, pour ne pas devenir un foyer d’instabilité.
Tout en étant le principal acteur de l’enclavement de l’économie du Yémen depuis 1990, l’Arabie saoudite fut le principal financier du régime du président Saleh, tout en étant la première destination pour les travailleurs yéménites ; ils étaient deux millions en 2016 à y travailler. L’Arabie saoudite est également le principal sponsor des milices et tribus salafistes au Yémen, tout en étant le principal financier des écoles coraniques, qui s’y sont multipliées depuis les années 1970. Ces politiques ont permis à l’Arabie saoudite de se doter des moyens de contester l’autorité du gouvernement yéménite en cas de besoin, tout en enchaînant ce dernier dans un rapport de dépendance financière. Que ce soit du fait de la géographie ou des craintes nourries par le zaydisme ou l’émergence du Yémen, l’Arabie saoudite et le Yémen ont entretenu une relation de proximité ; la première n’hésitant pas à influencer le cours des évènements chez le second. C’est à cette logique que l’on peut attribuer tous les efforts déployés par l’Arabie saoudite et les États membres du Conseil de Coopération du Golfe depuis 2011 : l’accord du 23 novembre 2011 imposant la démission du président Saleh a été préparé par le Conseil de Coopération du Golfe, et fut signé en la présence du roi Abdallah d’Arabie saoudite. L’Arabie saoudite ne pouvait rester indifférente au conflit au Yémen, d’autant plus dans le contexte concomitant de renouvellement de la classe dirigeante saoudienne suite au décès du roi Abdallah en janvier 2015. Son demi-frère, Salman, lui a succédé à l’âge de 80 ans, et nomma son fils Mohammed Ben Salmane (MBS) vice-prince héritier. Cette nomination évinça toute une génération de prétendants au trône saoudien. De plus, MBS fut également nommé Ministre de la Défense, faisant de lui l’homme fort du Royaume. Le conflit au Yémen a représenté pour MBS une occasion de montrer sa capacité à gérer une crise en utilisant l’imposante force militaire saoudienne, tout en justifiant sa position de vice-prince héritier. Présumant une victoire facile, l’Arabie saoudite, avec ses alliés du CCG et d’autres pays arabes réunis dans une coalition sous commandement militaire saoudien, se sont lancés dans l’opération « Tempête décisive » le 26 mars 2015, afin de rétablir au pouvoir le gouvernement de transition du président Hadi. Le 21 avril 2015, cette opération militaire, en vigueur jusqu’au cessez-le-feu, fut rebaptisée avec un titre moins va-t-en-guerre : « Restaurer l’Espoir ».
L’obusier automoteur CAESAR (« CAmion Equipé d’un Système d’ARtillerie), de fabrication française, dont 136 exemplaires ont été acquis par la Garde Nationale Saoudienne, force armée d’élite du Royaume, distincte des Forces Armées Royales. L’engin fut déployé à la frontière avec le Yémen © Wikimedia Commons.
