La nouvelle politique étrangère du gouvernement Trudeau dans les relations internationales
Depuis son élection le 4 novembre 2015 au poste de 23ème Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau doit gérer de nombreux dossiers, dont de multiples en lien avec la politique étrangère du Canada.
Après un effacement sur la scène internationale du Canada sous le gouvernement Harper, l’actuel Premier Ministre veut reprendre le leadership du Canada en matière de relations internationales. Parmi les sujets d’actualité, nous retrouvons les négociations dans le but de récupérer sa place au Conseil de sécurité de l’ONU ou encore un plan climat ambitieux avec, notamment, une taxe carbone afin de devenir la tête de file dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il souhaite également développer le commerce et stimuler la croissance de la classe moyenne avec, entre autres, des négociations portant sur le Traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) mais aussi en matière de sécurité internationale et d’aide humanitaire grâce à un rôle clé dans le conflit syrien et au Proche-Orient. Les canadiens l’ont élu sur ces mesures fortes et il souhaite ainsi « une relation de collaboration avec les provinces [et que] son approche a apporté un vent de fraîcheur en politique canadienne ». Que ce soit dans le contexte pancanadien ou supranational, il ne fait aucun doute que M. Trudeau et son gouvernement devront être à la hauteur des attentes du peuple canadien.
Tout d’abord, le gouvernement canadien a émis le souhait de retrouver sa place au Conseil de sécurité de l’ONU afin d’accroître à nouveau son influence dans le jeu international. Pour rappel, c’est en 1999/2000 que le Canada a bénéficié d’un mandat auprès de cette organisation internationale. Après avoir reçu le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, à Ottawa en février dernier, Justin Trudeau a tenu une conférence de presse au siège de l’Organisation des Nations Unies à New-York en mars 2016. « Le Canada travaillera activement à obtenir un siège au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2021-2022 », a-t-il déclaré. Nul doute que de grands efforts, notamment sur le plan diplomatique, devront être mis en œuvre afin d’accéder au mandat en 2020. Objectif clairement affiché : retrouver une visibilité sur la scène internationale. Il a ainsi déclaré lors de cette même conférence que « nous avons clairement affirmé, tant dans nos politiques intérieures que sur des tribunes internationales, que le respect de la diversité, l’inclusion et le respect des droits de la personne sont au cœur de la définition de notre identité nationale ». Reste à savoir qui l’emportera entre le Canada, l’Irlande et la Norvège.
Deuxième dossier prépondérant dans le mandat du nouveau gouvernement libéral : le rôle que souhaite jouer le Canada en matière d’environnement et de protection de la planète face aux changements climatiques. Après avoir participé au sommet mondial de la Conférence de Paris de 2015 sur le climat avec 195 autres pays dont l’Union Européenne, Justin Trudeau a affirmé qu’il mettrait en place un plan audacieux dans les prochains mois, en négociation avec les provinces et territoires, afin de respecter les accords de la COP21 et de s’engager à réduire l’émission des gaz à effet de serre. « Nos provinces exercent un leadership au Canada en matière de changements climatiques et au cours des mois à venir, nous élaborerons un cadre pancanadien pour nous aider à mettre en œuvre l’accord de Paris», a-t-il avancé dans son discours au Bourget. En outre, M. Trudeau a affirmé que le gouvernement libéral canadien allait investir quelque 300 millions de dollars dans le cadre d’un vaste plan d’investissements privés et publics pour le développement des énergies vertes.
Le troisième défi auquel devra faire face le nouveau gouvernement canadien porte sur le commerce international avec ses partenaires asiatiques, d’une part, avec le Traité Transpacifique (PTP), et européens, d’autre part, avec le Traité de libre-échange transatlantique (TAFTA). Ce dernier a pour objectif de consolider les relations diplomatiques et commerciales entre le Canada et l’Union européenne. Bien que cet accord ait suscité de nombreuses réactions et certaines formes de contestation en Europe, M. Trudeau a affirmé qu’il pensait voir cet accord transatlantique ratifié et mis en place dès cette année. « L’UE est la plus importante économie au monde, le principal donateur d’aides humanitaire et au développement, et un joueur central dans la prise en compte des défis mondiaux », déclare le Premier Ministre dans son discours. Ce traité et les négociations qui l’accompagnent sont fondés sur le rapport Reducing Transatlantic Barriers to Trade and Investment An Economic Assessment, qui met en lumière le fait que « chaque obstacle au commerce supprimé pourrait entraîner des gains économiques importants (…) Une fois pleinement mis en œuvre, il est prévu qu’un ménage européen moyen gagnerait par an € 545 de plus et que notre économie serait stimulée de 0,5% du PIB, soit € 120 milliards ».
Enfin, le dernier dossier international, et pas des moindres, sur lequel le Canada a à jouer un rôle prépondérant est celui visant le maintien de la paix, notamment en Syrie et au Proche-Orient. Comme M. Trudeau l’a affirmé peu de temps après son arrivée au gouvernement, il souhaite retirer les avions de chasse canadiens déployés dans l’intervention militaire en Syrie et en Irak et cesser les frappes aériennes réalisées dans le cadre de la coalition occidentale contre le terrorisme. « Les gens qui sont terrorisés par l’EI tous les jours n’ont pas besoin de notre vengeance. Ils ont besoin de notre aide », a plaidé le Premier Ministre en conférence de presse. « La nouvelle politique du gouvernement canadien en matière de lutte contre l’EI est fondée sur cette croyance. » Désireux d’aider plutôt que de combattre, le gouvernement Trudeau entend mettre en place plusieurs actions humanitaires visant à venir en aide aux populations civiles. « Dans n’importe quelle mission, il faut faire des choix. On ne peut pas tout faire. Nous, on a été guidés par le désir de faire ce qu’on pouvait faire au maximum pour aider dans la région de la bonne façon », a-t-il dit, en assurant que la nouvelle mission est « digne du Canada ». Cette prise de décision, bien qu’accueillie paisiblement par son homologue américain Barack Obama, a suscité de nombreuses critiques au Canada de la part du Parti conservateur. Toutefois, les frappes militaires dans cette région ont cessé depuis la fin février.
Outre les sujets internationaux abordés précédemment, le gouvernement libéral s’est engagé sur une série de mesures visant à relancer l’économie canadienne, les investissements privés et publics ou encore la réduction des impôts pour la classe moyenne. Après seulement quatre mois, de nombreuses mesures politiques et économiques ont été mises en place, comme les choix budgétaires effectués par le gouvernement en vue du budget fédéral de 2016 avec un déficit assumé de 29.4 milliards de dollars canadiens. Le Premier Ministre a légitimé ce choix en expliquant qu’ « on avait à peu près 10 milliards de dollars canadiens d’investissement à faire dans l’économie. Avec l’économie qui s’est détériorée, le point de départ, ce n’est pas autour de l’équilibre budgétaire, c’est à presque moins 20 (…), alors on ajoute 11 milliards de dollars canadiens de nouvelles dépenses (…) ce qui fait un déficit de presque 30 milliards de dollars canadiens », a-t-il justifié. Au final, il ne reste plus qu’à espérer que les choix effectués en matière d’économie, d’environnement et de leadership auront été les bons et que le Canada retrouvera une place prééminente dans le concert des relations internationales.
Alexandre L’Hour
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