Destruction d’œuvres d’art, destruction des âmes : Daesh face à l’humanité

Destruction d’œuvres d’art, destruction des âmes : Daesh face à l’humanité

Les crimes sauvages de l’Etat Islamique (EI) continuent d’horrifier le monde, mais il ne faut pas oublier qu’ils ne ciblent pas uniquement les vivants. En effet, Daesh a systématiquement pillé et détruit de nombreux sites archéologiques et d’anciens artefacts, et il semble que leurs efforts pour accomplir leur terrible mission se sont intensifiés ces derniers mois.

L'entrée du palais d'Ashurnasirpal II à Nimrud, photographie de 2007. L'ancienne cité a subi des destructions au début du mois de mars 2015.
L’entrée du palais d’Ashurnasirpal II à Nimrud, photographie de 2007.

Déjà, en janvier 2015, des membres de l’EI ont volé environ 2000 livres dans la Bibliothèque Centrale de Mossoul et ont seulement laissé les textes islamiques, affirmant que les autres seraient brûlés puisqu’ils incitaient à la désobéissance envers Dieu.

De même, il y a deux semaines, une vidéo diffusée par Daesh montre ses membres détruisant d’antiques statues, de véritables œuvres d’art, au Musée de Mossoul à l’aide de marteaux et de perceuses. Un homme légitime leur action en expliquant « quand Dieu tout-puissant nous ordonne de détruire ces statues, ces idoles et ces antiquités, nous devons le faire, même si elles valent des milliards de dollars ». Leur justification serait que les statues étaient vénérées par des « peuples irréligieux ».

Le 5 mars dernier, l’Etat irakien a signalé que des membres de Daesh ont « bulldozé » le site archéologique de Nimrud. Cette ville était la seconde capitale de l’Empire Assyrien fondé au XIIIème siècle av. J.-C. Des tombes royales y avaient été découvertes dans les années 1980.

Samedi 7 mars, l’EI aurait également démoli une forteresse de plus de 2000 ans dans le désert à Hatra. La liste n’est pas finie et elle s’agrandira si rien n’est fait pour les en empêcher. Ces extrémistes ont pour objectif de détruire toute histoire et toute culture non-islamique, qui pourtant font partie du berceau de la civilisation.

Il semble que la justification religieuse de leurs actes soit hypocrite si l’on en croit les doutes concernant la revente sur le marché noire d’œuvres d’art par l’EI. Cela leur permet en effet de financer leur campagne sanglante à travers la région. Cependant, dès septembre 2013, le Conseil International des Musées avait émis une « liste rouge d’urgence des biens culturels syriens en péril » pour que les musées, les collectionneurs privés, les maisons de ventes aux enchères et les dealers d’art ne les achètent pas, pour limiter le financement de l’EI.

La scène internationale n’est pas restée muette : elle est choquée et scandalisée face à l’importance des destructions ajoutées aux assassinats quotidiens perpétrés par l’EI. La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, ainsi que le secrétaire général des Nations unies ont même parlé de « crimes de guerre ». Irina Bokova a souligné qu’il n’y avait « absolument aucune justification politique ni religieuse pour la destruction du patrimoine culturel de l’humanité » et a ajouté que « nous devons répondre à ce chaos criminel destructeur de culture avec davantage de culture ». Elle entend par là rappeler au monde entier l’importance de la culture mésopotamienne pour notre histoire commune.

La réouverture anticipée du Musée National d’Irak a été pour l’Etat un moyen de répondre à Daesh après les barbaries de Mossoul. Le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, a ainsi déclaré lors de l’inauguration : « Aujourd’hui, le message de Bagdad, de la terre de Mésopotamie est clair. Nous préserverons la civilisation et poursuivrons ceux qui veulent la détruire ».

La lutte contre Daesh semble connaître un nouveau souffle en Irak, notamment depuis le jeudi 12 mars 2015, alors que la ville de Tikrit a été reprise par les forces gouvernementales. Il pourrait s’agir d’une première étape pour reconquérir Mossoul, au nord de l’Irak, la plus grande ville tenue par Daesh sur le territoire. A suivre.

Léo Rivaud

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