La nouvelle géopolitique du Japon
A l’occasion d’un cycle de travail sur le Japon, l’IHEST (l’Institut des Hautes Études pour la Science et la Technologie) organisait le 6 décembre 2016[1] une conférence sur la « nouvelle géopolitique du Japon ». Depuis plusieurs années, le pays semble se repositionner sur la scène internationale, ce qui s’explique par deux grandes dynamiques qui se nourrissent mutuellement.
(Ce compte-rendu fait écho à l’article que Classe Internationale avait publié lors de l’adoption des lois de sécurité japonaises en septembre 2015, et portant sur le réarmement du Japon)
D’une part le pays semble avoir trouvé un homme fort en la personne de Shinzo Abe, bien que son image s’accompagne de polémiques. A la tête du pays depuis septembre 2012, il est le chef de gouvernement le plus stable depuis Junichiro Koizumi (2001-2006), lequel avait réussi à s’imposer dans un régime structurellement propice à une instabilité ministérielle. Le Premier ministre Abe est tenant de convictions fortes, notamment sur la place que l’archipel nippon devrait occuper dans le concert des puissances asiatiques, et les moyens d’y parvenir. Sous le mot d’ordre de « contribution pro-active à la paix », le chef du gouvernement entend infléchir la position résolument pacifique du Japon prescrite par l’article 9 de la Constitution de 1946, lequel empêche le pays de se doter d’une armée en bonne et due forme. Afin de renouer avec le hard power et la capacité à faire face à un environnement sécuritaire troublé, Shinzo Abe n’a eu de cesse de donner corps à ses velléités nationalistes à travers une réforme de l’outil de Défense.
D’autre part, c’est bien en réaction à une montée des périls que le Japon semble de nouveau prêt à prendre les armes. Loin des tentations militaristes qui ont forgé les années de plomb du Japon impérial, la montée en puissance des voisins chinois et nord-coréen est perçue comme une menace croissante planant sur l’intégrité du pays. La dispute territoriale avec Pékin autour de l’archipel Senkaku/Diaoyu, tout comme les essais nucléaires nord-coréens dont le rythme s’accélère dernièrement, ponctuent l’actualité. Ces tendances renforcent la conviction japonaise que la dégradation de l’environnement sécuritaire doit s’accompagner d’un renforcement des moyens de défense de l’archipel, et d’un repositionnement du Japon sur la scène internationale.
Le Japon, premier ancrage américain dans le Pacifique
Mathieu Duchâtel, chercheur attaché au European Council of Foreign Relations (ECFR), attire d’abord l’attention sur l’importance du Japon dans le dispositif des forces armées américaines dans le Pacifique. Le pays compte pas moins de 52 060 GI’s à l’heure actuelle, ce qui représente un tiers des forces américaines stationnées à l’étranger. L’alliance nippo-américaine est structurelle en termes de sécurité pour le Japon, et permet aux Américains de disposer d’un ancrage solide dans le cadre du « pivot asiatique » mise en place par l’administration Obama depuis 2011. Les États-Unis disposent de neuf bases sur les quatre îles principales de l’archipel japonais (Honshu, Kyushu, Shikoku, et Hokkaido).
Cependant, le cœur du dispositif des forces américaines présentes au Japon se situe sur l’archipel d’Okinawa, largement plus au sud des îles principales. L’île principale du même nom compte sept bases et l’essentiel du contingent américain. Ce territoire a été occupé vingt ans de plus que le reste du Japon, lequel a été sous administration militaire US de 1945 à 1952. Okinawa a donc été restitué au gouvernement japonais en 1972.
Okinawa en chiffres :
→ 0,6 % de territoire japonais
→ 73,9 % des installations militaires américaines au Japon
→ 20 % de cette île occupée par les États-Unis
→ 50 % des soldats américains stationnés au Japon
La présence militaire américaine sur Okinawa a varié depuis 1945, et reflète fidèlement le rôle de base arrière qu’elle occupe dans l’organisation des forces armées américaines. Le point culminant est atteint au début des années 1950 au cours de la guerre de Corée, on dénombre alors quelques 212 000 GI’s. La fin du conflit provoque une forte baisse jusqu’à ce qu’éclate la guerre du Vietnam, les effectifs se chiffrent alors à quelques 80 000 hommes. Depuis la fin du conflit et la rétrocession de l’archipel en 1972, les effectifs n’ont fait que diminuer pour atteindre 32 000 hommes au début des années 2000. Une remontée s’amorce cependant depuis l’amorce du « pivot asiatique ».
La poussée chinoise, symbole d’un statu quo en mutation
Ce préalable statistique permet de mieux saisir les enjeux de sécurité et de puissance que le Japon représente pour son allié américain. En ce qui concerne la sécurité du Japon en lui-même, et la perception que le pays a des menaces qui pèsent sur lui, de nombreuses sources japonaises sont accessibles et ouvertes, et permettent de saisir le sentiment d’insécurité qui anime les Japonais. Si depuis l’étranger la tentation est grande de faire le parallèle entre l’investissement accru dans les forces d’autodéfenses japonaises et les dérives militaristes passées, au Japon il est clair que cette démarche n’est qu’une réponse nécessaire à l’exacerbation des tensions observée dans la région.