Le soutien des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni à la coalition militaire arabe
L’engagement massif des forces armées des États membres du CCG n’aurait pu que difficilement se faire sans le soutien des puissances occidentales. Ces dernières, principalement les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont soutenu tous les efforts diplomatiques des États du CCG et de l’ONU au Yémen. Le Royaume-Uni, en tant qu’ancienne puissance coloniale du Yémen, est chargé de rédiger les résolutions concernant le Yémen au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies. La résolution 2216 du 26 avril 2015 exige la fin des hostilités au Yémen par le retrait de la coalition Saleh-Houthi, et le retour du gouvernement de transition au pouvoir. Ces dispositions sont inacceptables pour le mouvement Houthi, qui contrôle désormais un tiers du territoire et 50 % de la population. Face à l’implication croissante de leurs forces armées, les États du Golfe se sont appuyés sur les différentes coopérations militaires existantes avec ces trois pays, qui possèdent des forces armées expérimentées. Les États du Golfe ont procédé à des commandes de matériels militaires pour soutenir leurs forces armées essuyant des pertes au Yémen, où l’aridité de l’environnement semi-montagneux soumet les hommes et les matériels à rude épreuve. Au cours des cinq dernières années, le SIPRI relève que le Moyen Orient comptabilise 35 % des importations mondiales d’armements. De plus, les importations dans ces pays ont progressé de 61 % sur la période. L’Arabie saoudite est le premier importateur mondial d’armement (4) et plus de 70 % de ses achats d’armes ont été effectués aux Etats-Unis (5). Ces importations font le bénéfice des complexes militaro-industriels des pays occidentaux, qui sont dépendants de ces exportations pour maintenir l’effort de recherche et développement en matière de défense à son plus haut niveau. 13 % des emplois industriels français relèvent du domaine de la défense (6), et le seul marché militaire français ne suffirait pas à dégager un volume d’activité nécessaire au développement des prochaines générations de matériels. Pour assurer son indépendance nationale en matière de défense, la France n’a pas d’autre choix que d’exporter ses produits militaires, d’autant plus qu’elle ne demande pas, contrairement aux États-Unis, un droit de regard sur l’utilisation future des matériels vendus. Si l’on peut, d’un point de vue politique, dénoncer la conclusion de contrats d’armements avec des pays non respectueux des droits de l’homme, revenir sur les contrats actuellement en cours n’aurait que pour fâcheuse conséquence de détruire la crédibilité commerciale des matériels de fabrication française dans le marché ultra-concurrentiel de l’armement. Cette réalité est d’autant plus sensible s’agissant du Royaume-Uni, qui, dans le contexte du Brexit, doit garantir à son économie le maintien des investissements en provenance des États du Golfe à un niveau important.
Ce souci de maintenir à leur plus haut niveau les coopérations militaires peut expliquer la liberté d’action totale conférée aux forces armées de la coalition au Yémen ; d’importantes exactions sont à dénombrer depuis 2015. Le soutien – ou l’indifférence – à l’engagement militaire débridé des États membres du CCG au Yémen peut également se lire comme une contrepartie à la conclusion de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran en juillet 2015, contre lequel les États du CCG sont très hostiles. L’Arabie saoudite et ses alliés n’ont eu de cesse de dénoncer cet accord, qui ouvrirait selon eux la voie à l’expansionnisme de l’Iran au Moyen Orient. Leur laisser la main libre au Yémen leur permet de démontrer à l’Iran comme à leurs propres opinions publiques qu’elles seront fermes contre toutes les intrusions futures de Téhéran, à l’instar de celle portée par le mouvement Houthi au Yémen. De plus, laisser aux puissances régionales le soin de régler – à leur manière – les problèmes sécuritaires de la région est conforme à une obsession présente aux États-Unis comme au Royaume-Uni de limiter les engagements de troupes au sol, auxquels leurs opinions publiques sont très réticentes depuis l’aggravation des conflits en Irak et en Afghanistan. Cette politique du « leadership from behind » telle qu’esquissée par l’Administration Obama, a été reprise par celle de l’Administration Trump, y compris dans son engagement contre l’Iran. À ces intérêts économiques et politiques se superposent également des intérêts sécuritaires : la lutte contre le terrorisme mondial présent au Yémen avec Al-Qaida dans la Péninsule Arabique, établi depuis 2009 dans le pays, et le maintien de la stabilité au Moyen Orient, en soutenant des régimes jugés « forts ». C’est ce qui a conduit la France à maintenir ses formations militaires dispensées aux forces armées saoudiennes, tout en partageant avec les membres de la coalition du renseignement sur la situation tactique au Yémen (7). Les États-Unis ne se sont pas cantonnés au seul soutien matériel ; les forces armées états-uniennes ont été directement engagées au Yémen. Plus de 1778 sorties de ravitaillement en vol ont été conduites par l’US Air Force au bénéfice des forces aériennes de la coalition entre le 26 mars 2015 et le 15 février 2017 (8). Ce soutien s’est décuplé depuis l’arrivée de l’Administration Trump au pouvoir : des forces spéciales ont été engagées dans des opérations de destruction de camps houthis (9). Ce soutien militaire se situe dans la continuité de l’engagement des États-Unis dans la lutte contre Al-Qaida dans la Péninsule Arabique. Depuis 2002, les États-Unis ont ainsi mené 336 frappes aériennes au Yémen, tuant entre 1000 et 1300 personnes, dont des civils. La politique des États-Unis au Yémen a d’abord été une politique de lutte contre le terrorisme, avant d’être complétée, sous Trump, par une politique de lutte contre l’Iran et ses « alliés ». Les puissances étrangères se sont donc bien détournées de l’objectif de définir un règlement politique du conflit au Yémen ; elles poursuivent avant tout leurs objectifs sécuritaires, politiques et économiques.
