The revolution will be televised : médias et élections dans la Tunisie démocratique
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Après l’élection démocratique du président Kaïs Saïed le 13 octobre 2019, de nombreux médias occidentaux complimentaient la Tunisie sur la réussite de sa transition démocratique, à l’image du Washington Post qui soulignait que « Dans une région gouvernée par des monarques, des autocrates et des dynasties familiales, la Tunisie a une nouvelle fois démontré sa position unique dans le monde arabe ». En effet, la Tunisie, petit pays d’Afrique du Nord, est souvent qualifiée « d’exception » dans le monde arabe, après le renversement du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali début 2011. A cette singularité tunisienne s’ajoute l’avancée sans pareil du droit des femmes parmi les pays musulmans. Dès 1956, le code du statut personnel instauré par le président de l’indépendance Habib Bourguiba, a ancré une série de lois visant à instaurer l’égalité homme-femme dans plusieurs domaines, obligeant notamment le consentement des deux époux lors du mariage, l’abolition de la polygamie mais aussi le droit de vote pour les femmes. Bien que la politique féministe de Bourguiba s’inscrive en réalité dans une volonté plus large de soumettre le religieux au politique dans un dessein plus politicien que social, ces avancées ont été très bénéfiques aux tunisiennes. En Tunisie, la « révolution de jasmin » (thawrat el-yasmin) a provoqué le début de ce qui a été appelé par les occidentaux les « Printemps arabes », une série de protestations populaires contre les pouvoirs autoritaires à travers les pays arabes, du Maghreb au Machrek. Les tunisien.ne.s expriment alors leur ras-le-bol général contre un pouvoir autocratique et dictatorial, où la censure et la corruption étaient monnaie courante.
Ce sentiment a été catalysé par l’immolation du vendeur ambulant Mohammed Bouazizi à Sidi Bouzid, qui a provoqué les manifestations contre le régime entraînant la destitution et l’abandon du pouvoir du dictateur Ben Ali. La révolution a commencé alors que les régions centrales de la Tunisie subissaient de plein fouet la crise économique et étaient victimes de l’émiettement du tissu industriel dans des régions intérieures originairement agricoles, où le chômage était très élevé. Les observateurs occidentaux ont été nombreux à qualifier la révolution tunisienne d’une révolution « connectée » en idéalisant quelque peu le rôle des réseaux sociaux dans les contestations populaires. Le rôle d’internet et surtout de Facebook a certes été très important pour la coordination des mouvements et le partage de vidéos montrant les exactions commises par la police mais il serait erroné de lui donner tout le crédit. Les travaux du sociologue tunisien Choukri Hmed montre qu’une analyse « par le bas » des acteurs de la mobilisation rend mieux compte de la Révolution. Son travail met ainsi en lumière l’importance des réseaux d’activistes syndicaux déjà présents sur place et qui réunissait déjà les sentiments d’injustice de la rue. Les manifestations, sit-ins, marches et autres rassemblements ne sont que des « produit de pratiques de défiance quotidiennes engagées par les groupes démunis contre les autorités légales depuis au moins une décennie » qui se sont accélérés durant la période révolutionnaire.
