Cette semaine, The Economist consacre sa Une au ministre de l’Économie (Chancellor of the Exchequer), George Osborne. Celui-ci fait face à un marasme économique auquel s’est récemment ajoutée la dégradation de la note britannique par l’agence de notation Moody’s, passant du fameux AAA à AA1. Cela faisait trente-cinq ans que le Royaume-Uni conservait sa note de bon élève. Dans ces conditions, les Britanniques ne peuvent que s’impatienter de voir leur économie repartir. A l’heure où notre fameuse revue nous rappelle qu’elle suit et commente l’économie britannique depuis 170 ans, il est temps de faire le point sur la stratégie de sortie de crise adoptée par le gouvernement de coalition depuis son arrivée au pouvoir en 2010.
L’article insiste principalement sur trois points : le renflouement de l’économie réelle grâce au maintien de taux directeurs bas ; l’augmentation des investissements destinés aux infrastructures; et les moyens visant à faciliter la reprise des entreprises en cessation de paiements.
Même si The Economist a raison de mettre l’accent sur le maintien de taux bas et la confiance des acteurs économiques, il est candide de penser que Mr Osborne, ou qui que ce soit dans la coalition, puisse changer la trajectoire du redressement des finances publiques au Royaume-Uni. Les mesures engagées depuis trois ans n’ont eu de cesse de réduire l’impact de la sphère publique sur l’économie réelle. Les coupes budgétaires dans les dépenses publiques d’investissement ont donné un semblant d’équilibre des comptes alors que les mauvaises dépenses, celles liées aux aides sociales, n’ont pas été touchées.
Les médias de masse, tels que les tabloïds, ont tendance à guider les politiques publiques outre-Manche. Cette habitude, prise il y a plus de dix ans, est un problème structurel qui ne peut pas être changé facilement. Leur capacité d’ « agenda setting » a conduit aux mauvais choix budgétaires qui ont eux-mêmes menés à l’abaissement de la note britannique. Avec un taux directeur à 0.5%, la Banque d’Angleterre a réussi, ces dernières années, à cacher les problèmes structurels. Mais la transformation de ce taux en argent mis au service de l’économie réelle se fait désirer. Pourtant des solutions existent: l’ouverture à l’immigration qualifiée ou la restructuration des dépenses de fonctionnement. L’incapacité du gouvernement à mettre en avant ces réformes témoigne d’une situation politiquement trop fragile pour envisager un changement de stratégie économique en Grande-Bretagne.
Ceci dit, les perspectives économiques et sociales hors de la zone euro sont assujetties à plus de flexibilité grâce à l’indépendance des monnaies. Des possibilités se présentent donc au gouvernement de coalition comme dans aucun autre des grands pays européens soumis à la monnaie unique. Aujourd’hui, The Economist dit à George de saisir sa chance, pour le meilleur à moyen et long termes, mais sûrement pour le pire à court terme.
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