Kim Jong-Un et Moon Jae-In, respectivement présidents de la Corée du Nord et de la Corée du Sud, se sont rencontrés pour un sommet dans la ville de Panmunjeom, en Corée du Sud, ce vendredi 27 avril.
Devant les yeux ébahis du monde entier, les deux dirigeants ont traversé ensemble dans les deux sens la ligne de démarcation entre le Nord et le Sud dans la zone démilitarisée qui existe depuis 1953.
En effet, au terme de la guerre de Corée il y a 65 ans, aucun traité de paix n’a été signé, mais uniquement un armistice et un cessez-le-feu – dont les Etats-Unis et la Chine étaient également signataires –, laissant les deux pays officiellement toujours en guerre. Au cours de cette journée, ils ont également passé du temps ensemble et, surtout, signé une déclaration commune dans laquelle ils s’engagent à mettre en place un processus de paix et la dénucléarisation totale de la péninsule coréenne.
Ce sommet intervient après une année tensions diplomatiques entre les deux Etats ainsi qu’entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. En effet, durant 2017, Kim Jong-Un a voulu prouver à ses propres citoyens, aux sud-Coréens, aux Etats-Unis et au reste du monde que son pays était une puissance nucléaire au moyen de nombreux essais, suscitant de nombreuses réactions et d’inquiétudes eut égard à la politique de désarmement. Récemment cependant, il y avait déjà eu un début de rapprochement entre les deux Corées à l’occasion des Jeux Olympiques d’Hiver à Pyeongchang.
Cette rencontre et cet accord sont bien « historiques », surtout qu’aucun dirigeant nord-coréen n’avait franchi la frontière depuis 1953. Kim Jong-Un s’est d’ailleurs dit « submergé par l’émotion » à l’idée que les deux Etats organisent des rencontres régulières pour établir une « nouvelle ère de paix » dans la péninsule. La déclaration commune de vendredi stipule en effet qu’un accord de paix – pas nécessairement un traité – soit trouvé avant la fin de l’année 2018. En revanche, aucun calendrier concernant la dénucléarisation n’a été évoqué.
La Chine, les Etats-Unis, l’Europe, se sont tous réjouis à l’issue du sommet. Cependant, le doute plane. L’accord sera-t-il respecté ?
Ce n’est pas la première fois qu’il y a des tentatives d’accords. Cependant, les circonstances sont peut-être différentes. Kim Jong-Un ressent les effets de sa politique de l’an passé. Les essais nucléaires ont certes beaucoup inquiété, mais cette politique de la frayeur ne semble plus être aussi efficace. Les Etats-Unis, et notamment Donald Trump, se montrent toujours intraitables, et soutiennent Séoul. Les sanctions de la part des Nations Unies pèsent également sur l’économie du régime. De plus, la Chine, l’alliée de Pyongyang dans la région – et le seul allié du régime, avait exprimé sa désapprobation en 2017 vis-à-vis du programme nucléaire nord-coréen. La venue, pour la première fois, du dirigeant du Nord dans le Sud peut donc se lire comme une stratégie pour sortir de l’isolement sur la scène internationale et tenter de gagner des cartes dans les négociations à venir pour la dénucléarisation. Il se peut que Kim Jong-Un cherche simplement à se rendre plus crédible et à assouplir les sanctions internationales et restrictions commerciales à l’encontre de son régime, et que la promesse de dénucléarisation ne soit pas tenue à terme. En effet, même si la Corée du Nord se rapproche du Sud, et même si les sanctions internationales s’effacent, il semble improbable que le régime renonce à un tel instrument de puissance.
Trump, qui doit rencontrer au début de l’été Kim Jong-Un, aura donc la lourde tâche d’engager des mesures concrètes de dénucléarisation et de vérification du bon déroulé de celle-ci. Il est vrai que le Président des Etats-Unis semble très engagé dans la confrontation et les relations avec la Corée du Nord alors, cette fois-ci, pourquoi pas une vraie normalisation des relations dans la région ?
Classe Internationale
BIBLIOGRAPHIE
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https://www.theguardian.com/world/2018/apr/28/north-korea-hails-new-milestone-and-credits-kim-with-summit-success
FRANCE 24 avec Reuters, “La Chine appelle la Corée du Nord à suspendre son programme nucléaire“, France 24, 8 mars 2017 (consulté le 29/04/2018). http://www.france24.com/fr/20170308-chine-coree-nord-suspendre-programme-nucleaire
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SANGER, David, “Koreans Set the Table for a Deal That Trump Will Try to Close” (“Les Coréens préparent le terrain pour un accord que Trump essaiera de conclure”), The New York Times, 27 avril 2018 (consulté le 29/04/2018). https://www.nytimes.com/2018/04/27/world/asia/koreans-set-the-table-for-a-deal-that-trump-will-try-to-close.html?hp&action=click&pgtype=Homepage&clickSource=story-heading&module=a-lede-package-region®ion=top-news&WT.nav=top-news
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