À la découverte de Singapour.
« Pourquoi Singapour ? » fut la question qui m’a été posée le plus de fois avant mon départ ! Entre ignorance, préjugés, et spéculations, mes proches ont été assez forts pour essayer de me dissuader de partir dans cette « dictature ». « Tu ne pourras pas manger de chewing-gums », « tu pourras rien faire, c’est très surveillé, ils mettent des amendes pour rien là-bas, j’ai vu un reportage ». En fait, Singapour fut un bon compromis entre mon envie de découvrir un nouveau continent, l’Asie, et mon envie d’améliorer mon anglais. Car, petite précision, bien que située en Asie, l’île compte quatre langues officielles : l’anglais, le mandarin, le malais et le tamoul. Je me suis donc inscrit dans une école de langue, qui m’a proposé de loger chez l’habitant. J’ai sauté sur l’occasion pour pouvoir découvrir en profondeur la culture singapourienne.
Après plus de 12 heures de vol et 6 heures de décalage horaire,mon Routard à la main, je me suis retrouvé dans cette immense Cité-Etat, située à l’extrême sud de la péninsule malaise.Premier choc au poste de frontière : des douaniers souriants, m’adressant même la parole,et gentiment en plus !Je me suis retrouvé en immersion dans une famille d’origine indienne. J’ai donc pu me plonger dans la culture indienne et hindouiste, la famille étant très pratiquante et très accueillante. Ce fut un véritable échange !
Un peu d’histoire et de géographie pour replacer un peu ce pays dans son contexte, car beaucoup de personnes ne savent pas du tout situer Singapour sur un planisphère. Singapour est donc une petite île située à l’extrême sud de la Malaisie, reliée au pays voisin par un pont qui est très difficile à franchir. J’en ai fait l’expérience quand j’ai voulu passer un week-end en Malaisie, sur Tioman Island (magnifique île soit dit en passant). Les formalités d’entrée et de sortie du territoire sont très strictes, et les douaniers, bien que très sympathiques, sont parfois un peu intimidants. Et puis, l’ambiance très formelle qui règne au poste de frontière ne donne pas envie de plaisanter avec les formalités… Après cette petite parenthèse, évoquons quand même l’histoire de Singapour. Seulement quelques centaines de personnes habitaient l’île avant le XIXe siècle. L’histoire de Singapour est très riche, notamment en raison de sa position : le détroit de Malacca, plaque tournante du commerce pendant l’époque moderne, se situe à quelques dizaines de kilomètres.
Le personnage le plus important de Singapour est très certainement Thomas Stamfort Raffles, le fondateur anglais de la ville après son arrivée en 1819. Beaucoup de lieux lui sont consacrés dans la ville, notamment le Raffles Hotel, l’hôtel le plus illustre de Singapour, sinon l’un des plus connus du monde, ou encore des statues de l’homme en bronze et en marbre blanc. Finalement, dans ce régime autoritaire, c’est le fondateur de la ville que l’on vénère, et pas le président ou le Premier ministre … En effet, je n’ai vu aucune affiche, aucune allusion au gouvernement, ou au président, le culte de la personnalité n’est pas très développé sur l’île. Sous domination anglaise pendant plus d’un siècle, l’île acquiert son indépendance complète en 1965, et Lee Kuan Yew devient le dirigeant de Singapour jusqu’en 1990. C’est l’homme qui a permis à la ville d’être ce qu’elle est aujourd’hui, c’est à dire un îlot de prospérité économique, sociale, et culturelle.