Facebook a servi d’outil organisationnel de coordination des acteurs, s’ajoutant à une série de pratiques issues du répertoire d’action collective (C.Tilly) de la protestation politique tunisienne. Comme souligné par C. Hmed, « La politisation de la rue est d’une certaine manière l’autre facette de la dépolitisation de la sphère publique recherchée par l’État autoritaire » provoquée par « la tentative de l’État de “dépolitiser” le lien social » entraînant alors la « surpolitisation » de la sphère privée et de ses conflits. La nouvelle organisation politique tunisienne démocratique est toujours en cours de construction et de ce fait, connaît de nombreuses fluctuations. La création progressive de la culture du débat dans un pays où la liberté d’expression a longtemps été réprimée semble être primordiale, et cela passe par un champ médiatique indépendant, puisque comme le rappelle le philosophe Alain : « La démocratie pleine n’est possible qu’avec les médias, qui ont alors pour rôle d’apporter et de diffuser sous forme d’information, d’enquête et d’analyse, les connaissances au citoyen pour qu’il puisse jouer ce rôle de contrôleur. »
L’identité démocratique tunisienne construite par de nouvelles institutions
Neuf ans seulement après la révolution du jasmin, on constate que l’apprentissage de l’exercice démocratique est graduellement en voie d’enracinement au sein de la société tunisienne, qui s’est appropriée les différentes méthodes et organisations nécessaires au bon déroulement des élections comme en témoigne le respect de la légitimité des vainqueurs de toutes les élections législatives et présidentielles tenues depuis 2011. On voit que le principe fondateur de la démocratie qui est la règle de l’alternance du pouvoir est respectée, bien que celle-ci ait été complètement bafouée par Ben Ali, à la tête du pays pendant 24 ans et qui, en 1994 par exemple, obtenait des résultats plébiscitaires aux élections en les remportant à 99,44% des suffrages exprimés, surnommé « Monsieur 100% ».
La Tunisie, lors de sa transition démocratique, a bénéficié d’un grand soutien extérieur et surtout européen. En effet, dès 2009 la Tunisie est le premier pays à signer un accord d’association avec l’Union européenne dans le cadre de sa politique de voisinage pour établir un partenariat social, économique et politique. L’influence européenne est également percevable via l’intervention de la Convention de Venise, institution qui œuvre à la démocratie par la promotion de l’État de droit et qui offre son aide juridique, à travers son expertise, aux pays qui le demandent. La Commission de Venise a été sollicitée par l’Assemblée nationale constituante de Tunisie (ANC), elle a rendu un avis et les comités de travail mutualisés ont permis un développement de réflexions autour des réformes juridiques à faire après l’instabilité entre 2011 et 2014 afin de donner une Constitution viable au pays. La Constitution de 2014 contient un grand nombre de recommandations faites par la Commission. En outre, la plus grande reconnaissance internationale de la démocratie tunisienne fut lors de l’attribution du Prix Nobel de la Paix au quartet du dialogue national en 2015. Ce quartet désigne 4 associations tunisiennes d’utilité publique ayant mené des négociations démocratiques concernant l’organisation des partis politiques afin de mener une transition démocratique légitime, à la suite de l’Assemblée constituante de l’islamiste Moncef Marzouki, en 2011. Le succès de la tenue d’élections présidentielles et législatives légitimes à la suite de la ratification de la nouvelle Constitution en 2014 a été récompensé par le sacre mondial du prix Nobel de la Paix.
La Constitution de 2014 a doté la Tunisie d’un régime « semi-parlementaire » qui est donc basé sur une majorité parlementaire, les caractéristiques de stabilité et de solidité conditionnent l’action et l’existence du gouvernement. Le vainqueur des élections législatives a donc besoin d’une majorité absolue pour être en mesure d’exercer seul le pouvoir. Avec une simple majorité relative, il aura forcément besoin de trouver une alliance avec un ou plusieurs autres partis pour constituer ensemble une coalition parlementaire et gouvernementale, capable de diriger le pays sur la base d’un programme commun. Cette nouvelle constitution postule également l’égalité des sexes, ce qui n’était pas le cas dans la Constitution de 1959, et reconnaît surtout l’égalité entre citoyens et citoyennes devant la loi en abrogeant notamment la circulaire de 1972 qui interdisait le mariage d’une musulmane avec un non-musulman. Cette nouvelle mesure permet alors une liberté totale du choix du conjoint par la femme, ce qui demeure absolument inédit dans un pays musulman. Ce qui est d’autant plus surprenant est la relative indifférence dans laquelle a été accueillie cette nouvelle disposition, même les islamiste d’Ennahdha n’ont rien eu à redire dessus. Peut-être savent-ils au fond que malgré la condition légale, les applications réelles « sur le terrain » de ces nouvelles dispositions prendront plus de temps à s’ancrer au sein de la société tunisienne, encore très attachée à l’ordre patriarcal.
