Guinée-Bissau : vers la fin de l’instabilité politique ?

Guinée-Bissau : vers la fin de l’instabilité politique ?

Parmi les cinq pays de l’Afrique lusophone, la Guinée-Bissau apparaît comme un pays bien discret. Si l’Angola est désormais connu pour son pétrole et que le Mozambique commence à l’être pour ses plages paradisiaques, le lecteur occidental est bien en peine d’associer une quelconque image à ce petit pays d’1,8 million d’habitants guère plus grand que la Belgique coincé entre le Sénégal et la Guinée. Première colonie tropicale portugaise dès 1446 et première affranchie de la tutelle de Lisbonne en 1973, la Guinée-Bissau peine à s’inventer un avenir serein depuis son indépendance.

Éloigné des feux de la scène internationale, le pays traverse bien des vicissitudes qui tiennent à son instabilité politique. La promiscuité des élites politiques et militaires a ainsi généré son lot continuel de coups d’État – le dernier en date remonte à 2012 – quand le président en exercice ne finit pas purement et simplement assassiné comme ce fut le cas pour João Bernardo Vieira en 2009. Dès lors plusieurs questions se posent pour lever le voile sur une réalité aussi impitoyable que complexe. Comment caractériser l’instabilité en Guinée-Bissau ? Quelles sont les forces en présence et les obstacles pouvant entraver le développement du pays ? Pourquoi, plus de 45 ans après l’indépendance, la Guinée Bissau apparaît-elle comme un État failli ? Les dimensions sociologiques, géostratégiques et géoéconomiques de la crise bissau-guinéenne nous invitent à réfléchir sur l’idée de nation en Afrique.

Amílcar Cabral (1924 – 1973), héros de l’indépendance et «père» de la Guinée-Bissau contemporaine. (© Wikipédia).

L’impossible rêve panafricain d’Amílcar Cabral, «père» de la nation bissau-guinéenne

L’histoire contemporaine de la Guinée-Bissau ne peut se comprendre sans évoquer la figure d’Amílcar Cabral (1924 – 1973). Épris de panafricanisme, un mouvement politique et culturel qui entend rassembler les Africains et leurs diasporas autour d’une communauté de destin plaçant la solidarité et l’indépendance africaine comme valeurs cardinales, cet agronome de formation se pose en principal opposant au joug colonial portugais qui entend étouffer toutes velléités d’indépendance. Fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) en 1956, un parti politique qui allait jouer un rôle prédominant dans la vie politique du pays, Amílcar Cabral, passé dans la clandestinité et pacifiste, n’a pourtant d’autre choix que de recourir à la lutte armée face à l’inflexibilité de l’Estado Novo qui vient de lui refuser la tenue d’élections libres en 1960 (1). Seule la Révolution des Œillets, qui fit basculer le Portugal dans l’ère démocratique (2), viendra mettre un terme à une longue guerre nationale de libération (1963 – 1974). C’est sur les décombres de la guerre, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui, que la Guinée-Bissau s’est dotée d’un projet politique dont les faiblesses n’ont fait qu’exacerber sa fragilité comme ses ambiguïtés.

Dans la pensée panafricaniste de Cabral, l’indépendance de la Guinée-Bissau comme du Cap-Vert forme un tout dont le ciment est l’unité nationale qui viendrait transcender les clivages ethniques. Autrement dit, aucune indépendance n’est envisageable sans conscience nationale partagée. Sur le plan politique, l’idée d’unité nationale doit aussi permettre l’harmonisation des courants de pensée qui parcourent le PAIGC pour une lutte plus efficace contre le colonisateur. Le marxisme est donc rapidement reconnu comme ligne directrice officielle. Bientôt, l’activisme de Cabral à l’international est couronné de succès puisque l’ONU reconnaît en 1972 le PAIGC comme le représentant «véritable et légitime des peuples de la Guinée et du Cap-Vert» et somme le Portugal de décoloniser. La popularité de Cabral est grandissante. La libération du pays s’accélérant, les premiers services publics, en particulier les hôpitaux et les écoles, font leur apparition. En cette même année 1972, 80 000 Bissau-Guinéens votent pour la première fois en approuvant la création d’une Assemblée nationale populaire. La gestation d’un nouveau pays est bel et bien en marche.

