Dans le cadre du partenariat créé avec nos confrères de l’INALCO, DesOrient.com, Classe Internationale publiera désormais la revue de presse hebdomadaire consacrée à l’actualité du monde arabe, rédigée par l’équipe de DesOrient. Cette semaine (29 Avril -05 Mai), les sujets centraux de l’actualité sont les discussions autour des interventions étrangères en Syrie, la crise politique irakienne et l’initiative de la Ligue arabe pour relancer le processus de paix israélo-palestinien.
Sur l’avion en papier : « Mises en garde »
« Assez de destruction et de sang perdu en Syrie » pouvait-on lire mercredi en titre d’un article d’Al-Hayat ( journal panarabe basé à Londres) qui décrivait une situation humanitaire toujours plus catastrophique alors que le conflit est entré dans sa troisième année. Utilisation d’armes chimiques, attentat contre le premier ministre, aveux d’Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, sur l’engagement de ses troupes dans la région de Homs, raids israéliens en territoire syrien : les développements du conflit ont encore fait la Une de la presse arabe cette semaine. Le régime de Bachar Al-Assad a en effet failli être touché au cœur une nouvelle fois, par un attentat ciblé contre le premier ministre « dans le quartier sécurisé » du régime note Al-Sharq Al-Awsat, en rappelant l’épisode du 18 juillet dernier où une explosion avait décimé une partie de l’état-major syrien. L’éditorial d’Al-Quds Al-Arabi, daté du 30 avril et intitulé « Voitures piégées dans le cœur de Damas », évoquait quant à lui une « scène irakienne » avant d’insister sur le fait que la question de l’utilisation d’armes chimiques visait à « criminaliser le régime » et « légitimait une intervention militaire sur le modèle de ce qui s’est passé en Libye et en Irak ». De nombreux articles ont relevé qu’Obama, qui avait désigné l’utilisation des armes chimiques comme une « ligne rouge » à ne pas franchir, réévaluait ses options au cas où celle-ci serait avérée. En revanche, les opinions semblent diverger sur la question de l’intervention. Si Abdel Wahab Badrakhan, chroniqueur d’Al-Hayat titrait « Les armes chimiques et l’intervention de l’Iran légitiment un projet d’intervention internationale », le ton n’était pas le même dans Al-Quds Al-Arabi, où Suhail Kiwan fustigeait clairement le prédicateur d’Al-Jazeera, Al-Qardawi, pour avoir appelé les États-Unis à intervenir en Syrie : le journaliste décrit cette intervention hypothétique comme une « double catastrophe », pour les Syriens comme pour les Arabes, présentant la Syrie comme une sorte de terrain où s’affronteraient les États-Unis et l’Iran (qui aurait déjà envoyé des hommes selon Al-Quds Al-Arabi). Si l’intervention directe ne semble pas pour demain, après le Hezbollah et l’Iran, c’est le département d’État américain et la CIA qui pourraient rentrer ouvertement en jeu en armant les rebelles syriens, selon Al-Sharq Al-Awsat.
« Regardez autour de vous et vous voyez que tout va bien, que la vie est belle et qu’on a tout ce qu’il nous faut », dit Hiyam Jabri, une quinquagénaire à la tenue élégante, en passant commande chez le traiteur du principal supermarché du Grand Mall. Petit Avant-goût d’un article publié dans L’Orient-Le Jour (quotidien francophone Libanais) intitulé « La vie continue pour l’élite pro-Bachar ».
Un éditorialiste du même journal s’en prend d’ailleurs au « Parti de Dieu » pour son soutien au régime d’Assad dans un billet titré « Elle s’appellait Résistance », où il prédit des troubles à venir au Liban : «Entre milices chiites et sunnites antagonistes, entre arrogance méprisante des uns et soif de vengeance des autres, la « communauté de destin » risque fort bien d’entraîner tout le monde dans le même abîme…» Tonalité proche dans Al-Hayat où le journaliste Walid Shakir estime que Nasrallah « résiste aux réalités politiques nouvelles », alors que sa confrère Raghida Dergham affirme que « les armes de la résistance sont utilisées pour empêcher la chute du régime syrien ». Après la déclaration du chef du Hezbollah, qui a reconnu que ses troupes étaient engagées en Syrie, les journaux arabes ont relayé les craintes de voir le Liban s’embraser également : « La guerre civile pourrait ne pas avoir lieu au Liban mais l’épée restera longtemps suspendue au dessus de la tête des Libanais » écrivait le 3 mai un journaliste d’Al-Sharq Al-Awsat.
Le pays : « L’Iraq ». Sur la manche : « Le confessionnalisme ».
L’Irak et la crise politique qu’elle traverse ont également été particulièrement présents sur les Unes des grands journaux arabes. La contestation se fait de plus en plus vive face au président Maliki, et les heurts se sont multipliés ces dernières semaines, ce qui amène de nombreux commentateurs à parler de risques de guerre confessionnelle entre sunnites (30% de la population) et chiites (60% de la population) , notamment Al-Quds Al-Arabi qui titre «Irak : La partition… ou la guerre confessionnelle, ou les deux en même temps !». L’autre grand sujet de la semaine a été l’initiative de la Ligue arabe pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, alors qu’après les Etats-Unis, c’est la Chine qui, selon Al-Sharq Al-Awsat,«cherche à réaliser des progrès substantiels dans le processus de paix» et a même invité MM. Abbas et Netanyahu à tenir une réunion lors de leur prochaine visite à Pékin comme le rapportait vendredi Al-Quds Al-Arabi. Comme la plupart des autres journaux, L’Orient-Le Jour reste modéré quant aux espoirs suscités par cette initiative de la Ligue arabe qui réveille les points de blocage entre le Fatah et le gouvernement israélien, et déjà rejetée par le Hamas.
En bref, en Tunisie , la manifestation du 1er Mai a été l’occasion pour les Tunisiens noirs de demander une loi contre le racisme, c’est à lire en français dans Kapitalis. Les regards ont également été tournés vers l’Algérie où de nombreuses rumeurs circulent sur l’état de santé du président Bouteflika : «Les défis de la maladie de Bouteflika», titrait Al-Hayat en entrant déjà dans la question de savoir comment l’Algérie passera à l’étape suivante.
Allez pour clore cette revue de presse très masculine, parlons un peu de femmes. L’Orient-Le Jour rapporte qu’une polémique entre laïcs et conservateurs a éclaté en Turquie après que «la compagnie nationale turque Turkish Airlines a décidé d’interdire le rouge à lèvres de couleur vive» à ses hôtesses (voir l’article). Et on va rester dans les uniformes avec la police de Dubaï, qui n’oblige pas ses fonctionnaires féminines à porter du rouge à lèvres, non, mais leur fournit un véhicule de fonction plutôt pas mal…
Oui, à Dubaï, être dans la police est un bon plan. Ferrari pour les femmes, et Lamborghini pour les hommes rapporte Al-Quds Al-Arabi. La parité, ou presque. En tout cas un bel espoir pour l’économie italienne.
Thomas Loupias
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