La réticence sociétale et parlementaire de certains partis à adopter la loi sur l’égalité successorale entre hommes et femmes en est un parfait exemple. L’inégalité devant l’héritage est un des terrains explosifs, sur lesquels ni Bourguiba ni Ben Ali n’ont réussi à avancer. Seul Beji Caïd Essebsi quelques mois avant son décès en 2019 avait relancé le débat autour de cette question en chargeant la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), présidée par l’ancienne avocate Bouchra Belhaj Hmida, de préparer un projet de loi visant à progresser vers l’égalité successorale entre les sexes. Cette ambition féministe de feu le président Essebsi s’inscrit dans la continuité bourguibienne, et visait à retirer le manteau artificiel du débat religieux recouvrant cette question, qui reste au fond une inégalité profondément économique en empêchant les femmes d’accéder à la propriété terrienne puisqu’il s’agit principalement d’héritages de terres en Tunisie.
Aujourd’hui, la preuve de la bonne santé démocratique de la Tunisie se vérifie à travers l’existence de 211 partis politiques, tous encadrés par un décret-loi datant du 24 septembre 2011, portant sur l’organisation des partis politiques. L’article 27, par exemple, déclare que tout parti politique « présente à la cour des comptes un rapport annuel comprenant un descriptif détaillé de ses sources de financement et ses dépenses ». C’est donc l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE), créé en 2012 qui veille au respect des conditions de déroulement des élections, des référendums démocratiques de manière « libre, pluraliste, honnête et transparente ». Elle assure en toute indépendance le processus électoral en garantissant un traitement égalitaire à l’ensemble des candidats. Démocratie récente oblige, de nombreux observateurs tunisiens mais surtout étrangers sont mobilisés durant les périodes électorales pour veiller au respect des règles démocratiques. Dans un objectif de « bonne gouvernance », il existe aussi en Tunisie l’Instance de Lutte Contre la Corruption (INLUCC), née en 2011 et qui vise à identifier les pratiques relevant dans la corruption, à les dénoncer et à faire de la prévention au grand public sur les dangers que représente la corruption de masse sur les institutions du pays.
Fait intéressant, l’INLUCC lutte aussi contre la corruption au sein du secteur privé. Étant une instance indépendante du pouvoir, elle ne peut qu’émettre son avis sur des projets de loi relatifs à la lutte contre la corruption, sans toutefois pouvoir « agir » contre, devant les tribunaux directement. La garantie du respect du pluralisme politique sur tous les médias audiovisuels, est elle encadrée par la Haute Autorité Indépendante de la Communauté Audiovisuelle (HAICA). Cette surveillance institutionnelle des médias reflète bien l’importance que ceux-ci détiennent non seulement lors des périodes électorales mais aussi en termes de représentation politique. La communication politique est aujourd’hui massivement médiatisée et doit être réglementée correctement afin de ne pas tomber dans la propagande (comme Nabil Karoui). Dans les premières années de sa création, cette institution ne fait pas l’unanimité, elle est régulièrement accusée d’être illégitime du fait de son statut transitoire mis en place peu après la révolution.
Collusions électorales : preuve d’une démocratie en marche ?
Il serait erroné de croire que les élections libres n’ont fait leur apparition qu’en 2014 en Tunisie. Même sous la dictature de Ben Ali, des élections – de prime abord apolitique – avaient lieu au sein des universités tunisiennes. Ainsi, l’élection des conseils dans les universités se déroulaient librement et l’université était le seul espace d’expression publique d’une tendance politique, orientée plutôt à gauche. Comme un calque de la vie politique nationale, ce sont le syndicat de gauche, l’UGET (Union générale des étudiants tunisiens), et le syndicat à tendance islamiste de l’UGTE (Union générale tunisienne des étudiants) qui s’affrontaient le plus régulièrement.