Mais les idéaux de l’indépendance ne sauraient perdurer  sans l’avènement d’un «homme nouveau». Pour Cabral, seule l’éducation permettra l’émancipation intellectuelle de l’homme africain face à la pensée «civilisatrice» européenne. L’accent est donc mis sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour libérer une population encore très largement analphabète, ce qui n’est pas sans rappeler les campagnes d’alphabétisation menées par Che Guevara quelques années auparavant à Cuba. «L’homme nouveau» de Cabral devait être pétri de culture politique et de valeurs morales, valeurs qui devaient guider la Guinée-Bissau vers la prospérité.

Pour autant, Cabral n’est pas seul et des voix dissonantes se font entendre au sein du PAIGC. La question de l’unité nationale est l’un des points d’achoppement. Par ses parents, Cabral est autant Cap-verdien que Bissau-Guinéen, mais d’aucuns considèrent que les Cap-verdiens sont moins exposés à la létalité de la guerre quand les Bissau-Guinéens servent de chair à canon. En définitive, c’est le creuset de la colonisation portugaise qui sépare les deux peuples. Mieux éduqué, le Cap-verdien est vu comme un «nègre spécial», ce qui lui permet d’accéder au statut de citoyen portugais. Au différentiel éducationnel viennent se superposer les cicatrices de l’Histoire, le Cap-Vert ayant servi de colonie de peuplement au Portugal par l’envoi d’esclaves venus de Guinée-Bissau. Cette ligne de fracture historique est dépassée par Cabral qui souligne que les deux peuples parlent le même créole. Du côté de l’aile cap-verdienne du PAIGC, on met en avant les liens de la Guinée-Bissau avec la Guinée et le Sénégal voisins. Surtout, on craint que le niveau d’instruction dissemblable qui caractérise les deux colonies puisse déboucher sur un paternalisme cap-verdien malvenu. En retour, l’aile bissau-guinéenne rétorque qu’elle ne permettra pas l’émergence d’un apartheid en Guinée-Bissau. Objet de tentatives de déstabilisation de la part du Portugal, en proie à la concurrence du Front de lutte pour l’indépendance nationale de la Guinée (FLING) d’inspiration sociale-démocrate, le PAIGC allait voir ses rêves d’unité panafricaine s’évaporer sous l’effet conjugué de l’assassinat d’Amílcar Cabral en 1973 et d’un déchaînement de violences internes. Plus de 45 ans après la guerre d’indépendance, cette culture de la violence continue d’irriguer la mémoire collective et les pratiques politiques de la société bissau-guinéenne.

À Bissau, l’Assemblée nationale populaire vit régulièrement des soubresauts politiques d’envergure. (© Wikipédia).

Une instabilité politique chronique depuis l’indépendance 

Héritée de la guerre coloniale, les premiers temps de l’indépendance sont marqués par une structure Parti-État-Armée avec un PAIGC propulsé en parti unique et chargé de conduire les destinées de la toute jeune république. Les premières avancées sociales – notamment en matière d’éducation – menées sous la présidence de Luís Cabral, demi-frère d’Amílcar Cabral, cèdent bientôt la place à un premier coup d’État militaire en 1980. Les militaires plongent le pays dans une situation exsangue où la corruption, la misère et l’insécurité financière la plus totale sont les maîtres-mots. Acculés par les bailleurs de fonds, FMI et Banque Mondiale en tête, dont le pays a cruellement besoin pour sa subsistance, les militaires se résignent à l’ouverture démocratique. Les premières élections multipartites sont célébrées en 1994. Depuis, dans un climat d’extrême pauvreté marqué par des inégalités sociales criantes, la Guinée-Bissau a vu se succéder pas moins de 12 présidents, 21 Premiers ministres et a compté jusqu’à 49 partis politiques différents pour la période 1990-2018. À titre de comparaison, le Cap-Vert voisin n’en est qu’à son cinquième Premier ministre depuis 1975 !

