« Si les Balkans n’existaient pas, il faudrait les inventer » Maria Todorova et son « imaginaire des Balkans »

« Si les Balkans n’existaient pas, il faudrait les inventer » Maria Todorova et son « imaginaire des Balkans »

« Un spectre hante la culture occidentale, le spectre des Balkans » ; c’est par cette phrase que débute L’Imaginaire des Balkans, un ouvrage écrit par l’historienne bulgare Maria Todorova et qui vise à retracer l’histoire du terme « Balkan » et des stéréotypes qui lui sont associés.

Sa première publication en 1997 intervient dans un contexte politique précis, les quelques années qui séparent le conflit bosnien (1992-1995) de la guerre du Kosovo (1999). À cette époque, journalistes (Robert Kaplan et son livre Les Fantômes des Balkans), artistes (Emir Kusturica et sa palme d’or pour Underground) ou polémistes (Bernard Henri Levy et son Bosna !) créent la controverse en prenant parti pour différents acteurs, tout en analysant la région à travers un prisme culturaliste.

Face à tout ce « brouhaha » médiatique entretenu par ces faiseurs d’opinion, L’Imaginaire des Balkans tient lieu de réponse académique à ces thèses qui se disent scientifiques.

Hundertwasser Balkans
Irinaland over the Balkans – Tableau de Friedensreich Hundertwasser (1928-2000)

Todorova vient analyser sur plusieurs siècles les grandes œuvres littéraires, écrits journalistiques ou déclarations politiques qui ont abouti à la création de l’image négative et barbare de la région. Elle introduit aussi un concept, le « balkanisme » à savoir l’ensemble des discours stéréotypés qui ont crée l’image désastreuse de la région.

L’ouvrage a une vocation politique claire, expliquer pour mieux comprendre et ainsi sortir des stéréotypes. Ses remerciements en début d’ouvrage en résument bien la portée : « à mes parents de qui j’ai appris à aimer les Balkans sans en avoir le besoin de montrer ni honte ni fierté ».

Les Balkans et leur origine

Les Balkans sont des montagnes séparant l’Est et l’Ouest bulgare, aussi connues sous le nom de « Haemus » (latin) ou Aemus (grec). Son synonyme, « Péninsule des Balkans », renvoie à une croyance erronée, celle faisant de cette montagne une chaîne de montagnes reliant l’Adriatique à la mer Noire. Alternativement, les Balkans sont aussi appelés « Europe du Sud-Est », mais son utilisation par le régime nazi rendit son emploi controversé jusqu’il y a encore peu.

Enfin la « balkanisation » est un terme apparu après la Première Guerre mondiale afin de décrire le démantèlement des empires russe et austro-hongrois. Il désigne le processus de fragmentation d’unités géographiques ou politiques en de petits États dont la viabilité demeure discutable. Ce terme, remis au goût du jour lors des conflits yougoslaves, témoigne de la réémergence d’un barbarisme qui n’avait pas été vu en Europe depuis les années 1940.

Mais alors, qu’est-ce que les balkans selon l’auteure ? Todorova s’accorde pour dire que la région n’est pas correctement définie. Intègre-t-elle la Slovénie ou la Croatie dans son intégralité ? Peut-on y inclure la Hongrie du fait de son héritage ottoman ? Personne ne s’accorde pour l’affirmer.

Elle en conclut que ce concept constitue un « Nomen Nudum », un terme à l’apparence scientifique mais qui n’a jamais été défini scientifiquement. D’une définition hésitante se sont ajoutées des images et connotations péjoratives qui ont abouti à un mot vide, sans être complètement dénué de sens.

Stéréotypes et auto-désignation, que pensent les Balkans d’eux-mêmes ?

Le monde extérieur voit la région des Balkans de manière négative, mais qu’est-il des peuples eux-mêmes ? Les stéréotypes ont-ils été intériorisés par les populations de la région ?

Dans un second chapitre, l’auteure détaille ce que chaque discours ou roman national dit sur sa propre « balkanité ». La Grèce se considérerait grecque, européenne, puis enfin balkanique. Les Yougoslaves, eux, leader d’un bloc non-aligné. Les Bulgares, par opposition, sont les seuls qui associent le terme à des images positives. (Mais en aurait-il pu être autrement ? La montagne des Balkans a contribué à la définition du peuple bulgare.