On observe un taux de participation relativement haut pour les élections présidentielles, ce qui peut s’expliquer par l’attachement des tunisien.ne.s à leur droit de vote mais aussi à la magistrature suprême, qui a été incarnée par des leaders charismatiques (au sens wébérien) comme Bourguiba ou Ben Ali. Ainsi, lors de son élection, Beji Caïd Essebsi avait été élu à 55,7% au second tour de l’élection présidentielle de 2014 avec un taux de participation de 62,9% au premier tour et 60,1% au second tour. Essebsi bénéficiait d’une image positive auprès du public tunisien, du fait de son passé d’ancien ministre et proche du père de l’indépendance, Habib Bourguiba. Il est toutefois intéressant de noter que la candidature d’Essebsi était loin d’être naturelle, et la création en 2012 de son parti Nidaa Tounes avait été lancée conjointement avec un certain Nabil Karoui… De nombreuses voix se sont élevées à ce sujet, accusant la chaîne Nessma TV dont Karoui est propriétaire, d’avoir fabriqué la candidature d’Essebsi alors que celui-ci était un homme âgé, oublié du public, déjà en pleine retraite, à la suite d’une interview qu’il a donné et qui l’aurait propulsé au poste de Premier ministre du gouvernement transitoire. L’alliance entre Nidaa Tounes, parti au pouvoir, avec Ennahdha qui a permis une coalition gouvernementale en 2015, a été orchestrée elle aussi par le stratège Karoui.
En Tunisie, comme partout ailleurs aujourd’hui, le rôle des réseaux sociaux dans le processus électoral est très important. 7,8 des 11 millions d’habitants ont un compte Facebook sur lequel ils sont actifs. D’après une enquête menée par un groupe de chercheurs tunisiens titré « Impact of social media on the behavior of tunisian voters », lors des élections législatives de 2014, 73,2% des Tunisiens âgés de 18 à 39 ans s’en remettaient aux informations trouvées sur les réseaux sociaux concernant les programmes politiques pour déterminer leur choix aux élections. A l’heure où l’ensemble des professionnels de la politique doivent plus que jamais établir un lien avec leurs électeurs (ou clients), les actions médiatisées sont primordiales pour voir et être vu. Les vainqueurs des élections sont ceux qu’on a vu, entendu et cru, que ce soit à la TV ou sur les réseaux sociaux. Les absents, en plus d’avoir toujours tort, n’existeront pas aux yeux des électeurs.
La communication politique, qu’elle soit bien rodée ou non, n’empêche toutefois pas la désaffection croissante de l’électorat tunisien vis-à-vis d’une classe politique n’ayant pas su répondre aux attentes socio-économiques de la révolution de 2011. Les deux candidats complètement atypiques qui se sont retrouvés au 2eme tour des élections présidentielles de 2019 en sont l’illustration.
Les jeunes et le pouvoir
Avant de les présenter, il semble pertinent de revenir sur le phénomène de redéfinition du champ politique par les jeunes tunisien.ne.s. D’après le sociologue Jihad Haj Salem, ils sont désormais au cœur du processus démocratique puisqu’ils peuvent participer à la mutation du champ politique, au lieu d’en être exclus comme auparavant. La question du désenchantement après le statu quo post-révolution du jasmin avait fait perdre tout espoir aux « diplômés du chômage ». En effet, 33% des diplômé.e.s de l’éducation supérieure ne trouvent pas d’emploi à la fin de leurs études. Pour le reste des chiffres, la plupart des jeunes diplômé.e.s préfèrent tenter leur chance à l’étranger, ce qui constitue le problème fondamental de la « fuite des cerveaux ». La dénonciation d’une gouvernance qu’ils jugent purement technocratique se traduit désormais par l’action politique publique à l’échelle nationale. Lors des élections présidentielles d’octobre 2019, il a été rapporté que 9 jeunes sur 10 avaient voté pour Kaïs Saïed, le nouveau président tunisien. Une des raisons avancées par les médias tunisiens est le fait que la figure « forte » et « rigoureuse » d’un enseignant de droit constitutionnel inspire confiance et droiture, et incarnerait pour les jeunes l’ « homme providence » dont ils auraient besoin pour donner suite à leurs rêves d’embauche et d’emploi.
