20 ans après : la ville de Hong Kong entre îlot démocratique et gouvernement autoritaire

20 ans après : la ville de Hong Kong entre îlot démocratique et gouvernement autoritaire

En 1984, Margaret Thatcher et Deng Xiaoping trouvaient un accord prévoyant un retour progressif de Hong Kong au sein de la République Populaire de Chine (RPC). D’après leur Déclaration conjointe, texte déposé aux Nations Unies, le processus de réintégration devait débuter en 1997. Quel est donc aujourd’hui le bilan de ces quelques vingt dernières années, et comment analyser les transformations de la ville? Il semble que le retour dans le giron de Pékin ait eu des conséquences significatives. Que signifie donc, 20 ans après, l’expression « un pays, deux systèmes » (“一国两制”), que Deng Xiaoping avait avancée en 1997 ?   

 

Une intégration économique aux conséquences sociales importantes pour Hong Kong

Hong Kong est rattachée à la RPC, mais dispose d’un statut propre, en tant que Région Administrative Spéciale (RAS). Peuplée de 7 millions d’habitants, l’île dispose d’une législation lui permettant de faire fonctionner une économie “ultra-capitaliste” : la main-d’oeuvre locale est qualifiée et anglophone, la fiscalité pour les entreprises internationales est nulle, les capitaux circulent librement et sans contrôle de changes et les banques garantissent la confidentialité des données à leurs clients. Grande place financière, Hong Kong est aussi considéré comme un paradis fiscal, et n’est même pas systématiquement cité comme tel par les organismes internationaux. 

Un chiffre demeure particulièrement marquant. A la veille de la rétrocession, Hong Kong représentait 27% du PIB chinois. Ce n’est plus que 3% en 2018, et des économistes prédisent que le poids économique de la ville au sein de l’ensemble chinois tendra encore à diminuer, selon les scénarios les plus probables. Dans cette perspective, la question des causes de la rétrogradation de la ville se pose inévitablement.

Pourtant, la principale explication n’est sans doute pas directement liée à la rétrocession elle-même. Hong Kong était déjà une ville développée dans les années 1990 et exploitait une bonne partie de son potentiel économique en faisant usage des dernières technologies. A l’inverse, au même moment, la Chine était encore une pays au développement très parcellaire. Seules quelques métropoles se distinguaient par leur avancée, mais Shanghai elle-même était à l’état de friche. La décennie 1990 a constitué un point de départ pour la Chine telle que nous la connaissons aujourd’hui : les politiques d’ouverture, ou de « modernisation », lancées par Deng Xiaoping en 1978 commençaient à peine à produire des effets. De même, la Chine appliquait une ligne idéologique encourageant ses ressortissants à masquer leurs réelles capacités, attendant son heure pour briller. Aussi, les deux dernières décennies ont été véritablement celles de l’envolée des performances chinoises. Ces avancées fulgurantes ne pouvaient donc tout simplement pas être suivies par Hong Kong, qui ne pouvait que compter sur son avance. Ainsi, l’arrivée des entreprises chinoises a pu faire augmenter le PIB en valeur absolue de Hong Kong, sans que cela ne suffise pour contrebalancer la perte en proportion de l’importance de l’île dans l’ensemble chinois.

D’autre part, il faut souligner l’arrivée massive de Chinois sur l’île après la rétrocession, notamment de riches hommes à la recherche de marges de libertés qui ont capté les flux de richesse produits dans la ville. Deux secteurs peuvent servir d’exemple : les médias et l’immobilier. Au cours des années 2010, le paysage médiatique a subi plusieurs transformations de taille, notamment la détérioration de son industrie et l’essor des technologies des médias numériques. Durant cette phase de transition, les coûts de possession d’un organe de presse ont augmenté, d’autant que les perspectives de profit nées avec l’adhésion de la Chine à l’OMC (2) en 2001 se sont vite refermées. La distribution des produits de divertissement venus de l’étranger est en effet restée très contrôlée par le gouvernement, qui veut autant se protéger de toute attaque idéologique éventuelle, que promouvoir son industrie cinématographique nationale dans un souci de “soft power” (Nye, 1990). La détérioration de l’environnement commercial pour les médias hongkongais a eu un effet sur leur capacité à jouer leur rôle de garde démocratique. Les budgets des salaires se sont réduits et ont entraîné des vagues de licenciements. Les ressources, humaines et économiques, nécessaires pour enquêter et mettre en place des programmes critiques se sont faites plus rares. De fait, la perte de qualité des programmes proposés, et la méfiance des citoyens à l’égard du numérique, ont conduit à une accélération de la déconsidération des médias sur l’île. Les anciens patrons de journaux cédaient parfois volontiers le siège qu’il occupaient depuis des années, déconsidérant eux-même le tournant qu’avait pris leur activité. Ces mutations ont eu un impact sur la façon dont les patrons de la presse calculent leur rapport coût-avantage, contribuant à l’arrivée de capitaux chinois dans le monde des médias hongkongais.