Todorova développe la thèse d’une auto-stigmatisation des différents peuples des Balkans, en se rapprochant du concept « d’orientalisme » cher à Edward Saïd. Les Balkans sont conscients de leur propre condition et ont essentialisé les différences et stéréotypes à un tel point qu’ils les utilisent pour se hiérarchiser eux-mêmes. Un Serbe est plus « Balkanique » qu’un Slovène, mais le sera toujours moins qu’un Albanais. En clair, chaque personne se retrouve réceptive à ce stigmate et le reporte sur autrui afin de mieux se définir soi-même. Pour Todorova, il en résulte que les Balkans sont intensément conscients de leur propre balkanisme. Ils sont entre l’Occident et l’Orient et font office de pont.

C’est l’Occident qui, par sa puissance politique, idéologique et économique a réussi à forger ces stéréotypes tout en s’érigeant comme standard à atteindre. L’Orient est lointain mais les Balkans sont plus proches et entre les deux, c’est le fameux pont entre les cultures symbolisé par le pont latin à Sarajevo où l’archiduc François-Ferdinand fut assassiné. En conséquence, les Balkans ne rentrent pas exactement dans certaines cases, ils sont mouvants et leur absence de clarté a influencé une partie de leur image.

La relation de l’Occident avec l’Orient et les Balkans est une relation totalement asymétrique, car le premier dicte les règles d’un jeu auquel les autres doivent se conformer. L’auteure en conclut qu’elle ne croit pas en un changement radical des perceptions dans les années à venir.

La grande histoire de la découverte des Balkans

« Un voyageur doit se garder de l’enthousiasme s’il en a, et surtout s’il n’en a pas. » — Helmuth von Mocke

Les récits d’avant le XIXe siècle témoignent d’une bienveillance occidentale à l’égard des provinces ottomanes. En effet, efficacité de l’administration et de l’armée, absence d’alcoolisme ou tolérance vis-à-vis des minorités ont laissé un sentiment assez positif auprès des diplomates français ou vénitiens. Le XIXe siècle constitue un point de basculement du fait de l’influence conjointe des Lumières, de l’imprimerie et de la révolution industrielle.

D’après M. Todorova, les philosophes des lumières et leur croyance en un progrès linéaire ont développé une grille de lecture binaire : progressiste ou réactionnaire, industrialisé ou agricole, avancé ou en retard, , « éclairé » ou non, qui a considérablement influencé les images d’époque.

La recherche des racines de la civilisation européenne a développé le philhellénisme en Occident ainsi que la cause bulgare du côté russe. Le progrès est sur toutes les lèvres, et les Ottomans sont critiqués pour leur retard sur la question.

L’auteure se réfère pour cela aux récits de voyages du XIXe siècle, tout en les croisant avec les archives diplomatiques d’époque et le opinions publiques occidentales. C’est donc un ménage à trois qui est à l’œuvre où toutes les différentes parties ont une influence sur les autres.

Chateaubriand et son « Ne voyez jamais la Grèce, Monsieur, que dans Homère. C’est plus sûr. » est symbolique d’un courant qui se trouve déçu par le manque de continuité entre la Grèce antique et la Grèce moderne. Pour autant, ils éclaireront la détresse des populations slaves et rendront les opinions publiques sensibles à ces questions.

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Trajet d’Alphonse de Lamartine en Orient et dans les Balkans (1832-1833) http-_asautsetagambades.hautetfort.com_media_00_01_1083887172.png

De même, l’historienne croit en un lien entre découverte de l’oppression des populations chrétiennes des Balkans et pauvreté de l’époque victorienne. La découverte de cette cause et l’engagement émotionnel qui s’en suit contrebalance l’indifférence vis-à-vis des pauvres de l’Angleterre de l’époque. Les élites se sont données bonne conscience, tout en évitant soigneusement la question épineuse des inégalités anglaises du XIXe siècle.

Par ailleurs, elle dénonce le biais des auteurs de l’époque, auteurs qui ont analysé la région à travers un prisme aristocratique ou bourgeois. La vision aristocratique des écrivains méprise la paysannerie locale et éprouve une certaine sympathie pour l’élite ottomane, tandis que les auteurs d’origine bourgeoise fustigent l’irrationalité et le manque d’éducation des populations locales. D’après les observateurs, les Balkans ne sont ni prêts pour leur indépendance, ni prêts pour leur propre développement. Pire, ils risqueraient de tomber sous l’influence des Russes et se faire manipuler. La géopolitique régionale de l’époque s’invite dans la définition des Balkans…

Enfin, Todorova convoque opportunément l’auteur de théâtre George Bernard Shaw et sa pièce L’Homme et les armes, afin de décrire le biais romantique de l’époque. Sa pièce est une comédie décrivant la rencontre entre la folie romantique (nationaliste), et la réalité du terrain. Selon Shaw, le XIXe siècle consiste en une collision entre idéologie romantique et réalité factuelle. Le romantisme et l’idéalisme de l’époque ont permis l’émancipation des Balkans en appuyant les mouvements d’émancipation nationale, tout en affublant la région d’images qui deviendront des stéréotypes plus tard.