Toutefois, il est également possible d’expliquer le succès de Saïed par le processus de sa campagne électorale. Bien que n’appartenant à aucun parti et qu’il ait provoqué la surprise générale, Saïed avait entamé sa campagne dès 2013, en optant pour une mobilisation à l’échelle régionale. Il a en effet préféré une approche par les structures associatives locales, en se rendant à des clubs, à de petits débats citoyens et autres rassemblements de jeunes. Cette percée par le « bas », c’est-à-dire par la jeunesse, a su porter ses fruits, bien qu’il semble de prime abord plutôt oxymorique d’imaginer que des jeunes puissent voter en masse pour un conservateur.
Les élections présidentielles de 2019
Le développement des instituts de sondage en Tunisie est une autre preuve de la régularité du processus de construction démocratique. Ces outils statistiques qui permettent de recueillir les intentions de vote des citoyen.ne.s à un moment T contribuent de manière non négligeable au déroulement des élections mais aussi des résultats. Ils font la pluie et le beau temps dans le champ politique tunisien aussi, et ont la capacité de structurer les rapports de forces entre les différentes candidatures. Les instituts principaux que sont Emrhod Consulting et Sigma Conseil publient leurs résultats en partenariat avec les médias. C’est d’ailleurs à la suite d’un sondage commandé par B.C. Essebsi qui l’annonçait perdant des élections présidentielles de 2014, que l’alliance gouvernementale avec Ennahdha a vu le jour.
Lors des élections législatives de 2019, la participation s’élevait à 41%, et à 52% au 2eme tour des élections présidentielles. On remarque dès lors un manque d’intérêt pour les élections législatives, ce qui peut s’expliquer par le manque d’une véritable culture politique électorale après des décennies marquées par l’absence de participation à la chose publique à l’échelle nationale. A cela on peut ajouter la lassitude des Tunisien.ne.s à l’égard de leurs élites politiques et notamment celles des huit dernières années. L’élection présidentielle de 2019 a vu s’affronter 2 figures atypiques, voire d’outsiders : d’une côté la sobriété conservatrice d’un professeur de droit représentée par Kaïs Saïed et de l’autre un troubadour, homme d’affaires millionnaire, surnommé le Berlusconi tunisien du fait de sa mainmise sur de nombreux médias du pays. Kaïs Saïed n’a aucune affiliation politique et va jusqu’à même revendiquer fièrement son absence de programme, clamant qu’il souhaite faire place à une « société de droit » (moujtama’ el-kanoun).
Pour réaliser cet idéal, il faudrait selon lui faire table rase de toutes les institutions en mettant en place une démocratie participative et directe à l’échelle régionale où les citoyen.ne.s éliraient leurs représentants politiques à cette échelle, cela passant par la décentralisation des institutions étatiques. Le risque étant de priver du droit de choisir ses représentants sur le plan national, rappelant la tragédie de l’organisation politique libyenne du colonel Kadhafi. Ce qui a aussi été reproché à Kaïs Saïed est sa tendance à homogénéiser le « peuple » en l’idéalisant, dans une forme fantasmagorique qui lui vaut parfois d’être, lui aussi, qualifié de populiste. Sa stratégie de placement sur l’échiquier politique suit par ailleurs celle de B.C. Essebsi : en séduisant l’électorat rigoriste et conservateur du parti Ennahdha. A cet égard, on peut citer notamment leur position commune contre la réforme de la loi concernant l'(in)égalité successorale entre hommes et femmes, grand chantier en termes de politique sociale en Tunisie. C’est à se demander si Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi ne sont pas les deux faces d’une même pièce. De plus, même si Saïed se dit indépendant, il ne semble pas embarrassé du fait qu’une frange de ses soutiens soit issue de partis politiques allant de la famille islamiste (avec ses composantes les plus radicales) aux extrémistes de gauche, en passant par les populistes et les nationalistes arabes.