Dans le domaine de l’immobilier, l’ouverture du marché de Hong Kong aux Chinois à partir de 2000 a eu un effet fortement inflationniste. Les prix ont flambé de 137% depuis la crise des Subprimes en 2008. 30% des ménages, soit 2 millions de personnes, vivent aujourd’hui dans des logements sociaux subventionnés par les autorités. Les anciens propriétaires hongkongais ont pu en profiter, alors que la grande part des locataires a énormément perdu. Les clivages et inégalités se sont donc accentués entre résidents originaires de l’île et continentaux, ainsi qu’entre propriétaires et locataires hongkongais. En 2016, le coefficient de Gini (3) a atteint 0,539, son plus haut niveau depuis 40 ans. Encore une fois, les capitaux chinois se sont emparés d’une partie du marché, et bénéficient à premier titre du retour de Hong Kong sous le gouvernement de Pékin.

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L’ouverture du marché de Hong Kong aux Chinois à partir de 2000 a eu un effet fortement inflationniste. Aujourd’hui 30% des ménages, soit 2 millions de personnes, habitent des logements sociaux subventionnés par les autorités. 

Les conséquences de cette intégration économique plutôt ratée sont complexes et nombreuses. Une part des élites hongkongaises a beaucoup gagné avec l’ouverture de la ville aux flux continentaux de personnes et de capitaux, et vote pour les partis pro-gouvernementaux aux élections. De l’autre côté du spectre politique, se retrouve une population plus modeste, des classes moyennes qui ont vu leurs conditions sociales se détériorer depuis une vingtaine d’années. C’est parmi ces derniers que le vote dit « localiste » est le plus répandu. Le terme de “localisme” désigne plus largement un mouvement politique qui se concentre sur la préservation de l’identité et de l’autonomie de Hong Kong.  Les jeunes sont également majoritairement anti-Pékin. Le coût des études a beaucoup augmenté, et les perspectives d’embauche se sont fortement réduites. Les frais d’inscription universitaires s’élèvent en moyenne à 73.000 euros. Ce sentiment de déclassement, accompagné d’une conscience politique attachée aux valeurs démocratiques historiques de Hong Kong, amène ainsi une large part de la population à rejeter tout ce qui vient du gouvernement central chinois.

 

Une redéfinition de la démocratie sur un modèle chinois plutôt qu’anglo-saxon

 

Selon le principe « Un pays, deux systèmes », Hong Kong devait garder ses libertés, notamment celles d’expression, d’association et de la presse, ou plus généralement de l’édition, en somme ce qui existait durant l’époque britannique, qui aura duré plus de 150 ans. Le souhait des Hongkongais allait même souvent plus loin dans le sens d’un approfondissement de la démocratie. Le gouverneur de Hong Kong était directement nommé par le gouvernement britannique avant 1997, et seulement environ un tiers des législateurs de l’assemblée de Hong Kong étaient élus au suffrage universel direct. Malgré cela, la vie politique demeurait très riche et les libertés fondamentales respectées, ce que le gouvernement chinois s’est engagé à maintenir lors des négociations sino-britanniques des années 1980, tout comme il avait promis d’instaurer, à terme, l’élection au suffrage universel direct du chef de l’exécutif hongkongais. Hong Kong était en effet un refuge pour tous les opposants au régime dominant la Chine communiste. Des intellectuels s’y réfugiaient pendant la période de reprise de la guerre civile entre 1946 et 1949, puis les partisans du Guomindang, ou les militants d’autres partis après 1949 se sont précipités sur la ville pour fonder des écoles ou enseigner dans les écoles. Les victimes des événements de Tiananmen en 1989 qui ont gagné Hong Kong étaient même représentés par des élus au gouvernement de la ville.

