L’Italie, un brillant second pour la France ?

L’Italie, un brillant second pour la France ?

Les relations franco-italiennes sont-elles sous-optimales ? Dans son tout premier discours comme nouveau président du Conseil italien le 17 février dernier, Mario Draghi a dit vouloir « mieux structurer les relations avec la France1 » tout en réaffirmant l’ancrage européen de l’Italie. On imagine que Paris aura suivi avec intérêt le discours de politique générale de l’ancien président de la Banque centrale européenne (2011-2019). Ces déclarations, apaisantes et pleines de bonne volonté, divergent en effet nettement d’une francophobie ambiante que l’on a hélas que trop lue et entendue dans les médias transalpins comme au sein même de certains membres du gouvernement italien ces dernières années2. Partiellement relayée en France, cette francophobie ne favorise pas un approfondissement des relations franco-italiennes3. Paris et Rome pourraient pourtant constituer un point central de la  « relance européenne » voulue par Bruxelles. Mais les rapports franco-italiens sont-ils si envenimés que cela ? De toute évidence, cette relation gagne à être clarifiée et dépassionnée pour gagner en stabilité et en crédibilité. Or, Paris et Rome ne manquent pas de dossiers bilatéraux pour préciser leurs positions. Puissances méditerranéennes, la France et l’Italie doivent d’abord faire preuve de « réalisme » quant à leurs orientations respectives sur les questions libyenne et migratoire, du reste très tributaires d’un contexte international particulièrement troublé. 

Ensuite, les deux pays, disposant d’économies autant complémentaires que concurrentielles – rappelons que l’Italie et la France restent l’un pour l’autre le deuxième partenaire commercial avec en 2019 un déficit prononcé côté français4 – doivent établir une coopération économique d’envergure pour mieux peser dans la compétition européenne et mondiale. Malgré de nombreux atouts, ce pari est pour l’instant loin d’être gagné. Enfin, Rome, souvent passablement irritée d’être marginalisée dans la construction européenne par l’axe franco-allemand, ne pourrait-elle pas être hissée au même niveau de coopération stratégique que Berlin ? L’avènement d’un hypothétique traité du Quirinal, du nom du palais où siège la présidence de la République italienne, s’il est soutenu depuis 2018 par les deux pays, est encore loin d’avoir vu le jour devant l’habituelle instabilité de la relation franco-italienne5. Tentons désormais de dégager les synergies comme les points d’achoppements possibles d’une relation proche, intense, parfois tendue et finalement pas si (re)connue entre ces deux grands pays latins.

Rome et Paris peinent souvent à s’accorder sur leurs ambitions européennes et méditerranéennes. (© Wikipédia)

Le cadre stratégique : l’Europe et la Méditerranée 

Les Italiens seraient-ils devenus tous eurosceptiques et les Français béats d’optimisme au sujet de l’Union européenne ? Loin de cette caricature, les résultats des élections européennes de 2019 nous rappellent que le Rassemblement national de Marine Le Pen et la Ligue de Matteo Salvini, deux partis à l’euroscepticisme notoire, sont arrivés en tête dans deux pays fondateurs de l’UE,  La Ligue enregistrant même un écart de plus de onze points en sa faveur par rapport au très europhile Parti démocrate. En 2021, cet euroscepticisme italien n’a rien perdu de sa vigueur et ne doit aucunement être sous-estimé dans les rapports franco-italiens actuels et futurs. Nombre d’Italiens considèrent en effet que leur pays fait l’objet d’un traitement injuste de la part de Bruxelles. Cette appréciation vaut pour la crise du coronavirus où l’Italie a longtemps été en première ligne au printemps 2020, comme pour la gestion de l’urgence migratoire ou pour l’état de ses finances publiques. Dans ces conditions, on ne doit pas s’étonner que la perspective d’une sortie de l’euro ou d’un « Italixit »  – évalués respectivement à 48 et 43 % d’opinions favorables en 2020 – séduisent toujours plus nos voisins transalpins6

Pour des raisons historico-culturelles, géographiques et économiques, le destin de l’Italie reste indissociable de l’Europe. Au tournant des années 1950-1960 , cette dernière a d’abord été synonyme de prospérité, la péninsule modernisant son appareil industriel de manière spectaculaire au point de faire partie des sept pays les plus industrialisés au monde comme son statut de membre du G7 en atteste depuis 1975. Pour l’Italie, l’Europe a longtemps été considérée comme l’instrument qui allait lui permettre de se réaliser, elle qui n’éprouve traditionnellement pas un sentiment patriotique profond, et ce malgré l’idéal du Risorgimento puis le nationalisme exacerbé qui avait caractérisé la période fasciste. Ce constat est aujourd’hui largement remis en cause depuis la résurgence publique du nationalisme avec l’avènement de Forza Italia, un parti politique de centre-droit qui fit décoller la carrière politique de Silvio Berlusconi dans les années 1990. Plus proche de nous, les politiques d’austérité budgétaire menées sous Mario Monti (2011 – 2013) ont permis l’éclosion d’un discours europhobe pour qui Bruxelles est devenu le bouc-émissaire de tous les malheurs de l’Italie. Nuançons de suite ce tableau accusateur. Le Mezzogiorno ou midi italien a toujours fait partie des régions prioritaires du Fonds européen de développement régional (FEDER) d’une part7; le Nord de la péninsule a toujours été très pro-européen, ces nombreuses PME et grandes entreprises y trouvant des débouchés économiques substantiels d’autre part. 

De plus, figure symbolique mais au poids politique certain, le président de la République italienne, M. Sergio Mattarella est un pro-européen convaincu et ne cesse de réaffirmer l’ancrage de son pays  dans l’UE. À ce sujet, les premiers mots de Mario Draghi, nous l’avons vu, laissent augurer un apaisement des relations de l’Italie avec l’Europe et en particulier avec la France. Emmanuel Macron devrait se réjouir de cette nouvelle orientation politique. Mentionnons toutefois que si l’Italie voit dans l’Europe une fin en soi, la France voit plutôt dans une « Europe qui protège », un multiplicateur de sa puissance. Cette différence dans l’appréciation du « rang » sur la scène internationale entre la France et l’Italie est lourde de conséquences pour la qualité de notre relation bilatérale. La France est une puissance nucléaire membre permanente du Conseil de sécurité aux ambitions mondiales. L’Italie, qui n’a pas ces attributs de la puissance et peine à défendre ses intérêts stratégiques en Méditerranée, ne saurait être un rival crédible. Basé sur un complexe de supériorité, ce constat français du différentiel de puissance nourrit bien des quiproquos diplomatiques entre Paris et Rome.     