Le président incarne ainsi une image neutre sur laquelle tous les pans de la société peuvent se projeter. Mais il serait naïf de penser que c’est ce qui l’a fait accéder à la magistrature suprême. Plus que par adhésion à son projet, Kaïs Saïed a remporté la victoire grâce aux voix de ceux qui ont voté contre Nabil Karoui. On voit donc que l’option du vote barrière, à défaut d’un vote engagé, est une réalité même dans une démocratie aussi jeune que celle de la Tunisie. Kaïs Saïed est donc élu président de la République tunisienne le dimanche 13 octobre, avec 72,71% des suffrages exprimés (soit 2 777 931 voix, sur un électorat comptant 7 millions d’inscrits) et un taux de participation de 55% enregistré. Il arrive largement devant son adversaire Nabil Karoui, qui était en prison pour de nombreux chefs d’accusations dont évasions fiscales, malversations, blanchiment d’argent et corruption. Cela ne l’empêche pas de se présenter aux élections présidentielles grâce à sa femme, Salwa Smaoui qui dirigeait sa campagne pour lui quand il était derrière les barreaux.
Nabil Karoui se préparait à la fonction – sinon présidentielle – politique depuis la création du parti Nidaa Tounes, en 2012. Représentant un empire médiatique à lui tout seul dans un pays où la loi sur le pluralisme des médias ne date que de 2013, il a su établir des liens importants avec le pouvoir politique. Il se fait connaître en tant que personnage public dès 2016 à travers une émission de télévision où il arpente la Tunisie afin de se faire connaître, via son association caritative « Khalil Tounes » qui vient en aide aux familles les plus défavorisées. Chaque émission commence avec un verset coranique déclarant la bonté et l’honnêteté des gens qui aident les plus démunis. Jusqu’à quelques jours avant son emprisonnement, Nabil Karoui à travers l’émission Khalil Tounes apparaissait devant 1 million de téléspectateurs sur Nessma TV afin de promouvoir une image positive de « grand frère » des pauvres, altruiste et solidaire des plus démunis : un coup de maître en communication politique. Nabil Karoui s’est donc qualifié au second tour des élections législatives sans avoir mené de campagne mais en jouant sur le pathos des tunisien.ne.s. Si K. Saïed n’avait pas vraiment de stratégie de campagne pour les élections, N. Karoui avait fondé à l’été 2019 le parti « Qalb Tounes » (le cœur de la Tunisie), qui l’opposait donc directement à l’autre grand parti majoritaire des islamo-conservateurs d’Ennahdha, avec Nidaa Tounes loin derrière. Le renouvellement du Parlement est pourtant crucial dans l’orientation du pays, bien plus que le poste de chef d’État et c’est Ennahdha, qui a remporté le plus grand nombre de sièges : 52 sur 217, devant Qalb Tounès, qui remporte 38 sièges.
Des médias (in)dépendants du pouvoir
Avant la révolution, les médias tunisiens étaient contrôlés par les proches de la famille Trabelsi-Ben Ali. Les frères, cousins, oncles et autres aïeuls du clan de Leïla Trabelsi détenaient 100% du PAT (Paysage Audiovisuel Tunisien) et le seul média indépendant était la chaîne qatarie Al Jazeera. Blogs et sites internet dissidents étaient censurés par le pouvoir central. Ce musellement par les chiens de garde du pouvoir pendant des décennies explique l’explosion des hacktivistes comme la société des Anonymous lors de la révolution, qui s’est aussi passée sur internet. La liberté de la presse a ainsi vu la légalisation de plusieurs blogs et pages internet qui étaient très actives en publiant de nombreux billets sur la politique, mais depuis l’étranger. Ainsi, le site internet « Nawaat », très critique du pouvoir et à tendance généraliste de presse d’opinion de gauche a été créé puis censuré à partir de 2004 jusqu’à la révolution de 2011.