Cependant, les valeurs civiques de Hong Kong semblent de moins en moins pouvoir aller de pair avec le nationalisme chinois, ce dernier n’interrogeant pas ce que souhaite la population. Depuis une dizaine d’années, le lien entre les deux est mis à mal. L’arrivée massive de Chinois continentaux donne le sentiment aux hongkongais d’une prise de contrôle, parfois visible et parfois invisible, de toutes les institutions locales. De l’implantation de fonctionnaires continentaux dans l’administration à la reprise de la direction des entreprises par des magnats chinois, les exemples ne manquent pas. L’acquisition du South China Morning Post par Alibaba est parmi les plus cités, pour rester dans le domaine des médias. D’autre part, les juges demeurent indépendants mais subissent des pressions. Par exemple, sept policiers ont été condamnés en février 2017, pour avoir agressé un militant pro-démocrate lors des manifestations de 2014 (voir plus bas). Les médias ralliés à Pékin avaient alors lancé une campagne visant à remettre en cause l’impartialité du système judiciaire de Hong Kong, et par là, à le délégitimer.

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Carrie Lam devient Cheffe de l’Exécutif le 1er juillet 2017

Aux élections du Chef de l’Exécutif, toutes les organisations qui se définissent comme des partis politiques n’ont pas l’autorisation de présenter des candidats. Ce chef est en effet élu par un collège électoral de 1194 personnes, devant lui-même être approuvé par Pékin. De fait, il est évident qu’il ne peut pas y avoir de Chef de l’Exécutif qui ne plaise pas à Pékin… Ainsi, le 1er juillet 2017, la nouvelle Cheffe de l’Exécutif, Mme Carrie Lam, prêtait serment dans un Hong Kong assiégé par vingt escadrons de l’Armée Populaire de Libération, postés en protection du Président Xi Jinping venu pour l’occasion des vingt ans de la rétrocession autant que pour inaugurer la prise de pouvoir de Mme Lam. L’arrivée au pouvoir de cette dernière avait tout de même permis une détente entre pro-démocrates et pro-Pékin, bien que nombre d’opposants la perçoivent comme une “marionnette de Pékin”. L’affaire de l’Express Railway Link co-location est emblématique de ces tensions internes. Bien que voté en 2010 après une année de négociations, le projet d’une ligne de chemin de fer reliant en quarante minutes l’île et Guangzhou, sur le continent, n’est inauguré qu’en 2018 par Mme Lam. Cette ligne a fait l’objet de  controverses car elle marquait l’entrée en vigueur inédite du droit pénal chinois sur le sol de la Région Administrative Spéciale de Hong Kong, en partie dans la gare, et dans les trains. La cérémonie d’inauguration a ainsi été boycottée par une partie des dirigeants démocrates. A cette occasion, Mme Lam a prononcé un discours pour justifier ses positions. Selon elle, cette nouvelle connection avec le continent permettra de renforcer les liens entre deux sociétés, et d’amplifier les échanges économiques. Peut-être plus controversé encore, elle sermonnait ses concitoyens : “Certains juristes hongkongais ont une mentalité élitiste ou une appréciation en deux poids, deux mesures, c’est à dire qu’ils considèrent le système légal hongkongais suprême, et celui de la métropole – un grand pays de 1.3 milliards d’habitants- mauvais. » 

D’autre part, le non respect des engagements du gouvernement de Pékin vis-à-vis de Hong Kong a mené à plusieurs mobilisations issues de la société civile. En 2012 par exemple, la tentative d’instaurer un enseignement du patriotisme chinois à l’école a mis le feu aux poudres une première fois. M. Leung Chun-ying, qui était alors Président de L’Exécutif, avait tenté d’imposer un programme d’« éducation patriotique », basé sur des manuels scolaires exaltant « l’harmonie, l’identité et l’unité nationale » et un renforcement de l’usage du mandarin. Ses discours présentaient le Parti Communiste Chinois (PCC) comme une organisation « progressiste, altruiste et unitaire », et ignoraient les errements du maoïsme et le mouvement social à la fin tragique d’avril-mai 1989. Des lycéens se sont regroupés autour de Joshua Wong (qui avait 16 ans lors des événements) et de son mouvement Scholarism, afin de mobiliser la population et de faire échouer la réforme. Deux ans plus tard, ce sont à nouveau des jeunes qui initient le Mouvement des Parapluies, réclamant le droit de choisir librement leurs dirigeants politiques. Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont mobilisées pendant près de trois mois, sans que Pékin ne cède. La rupture entre le gouvernement chinois et une partie de la population est entérinée à ce moment-là, alors qu’émerge un courant indépendantiste inédit dans l’histoire de la ville. Le choix des symboles et des pages de l’histoire révèle encore cette fracture : les étudiants ne participent plus à la journée de commémoration des événements de 1989 à Tiananmen, quand bien même Hong Kong est la seule ville chinoise où elle est encore autorisée. En effet, à l’issue du Mouvement des Parapluies, la Fédération des étudiants, qui est une organisation représentative de huit universités de l’île, a changé de majorité et adopté une ligne « identité hongkongaise ». Ses membres considèrent à partir de ce moment que l’histoire de la Chine continentale, à laquelle appartient Tiananmen, n’est plus leur histoire.