La remise en œuvre du processus politique de règlement du conflit au Yémen fait face à d’importants obstacles extérieurs : les puissances régionales et internationales poursuivent d’autres intérêts politiques, économiques et sécuritaires, ce qui ne peut que conduire à l’aggravation du conflit au Yémen.
Une manifestante opposée à la vente d’équipements militaires britanniques à l’Arabie saoudite, dans le centre de Londres en janvier 2018. L’aviation de chasse saoudienne est majoritairement constituées d’avions vendus par le Royaume-Uni (Tornado, Eurofighter Typhoon) ©Flickr.
Le conflit au Yémen : une catastrophe humanitaire
Depuis 2015, l’État yéménite est en cours de désagrégation : il n’a plus les moyens d’assurer à la population la sécurité, le développement et le maintien du bon état des infrastructures de transport et de santé. La coalition a mené plus de 20 000 sorties aériennes militaires, si l’on s’en tient au chiffre avancé par le collectif Yemen Data Project (10). Plus de 9 700 civils furent blessés, et 8 677 civils ont trouvé la mort depuis le 26 mars 2015 selon ce collectif. En tout, plus de 70 000 personnes ont trouvé la mort depuis l’éclatement de la guerre civile en 2014. Selon l’ONU (11), 24,1 millions de Yéménites – soit 80 % de la population – ont besoin d’une aide humanitaire immédiate, faisant de cette crise humanitaire la plus grave actuellement dans le monde. Ce nombre a fait l’objet d’une hausse de 84 % depuis 2014. L’ONU estime également que 10 millions de Yéménites sont exposés à un risque de famine : sur les 333 districts que compte le pays, 240 seraient touchés par la famine. À ce chiffre s’ajoutent les 7 millions de personnes souffrant de malnutrition recensées dans le pays. Plus de 4 millions de personnes ont également dû fuir leur logement et moins de 50 % des infrastructures de santé sont opérationnelles. Plus de 600 000 emplois ont été détruits et le PIB du Yémen a subi une contraction équivalant à 50 % de sa valeur. Le prix moyen des produits de base a augmenté de plus de 150 % à la suite des destructions des infrastructures de transport et du blocus aérien, terrestre et naval imposé par les forces de la coalition.
L’état actuel de la situation humanitaire démontre l’incapacité des parties prenantes et de leurs soutiens étrangers à trouver une issue aux nombreux différends qui les opposent. Les belligérants ont fait le choix de la surenchère militaire, au détriment des infrastructures et de la population : des écoles, hôpitaux et marchés ont été détruits au cours de bombardements aériens. Pourtant, l’armée de l’air saoudienne a considérablement profité de l’effort d’acquisition d’équipement militaires saoudiens entrepris ces vingt dernières années : elle est dotée des meilleurs avions de combat disponibles sur le marché (F15E Strike Eagle, Eurofighter Typhoon), théoriquement capables, par la puissance de leurs senseurs, de donner à la chaîne de commandement militaire la possibilité de discerner une cible d’intérêt militaire d’une cible civile. Cependant, 90 attaques sur des cibles civiles ont été recensées par l’ONG Human Rights Watch (12). Le mouvement Houthi, qui s’est désolidarisé du président Saleh après l’avoir tué en décembre 2017 suite à sa tentative de rallier le camp du président Hadi, a également engagé toutes ses forces dans le conflit. Le mouvement suit une stratégie militaire d’harcèlement des forces blindées mais peu mobiles de la coalition ; plusieurs chars Leclerc fabriqués en France de l’armée émirienne ont été perdus au combat. Le mouvement a également conduit plusieurs attaques de missiles balistiques sur le territoire saoudien ; la dernière remonte au 30 mars dernier (13). Le conflit a été particulièrement dur dans les provinces du sud du Yémen – Taiz, Sanaa, Al-Bayda – sans pour autant épargner le nord du pays, où les miliciens Houthis sont historiquement implantés. Des affrontements se sont également déroulés sur le long de la Mer Rouge, à proximité du port stratégique d’Hodeida, et sur tout le long de la frontière saoudienne, le mouvement Houthi cherchant à s’introduire dans le territoire saoudien. Le 14 septembre 2019, le mouvement conduisit une attaque audacieuse sur les installations pétrolières d’ARAMCO réduisant de 50 % la production de pétrole par l’entreprise saoudienne (14). Cette surenchère n’a pas permis à l’un des acteurs de prendre l’avantage sur l’autre : si ce n’est la mort de l’ancien président Saleh en décembre 2017, les miliciens Houthis demeurent toujours présents au Yémen, après cinq années d’engagement militaire.