Comme on le sait, l’antagonisme franco-italien s’est cristallisé ces dernières années en Méditerranée, la question migratoire et la gestion de la crise libyenne retenant toute l’attention des deux chancelleries européennes. La gestion des flux migratoires est depuis le début des années 2010 une préoccupation majeure de la diplomatie italienne. Placée en première ligne, l’Italie a tant bien que mal fait face à la pression migratoire que lui impose sa situation géographique, l’île de Lampedusa et la Sicile étant particulièrement exposées. Si la solidarité européenne a tardé à se mettre en place aux yeux de Rome, elle s’exerce néanmoins dans un cadre juridique encore en cours d’élaboration (Accord de Malte en 2019, pacte migratoire de la Commission européenne en 2020) et par les moyens coercitifs de l’agence européenne FRONTEX depuis 2018. De son côté, la France a déjà fait savoir que le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne (espace Schengen) sera l’une des grandes priorités de sa présidence de l’Union au premier semestre 2022. En outre, Paris souligne que la coopération franco-italienne est absolument fondamentale pour résoudre un dossier qui devra aussi prendre en compte les points de vue allemand, britannique et suédois, trois pays dans lesquels vivent de nombreux réfugiés.

Les avancées sur la question migratoire ne sauraient effacer l’antagonisme libyen qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis maintenant dix ans. Engagée depuis 2013 dans sa « guerre contre le terrorisme » avec le lancement de l’opération Serval au Mali, la France soutient que l’endiguement sinon l’éradication du terrorisme au Sahel est de nature à stabiliser l’ensemble de l’Afrique du Nord et du même coup à atténuer le risque terroriste en Europe. Pour l’Italie, l’intervention britannico-française en Libye décidée en 2011 a grandement déstabilisé ses intérêts économiques, l’exposant de surcroît à une crise migratoire sans précédent. Rome n’a par ailleurs pas compris que la France ne profite pas de son expertise dans la région, elle qui insiste davantage sur les problèmes de développement ou de gouvernance que sur le terrorisme dont elle n’a a ce jour pas été victime. Ces deux visions stratégiques ne sont pas sans rappeler une approche néocoloniale. L’Italie et la France rejoueraient ainsi  les rivalités d’antan pour le contrôle de l’Afrique du Nord, de la Tunisie en particulier. Encore très répandue à Rome, cette vision en « zones d’influence », chaque pays disposant de son pré carré, est à la racine de divergence de fond entre l’Italie et la France. La première soutenant le gouvernement de Tripoli quand la seconde appuie discrètement les rebelles du maréchal Haftar. Rome et Paris avaient pourtant tout intérêt à s’entendre. Si d’un côté l’action militaire de Paris au Sahel ne se justifie pas officiellement pour garder le contrôle des mines d’uranium maliennes si précieuses aux centrales nucléaires françaises, Rome soutient en forçant le trait que la déstabilisation de la Libye a servi les visées de Total sur les hydrocarbures libyens au dépend de son champion ENI. 

Quoiqu’il en soit, la désunion franco-italienne en Libye a permis aux puissances turque et russe de maximiser leur influence aux portes de l’Europe. Elle a aussi exposé à la Chine et aux États-Unis les faiblesses de la coopération européenne. Cette incapacité à conduire une politique méditerranéenne commune couplée aux impérialismes de Poutine et d’Erdogan dans la région doit pousser l’Europe à adopter une vision stratégique moins idéaliste et plus pragmatique8. Ce constat vaut également pour la relation franco-italienne en matière économique.

Siège de l’ambassade de France en Italie et de l’École française de Rome, le palais Farnèse est un haut lieu des relations franco-italiennes. (© Wikipédia)

Une coopération économique prolifique mais inaboutie

La refondation de la République italienne engendrée par l’opération « mains propres9 » conjointement au redressement des finances publiques du pays a permis une libéralisation du marché italien en 1992-1993 là où le marché français est resté plus rigide à la concurrence sous la férule d’un État soucieux de préserver l’industrie nationale10. Cette divergence structurelle des marchés économiques a grandement stimulé les investissements directs à l’étranger de l’autre côté des Alpes. La France, en sa qualité de premier investisseur et de premier employeur en Italie depuis 2018, s’y est montrée particulièrement à son avantage. Lister l’ensemble des fusions des entreprises françaises et italiennes – quand elles aboutissent ! – serait fastidieux. Retenons simplement que les économies des deux pays sont très souvent autant complémentaires que concurrentielles. L’Italie et la France disposent chacune d’une industrie agroalimentaire, d’une industrie du luxe, d’un secteur bancaire et des assurances particulièrement étoffés. Présente de longue date, la France concentre ses investissements le long d’un axe Turin-Milan-Rome qui suit historiquement la progression des armées napoléoniennes en Italie et aujourd’hui l’essentiel de son implantation diplomatique, à l’exception de son consulat à Naples. Au total, ce sont plus de 2000 filiales d’entreprises françaises qui sont établies dans la péninsule où elles emploient 200 000 personnes11