Le premier terme qui surprend lorsque l’on s’intéresse aux sources japonaises traitant de la sécurité du pays, est celui de « survie ». Le Japon se perçoit comme une forteresse assiégée. Pris en tenailles entre les velléités nucléaires coréennes, la présence croissante des garde-côtes chinois et des patrouilles aériennes russes de plus en plus intrusives, le pays se sent bien plus menacé qu’il y a quelques années. Le statu quo régional semble en passe de vaciller à tout moment, même si naturellement la définition de cette notion éminemment politique varie d’un gouvernement à l’autre.
Ce fameux rapport de forces hérité de la guerre du Pacifique et qui avait consacré la Pax Americana est en train de changer, comme l’illustre particulièrement le litiges autour des archipels Diaoyu/Senkaku. La notion d’ordre international libéral est au cœur de la posture de sécurité nationale japonaise. Elle implique de se conformer aux règles du jeu posées par le droit international, et particulièrement le droit international de la mer, étant donné l’essence maritime du Japon. Cependant, le discours actuel du Japon est fondé sur une perspective très réaliste des relations internationales. L’outil militaire est au cœur du système.
La nécessité d’apporter une réponse à l’environnement de sécurité en mutation a porté l’investissement du Japon à destination de ses « forces d’auto-défense ». La situation de face à face avec la Chine autour de la souveraineté de l’archipel des Senkaku[2] met en lumière l’absence de frontière maritime dûment fixée et faisant consensus entre les parties. La notion de « ligne médiane » opérant comme un compromis entre les revendications chinoises et japonaises semblent néanmoins la base sur laquelle échangent les deux parties. La Chine et le Japon ont cependant une compréhension très différente du statu quo.
Repères chronologiques concernant le litige des Senkaku :
7 septembre 2010 → Un bateau de pêche chinois s’introduit dans les eaux japonaises et est arraisonné par les garde-côtes japonais. Les occupants du navire sont alors jugés selon la législation japonaise.
10 septembre 2012 → Le gouvernement japonais a nationalisé les îles Senkaku, réaffirmant leur souveraineté sur ces dernières. Le gouvernement explique le rachat de ces îles à leurs propriétaires privés comme une manière de gérer les risques.
Alors que le Japon pensait sanctuariser son pré carré et faire la démonstration de son emprise sur l’archipel des Senkaku, ces mesures successives ont été très violemment reçues en Chine, et ont engendré une réponse forte de cette dernière. Des données chiffrées permettent de mettre en évidence une forte augmentation d’intrusion dans les eaux territoriales et la zone contiguës des îles Senkaku depuis 2010. Le schéma habituel adopté par les navires des garde-côtes chinois est le suivant : l’intrusion organisée de trois navires, trois fois par mois, pendant deux heures.
Un pic inédit et soudain de l’activité chinoise dans la zone a même été enregistré en août 2016. Il correspond au début de la période des pêches et a provoqué une réaction japonaise. La hausse de l’activité maritime chinoise dans la zone trouve son pendant aérien. Celle-ci est néanmoins plus progressive mais constante, atteignant des niveaux sans commune mesure avec la situation en 2010. L’augmentation de vols dirigés contre le territoire japonais engendre ainsi mécaniquement une hausse de décollages rapides de l’armée de l’air japonaise. Tout aussi mécaniquement, l’activité croissante dans la zone, tant maritime que aérienne, augmente les risques d’accrochages et de collisions, événements qui pourraient avoir des conséquences désastreuses sur les relations déjà tendues entre les deux pays. Aussi le gouvernement japonais a constamment réitéré sa demande de négocier un accord qui permettrait d’éviter des collisions entre les marines et les garde-côtes des deux pays.
Autre marqueur dans l’escalade des tensions, la Chine a proclamé unilatéralement la mise en place d’une Zone Aérienne d’Identification (ZAI) en novembre 2013. Cette zone chevauche une partie du territoire japonais et inclut la fameux archipel litigieux. L’établissement de cette ZAI fait suite à plusieurs accrochages. D’abord en décembre 2012 entre un chasseur chinois Y-12 et un F-15 japonais, puis en septembre 2013 un incident impliquant un drone. La Chine s’en était alors remise à l’entremise d’un drone militaire pour violer l’espace aérien au dessus des îles Senkaku, entraînant immédiatement le décollage d’une F-15 des FAD japonaises[3].
La Chine cherche à contester l’administration effective des Senkaku par le Japon. Les multiples intrusions aériennes et maritimes participent à cette stratégie, et mettent le Japon dans une situation de difficulté qu’il ne connaissait pas avant 2010 et la « rupture du statu quo ». Des mesures de « restauration de la confiance » ont lieu régulièrement sans pour autant mener vers une issue pérenne. Le Ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi déclarait il y a peu que 2017 serait l’année de « l’amitié ». Cependant la circonspection est de mise compte-tenu du décalage avec la situation sur le terrain. Les négociations concernant un mécanisme de communication aérienne et maritime pour prévenir des incidents est toujours au point mort. Il s’agit là d’un bon indicateur pour relativiser la baisse des tensions. Le but de cette démarche était d’éviter de potentiels accrochages entre les forces armées des deux pays, ce qui est un échec. Il y a bien un accord qui est prêt bien que rien ne soit public, mais le litige porte sur l’application géographique. La porte des négociations n’est pas fermée, les échanges sont réguliers, mais rien de tangible n’est à signaler.