Covid-19 : un cessez-le-feu décrété au Yémen
L’Arabie saoudite a annoncé le 9 avril 2020 la mise en place d’un cessez-le-feu sur toutes ses opérations militaires aériennes, terrestres et maritimes au Yémen, étant donné l’aggravation de l’épidémie de coronavirus. Cette mesure avait déjà été proposée par le secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres le 26 mars dernier (15), dans le but de relancer les pourparlers de paix afin d’éviter au Yémen, déjà dans une situation humanitaire gravissime et dans un contexte de guerre civile, d’avoir à affronter l’épidémie du Covid-19. Ce cessez-le-feu, devant durer deux semaines, a été accueilli avec enthousiasme, après plusieurs affrontements très durs dans la province d’Al-Jawf, suite à l’attaque balistique du 30 mars dernier. Cette interruption intervient dans un moment critique pour la coalition des États du CCG, déjà fragilisée par d’importantes divergences de vues entre l’Arabie saoudite et l’autre pays au poids déterminant dans la coalition militaire arabe : les Émirats Arabes Unis. Cet État n’a jamais caché son hostilité au Congrès Yéménite pour la Réforme, le principal parti d’opposition soutenu par l’Arabie saoudite (16), étant donné sa proximité avec le mouvement des Frères Musulmans, dont l’influence est combattue par Abou Dhabi à travers le Moyen Orient, et au Yémen en particulier. Les Emirats Arabes Unis ont, comme l’Arabie saoudite, doublé leur engagement militaire sur le terrain par un soutien logistique et financier à des groupes armés yéménites alliés. Abou Dhabi a notamment offert son soutien au Conseil de Transition du Sud afin de combattre le mouvement Houthi, tout en limitant l’influence des groupes armés soutenus par l’Arabie saoudite. Ce groupe, instauré en 2017, combat en faveur de la sécession des provinces de la défunte République Démocratique Populaire du Yémen. Certaines parties des provinces méridionales du Yémen – dont la ville d’Aden – demeurent aujourd’hui sous son pouvoir. Ainsi, il s’oppose au parti CYR et au gouvernement de transition du président Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite. En conséquence, les Emirats Arabes Unis ont procédé au retrait officiel de leurs forces engagées dans le cadre de la coalition le 8 février 2020, malgré l’accord conclu entre le CYR et le Conseil de Transition du Sud en novembre 2019. Ce retrait n’a pas conduit le CTS a réfréner ses ambitions : le mouvement a décrété l’indépendance des territoires actuellement sous son contrôle le 26 avril 2020 (17). En effet, les dispositions de cet accord de partage de pouvoir n’ont pas été mises en application.