Parmi les coopérations franco-italiennes réussies, citons le groupe Kering-Gucci pour le luxe, EDF-Edison pour l’électricité, Lactalis-Parmalat pour l’agroalimentaire, EssilorLuxottica pour l’optique, BNP Paribas-Banca Nazionale del Lavoro pour le secteur bancaire et dernièrement Peugeot-Citroën-Fiat-Chrysler pour l’automobile. Cette pénétration économique française en Italie suscite encore périodiquement un sentiment « d’invasion ». Ce constat, abondament relayé par la propagande nationaliste à droite, s’appuie notamment sur les projets de fusions avortés quand il s’agit de faire entrer du capital italien dans les entreprises françaises. Les fusions Fiat-Renault, ENEL-Suez, et plus récemment le très polémique rachat par Fincantieri des Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire en sont de flamboyantes illustrations12. Les cohabitations Bolloré-Generali dans les assurances et Vivendi-TIM dans télécommunications ont également traversé des soubresauts. Pour les milieux nationalistes jusque dans certains bruits de couloir des cabinets ministériels à Rome, les Français ne voudraient pas voir l’Italie présider aux destinées de leurs entreprises. En réalité, l’Italie investit aussi massivement sur le marché français, bien qu’en moindre proportion. Elle contrôle par exemple plus de 2100 entreprises en France notamment par l’entregent de la puissante Fiat. Il faut aussi souligner la vitalité des échanges commerciaux franco-italiens, seulement surpassée pour les deux pays par leur commerce avec l’Allemagne. En somme, le commerce franco-italien apparaît mutuellement bénéfique. Car si la France investit plus de l’autre côté des Alpes, l’Italie enregistre une balance commerciale largement positive de près de 7 milliards d’euros en sa faveur.

Mais les relations économiques France-Italie ne se limitent pas aux seules fusions d’entreprises. La coopération transfrontalière franco-italienne a notamment permis d’aménager les tunnels du Mont-Blanc (1965) puis du Fréjus (1979). Encore largement perfectibles, les infrastructures transfrontalières franco-italiennes souffrent d’un manque d’investissement chronique – le tronçon alpin de la ligne de chemin de fer Paris-Milan remonte à 1871 ! – qui bride la compétitivité économique et la libre-circulation des personnes. Maintes fois annoncée, la mise en service de la ligne TGV Lyon-Turin, qui permettrait de relier les deux métropoles régionales en deux heures contre quatre heures actuellement, est attendue pour 2030 au plus tôt13.

Moins médiatisées, la politique énergétique et la transition écologique sont aussi deux chantiers majeurs pour deux pays profondément engagés dans la lutte contre le changement climatique. Français et Italiens travaillent actuellement via le tunnel du Fréjus à une interconnexion électrique de grande envergure (190 km), la plus longue au monde en la matière. Bien que disposant d’un modèle énergétique foncièrement différent, l’Italie important 80 % de son énergie, la France restant très attachée au nucléaire, Paris et Rome ont tout intérêt à stimuler une coopération énergétique balbutiante qui pourrait à l’avenir favoriser l’innovation et l’intégration européenne. L’Italie est ainsi très attentive à l’évolution des tensions énergétiques en Méditerranée orientale et s’implique pleinement dans l’East Mediterranean Gas Forum, toute nouvelle organisation régionale qui vise à un meilleur partage des hydrocarbures entre huit pays méditerranéens et où la France vient d’être admise14. Fait peu connu dans l’Hexagone, l’Italie dispose d’une industrie des énergies renouvelables de pointe. Elle est ainsi le leader européen du marché de la géothermie et est le deuxième fournisseur d’énergie hydroélectrique dans l’UE15. Ces atouts économiques devraient lui permettre d’accéder plus rapidement à une société décarbonée, alors que la France a fait le choix de mieux isoler son bâti pour une meilleure efficacité énergétique et entend profiter du plan de relance européen ou Next Generation EU pour investir dans l’hydrogène.

Peu souvent mentionnée mais parfaitement efficiente, la coopération spatiale franco-italienne est enfin la plus dynamique de l’UE. Ce succès industriel repose sur des entreprises leaders dans leurs secteurs d’activités que sont les groupes Thales et Leonardo. Des perspectives d’approfondissement sont à l’étude avec Leonardo, qui est aussi le principal concurrent européen de Thales en matière d’armements16. Particulièrement riche, la relation France-Italie manque encore d’un cadre institutionnel clairement défini pour prospérer davantage. Il reviendra au traité du Quirinal d’être à la hauteur de l’enjeu. Européistes convaincus, Mario Draghi et Emmanuel Macron peuvent en être les figures de proue.  

À l’étude depuis 2018, le traité du Quirinal sera-t-il bientôt la pierre angulaire des relations France-Italie ? (© Wikipédia)

Le traité du Quirinal : vers une refondation des rapports franco-italiens ?

Initié à l’aube des élections générales italiennes de 2018 par Paolo Gentiloni et Emmanuel Macron, le traité du Quirinal entend doter la relation franco-italienne d’un cadre stratégique comparable à celui du traité franco-allemand de l’Élysée 1963. Ainsi institutionnalisée, la relation France-Italie y gagnerait très certainement en stabilité et en visibilité. Cette tentative de constitution d’un axe français-italien, permettrait de renforcer la coopération européenne,  à l’heure du retour de la puissance partout dans le monde. En l’absence de texte en l’état, on peut légitimement s’interroger sur ce qui pourrait constituer une vision franco-italienne de l’Europe, et si cette initiative est partagée des deux côtés des Alpes17. Rappelons en effet que l’Italie a toujours été exclue de l’axe préférentiel franco-allemand et a pu en nourrir un certain ressentiment. De plus, Rome cultive ses relations avec l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et dernièrement avec la Chine. Elle ne s’enfermera pas dans un rapport exclusif avec Paris dont la politique de « grande puissance » lui a toujours inspiré une certaine méfiance. 

Pour autant, la relation franco-italienne est historiquement structurée autour d’une coopération industrielle, universitaire et culturelle forte, ces deux piliers pouvant tout à fait présider à la rédaction d’un traité d’amitié. Dans la quête de l’autonomie stratégique européenne, l’Italie a assurément un rôle à jouer dans un contexte de désengagement de l’OTAN en Europe, gelé toutefois par Joe Biden18. Rome vient par exemple d’intégrer la force internationale Takuba au Sahel, accédant ainsi au vœu d’Emmanuel Macron de voir plus de partenaires européens engagés aux côtés de la France. Puissances spatiales et maritimes, la France et l’Italie doivent optimiser leurs territoires transfrontaliers pour mieux développer une recherche commune sur le cyberespace et les espaces maritimes19.