« De la découverte à l’invention puis de l’invention à la catégorisation »

Au XIXe siècle, Il existait déjà une dénomination accompagnée d’une image ; le XXe siècle sera celui de la catégorisation du concept.

La « cause des Balkans » s’est avérée être une véritable déception et pose la question du culturel et de l’inné balkanique. Les violences de Macédoine post-traité de Berlin[1], le régicide serbe de 1903[2], les guerres balkaniques de 1912 et 1913 ou encore l’assassinat de François-Ferdinand sont des exemples qui ont particulièrement nui à l’image de la région. Afin de décrire les conséquences de la fin de l’Empire austro-hongrois, le terme de « balkanisation » fut crée. Les Balkans, bouc-émissaire tout trouvé pour expliquer le déclenchement de la 1ère guerre mondiale, ont permis d’évacuer les frustrations politiques d’époque.

De même, l’entre-deux-guerres et sa recherche raciste de classification entre les peuples ont gardé une certaine influence sur les modes de pensée d’aujourd’hui. Les Balkans, déviation de l’Orient, sont vus comme un facteur d’instabilités du fait de leur complexité ethnique. Pour autant, personne ne questionne la viabilité du concept d’État nation dans cette région.

La guerre froide quant à elle est révélatrice d’un mode de pensée spécifique car les « Balkans » ont disparu au profit du terme communiste « Europe de l’Est », ou du « mouvement des non-alignés ». C’est à la chute du communisme et pendant les guerres de Yougoslavie que le « barbarisme balkanique » est réapparu. Des brigands de l’époque médiévale aux paramilitaires des années 1990, le raccourci est fait. L’utilisation du viol comme arme de guerre montre le décalage de la région avec l’occident.

Dans le chapitre suivant, l’auteur apporte un éclairage intéressant sur les liens entre redécouverte du terme « Europe centrale » et la région des Balkans. L’objectif d’entrée dans l’Union européenne vise à se séparer de l’influence russe au profit de l’Occident quand l’ex-Yougoslavie s’enfonce encore plus dans la guerre.

C’est surtout dans ces deux chapitres que l’auteur se penche sur la portée des mots dans l’imaginaire collectif. Une perception ou un fait social peut créer des différences, mais c’est surtout son degré d’institutionnalisation qui les rend potentiellement explosives. Les politiciens ou journalistes ont ainsi leur part de responsabilité car il participent à l’institutionnalisation de ces différences. C’est la politique plutôt que la géographie qui tend à définir qui appartient à l’Europe et qui n’y appartient pas.

« Laisser penser à la Turquie qu’elle peut entrer dans l’UE est une erreur monumentale. (…) Je persiste et je signe ! La Turquie est en Asie mineure, elle n’est pas en Europe. » – Nicolas Sarkozy[3]

Que sont in fine les Balkans ?

Selon Maria Todorova, les Balkans sont une région où l’héritage ottoman est présent et où les références à cette période de l’histoire ont façonné les stéréotypes de ces derniers. Un des angles de l’auteure est de considérer la région comme une symbiose entre culture turque, islamique et byzantine.

D’un point de vue politique néanmoins, les États des Balkans sont les produits des luttes entre les grandes puissances de l’époque. Le traité de Berlin de 1878 en est le symbole, car il a profondément affecté le développement de la région. De plus, les Ottomans n’ont pas contribué au développement d’une élite locale et politique : les indépendances ne furent pas suivies d’une continuité (politique) locale.

En outre, l’absence d’une aristocratie accompagnée d’une paysannerie libre et une bourgeoisie faible constituent un héritage économique laissé par la période ottomane. De même, les Ottomans n’ont pas légué d’élites culturelles locales, mais ont crée un cadre où la culture byzantine a survécu et prospéré. La gastronomie, l’architecture ou la musique sont autant d’autres éléments qui participent à l’idée d’un héritage ottoman.

L’auteure met beaucoup l’accent sur les difficultés posées par l’implantation de l’État nation dans la région. Cette mise en place a posé de nombreux problèmes du fait de l’hétérogénéité des populations et de l’absence de différentes consciences locales nationales. L’Empire ottoman n’a jamais tenté d’assimiler les populations locales, et ces populations ne se sont jamais considérées comme ottomanes. Les groupes de populations se différenciaient en fonction de leur appartenance religieuse et linguistique, et les seuls points communs étaient l’impôt et une bureaucratie partagée.