La société singapourienne se veut pluri-ethnique et respectueuse de ses différentes composantes. La tolérance est donc primordiale vis-à-vis des minorités, et les autorités répriment sévèrement toute discrimination basée sur l’origine ethnique ou religieuse. Même si l’on peut croire que les Singapouriens sont communautaristes, du fait de la division de la ville en quartiers distincts suivant les origines ethniques, ils sont très tolérants vis à vis des autres cultures. C’est ce melting pot remarquable qui m’a d’ailleurs le plus séduit sur l’île. La ville est peuplée de 5 millions d’habitants environ, dont 2 millions n’ont pas la nationalité singapourienne. Ce sont pour la plupart des hommes d’affaires, des chercheurs et des étudiants. La pluri-ethnicité de la ville est pour beaucoup dans le charme que distille encore Singapour, dont les meilleurs exemples sont les quartiers de China Town et de Little India. Les Chinois représentent la communauté majoritaire de Singapour avec près de 74 % de la population totale. Les Indiens représentent quant à eux 9 % de la population, quand les Malais en représentent 13 %. Enfin, les minorités eurasiennes, d’ascendance britannique, hollandaise ou portugaise, constituent le reste de la population. Toutes ces personnes, d’origines ethniques différentes, de religions différentes, de coutumes et de traditions différentes coexistent parfaitement au sein de la cité-Etat, et c’est ce qui m’a le plus frappé.
A Singapour, la liberté de culte est érigée en droit fondamental et respectée. Vous pouvez ainsi voir, disséminés aux quatre coins de la ville, des clochers gothiques, des gopurams polychromes et des minarets dorés, dont le plus beau est certainement celui situé sur Arab Street, en plein cœur du quartier musulman de la ville. Le bouddhisme est la religion la plus pratiquée sur l’île avec 33 % de pratiquants. Suivent ensuite le christianisme, l’islam, le taoïsme et l’hindouisme. Dans cette société multi-ethnique, la religion et la langue d’une personne influencent son mode de vie, son comportement. Ainsi, les Singapouriens qui parlent anglais comme langue maternelle auront plus tendance à se rapprocher de la culture occidentale, alors que ceux qui parlent chinois se rapprochent de la culture chinoise et du confucianisme.
Tous ces mélanges vont de pair avec la gastronomie, très riche à Singapour. L’occupation principale des Singapourien est … manger, manger, quelques fois, faire les boutiques, mais surtout manger. Et j’ai été surpris par la diversité de la gastronomie singapourienne, toutes les nationalités contribuent à faire de Singapour un haut lieu gastronomique : cuisines malaise, chinoise, indonésienne (très, très épicée), vietnamienne, thaï, française et même anglaise. J’ai donc pu en un mois réaliser un véritable tour du monde culinaire. Quelques spécialités ont particulièrement retenu mon attention, notamment le Chicken rice, qui fut la base de mon alimentation (lamelles de poulet accompagnées de riz cuit dans le jus du poulet, servis avec de la sauce au piment).
Chaque midi, en sortant de l’école, nous allions tester de nouveaux foodcourt ou hawkers centers. Ce sont des endroits dédiés à la nourriture, avec des dizaines de stands, d’étals d’anciens marchands ambulants, et qu’ils soient en plein air ou dans les centres commerciaux, l’ambiance est incroyable. Tout le monde communique, tout le monde échange, parfois dans des langues différentes. On y trouve une quantité de plats, des fruits de mer au poulet, le fameux Fish head curry, le tout très peu cher (un repas revient à environ 6 dollars singapouriens, ce qui fait 4 euros). Revenons rapidement sur le Fish Head Curry, qui fut une véritable épreuve pour moi. Imaginez : une tête de poisson, qui repose dans une mare de sauce curry très épicée. Après moult hésitations, je ne regrette absolument pas !
On commande des seafoods à un stand, des noodles à un autre, un jus de fruit pressé devant nous… Puis on choisit une table quelconque et le service est très rapide. Chaque stand a une vaisselle différente, de façon à ce que les hawkers puissent la récupérer facilement parmi les dizaines de tables. Dernier plat que je voudrais mettre en avant, la prata. Spécialité singapourienne par excellence. Fine galette de blé que l’on trempe dans une sauce curry, c’est un délice !