Fleuron de la coopération scientifique entre nos deux pays, la base antarctique « Concordia », qui n’a pas d’autre équivalent européen, est un exemple à suivre. La recherche française s’appuie également sur d’innombrables colloques et programmes d’échanges à l’université, l’Italie étant le deuxième pays d’origine des doctorants étrangers en France. Si la France maintient un réseau scientifique de tout premier ordre en Italie avec l’École française de Rome et l’Académie de France à Rome (villa Médicis), les Écoles normales supérieures (ENS) de Lyon et de Paris – mais aussi celle de Pise qui est une création de Napoléon ! – jouent un grand rôle dans la diffusion de l’italianisme en France. Cette dynamique communauté universitaire est renforcée par la participation de l’Italie comme de la France au programme ERASMUS, 13 000 étudiants transalpins étant scolarisés en France chaque année pour 2 000 étudiants français en Italie20.

Dans le domaine culturel, Italiens et Français peuvent s’appuyer sur une fascination réciproque qui ne s’est jamais démentie. La France est la destination touristique favorite des Italiens qui la visitent massivement. En 2018, la France a accueilli pas moins de 7 millions de touristes italiens principalement sur la Côte d’Azur, en Corse, en Île-de-France, et, à un degré moindre, dans le Val de Loire21. Les chiffres du tourisme français en Italie sont sensiblement les mêmes avec un tryptique Rome – Florence – Venise largement plébiscité. En dehors du tourisme, il faut aussi souligner l’importance historique du cinéma de part et d’autre des Alpes22. Si la coopération cinématographique franco-italienne n’a plus le lustre des années 1950-1960, l’Italie est en 2018 et devant le Québec le premier marché étranger du film français. De même, le français est la deuxième langue la plus traduite en Italie et le Bel Paese sera l’invité d’honneur du Salon du Livre de Paris en 2022. À l’avenir, le renforcement de nos liens culturels pourrait passer par le lancement d’une chaîne de télévision franco-italienne sur le modèle d’Arte. Un projet dont on ne voit pour l’instant pas l’ombre d’un début de réalisation. 

Devant la densité des rapports franco-italiens, on n’en oublierait presque la question de l’enseignement de nos deux langues respectives. Sur ce point, il faut bien avouer que si l’Italie a formé et forme depuis longtemps de remarquables francophones parmi ses élites politiques, économiques et culturelles, la réciproque est très loin d’être vraie côté français23. Avec seulement 5 % des élèves français du secondaire apprenant l’italien comme deuxième langue étrangère à la rentrée 2019, la France confirme qu’en dépit d’une réelle sympathie pour l’Italie, elle ne fait pas de la langue de Dante une priorité éducative24. Cette caractéristique est pleinement dommageable au moment de refonder la relation France-Italie. Les Français ont en définitive un tropisme méditerranéen très fort envers la langue espagnole qui n’obéit cependant pas aux priorités politico-économiques de leur pays. De l’autre côté des Alpes, un éloignement culturel n’est pas non plus à exclure tant l’anglais a substitué le français comme première langue enseignée à l’école depuis les années 1990 et que la langue de Molière subit là aussi la concurrence d’une langue de Cervantes toujours plus populaire auprès des jeunes générations.

Verra-t-on un jour les négociateurs du traité du Quirinal s’échanger davantage de mots en anglais qu’en français ou en italien25 ? Plus qu’une question de langue, le traité du Quirinal représente pour l’Europe – et singulièrement pour la France ! – une vision latine alternative et complémentaire à celle promue par le moteur franco-allemand26. La multiplicité d’axes européens forts renforçant l’intégration européenne comme le poids de l’UE sur la scène internationale. La France et singulièrement Emmanuel Macron parviendront-ils à surmonter la crise allemande de la pensée française qui dure depuis 150 ans27? L’Europe a tout à y gagner. De l’Unité italienne à la question romaine en passant par les brouilles coloniales de la fin du XIXe siècle jusqu’aux deux guerres mondiales, l’Histoire nous enseigne que la France et l’Italie ont rarement coïncidé dans la conduite de leur politique étrangère. En ira-t-il autrement cette fois-ci ?   

Alexis Coquin

Appendice : Les présidents français et l’Italie, des relations en demi-teinte.

  • Charles de Gaulle (1958 – 1969)

La relation du général de Gaulle avec l’Italie repose sur une ambiguïté initiale. Féru d’histoire romaine, le fondateur de la Ve République a néanmoins projeté d’annexer le Val d’Aoste en 1943, une région partiellement francophone, ce qui a fortement déplu à Rome. Le général se rend deux fois en visite officielle en Italie (1959 et 1967). Il inaugure également le tunnel du Mont-Blanc en 1965 en présence de son homologue transalpin. Les relations franco-italiennes sous de Gaulle sont globalement cordiales en dépit d’un manque de réalisations politiques. Français et Italiens divergent en effet sur leur conception de l’Europe, l’Italie prenant froidement acte du traité franco-allemand de l’Élysée (1963). Sur le plan culturel, les Français découvrent la Dolce Vita avec le cinéma de Federico Fellini. Dans les années 1960, les coproductions franco-italiennes atteignent leur apogée avec 150 films par an en moyenne, Le Guépard (1963) de Luchino Visconti avec Alain Delon symbolisant cette prolifique collaboration. 

Vue d’Italie, si on a pu voir dans les débuts de la Ve République un autoritarisme, elle est en 2008 saluée comme un « splendide quinquagénaire », les Italiens enviant sans doute la stabilité d’un régime qui n’a pas son équivalent de l’autre côté des Alpes.

  • Georges Pompidou (1969 – 1974)

Professeur de lettres classiques, Georges Pompidou ne pouvait être que sensible à l’Italie. C’est même depuis Rome qu’il choisit d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 1969 ! Visitant la péninsule en juillet 1972, Pompidou confie à son homologue Giovanni Leone que la France se sent moins atlantiste que l’Italie. Pompidou a toutefois la particularité de ne pas s’être rendu au Vatican, une exception sous la Ve République. C’est sous son mandat que le projet de l’architecte génois Renzo Piano est retenu pour construire ce qui deviendra le « centre Georges-Pompidou » en 1977.

