À un an des élections présidentielles aux Etats-Unis, Classe Internationale s’intéresse à Bernie Sanders, élu indépendant « socialiste », et actuellement sénateur du Vermont. Depuis le 30 avril 2015, Bernie Sanders fait officiellement partie des candidats pour la primaire Démocrate où il est opposé à Hillary Clinton, sa principale rivale, mais aussi à Martin O’Malley, l’ancien gouverneur du Maryland, les autres candidats s’étant retirés de la course.
Tout semblait être contre lui. Dans un pays où le système électoral est dominé par deux grands partis, et où le terme de socialisme est utilisé à des fins péjoratives, rien ne laissait penser qu’un candidat n’appartenant ni au Parti Démocrate ni au Parti Républicain et se revendiquant comme « socialiste démocrate » avait ses chances dans la course à la présidence.
Et pourtant, depuis le lancement de sa campagne, Bernie Sanders, 73 ans, est plus populaire que jamais, et se pose en opposant crédible face à Hillary Clinton.
Si ses idées « de gauche » ne choquent pas particulièrement en Europe, aux États-Unis, elles paraissent relativement révolutionnaires. Ce « socialiste » convaincu a dû maintes fois s’expliquer dans les médias américains sur cette identité, perçue comme synonyme de dictature soviétique, et donc assez mal vue outre-Atlantique.
Sa campagne s’axe autour des inégalités salariales, et des disparités grandissantes entre les classes : le fait que 1% de la population possède 99% des richesses du pays n’est, selon lui, pas viable sur la durée. Il se décrit comme populiste, contre l’Amérique corporatiste, les grandes banques et Wall Street, responsables de la crise de 2008, qui a tout particulièrement touché les ménages les moins fortunés. Il souhaite recentrer le gouvernement sur les « petites gens » et non plus sur les millionnaires.
En cela, il s’oppose directement à Donald Trump, businessman milliardaire et candidat Républicain, lui aussi assez inattendu. Dans un pays où l’argent compte énormément pour mener une campagne présidentielle, B. Sanders prend le contre pied, en refusant les contributions financières en provenance de « Super-PACS. »
- Pour comprendre le fonctionnement des PACS (Political Action Committees ou Comités d’Action Politique) lisez cet article de l’Express : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/super-pac-les-super-dollars-de-la-campagne-americaine_1070176.html
Il met, au contraire, l’accent sur les petites donations : ainsi la plupart des contributions se situent autour de 30$, alors que le plafond maximal pour les donations de personnes privées à un candidat se situe à 2600$ (1).
Cette stratégie s’avère payante, puisque B. Sanders a déjà récolté 41 millions de dollars sur l’année, contre 77 millions pour Hillary Clinton. Sur le dernier trimestre uniquement, les dons s’élèvent à 26,2 millions pour B. Sanders, et à 29 millions pour H. Clinton. Le troisième candidat à la primaire démocrate, M. O ‘Malley, n’en a récolté que 1,28 millions.
En comparaison, Jeb Bush, qui était annoncé comme grand favori avant que Donald Trump n’annonce sa candidature, n’a récolté que 13 millions sur ce même semestre.
Cela montre donc bien l’engouement des américains pour Bernie Sanders et sa popularité grandissante.
Cette popularité s’exerce surtout auprès des jeunes votants démocrates. Cet article du Guardian explique l’engouement des jeunes nés entre 1986 et 1997, communément appelés « millenials », de par son activité sur les réseaux sociaux, mais aussi pour son engagement pour le peuple et les problèmes de dettes des jeunes diplômés, ainsi que la “sincérité” de son discours politique : deux sondages menés en juillet par the Economist et YouGov montrent qu’il est deuxième, de peu, derrière H. Clinton auprès des jeunes américains.
Cependant, s’il espère sortir vainqueur de la primaire démocrate, il doit obtenir le soutien des minorités noires et hispaniques, qui sont pour l’instant largement favorables à H. Clinton. Il prend clairement position pour cet électorat lors du débat démocrate d’octobre, en abordant la question du racisme aux États-Unis et en affichant son soutien au mouvement #BlackLivesMatter, mouvement né après la mort de plusieurs jeunes noirs tués par des policiers blancs. Il appelle alors à une réforme du système de justice pénale, qu’il juge en lien avec les récents problèmes raciaux.
Cet article du Washington Post montre cependant les faiblesses de B. Sanders dans la course à la présidence. Si une majorité de sympathisants Démocrates lui est favorable, les sondages tendent à dire qu’un grand nombre d’Américains (du centre ou de droite) ne sont pas prêts à voir un socialiste à la Maison Blanche. En somme, d’après ce sondage Gallup de Juin 2015, un candidat noir, homosexuel ou musulman aurait plus de chance d’être élu qu’un candidat socialiste.
Yseult F.
(1) http://www.politico.com/story/2015/07/bernie-sanders-fec-filing-raises-15-million-119689
(2) https://d25d2506sfb94s.cloudfront.net/cumulus_uploads/document/ar54q9h39k/econTabReport.pdf
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