Les différentes idéologies nationales ont donc utilisé la langue et la religion comme critères de différenciation. Malgré des migrations massives, l’utilisation de l’armée et de l’école comme socle commun aux sociétés, aucun des États n’a réussi à assimiler complètement ses différentes populations. Les oppositions linguistiques comme religieuses (catholicisme contre orthodoxie, christianisme contre islam) ont marginalisé ceux qui n’entraient pas dans l’image idéalisée de chaque nation.

De surcroît, l’idée d’une dé-ottomanisation des sociétés après les indépendances s’est confrontée un problème factuel, l’impossibilité de différencier culture locale et culture ottomane.

L’héritage ottoman commun consiste ici en l’existence de problèmes et de tensions posées par l’établissement du concept d’État nation. Encore aujourd’hui, la question de l’héritage ottoman est un des piliers des discours nationaux, et fait référence à des évènements historiques communs dans tous les Balkans.

Tel Dr. Jekyll et Mister Hyde, il existe d’un côté l’Europe civilisée et de « l’autre » les Balkans. Le supposé « barbarisme » des Balkans n’est autre qu’un bouc émissaire imaginé pour mieux consolider le caractère civilisé de l’Occident. Quand certains politiciens appellent à « débalkaniser la poudrière des Balkans », Todorova souhaite une « déprovincialisation » de l’Europe occidentale, où l’Europe de l’Ouest arrêterait de se comporter comme un centre (et unique dépositaire de la civilisation) vis-à-vis d’une périphérie balkanique concentrant tous les maux. C’est en cela que réside l’idée d’un « balkanisme », l’existence d’un discours qui a crée une image tenant lieu de grille d’interprétation unique vis-à-vis des Balkans.

L’Imaginaire des Balkans de Maria Todorova est un ouvrage qui constitue une des références sur la question. Il a le mérite de déconstruire patiemment un discours pour mieux expliquer les fondements des stéréotypes qui affectent la région. Clairement à contre-courant de ce qui était à l’époque écrit et débattu, l’historienne renverse les stéréotypes en venant rappeler les propres implications de l’Occident dans la formation du balkanisme.

En outre, l’inclusion judicieuse d’un chapitre sur la réémergence du concept d’Europe centrale enrichit la thèse du « balkanisme », en proposant une grille d’interprétation Europe centrale-Balkans. L’ouvrage, fourmillant de références littéraires, pousse le lecteur à se plonger dans des classiques de la littérature pour mieux comprendre la théorie du balkanisme. L’ouvrage possède cependant le défaut de ses qualités en pêchant par sa complexité et par un manque de catégorisation des idées.

Enfin la question d’une troisième édition mise à jour est posée car le balkanisme a très largement évolué aujourd’hui. De même, cette théorie n’est pas dénuée de critiques. Dans un ouvrage publié récemment, l’anthropologue Marianne Mesnil critique le balkanisme comme attitude « auto-dénigrante » qui dénie le « pouvoir de fascination » de la région. Et si, comme disait cette dernière, le pouvoir de fascination des Balkans résidait en « la confrontation avec une société qui n’a pas subi, comme l’Occident, les refoulements produits au cours de plusieurs siècles par les contraintes de la « “civilité” » ?[4]

Fabien Segnarbieux

Bande Annonce du film documentaire « L’esprit des Balkans »

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=suzJWkVgScg]

[1] Le traité de Berlin (1878) revient sur le traité de San Stefano signé 3 mois plus tôt entre les diplomaties russes et ottomanes. Il vient notamment déclarer l’indépendance de la Roumanie, confirmer l’indépendance du Monténégro et de la Serbie (tout en modifiant leurs frontières) et permettre l’occupation de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie. Ce tracé des frontières sera ensuite remis en cause par les guerres des balkans de 1912 et 1913

[2] Le coup d’État de mai 1903 vit l’assassinat sanglant du roi de Serbie Alexandre 1er Obrenovic par une fraction conspiratrice de l’armée serbe.

[3] Entretien pour Europe 1 le 02 décembre. <http://www.europe1.fr/politique/sarkozy-la-turquie-ne-doit-pas-etre-membre-de-lunion-europeenne-2629425>

[4] Mesnil, Marianne, 2016 « Les Balkans, un espace imaginé par l’Occident ? », Le Courrier des Balkans, 16 Juillet 2016, Disponible sur : <https://www.courrierdesbalkans.fr/articles/les-balkans-un-espace-imagine-par-l-occident.html>

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