  • Valéry Giscard d’Estaing (1974 – 1981)

Valéry Giscard d’Estaing n’a pas une haute estime de l’Italie dont il critique l’instabilité économique. Inspirateur du G6 puis du G7 fondé en 1975, Giscard d’Estaing ne consent à y intégrer l’Italie que sous la pression des États-Unis, toujours soucieux de dialoguer au-delà de l’axe franco-allemand. Les « années de plomb » voient parallèlement l’assassinat du président du Conseil Aldo Moro par les Brigades rouges en 1978 mais aussi la participation de l’Italie au Système monétaire européen pour éviter d’être une fois de plus marginalisée par l’Allemagne et la France. Loin d’être toujours d’accord, la France et l’Italie inaugurent néanmoins le tunnel du Fréjus en 1979. Paris et Rome s’opposent encore sur les adhésions espagnole et portugaise à la Communauté économique européenne, l’Italie espérant rééquilibrer l’Europe vers le Sud. Le septennat giscardien, qui se clôt sur la tragédie aérienne d’Ustica (Sicile) en 1980 causant une vive controverse entre les deux pays, n’a clairement pas été une grande période de l’amitié franco-italienne.

  • François Mitterrand (1981 – 1995)

François Mitterrand est assurément le plus italophile de tous les présidents de la Ve République. Fasciné par Venise, il était aussi surnommé le « Florentin » pour son goût du secret. Désireux de relancer les relations franco-italiennes, on lui doit dès 1982 l’institutionnalisation des sommets franco-italiens sur le modèle de ceux qui se tiennent avec Berlin depuis 1963. Après un premier désaccord sur le marché du vin dont la France et l’Italie sont les premiers producteurs mondiaux et des rivalités sporadiques en Libye et en Tunisie, les relations se cristallisent assez vite autour de la « doctrine Mitterrand ». La France sert en effet de sanctuaire aux terroristes des Brigades rouges, le président refusant de les extrader – sauf s’ils sont reconnus coupables d’assassinat – vers l’Italie. Plus de trente ans après, cette question demeure un point de tension ponctuel entre les deux pays. Pour autant, Mitterrand et Andreotti s’entendent très bien entre 1989 et 1992 et s’inquiètent des conséquences de la réunification allemande comme de la chute de l’URSS. La France et l’Italie ne sont pas étrangères à la signature du traité de Maastricht (10 février 1992). Rome et Paris unissent encore leurs forces dans la première guerre du Golfe. Le double septennat mitterrandien s’achève sur un mode mineur, l’Italie se consacrant à son opération « mains propres » et à l’assainissement de ses finances publiques quand la France vit sa troisième cohabitation sous le gouvernement Balladur (1993-1995). 

Les années Mitterrand sont aussi marquées par une franche rivalité économique. Cinquième PIB mondial en 1987, l’Italie se sent sûre d’elle. La famille Agnelli, figure incontournable du capitalisme transalpin, lance une offre publique d’achat sur Perrier, qui est finalement racheté par Nestlé (Suisse). Silvio Berlusconi lance de son côté La Cinq (1986 – 1992).  Culturellement, Le Nom de la Rose (1982) d’Umberto Eco connaît un vif succès dans l’Hexagone et la musique de Paolo Conte est d’abord mieux reçue en France qu’en Italie.

  • Jacques Chirac (1995 – 2007)

Malgré douze ans passés à l’Élysée, Jacques Chirac n’a pas eu de relation suivie avec l’Italie. La reprise des essais nucléaires français en 1995 suscite d’abord une vive réprobation dans la péninsule. En réaction, le nouveau président français ne se rend pas au sommet franco-italien de Naples qui a finalement lieu en 1996. En matière de défense, Italiens et Français interviennent de concert en Albanie, l’Italie commandant une opération militaire approuvée par l’ONU en 1997. Rome et Paris font partie des fondateurs de l’euro l’année suivante et mutualisent leurs efforts pour stabiliser la situation au Liban en 2006. Sur le plan bilatéral, un premier pré-accord est signé en 1997 pour la construction d’une ligne TGV Lyon-Turin. Ce projet prend d’autant plus d’importance après l’incendie du tunnel du Mont-Blanc en 1999. L’entrée en service de la nouvelle ligne est annoncée pour 2030 au plus tôt. Enfin, la rivalité sportive atteint des sommets sous la présidence Chirac, la France remportant l’Euro 2000 et l’Italie la Coupe du monde de football en 2006.

  • Nicolas Sarkozy (2007 – 2012)

L’élection de Nicolas Sarkozy en 2007 inaugure une nouvelle phase de rivalité économique entre les deux pays. Si une première tentative de fusion Fiat-Renault se solde par un échec, c’est surtout le destin de la compagnie aérienne Alitalia qui revient dans toutes les conversations. Air France décide finalement de ne pas s’associer à sa consœur transalpine, illustrant une fois de plus la difficulté de faire avancer la coopération franco-italienne. Cependant, l’industrie française du luxe investit en Italie, le groupe LVMH rachetant le joaillier Bulgari. Le président Sarkozy matérialise sa bonne entente avec Silvio Berlusconi au sommet franco-italien de Rome en 2009. Mais cette relation devient bientôt orageuse, Rome et Paris s’opposant sur la gestion de la guerre civile libyenne comme sur la crise migratoire qui s’ensuit. La France ferme même sa frontière à Vintimille pendant deux jours au printemps 2011 ! L’éclatement de la crise financière mondiale tend encore un peu plus les rapports franco-italiens, l’Allemagne et la France se montrant sceptiques quant à la capacité de Berlusconi à affronter la crise financière qui secoue l’Italie à l’automne 2011. Pire, Nicolas Sarkozy soutient Mario Monti alors que Berlusconi est encore en fonction ! À Rome, on dénonce une ingérence dans les affaires italiennes. Derrière les sourires de façade, les années Berlusconi-Sarkozy n’auront pas permis une franche consolidation des relations italo-françaises.

  • François Hollande (2012 – 2017)

La présidence Hollande est marquée par la résurgence de la question migratoire. De nouveaux incidents frontaliers ont lieu à Vintimille en 2015 et Rome accuse Paris de fermer ses frontières. Partisans d’un assouplissement des règles budgétaires européennes, François Hollande et Matteo Renzi ne parviennent pas à porter une stratégie commune visant à contrebalancer les politiques d’austérité promues par Berlin et plusieurs pays d’Europe du Nord. Surtout, l’Italie et la France adoptent des positions contraires au sujet de la Russie. Si Paris poursuit une politique punitive basée sur des sanctions économiques à la suite des agissements russes en Ukraine (février 2014), Rome, qui conserve un lien énergétique fort avec Moscou, se montre moins intraitable avec Vladimir Poutine. Sur le plan culturel, l’Italie et la France se retrouvent à l’exposition universelle de Milan (2015) où elles font l’éloge de leurs gastronomies.