Cette instabilité politique tient pour beaucoup aux faiblesses de la constitution qui consacre un régime semi-présidentiel où le président joue un rôle central. Garante de la séparation des pouvoirs, elle ne permet pas au chef de l’État élu démocratiquement de choisir librement son chef de gouvernement, une compétence dévolue à l’Assemblée nationale populaire, où un PAIGC hégémonique dicte d’ordinaire sa loi. En conséquence, un président élu qui ne serait pas issu du parti majoritaire a toutes les chances de se heurter à l’opposition du Parlement. L’élection présidentielle du 29 décembre dernier est à ce sujet un cas d’école. Proclamé vainqueur le 1er janvier,  Umaro Sissoco Embaló (3), dissident du PAIGC ayant fondé son propre parti, a justement ravi la présidence au président sortant José Mário Vaz et à l’un de ses nombreux anciens Premiers ministres, Domingos Simões Pereira, tous deux membres du PAIGC. Défait pour la première fois depuis l’instauration de la démocratie en 1994, le PAIGC n’en conservait pas moins la majorité à l’Assemblée et c’est à lui que revenait théoriquement le poste de Premier ministre. Cet imbroglio institutionnel sur fond de rivalités personnelles propres au PAIGC a poussé l’armée à prendre temporairement le contrôle du Parlement et de la Cour Suprême fin février. Depuis, comme souvent en Guinée-Bissau, le truchement des alliances politiques a finalement eu raison de la majorité du PAIGC à l’Assemblée qui continue néanmoins de dénoncer un «passage en force». Sur la base du respect des engagements internationaux de la Guinée-Bissau qui conditionne son accès à l’aide internationale, la tension politique, à défaut d’être définitivement retombée, reste relativement contenue en ce début du mois d’octobre. Reconnu depuis le 29 avril dernier par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui fait office de médiateur régional privilégié depuis 2012, et par l’ONU, qui a dépêché une mission œuvrant pour le maintien de la paix, depuis 2009 (4), Umaro Sissoco Embaló joue la carte de l’apaisement avec tous les acteurs de la vie politique bissau-guinéenne (5). 

Cette énième crise institutionnelle est pour le moins riche d’enseignements, tant sur le système politique bissau-guinéen en-lui même que sur les rouages de la diplomatie multilatérale dans la région. En premier lieu, il est à remarquer que la constitution n’a pas permis l’affermissement d’une démocratie encore trop souvent minée par l’intervention de l’armée et le clientélisme de ses élites politiques. En cela, une réforme constitutionnelle semble incontournable pour clarifier les fonctions du président de la République et du Premier ministre. Conformément, aux recommandations de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embaló a initié le processus de révision de la constitution qui devrait culminer avec l’organisation d’un référendum dont l’hypothétique tenue relève pour l’instant de l’inédit. Dans un pays où la culture politique reste faible, un référendum aurait le mérite d’entreprendre une véritable réflexion sur la démocratie, loin des intérêts partisans se reflétant dans la multitude de factions politiques, notamment au sein d’un PAIGC encore omniprésent. Il suppose pour cela que les Bissau-Guinéens réveillent une conscience nationale, qui, au temps de la guerre coloniale, avait fonctionnée comme un véritable catalyseur, leur permettant d’accéder à l’indépendance. Cette même conscience nationale servirait à construire un projet politique cohérent, éloigné du binôme classe politique-armée qui a jusque-là accaparé la vie politique du pays. Mais les obstacles sont encore nombreux pour sortir de l’impasse juridico-politique alors même que l’éventualité d’un référendum n’est pas prévue dans la constitution actuelle. Le défi d’Umaro Sissoco Embaló est donc de taille. De sa capacité à le relever dépendra le succès de son mandat.