La coalition formée par les États du CCG et alliés de l’Arabie saoudite a également souffert du peu de participation de ses Etats membres dans des opérations militaires ; l’Egypte et le Pakistan, bien que possédant des forces armées expérimentées et bien équipées, n’ont pas répondu favorablement à la demande saoudienne de participation active à l’offensive militaire « Restaurer l’Espoir », bien qu’étant officiellement membres de la coalition formée par Riyad. Le Soudan, alors qu’il avait envoyé plus de 40 000 soldats en 2017, déploie seulement un peu plus de 600 soldats aujourd’hui, afin de « sauver la face » de la coalition militaire selon Ammar Al-Ashwal (18). La fragilité de cette coalition fut soulignée par l’épidémie de coronavirus : plus de 150 princes et princesses de la monarchie saoudienne, y compris des membres de l’entourage du Roi Salmane et du Prince héritier MBS, auraient contracté le Covid-19 selon le journaliste français George Malbrunot (19).
L’ampleur de l’épidémie, qui n’aurait touché que moins de 5 000 personnes selon le gouvernement saoudien, serait largement sous-estimée, dans un pays ou au moins 2 millions de personnes sont en situation irrégulière, échappant ainsi aux mesures de contrôle sanitaire mises en œuvre aux frontières du Royaume (20). La propagation de l’épidémie aurait été facilité par les nombreux voyages de la monarchie saoudienne, qui compterait entre 5000 et 10 000 membres gravitant en Amérique du Nord ou en Europe. Chacun d’entre eux est habituellement accompagné de sa suite et de ses employés, soit plusieurs dizaines de personnes gravitant autour d’un membre de la famille royale. L’Arabie saoudite aurait d’ores et déjà prévu plus de 40 milliards de dollars de provisions pour faire face aux effets dévastateurs de l’épidémie sur l’économie du Royaume, déjà fragilisée par la baisse importante des cours du pétrole – le prix du baril de brent se situe à 20 $ – suite à l’effondrement de la demande due à la baisse importante de la consommation mondiale à cause de l’épidémie, et au refus initial de la Russie d’abaisser sa production (21). L’accord trouvé avec cette dernière le 9 avril dernier (22) n’a pas permis de limiter la baisse du prix du baril, étant donné la chute de la demande mondiale de pétrole dans un monde confiné et à l’excès pharaonique de production d’or noir aux Etats-Unis (23). Une accalmie des tensions pourrait se dessiner au Yémen, tant l’Arabie saoudite, de même que les autres États du CCG, ont des priorités bien plus urgentes, dans le contexte actuel de l’épidémie et de la crise économique mondiale à venir. Qui plus est, les pays du CCG ont tout intérêt à soigner leur image auprès de leurs alliés internationaux. Des contestations croissantes se sont faites entendre en France comme aux États-Unis sur la légitimité du soutien militaire et diplomatique offert à l’Arabie saoudite et à ses alliés. En effet, les nombreux excès dans l’emploi de la force militaire, et ce, dix-huit mois après le tollé mondial suscité par le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul, nourrissent l’hostilité des opinions publiques occidentales. Si cette cessation des hostilités peut représenter une voie de sortie honorable pour les États membres de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, sa mise en place demeure soumise au bon vouloir de tous les belligérants ; le mouvement Houthi ne semble pas vouloir déposer les armes, afin de pouvoir consolider son assise territoriale, au moment où le premier cas de Covid-19 a été détecté au Yémen (24).
Carte représentant la gravité de l’expansion de l’épidémie de Covid-19, à la date du 21 avril 2020. Nombre d’États du Moyen Orient sont touchés. © Wikimedia Commons
Pour conclure, la guerre civile au Yémen a eu des effets dévastateurs, dont on peut attribuer la responsabilité à l’absence de consensus au sein de la classe politique yéménite, incapable de se rassembler pour apporter des réponses aux nombreux défis qui se posent au Yémen, ainsi qu’à l’intervention de plusieurs puissances internationales ayant conduit à l’aggravation des tensions entre les belligérants. Ainsi, la propagation du conflit, aux conséquences humanitaires catastrophiques, témoigne de l’échec de l’organisation de sécurité collective au Moyen Orient et de la mission des Nations Unies, alors que les défis à relever s’amoncellent dans la région : raréfaction de la ressource hydrocarbure, réchauffement climatique, permanence du terrorisme mondial incarné par Daech et Al-Qaida ainsi que des tensions régionales articulées autour de la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite, exigence de renouveau politique exprimée par des populations majoritairement composées de jeunes actuellement en difficulté. La guerre civile au Yémen, à l’instar de la guerre civile syrienne, représente un condensé de tous ces défis.