En 2007, Nabil Kaoui lançait la chaîne Nessma TV, avec la bénédiction de Ben Ali, auquel Karoui devait faire allégeance pour pouvoir diffuser son contenu, alors très proche du dictateur qu’il avait même qualifié de « père de tous les tunisiens ». Reprenant l’analyse de J.M. Cotteret sur les positions de pouvoir aujourd’hui, il souligne que pour un ambitieux de la politique il faut savoir attirer les médias. Le pouvoir repose de moins en moins sur une légitimité élective et de plus en plus sur une légitimité médiatique.
Le problème soulevé par Cotteret est que la légitimité médiatique, ou le savoir paraître n’est pas régi par des règles démocratiques, elle dépend de la capacité à utiliser des petites phrases, à susciter des émotions et sur des caractéristiques physiques et tend à être de plus en plus essentielle dans nos démocraties. C’est par ce biais que Karoui semble agir dans son dessein d’ascension au pouvoir, en commençant par la conquête médiatique pour arriver 2eme aux élections présidentielles. La maîtrise efficace de la communication politique est une part considérable aujourd’hui dans la conquête et l’exercice du pouvoir.
La popularité de la chaîne Nessma, outre son projet maghrébin (étant aussi diffusée en Algérie, en Libye et au Maroc), provient de sa crédibilité démocratique construite dès décembre 2010, à l’aube de la révolution de jasmin. Alors que tous les médias non-étatiques sont censurés, c’est la chaîne Nessma TV qui diffuse pour la première fois un débat politique où la vérité des faits entourant l’immolation de Mohammed Bouazizi est dévoilé. La sœur du défunt en plateau s’exprime sur les conditions de l’arrestation mais aussi les traitements injustes et réguliers que son frère a subi par les policiers de Ben Ali. Autre événement qui a positionné Nessma TV et son président comme garants d’une démocratie est le procès dont sa chaîne a écopé en 2012 après la diffusion du film Persepolis pour « atteinte aux bonnes mœurs ». A ce moment, N. Karoui agit comme une victime du système et fait le tour des plateaux télévisés pour défendre sa position de « garant » de la liberté d’expression suprême en Tunisie.
Malgré l’existence d’une autorité de régulation, on constate une impuissance de la HAICA face à Nabil Karoui lors de son entrée en lice pour les élections présidentielles de 2019, car la haute autorité ne peut censurer un candidat à la magistrature suprême sous peine de non-respect de la démocratie. Alors que depuis longtemps, la HAICA tient Nessma et Karoui dans son collimateur. En effet, dès 2015, la HAICA reprochait au président de Nessma une « infraction à la loi électorale et au Cahier des charges » que l’institution est chargée de réguler. Cela vient s’ajouter aux nombreuses amendes dont Nessma TV a écopé par le passé notamment pour fortes collusions avec le pouvoir. En cause, la diffusion de publicité politique exclusive pour le parti du président Essebsi lors des élections de 2014, marquant ainsi un non-respect criant de la vie démocratique que la Tunisie est en train d’essayer de construire.
L’arrivée au second tour des élections présidentielles d’un tel personnage peut s’expliquer par le fait que N.Karoui a su séduire ou plébisciter une population qui jusque-là était en marge du processus électoral et qui s’inscrit aujourd’hui en masse sur les listes. Son intérêt pour les familles défavorisées et les dons qu’il a fait via son association caritative Khalil Tounes viennent renforcer cette idée. Néanmoins, Karoui est un fin politicien qui, en août 2019, aurait fait signer un contrat d’une valeur de 1 million de dollars entre l’un de ses proches et la société de lobbying canadienne Dickens & Madson. Selon le texte de l’accord, la boîte de lobbying devait aider N. Karoui à rencontrer Donald Trump et Vladimir Poutine, afin de lui permettre d’« accéder à la présidence » de la République tunisienne.