Autre point d’importance à mentionner, la conduite de la politique intérieure en Guinée-Bissau est conditionnée aux exigences de la communauté internationale. Dans une région traditionnellement à haute conflictualité – on se souvient de la guerre civile sierra-léonaise entre 1991 et 2002 et de celle du Libéria entre 1989 et 1997 – et où 75 % du budget de l’État dépendait de l’aide internationale en 2005, on conçoit aisément que les instances internationales aient un droit de regard sur la situation intérieure du pays. Il est ainsi revenu à la CEDEAO, sur le modèle des Casques bleus de l’ONU, d’œuvrer au maintien de la paix et à la stabilité institutionnelle dans le pays (6). Interlocuteur préférentiel, la CEDEAO ne fait pas oublier la difficile affirmation de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) sur le plan diplomatique. Marginalisée et concurrencée par d’autres instances plus réactives et plus crédibles sur le plan régional, la CPLP ne joue qu’un rôle mineur dans la résolution de la crise bissau-guinéenne, en témoigne la timidité de ses missions d’observation aux résultats pour le moins modestes. À sa décharge, le coup d’État de 2012 a porté un coup d’arrêt fatal à la mission angolaise qui agissait en son nom, l’armée bissau-guinéenne supportant mal les actions extérieures qu’elle perçoit comme une ingérence à peine dissimulée. On l’aura compris, l’instabilité politique en Guinée-Bissau est le fruit de plusieurs forces centrifuges qui compromettent son développement. Plusieurs menaces de sécurité intérieure comme extérieure planent en effet sur le pays. Il convient donc de les présenter brièvement.

Située à l’extrémité occidentale de l’Afrique, la Guinée-Bissau est au cœur des routes des narcotrafics qui sillonnent le golfe de Guinée. La région insulaire de Bolama offre un cadre particulièrement propice à ces échanges illégaux.  (© Wikipédia).

Un développement miné par de nombreux écueils

Au-delà de la politique intérieure, la Guinée-Bissau doit également faire face à une situation géostratégique particulièrement complexe. Elle a par le passé été affectée par le conflit en Casamance du Sénégal voisin (7). Sa position géographique, en amont du golfe de Guinée, est une invitation pour les narcotrafiquants latino-américains à s’en servir comme une base arrière avant d’acheminer la drogue vers l’Europe (8). En sus de son instabilité politique, la corruption généralisée de ses élites, la porosité de ses frontières et une population – 70 % – vivant sous le seuil de pauvreté sont autant de facteurs expliquant cet état de fait. S’il est par définition difficile de quantifier tout volume d’un trafic comme de déterminer le degré de collusion entre les trafiquants et la classe politico-militaire, la réputation de la Guinée-Bissau comme premier narco-État africain semble hélas se vérifier. L’ONU estime ainsi que pas moins de 30 tonnes de cocaïne transitent chaque année dans le pays en provenance du Brésil. 

Or, si la drogue prospère, c’est bien parce que la Guinée-Bissau est un État failli dont la responsabilité incombe principalement au binôme politiciens-militaires. Depuis l’indépendance, ce dernier n’a eu de cesse de déstructurer un appareil d’État réduit à sa plus simple expression si bien qu’il faut parfois faire preuve d’imagination pour savoir qui gouverne entre l’armée et le politique à Bissau. Auréolés de leur victoire sur le colonisateur, les militaires ont toujours usé de leur statut pour s’octroyer des privilèges d’État. Vivants dans un luxe parfois autant outrancier que contradictoire avec la pauvreté de la société civile, leur antidémocratisme prononcé les a conduit à prendre le pouvoir par la force entre 1980 et 2012. Bafoué, l’ordre institutionnel ne pouvait en aucun cas participer à la consolidation d’une culture démocratique, rendue de facto quasi-nulle. Nonobstant son implication évidente dans la conduite des affaires du pays, l’habileté dont a fait preuve l’armée pour ne jamais assumer officiellement le pouvoir est à relever (9). Désireux de conjurer le risque de coup d’État, le législateur a entrepris plusieurs tentatives de réforme de l’institution militaire. La réforme de 1998 prévoyait ainsi la démobilisation des anciens combattants et la réintégration des militaires dans la société civile. Vingt ans plus tard, des raisons essentiellement politiques et économiques – les militaires ne sont pas prêts à renoncer à leur influence politique ni aux profits lucratifs du trafic de drogue pour certains d’entre eux -, ont eut tôt fait de rendre caduques ces initiatives politiques. 