  • Emmanuel Macron (2017- )

L’europhilie du président Macron s’est heurtée de plein fouet à l’euroscepticisme du premier gouvernement Conte (2018-2019). Visions de l’Europe contradictoires, gestions opposées des crises libyenne et migratoire, projets de fusions économiques inaboutis enfin avec Fincantieri, sont autant de dossiers qui parasitent les relations franco-italiennes dans la première moitié du quinquennat et qui sont à l’origine de plusieurs incartades verbales malheureuses des deux côtés des Alpes. Le rappel de l’ambassadeur français à Rome en février 2019 constitue une grande première depuis la Seconde Guerre mondiale. Les relations se sont depuis normalisées lors de l’entrevue d’Amboise en 2019 à l’occasion du cinquième centenaire de la mort de Léonard de Vinci, le président italien Sergio Mattarella soulignant « l’amitié indestructible » qui lie l’Italie à la France. Lors du 35e sommet franco-italien de Naples en février 2020, Emmanuel Macron a acté la « relance » des relations bilatérales. Unanimement saluée par la presse italienne, l’arrestation fin avril 2021 de sept anciens terroristes des Brigades rouges réfugiés en France marquera-t-elle le début d’une nouvelle ère entre Paris et Rome28

De ce rapide survol des relations franco-italiennes, on remarquera qu’aucun président français de la Ve République ne parle ou ne parlait l’italien. À l’heure du Brexit et d’une politique résolument europhile, ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir la langue italienne perpétuellement absente de l’horizon intellectuel des hôtes de l’Élysée comme de celui – dans leur grande majorité – des cabinets ministériels. Faut-il remonter à Louis-Napoléon Bonaparte, alors premier président de la République en 1848, pour trouver trace du dernier chef de l’État français italophone ?

A.C.