L’analyse des médias tunisiens s’est jusqu’ici concentrée sur la figure de N. Karoui mais il est loin d’être le seul millionnaire, homme d’affaires à la tête d’un grand réseau médiatique. L’arrestation de Sami Fehri, animateur télé mais surtout propriétaire de la chaîne « El hiwar ettounsi » (le dialogue tunisien), principale concurrente de la chaîne « Ettounisiya » (la tunisienne) représente une véritable chasse aux sorcières médiatique commencée par le président Saïed. Postulant que la bonne gouvernance et des institutions juste commencent par la représentation médiatique, il a entamé une véritable épuration du champ médiatique tunisien. Sami Fehri est en effet soupçonné de blanchiment d’argent et de signature de contrats irréguliers au nom de la société Cactus Prod, un groupe de production audiovisuelle qu’il a fondé en 2002 avec Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla Ben Ali (dont le nom de jeune fille est Trabelsi).
Il existe une véritable collusion explicite entre hommes politiques tunisiens et médias. On note ainsi que Slim Riahi, président du parti l’Union patriotique libre (UPL) est propriétaire de la fréquence d’Ettounsiya TV, l’une des chaînes les plus populaires du pays. Mohamed Ayachi Ajroudi, leader du Mouvement tunisien pour la liberté et la dignité est également un homme d’affaires et qui a racheté la chaîne d’Al-Janoubia (la sudiste) qui gagne de plus en plus en popularité. Dirigée par Oussama Ben Salem, fils de Moncef Ben Salem, figure historique du mouvement islamiste, la Zitouna TV (zitouna signifiant olive, produit phare en Tunisie) passe pour le relais médiatique direct du parti Ennahdha. Les financements de cette chaîne, ainsi que celles de la chaîne Al-fajr (« le lever du soleil » mais aussi nom de la première prière musulmane de la journée) et de Tunisia News Network (TNN) catégorisées elles aussi comme pro-islamistes, proviennent toutes des pays du Golfe et diffusent sans autorisation légale, depuis des satellites étrangers, rendant impossible l’intervention directe de la HAICA. Devenus de véritables antennes politiques pour les tendances de droite, ces chaînes de télévision jouent sur l’ambiguïté et profitent du fait que le code électoral ne prévoit pas de sanctions pour les violations de la répartition du temps de parole des candidats via des chaînes satellitaires basées à l’étranger.
L’État des médias révèle-t-il la santé d’une démocratie ?
La jeune démocratie tunisienne semble suivre les codes hérités de la bonne gouvernance, scrutée par de nombreux observateurs étrangers, elle s’applique, telle une bonne élève, à mettre en place les institutions politiques et médiatiques nécessaires au maintien d’un État de droit garant des libertés individuelles. La démocratie est un système politique où le pouvoir du peuple, exprimé à travers des organes représentatifs, permet d’élire les gouvernants. Cette formation politique garantit ainsi un certain nombre de libertés que la Tunisie a acquis au cours de la dernière décennie : liberté de la presse, d’opinion, d’expression, etc. Elle insiste également sur la pluralité des médias, qui sont les garants des principes évoqués. Les liens entre partis politiques, élections et médias sont on ne peut plus forts en Tunisie, du fait de la longue période autoritaire où le pouvoir dictatorial menait l’ensemble sans distinctions ni indépendances. Néanmoins, les luttes contre la corruption et l’emprisonnement des magnats manipulateurs des médias qui ne respecteraient pas les conditions du jeu démocratique sont punis et appartiendront bientôt au passé. Comme le rappelle le fameux adage arabe populaire : « ili fet, met » : ce qui est passé, est mort.
Sabrina Jebari
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