Un dernier élément nous reste à éclaircir : peut-on parler d’ethnicisation de la politique en Guinée-Bissau ? Malgré le désordre incessant qui agite le pays, les ethnies majoritaires des Balantas et des Fulas n’ont jamais pris les armes. Sur ce point, il faut souligner que tous les conflits africains ne relèvent pas d’une base ethnique comme le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. En effet, la lutte pour le pouvoir et pour le contrôle du pouvoir en Guinée-Bissau a historiquement structuré les rapports de force entre Bissau-Guinéens et Cap-verdiens (10). Encore aujourd’hui, nombre de querelles intestines du PAIGC trouvent leur raison d’être dans ce passé tumultueux, anéantissant jusqu’à présent toute stabilisation politique durable. En définitive, c’est la dimension élitiste du conflit politique qui retient l’attention pour l’observateur s’intéressant à ce pays de l’Ouest africain, et qui explique, peut-être, l’absence de conflit social interethnique à ce jour.  

Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 35 ans, relever le défi de l’instabilité est donc tout autant une urgence politique et judiciaire, mais aussi sociale, tant les besoins en matière d’éducation, de santé et d’accès à l’emploi se font criants. D’un mot, il s’agit pour le président Sissoco Embaló de (re)fonder l’État de droit loin des affres de la corruption et du narcotrafic. Cet avenir politique reste à inventer. Il revient aux Bissau-Guinéens de le concrétiser dans les années à venir.

Alexis Coquin

(1) Enferré dans son concept de nation «pluricontinentale et multiraciale», le Portugal de l’époque considère ses colonies comme relevant de son territoire national. Cette idéologie le poussera à une guerre coloniale (1961 – 1974) aussi longue que coûteuse en Angola, au Mozambique et donc en Guinée-Bissau.

(2) La Révolution des Œillets (Revolução dos Cravos en portugais) renvoie au coup d’État militaire qui scelle la fin de la dictature salazariste (1933 – 1974) au Portugal. Un œillet rouge, distribué par une fleuriste de Lisbonne aux conjurés, est devenu le symbole de cette révolution. Elle est célébrée chaque 25 avril au Portugal.

(3) Après un passage dans l’armée, Umaro Sissoco Embaló est politiste de formation et spécialiste des questions de défense. Polyglotte (anglais, arabe, espagnol, français, portugais et swahili), il compte sur sa connaissance de l’Afrique de l’Ouest et son réseau international pour redorer l’image de la Guinée-Bissau hors de ses frontières.

(4) Si les troupes de la CEDEAO sont en cours de retrait, la mission onusienne qui promeut la «réconciliation nationale et la gouvernance démocratique» en Guinée-Bissau doit s’achever le 31 décembre prochain. Voir aussi : https://www.un.org/press/fr/2020/cs14130.doc.htm 

Par ailleurs, l’action de l’ONU n’est pas seulement pacificatrice, puisque plusieurs militaires responsables du coup d’État de 2012 font toujours l’objet de sanctions à l’heure actuelle.

(5) La versatilité de la politique bissau-guinéenne est telle qu’il est difficile de dégager un agenda politique clair. Dans un souci de réconciliation nationale, Umaro Sissoco Embaló a convié début septembre le PAIGC a faire partie du gouvernement.

(6) Le récapitulatif de la mission effectuée par la CEDEAO entre 2015 et 2018 est consultable à cette adresse : https://www.africa-eu-partnership.org/sites/default/files/apf_factsheet_-_ecomib_-_fr.pdf 

(7) Guerre civile méconnue, ce conflit oppose des rebelles indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) au gouvernement central de Dakar. Malgré un cessez-le-feu signé en 2005, des affrontements sporadiques ont toujours lieu le long de la frontière avec la Guinée-Bissau et ont par le passé généré une brève guerre civile en 1998 – 1999.

(8) Cette affirmation est à nuancer. L’Afrique devenant de plus en plus producteur et consommateur de drogue : https://www.voanews.com/africa/un-reports-alarming-trends-drug-trafficking-africa 

(9) La liste des présidents bissau-guinéens montre que les coups d’État militaires ne débouchent que sur une présidence temporairement assumée par un militaire. À l’exception notable de João Bernardo Vieira, électricien de formation, président entre 1984 et 1999 puis entre 2005 et 2009, guérillero pendant la guerre d’indépendance puis officier.