Vous pouvez vous dire que l’hygiène n’est pas au top dans ces foodcourt, mais détrompez-vous, tout est toujours très propre, et le gouvernement a mis en place un système de note pour les restaurateurs. En effet, l’Agence Nationale de l’Environnement de Singapour a établit un système d’évaluation des stands, avec des notes allant de A à D. Chaque hawker a pour obligation de l’afficher. C’est très utile, car nous avons pu choisir des stands notés A ou B, sans jamais être malade (enfin presque).
Autre élément qui m’a particulièrement plu à Singapour, la propreté de la ville ! Je n’ai jamais vu une ville aussi propre. Le métro, très rapide, flambant neuf, desservant la totalité du territoire, est la fierté de Singapour. J’ai adoré prendre le métro dans cette ville, beaucoup plus qu’à Paris. Les gens sourient (oui, c’est possible de sourire dans le métro), te parlent, sont heureux, et laissent même leur place aux personnes âgées sans qu’elles aient à le demander. Le MRT pour les intimes est un exemple flagrant de la prospérité de la ville.
De nombreux monuments viennent ajouter une touche à la réussite économique de la ville, notamment le Marina Bay Sands, le building le plus haut de la ville, gigantesque hôtel, connu pour sa piscine à débordement à plus de 300 mètres de haut. L’esplanade by the bay ou encore les Garden by the bay sont autant d’infrastructures montrant que le gouvernement tente de mettre l’accent sur le tourisme. Et ça marche, car c’est splendide ! À l’image de sa population, l’architecture de Singapour est multiple et variée. Si dans les quartiers de China Town, Little India, ou encore le Colonial District (quartier d’affaire), subsiste encore un style architectural spécifique, la cité-Etat surprend par son brassage des influences et sa fusion des genres.
Les parcs sont très nombreux dans la ville, et sont des chefs d’oeuvre d’ornement. Mon parc préféré reste le Botanic Garden, immense étendue de verdure en plein milieu de la ville, avec des milliers de variétés de plantes, d’arbres, de fleurs.. Un havre de paix au plein cœur d’une mégalopole. Ce qui m’a le plus étonné, c’est le dépaysement total lorsque l’on rentre dans un parc ou dans une réserve naturelle à Singapour. Une fois à l’intérieur, c’est un autre monde, complètement différent de la ville.
Si beaucoup de gens ont des a priori sur Singapour, c’est sûrement en raison des nombreuses lois qui y sévissent. Par exemple, les chewing-gum sont interdits sur le territoire. Si à la douane, on retrouve un paquet dans votre valise ou votre sac, vous pouvez toujours négocier avec le monsieur ou la madame, mais normalement, c’est 500 dollars d’amende ! De même pour les cigarettes (je n’ai pas eu ce problème, je ne fume pas, et d’ailleurs, heureusement, car être fumeur à Singapour c’est toute une histoire), si vous introduisez plus d’un paquet de cigarettes étranger sur le territoire, les autres sont détruits, et vous pouvez vous retrouver avec une amende de 500 dollars (oui, 500 dollars est la base de chaque amende, qui peuvent monter parfois jusqu’à 5000 dollars si vous fumez dans le métro par exemple). Un de mes amis a d’ailleurs fait cette expérience en revenant de Malaisie, mais bon, un petit sourire, et le douanier est clément. Bien que la ville soit régie par de nombreuses lois, de nombreuses règles, une fois l’habitude prise, il n’y a aucun problème. C’est une question de respect des normes, et de respect des autres surtout. C’est aussi pour cette raison que je me suis vraiment senti en sécurité, même à plus de 10 000 km de chez moi. Singapour est reconnu mondialement pour être la ville la plus sûre du monde, avec un taux de criminalité extrêmement bas.
Pour toutes ces raisons, je vous conseille vivement de vous rendre sur place, et de vous laisser charmer par tous les bons côtés de cette cité-Etat, et qui sait, peut être tomberez vous amoureux de cette ville comme moi !
Killian Tondu-Bataillard
No Comment