HONG KONG INES
Des étudiants, les bras croisés en l’air, pour prouver qu’ils ne portent pas d’armes, mais aussi en symbole de leur désapprobation envers l’action du gouvernement. Au dessus, une reconstruction du meeting entre Deng Xiaoping et Margaret Thatcher concernant le futur de Hong Kong en 1984. (1)  // Source: South China Morning Post, publié à Hong Kong.   

Dans cette perspective, le nationalisme chinois fondé sur des bases ethniques, qui a réussi en 1984 à obtenir le retour de Hong Kong au sein de la RPC, s’est montré dans un second temps incapable de gérer une population différente de par son éducation, son mode de vie et de pensée, déjà convertie au libéralisme et au capitalisme depuis plus de 200 ans. D’après un sondage réalisé en 2015, seulement 4% des 18-35 ans hongkongais se définissent avant tout comme chinois. Globalement, à l’échelle de la société hongkongaise, l’identification en tant que chinois est en déclin par rapport à l’identification hongkongaise. Pas moins de 40% de la population de l’île tend à se définir comme métis. Le sentiment d’incompréhension entre hongkongais et chinois s’est parfois mué en haine, à l’encontre de celui qui parle le mandarin plutôt que le cantonais ou du touriste continental irrespectueux. Du reste, l’afflux d’immigrés, atteignant 500 000 en dix ans, ainsi que de visiteurs continentaux qui forment les trois quarts des 56 millions de touristes recensés en 2016, suscite une hostilité grandissante. Et ce, en dépit de l’impact économique de ces visiteurs : ces populations nouvelles sont à l’origine de 5% de la création de richesse locale. Il est également reproché aux Chinois du continent de profiter des services publics et sociaux, notamment des hôpitaux, de peser sur le système scolaire, de créer des pénuries de certains produits de première nécessité, comme le lait en poudre, et de manquer de civisme. Récemment, le phénomène des “bébés ancre” a notamment suscité une controverse : des mères de Chine continentale venaient accoucher sur l’île pour profiter des hôpitaux publics, et leur nombre sans cesse croissant avait conduit le gouvernement local à durcir sa législation en la matière. Ces mères ne peuvent désormais plus venir accoucher dans des établissements publics.

Pour donner corps à ce sentiment de rejet, une nouvelle force politique s’était affirmée dans les années 2010 sur la scène hongkongaise, désignée sous le nom de « localisme ». Ce mouvement s’est constitué dans l’interaction entre les contestations à l’encontre de la « continentalisation » de Hong Kong et les mobilisations sur les réseaux sociaux ainsi que dans les sphères intellectuelles. Une partie de la population se reconnaît dans un localisme plutôt de gauche, préoccupée de revendications sociales et égalitaires. Une autre, caractérisée par de hauts revenus, entend surtout préserver ses intérêts locaux de l’arrivée des continentaux. Le mouvement « localiste » ne participe officiellement à la vie politique que depuis le Mouvement des Parapluies. Toutefois, alors que ces revendications émergentes venait de se faire une place dans la vie politique, le régime s’est empressé de se retourner contre lui pour l’écarter du système. Les trois dirigeants en faveur du suffrage universel ont été emprisonnés courant 2016, dont Joshua Wong.

Ainsi, une partie de l’opposition est désormais considérée illégale : l’opposition dans son ensemble se trouve fragmentée entre celle qui est encore acceptée par un système politique hybride et celle qui est marginalisée par une répression judiciaire et extra-judiciaire.