(10) Le coup d’État de 1980 a en effet acté la scission des ailes bissau-guinéenne et cap-verdienne au sein du PAIGC. Ces derniers s’en retournant au Cap-Vert fonder le Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV). 

Bibliographie / Sitographie :

Cardoso Marta. “Guiné-Bissau : crise política crónica hipoteca futuro dos jovens”, Deutsche Welle África, 11 mars 2020.

https://www.dw.com/pt-002/guiné-bissau-crise-pol%C3%ADtica-crónica-hipoteca-futuro-dos-jovens/a-52719167

Da Costa Paulo António. Instabilidade Política na Guiné-Bissau: Dimensões, Causas e Efeitos, Instituto Universitário de Lisboa, Lisbonne, 2019.

https://repositorio.iscte-iul.pt/bitstream/10071/19204/1/Master_Paulo%20_Antonio_Costa.pdf

Dansó Iancuba. “Guiné-Bissau : Presidente convida o PAIGC a integrar o Governo”, Deutsch Welle África, 9 septembre 2020.

https://www.dw.com/pt-002/guiné-bissau-presidente-convida-o-paigc-a-integrar-o-governo/a-54872048

Dos Santos Pires de Carvalho Celisa. Guiné-Bissau a instabilidade como regra, Universidade Lusófona, Lisbonne, 2014

https://recil.grupolusofona.pt/bitstream/10437/5960/1/Celisa%20Carvalho%20-%20Dissertação%20de%20Mestrado.pdf

Mallinder Lorraine. “Still a narco-state? Guinea-Bissau’s illegal drug economy”, Global Initiative, 27 mars 2018.

Rainfroy Claire. «Umaro Sissoco Embaló élu président de Guinée-Bissau : les leçons d’un scrutin déjà contesté», Jeune Afrique, 1er janvier 2020.

https://www.jeuneafr76739/politique/umaro-sissoco-embalo-elu-president-de-guinee-bissau-les-lecons-dun-scrutin-deja-conteste/

Soumaré Marième. «Guinée-Bissau : Umaro Sissoco Embaló initie la révision de la Constitution», Jeune Afrique, 12 mai 2020.

https://www.jeuneafrique.com/944109/politique/guinee-bissau-umaro-sissoco-embalo-initie-la-revision-de-la-constitution/

«Guinée-Bissau : la CEDEAO reconnaît la victoire d’Umaro Sissoco Embaló à la présidentielle», Jeune Afrique, 23 avril 2020.

https://www.jeuneafrique.com/933214/politique/guinee-bissau-la-cedeao-reconnait-la-victoire-dumaro-sissoco-embalo-a-la-presidentielle/

«En Guinée-Bissau : la majorité a changé de camp à l’Assemblée», RFI, 30 juin 2020.

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200630-guinée-bissau-majorité-a-changé-camp-à-lassemblée

«Guinée-Bissau : la Cour suprême déboute le PAIGC concernant le contentieux électoral», RFI, 10 septembre 2020.

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200910-guinée-bissau-la-cour-suprême-déboute-le-paigc-concernant-le-contentieux-électoral

«Guinée-Bissau : fin de la mission de la force d’attente de la Cedeao», 11 septembre 2020.

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200911-guinee-bissau-fin-la-mission-la-force-attente-la-cedeao

Pour approfondir :

Arenas Fernando, Lusophone Africa: Beyond independence, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2011. Une évocation culturelle de l’Afrique lusophone.

https://books.google.fr/books?id=eThbx7A_mEEC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ViewAPI&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

Chabal Patrick et Green Toby, Guinea-Bissau: Micro-state to ‘narco state’, Londres, Hurst, 2016. Étude de référence sur les causes de l’instabilité politique en Guinée-Bissau et en particulier sur l’implication de la classe politique dans le narcotrafic international.

Enders Armelle, Histoire de l’Afrique lusophone, Paris, Chandeigne, 1994, réimpression 2013. Rare synthèse en langue française sur le devenir des anciennes colonies portugaises (Angola, Cap-Vert, Guinée-Bissau, São Tomé-et-Principe et Mozambique). Années 1970 – 1990. 

https://books.google.fr/books?id=WI8vW9cmrVMC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ViewAPI&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

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