  1. Lire SEGOND Valérie, « Mario Draghi veut remettre l’Italie sur pied », Le Figaro, 17 février 2021. https://www.lefigaro.fr/international/mario-draghi-veut-remettre-l-italie-sur-pied-20210217 
  1. La francophobie italienne s’enracine dans une série de ressentiments et de quiproquos qui tiennent pour partie au complexe de supériorité français mais aussi au goût sporadique pour la controverse de bas étage côté italien. On rappellera ici la visite polémique du vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio aux Gilets jaunes en février 2019, tout comme ses déclarations non moins controversées sur le colonialisme français en Afrique. Alors ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini avait pour sa part qualifié Emmanuel Macron de « très mauvais président ». Lire FRANTS Anna, « “Un très mauvais président” : Salvini s’attaque (encore) à Macron », Le Parisien, 22 janvier 2019.  https://www.leparisien.fr/international/un-tres-mauvais-president-salvini-s-attaque-encore-a-macron-22-01-2019-7994211.php 
  1. Le rappel pour consultations de l’ambassadeur de France à Rome au printemps 2019, une première depuis la Seconde Guerre mondiale, symbolise cette dégradation subite de la relation France-Italie.   
  1. L’Italie est traditionnellement dans le trio de tête de nos partenaires commerciaux. En 2019, nos échanges bilatéraux ont atteint 81 milliards d’euros. En raison de la crise du Covid, l’Italie est en 2020 notre troisième partenaire commercial (71,3 milliards d’euros) juste derrière la Chine (73,9 milliards d’euros). Notre déficit commercial avec l’Italie est passé de 6 à 6,9 milliards d’euros entre 2019 et 2020. Sources : Direction générale du trésor et Rapports annuels du commerce extérieur de la France 2020 / 2021.  https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/273246.pdf et https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/278462.pdf 
  1. Initialement envisagée pour l’automne 2018, la rédaction du traité du Quirinal, finalisée début 2021 côté italien, devrait permettre une signature rapide du traité. Lire MASELLI Francesco, « Paris et Rome réchauffent leur relation », L’Opinion, 24 mars 2021. https://www.lopinion.fr/edition/international/paris-rome-rechauffent-leur-relation-239897 
  1. Chiffres rapportés dans Gli Italiani e la politica estera 2020, Istituto Affari Internazionali (IAI), Rome, juin 2020, p. 26. https://www.iai.it/sites/default/files/laps-iai_2020.pdf 
  1. Lire cette présentation de la Commission européenne : « Programme opérationnel “Sécurité pour le développement du Mezzogiorno” ». https://ec.europa.eu/regional_policy/fr/atlas/programmes/2000-2006/interregional/operational-programme-security-for-the-development-of-the-mezzogiorno 
  1. À ce sujet, la visite de Mario Draghi en Libye du 6 avril dernier a vu le réinvestissement de Rome dans le dossier libyen. Sera-t-elle suffisante pour lancer une politique méditerranéenne européenne d’envergure ? Dans une visite conjointe à Tripoli en date du 25 mars, les ministres allemand, français et italien des Affaires étrangères ont réaffirmé leur soutien à la pacification en cours de la Libye (cessez-le-feu en vigueur depuis octobre 2020). Lire DE LUCA Alessia,  « La visita di Draghi in Libia », Istituto per gli Studi di Politica Internazionale (ISPI), Milan, 6 avril 2021. https://www.ispionline.it/it/pubblicazione/la-visita-di-draghi-libia-29901 
  1. Diligentée par le parquet de Milan au début des années 1990, l’opération « mains propres » met en évidence la corruption généralisée des partis politiques italiens et leurs collusions avec les milieux d’affaires voire criminels de la péninsule. Les présidents du Conseil Craxi et Andreotti sont notamment poursuivis. La Démocratie chrétienne (droite) et le Parti socialiste italien, qui se partageaient le pouvoir sans discontinuer depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à l’exception d’un bref intermède en 1981-1982, sont finalement dissous en 1994. 
  1. État historiquement jacobin, la France se plie plus ou moins volontiers aux directives européennes sur la concurrence. L’Italie a pour sa part libéralisé l’électricité en 1999. Elle a ouvert son réseau ferré à la concurrence en 2012. Par comparaison, le rail français (lignes TGV intérieures) s’ouvre à la concurrence en 2021. L’entreprise italienne Thello exploite depuis 2015 la ligne internationale Nice – Milan.
  1. Lire la fiche « Relations économiques bilatérales France-Italie », Ministère de l’Économie et des Finances, Direction générale du Trésor, 13 avril 2021. https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/IT/france-et-italie-une-relation-economique-bilaterale-forte 
  1. Souvent accusé de mettre en danger la souveraineté industrielle française, le projet de  fusion de Fincantieri avec les Chantiers de l’Atlantique a finalement été abandonné. Lire « Abandon du projet de rachat des Chantiers de l’Atlantique par Fincantieri », Le Monde, 27 janvier 2021. https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/01/27/abandon-du-projet-de-rachat-des-chantiers-de-l-atlantique-par-fincantieri_6067846_3234.html 
  1. Évoquée pour la première fois en 1991, la réalisation de la ligne TGV Lyon-Turin a été perpétuellement retardée en raison d’oppositions politiques. Elle semble aujourd’hui sur de bons rails. Pour une présentation détaillée du projet et de l’avancée des travaux on peut consulter le site de la société franco-italienne chargée des travaux puis de l’exploitation de la ligne. https://www.telt-sas.com/fr/telt-page-accueil/ 
  1. Lire APIM Éric, « La France rejoint le forum du gaz de la Méditerranée orientale », Econostrum, 10 mars 2021. https://www.econostrum.info/La-France-rejoint-le-Forum-du-gaz-de-la-Mediterranee-orientale_a27353.html 
  1. Lire FRANZA Luca, « Il Green Deal europeo: sfida e opportunità per l’Italia » dans DESSI Andrea et NELLI FEROCI Ferdinando (dir.), Il governo Conte bis, la pandemia e la crisi del multilateralismo. Rapporto sulla politica estera italiana. Edizione 2020, Istituto Affari Internazionali (IAI), Rome, 1er février 2021, p. 19-25. https://www.iai.it/sites/default/files/9788893681735.pdf 
  1. Thales et Leonardo se sont déjà associés en coentreprise pour former Thales Alenia Space, premier fabricant de satellites en Europe. Voir le site de l’entreprise : https://www.thalesgroup.com/fr/espace 
  1. L’Italie et la France discutent régulièrement de la stratégie vaccinale de l’Union européenne, de ses politiques migratoires et de la question des travailleurs transfrontaliers qui impacte les deux pays. Jean-Yves Le Drian souhaite pour sa part que le traité du Quirinal soit signé lors du prochain sommet franco-italien prévu au deuxième semestre de cette année. Lire sa déclaration du 5 mars 2021 : https://www.vie-publique.fr/discours/278866-jean-yves-le-drian-05032021-france-italie. Lire aussi l’entretien de Sandro Gozi, secrétaire d’État aux Affaires européennes (2014-2018) :  http://newsletter.irefi.eu/de-lelysee-au-quirinal-sandro-gozi-le-traite-de-lelysee-une-avant-garde-franco-italienne-dans-la-construction-europeenne 
  1. À la différence de Barack Obama et de Donald Trump, le nouveau président américain Joe Biden ne semble pas vouloir poursuivre le retrait des forces américaines en Europe. Il a ainsi gelé le retrait des troupes américaines en Allemagne. Cette réévaluation de la politique atlantiste américaine retardera-t-elle l’émergence de l’autonomie stratégique européenne chère au président Macron ? Le gouvernement Draghi a déjà fait savoir que l’autonomie stratégique se fera en complément de l’appartenance de 21 des 27 États membres de l’UE à l’Alliance Atlantique. Lire : PIOPPI Stefano,  « Buona la prima! Così Draghi a Bruxelles segna il primato di Nato e Usa », Formiche, 26 février 2021.   https://formiche.net/2021/02/difesa-comune-consiglio-europeo-2/ 
  1. Les frontières maritimes franco-italiennes sont définies par l’Accord de Caen (2015). Plusieurs violations des eaux territoriales ont pu être constatées à Menton. L’Italie n’a pas ratifié ce traité à ce jour. Lire le texte intégral : « Accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République italienne relatif à la délimitation des mers territoriales et des zones sous juridiction nationale entre la France et l’Italie », 21 mars 2015. http://reglementation-polmer.chez-alice.fr/Textes/accord_frontiere_maritime_franco_italien.pdf 
  1. Ces éléments sont tirés des fiches thématiques élaborées par l’Ambassade de France à Rome (cf. bibliographie).
  1. Chiffres Atout France (2018). Représentant 10 % des touristes internationaux accueillis en France, l’Italie est le quatrième marché international pour la destination France. http://www.atout-france.fr/notre-reseau/italie 
  1. Plusieurs icônes du cinéma français, comme Lino Ventura, Yves Montand et Fernandel sont d’origine italienne. Ce dernier connut un immense succès avec la série des Don Camillo, aussi bien en France qu’en Italie. La Mostra de Venise et le Festival de Cannes sont en outre les deux principaux festivals du film européen avec celui de Berlin.    
  1. Citons parmi les Italiens francophones célèbres : les anciens présidents du Conseil Silvio Berlusconi, Enrico Letta et Paolo Gentiloni, l’industriel et ancien patron du groupe Fiat Giovanni Agnelli, le politologue Gianfranco Pasquino, l’historien et conseiller scientifique de la BNF Gennaro Toscano, les acteurs Gina Lollobrigida, Marcello Mastroianni et Monica Bellucci, le chef d’orchestre Daniele Gatti, le paléontologue et homme de télévision Alberto Angela. Côté français, mentionnons Sylvie Goulard, ancienne ministre et eurodéputée, l’acteur Vincent Cassel, ex-mari de Monica Bellucci, les footballeurs Michel Platini et Zinédine Zidane, Jean Todt, ancien directeur de la Scuderia Ferrari et président de la Fédération internationale de l’automobile. Plus généralement, la maîtrise de la langue italienne reste requise pour nombre de professions scientifiques et culturelles.
  1. Calcul personnel établi à partir des effectifs des principales langues étrangères enseignées dans l’Éducation nationale (anglais, allemand, espagnol et italien). Avec un ratio de 1 élève apprenant l’italien (5,3 % du total) pour 13,6 étudiant l’espagnol (72,2 % du total), la force du mimétisme de l’Éducation nationale est on ne peut plus édifiante !
  1. Notons que c’est déjà le cas entre Emmanuel Macron et Mario Draghi. Les deux anciens banquiers d’affaires échangent régulièrement en anglais. Francophone, Mario Draghi s’exprime davantage dans la langue de Shakespeare. Emmanuel Macron se limite lui aussi à l’anglais dans ses communications internationales. Il a cependant affirmé qu’il comprenait la langue de Dante sans pour autant en démontrer une maîtrise orale effective dans un entretien à la télévision italienne en mars 2019. 
  1. La presse allemande elle-même croit voir dans la bonne entente entre Mario Draghi et Emmanuel Macron l’émergence d’un couple franco-italien, hâtivement baptisé « Dracon ». Lire : SAUGA Michael, « Europas neues Führungsduo: “Dracon” », Der Spiegel, 30 mars 2021.  https://www.spiegel.de/wirtschaft/mario-draghi-und-emmanuel-macron-europas-neues-fuehrungsduo-a-ef7e4636-0de2-4224-8629-832268274df3. Voir aussi Courrier International, 1er mars 2021 : https://www.courrierinternational.com/article/diplomatie-draghi-et-macron-nouveaux-meilleurs-amis-en-europe 
  1. L’allusion fait référence à la célèbre thèse de Claude Digeon, La crise allemande de la pensée française. 1870-1914. Lire le compte rendu de Michel Winock : https://www.lhistoire.fr/classique/«-la-crise-allemande-de-la-pensée-française-»-de-claude-digeon 
  1. Lire LUTAUD Bénédicte, « La presse italienne salue l’arrestation de sept ex-membres des Brigades rouges », Le Figaro, 3 mai 2021. https://www.lefigaro.fr/international/la-presse-italienne-salue-l-arrestation-de-sept-ex-membres-des-brigades-rouges-20210503 