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Du climat pluvieux qui caractérise l’île est né le symbole des protestations : les parapluies jaunes.

En définitive, au fil des vingt dernières années, la rétrocession de Hong Kong par les Britanniques a paru initier une dynamique de restriction des libertés individuelles et collectives. La situation semble s’être peu à peu renversée : autrefois métropole dominante, Hong Kong tend à n’est plus qu’un centre économique chinois parmi les autres. La ré-appropriation de la ville par Pékin a détourné le flux de production des richesses, qui retombe désormais plus facilement dans le portefeuille de Chinois continentaux que dans celui des Hongkongais. Le sentiment d’injustice et d’inégalités grandissantes, associé à la peur de la répression, a exacerbé les tensions entre la société locale et le gouvernement central.

Le passage du statut de dominant à celui de dominé n’est jamais facile à accepter. Pour autant, il ne s’agit pas de conclure que l’expression « un pays, deux systèmes » est désormais caduque. Au contraire, l’érosion des libertés a conduit à une prise de conscience de l’importance de la défense du système démocratique au sein d’une partie de la population de la ville. Paradoxalement, c’est depuis l’annonce du rattachement que les hongkongais ont mis en avant leur particularisme et leur identité comme base de revendication politique. Hong Kong est par ailleurs encore un îlot protégé de la soumission totale. La situation est compliquée à analyser, dans la mesure où la constitution particulière de l’île et celle du continent n’attribuent pas toujours de manière claire les compétences et prérogatives de chacun. A titre d’exemple des marges de libertés encore existantes, citons les commémorations de la répression des événements de Tiananmen en 1989 qui sont encore organisées chaque 4 juin. Les démocrates en profitent pour faire entendre leur voix, et demander à Pékin de revenir sur la qualification de ces événements de « rébellion contre-révolutionnaire ». De même, dans la presse, les pressions sur les journalistes ou les éditeurs ne sont pas systématiques. Ce ne sont ainsi pas tant les directives de Pékin qui font pour l’instant douter de l’avenir, que la montée de l’autocensure par peur de répression.

Ainsi, le cas de Hong Kong est devenu une référence à l’international, au sens où décideurs politiques et populations savent désormais à quoi s’en tenir lorsque Pékin récupère un territoire perdu. Alors que la question taïwanaise revient sur le devant de la scène soixante-dix ans après la proclamation de la RPC et la fuite du Guomindang vers l’île, Xi Jinping propose justement un retour de Taipei suivant les mêmes principes du « Un pays, deux systèmes ». Une analyse, même rapide et quelque peu superficielle, de la situation de Hong Kong, donne déjà des clés pour comprendre les enjeux d’une autre rétrocession envisagée. Toutefois, Taipei rejette pour l’instant le modèle, et la joute verbale initiée avec Pékin laisse craindre une escalade des tensions.

Ines Urman

(1)  La partie supérieure de ce montage est une reconstruction du sommet Xiaoping – Thatcher, exposé le 2 juillet 2007 au Diwang Dasha à Shenzhen. En dessous, une photo devenue iconique à travers son importante médiatisation suite à sa publication par le South China Morning Post: les étudiants portent pour beaucoup des T-shirt noirs, et croisent les bras en signe de refus des actions du gouvernement. Ce geste fut largement utilisé dans les manifestations précédentes, contre l’introduction de leçons d’ « histoire patriotique » dans les écoles hongkongaises. Le ruban jaune renvoie aux couleurs des parapluies utilisés lors des grandes manifestations pro-démocratiques et anti-pékin. Les manifestants considéraient les mesures prises par le gouvernement central autoritaires. 

(2) Organisation Mondiale du Commerce

(3) Indice de mesure statistique des inégalités. Le coefficient est égal à 0 dans une situation d’égalité parfaite où tous les salaires, les revenus, les niveaux de vie… seraient égaux. A l’autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les salaires (les revenus, les niveaux de vie…) sauf un seraient nuls. Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que l’indice de Gini est élevé.

 

Bibliographie :

 

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http://news.mingpao.com/pns/dailynews/web_tc/article/20160403/s00002/145961953454

https://www.chine-magazine.com/hausse-inegalites-sociales-a-hong-kong/

http://www.ratio-international.com/creation-entreprise/hong-kong/

 

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