Louis OUVRY
Notes :
(1) Lizzie Arden, “Yemen war: More than half of British people unaware of ongoing conflict seeing UK weapons deployed by Saudis”, The Independent, 18 mars 2017.
(2) “Sanaa is the fourth Arab capital to join the Iranian revolution”, Middle East Monitor, 27 septembre 2014.
(3) Les infos clés sur la nouvelle guerre du Golfe, Arte, 11 mars 2020.
(4) « Vente d’armes : La France reste le 3e plus gros exportateur mondial », Le Parisien, 9 mars 2020.
(5) « US leads arms sales to Saudis, followed by UK, from 2014 – 2018”, Julian Borger, The Guardian, 3 octobre 2019.
(6) « L’armement, une industrie jugée stratégique pour la France », Marie Dancer, La Croix, 10 juillet 2019.
(7) « DGSE et DRM soutiennent Riyad », Intelligence Online, 8 avril 2015.
(8) “2 years into Yemen War, US ramps up refueling Saudi jets”, Oriana Pawlyk, 15 février 2017.
(9) “Army Special Forces secretly help Saudis combat threat from Yemen rebels”, Helene Cooper, Thomas Gibbons-Neff, Eric Schmitt, The New York Times, 3 mai 2018.
(10) Yemen Data Project, consulté le 9 avril 2020.
(11) Yemen : Humanitarian response plan January-December 2019, ONU.
(12) Yemen : Events of 2019, HRW, consulté le 9 avril 2020.
(13) “Houthis launch air attacks on Saudi capital”, The Guardia, 30 mars 2020.
(14) « Une attaque de drones ampute la production de Saudi Aramco », Simon Chodorge, L’Usine Nouvelle, 16 septembre 2019.
(15) “Where is the Yemen War is ending ?”, Ammar Al-Ashwal, Carnegie Endowment for International Peace, 15 avril 2020. L’article présente les différents équilibres territoriaux actuellement en vigueur au Yémen.
(16) “Yemen war : who is the Southern Transitional Council ?”, Middle East Eye, 30 aout 2019.
(17) « Le deuxième front de la guerre au Yémen éclate au grand jour », France Culture, 27 avril 2020.
(18) Where is the Yemen War is ending ?, sus-mentionné.
(19) « Coronavirus : alerte à la cour des Saoud largement infectée par le virus », George Malbrunot, 9 avril 2020.
(20) Saudi Arabia races to contain epidemic in Islam’s holiest city, Vivian Nereim, Bloomberg, 14 avril 2020.
(21) « Chute des cours, conflit entre Riyad et Moscou, intervention de Trump…La crise pétrolière en neuf questions », Jérôme Martin, La Tribune, 7 avril 2020.
(22) Pétrole : la paix fragile ente la Russie et l’Arabie saoudite ne rassure pas les marchés, Nabil Wakim, Le Monde, 10 avril 2020.
(23) Le prix du baril de pétrole peut être négatif mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle, Claire Digiacomi/AFP, Le Huffpost, 21 avril 2020.
(24) No respite in Yemen a week after Saudi cease-fire announced, Rick Gladstone, The New York Times, 16 avril 2020.
Bibliographie :
- Helen Lackner, Yemen in crisis. Autocracy, Neo-liberalism and the disintegration of a State, Londres, éd. Saqi Books, 2017.
- Isa Blumi, Destroying Yemen. What chaos in Arabia tells us about the World, Oakland, éd. University of California Press, 2018.
- Ginny Hill, Yemen endures. Civil war, Saudi adventurish and the future of Arabia, New York, éd. Oxford University Press,
Merci pour vos articles. Comme toujours, ils sont très complet et donne une bonne vue d’ensemble du sujet abordé !