Bibliographie / Sitographie

BERTRAND Gilles, FRÉTIGNÉ Jean-Yves, GIACONE Alessandro, La France et l’Italie : histoire de deux nations sœurs, Paris, Armand Colin, 2016.

DARNIS Jean-Pierre,  « Mario Draghi e il rilancio del ruolo internazionale dell’Italia », Le Grand Continent, 27 mars 2021.

DARNIS Jean-Pierre, « Une vision stratégique des relations franco-italiennes : vers un traité bilatéral ? », Fondation pour la recherche stratégique (FRS), Paris, 29 juillet 2020.  https://www.frstrategie.org/sites/default/files/documents/publications/notes/2020/202056.pdf 

DARNIS Jean-Pierre, « A Napoli un bilaterale Italia-Francia nel segno della tradizione », Affari Internazionali, Rome, 25 février 2020. https://www.affarinternazionali.it/2020/02/nel-segno-della-tradizione-il-bilaterale-italia-francia/ 

DARNIS Jean-Pierre, « Le face-à-face franco-italien en Libye : un piège pour l’Europe », Le Grand Continent, 03 mai 2019.

DARNIS Jean-Pierre, « Italia / Francia : finita la crisi, restano i problemi », Affari Internazionali, Rome, 21 février 2019. https://www.affarinternazionali.it/2019/02/italia-francia-crisi-problemi/ 

DARNIS Jean-Pierre,  « L’influence de la dimension culturelle sur la crise des relations diplomatiques entre la France et l’Italie : le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci », Synergie Italie n°15, 2019.  https://www.academia.edu/44033646/Linfluence_de_la_dimension_culturelle_sur_la_crise_des_relations_diplomatiques_entre_la_France_et_lItalie_le_500_e_anniversaire_de_la_mort_de_Léonard_de_Vinci 

DARNIS Jean-Pierre, « L’Italie est-elle encore européiste ? », Le Grand Continent, 16 juin 2018.

DARNIS Jean-Pierre, « France, Italie et Europe : une relation fragile ? », Le Grand Continent, 12 avril 2018. https://legrandcontinent.eu/fr/2018/04/12/france-italie-et-europe-une-relation-fragile/ 

DARNIS Jean-Pierre « France/Italie : scénarios stratégiques bilatéraux », Istituto Affari Internazionali (IAI), Rome,  février 2016.

https://www.iai.it/sites/default/files/iai1602f.pdf

DE LEONARDIS Massimo, « France et Italie : les relations parfois troublées entre les sœurs latines », dans SOUTOU Georges-Henri (dir.), L’action extérieure de la France, Paris, Presses universitaires de France (PUF), 2020, p.151-168. 

Ambassade de France en Italie, La relation franco-italienne en chiffres-clés, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, 2020.

Une présentation en fiches thématiques pour mieux  apprécier la densité de la relation France-Italie.

https://it.ambafrance.org/La-relation-franco-italienne-en-chiffres-cles-5718

  • Dans les médias

FAZIO Fabio, Emmanuel Macron, Che tempo che fa, Rai 1, 03 mars 2019, 30 min.

Entretien d’Emmanuel Macron dans une célèbre émission de la télévision italienne.

https://www.raiplay.it/video/2019/03/Emmanuel-Macron-03032019-fffbc43d-1320-490d-acd7-d71d0bec19a6.html

MASSET Christian, Conversazioni internazionali – 2021: le sfide per l’Europa, Istituto Affari Internazionali, Rome, 16 février 2021.

Christian Masset est ambassadeur de France en Italie.

Conférence, L’Italia tra Francia e Germania, il triangolo euroccidentale, VII Festival di Limes – Rivista italiana di geopolitica, Gênes, 17 octobre 2020.

L’Italie entre la France et l’Allemagne (en italien)

Conférence, Francia e Italia, quasi nemici, VI Festival di Limes – Rivista italiana di geopolitica, Gênes, 09 mars 2019.

Une vision italienne des tensions qui parcouraient la relation franco-italienne au printemps 2019 (trilingue anglais-français-italien).

ClasseInternationale

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