Il y avait pourtant eu en 2008 un accord (ou « consensus de principe » selon la terminologie chinoise) sur le développement conjoint des ressources énergétiques de la mer de Chine orientale le long de la fameuse « ligne médiane ». Cependant l’accord n’est pas appliqué, bien qu’il ait fait couler beaucoup d’encre dans les deux pays lors de son adoption, chaque camp s’étant fait taxer en interne d’avoir cédé au compromis.
La menace d’une Corée nucléaire
La Corée du Nord est considérée comme une « menace sérieuse et imminente ». Le précédent des kidnappings de citoyens japonais entre 1977 et 1983 agit comme un souvenir traumatique. On parle officiellement de dix-sept japonais qui auraient fait l’objet de rapt. Cependant le cœur de la crainte nippone se porte sur les ambitions nucléaires de Pyongyang. Les scénarios d’emploi en premier comme de menace d’emploi sont intolérables pour le Japon. D’autant que les progrès nord-coréens en la matière sont incontestables. Ils disposent de missiles intercontinentaux et parviennent à enrichir de l’uranium, bien que la miniaturisation de têtes nucléaires soit sérieusement mise en doute à l’heure actuelle. Cependant, Pyongyang disposant de missiles plus « modestes » dont la portée permet d’atteindre le Japon, Tokyo garde une perception bien plus aiguë de la menace coréenne que Washington, d’autant que ces missiles ont été suffisamment testés pour que leur fiabilité soit un fait établi internationalement.
Vers un apaisement avec la Russie ?
Une rencontre entre Vladimir Poutine et Shinzo Abe dans la province natale de ce dernier est prévue pour le 15 décembre. La date est bien choisie puisqu’elle s’intercale entre la désignation du nouveau président américain, M. Donald Trump, et son entrée en fonction. Ce calendrier permet une liberté de ton entre les deux parties qui ne craindra pas d’être troublée par une intervention des États-Unis, bien que cette période de latence dans la diplomatie américaine interdise également toute prise de décision qui remettrait en cause l’équilibre actuel, tant l’importance de Washington est grande dans la région.
On parle régulièrement d’une alchimie personnelle entre les dirigeants russe et japonais. Aussi, un rapprochement durable entre les deux pays est à espérer sous leurs mandats respectifs. Cependant, le litige territorial des îles Kouriles empoisonne les relations russo-nippones depuis 1945, date à laquelle l’Union soviétique prend possession de ces îles au nord de l’archipel principal japonais. Leur souveraineté passe à la Russie en 1991, alors que ces terres sont historiquement japonaises. Le sommet du 15 décembre est attendu comme la première pierre conduisant à un accord à ce propos entre les deux pays.
En définitive, le Japon semble davantage s’inscrire dans une logique de « hedging » (couverture du risque) que de « balancing » (contrebalancer la puissance chinoise). Le pays cherche à se prémunir du risque que représente un pays avec lequel les blessures du passé n’ont pas été totalement pansées, surtout dans un contexte où celui-ci affirme son leadership à l’échelle mondiale. Le Japon porte la rivalité avec la Chine sur tous les fronts : technologique, luttes mémorielles, économique, militaire, diplomatique etc… On observe une intensification de l’activisme international japonais. Le pays du Soleil-Levant fournit un effort significatif en matière de défense et cherche de nouvelles asymétries pour assurer une dissuasion.
La deuxième intervenante, Mme Marianne Péron-Doise, chercheur attaché à l’IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire), a ensuite abordé la montée en puissance des Forces d’Auto-Défense (FAD) japonaises.
Conquête de la puissance militaire
La plupart des observateurs ont tendance à dépeindre de manière négative la montée en puissance militaire du Japon. L’archipel veut se placer dans une logique d’interventions internationales sous mandats de l’ONU (OMP ou PKO, pour Peace Keeping Operations), afin de contribuer à la sécurité collective dont l’organisation est le garant. Le Japon a fourni jusque-là un soutien logistique aux opérations internationales, et ce de manière très encadrée. Le positionnement de Japon est en train de se redéfinir, et l’on s’oriente vers une militarisation de leur cœur de métier.
Il s’agit d’un choix délibéré de parler de « conquête » et non de « reconquête » de la puissance militaire, afin d’éviter un parallèle impertinent avec les années de plomb du Japon impérial. Le but poursuivi par le Japon est bien une normalisation des FAD vers une force armée à part entière, et non la constitution d’un instrument de domination satisfaisant des velléités de prédation. La motivation qui revient constamment dans le discours des autorités japonaises est le partage du fardeau sécuritaire, pour que Tokyo prenne sa part du fardeau pour assurer à la fois sa sécurité en tant que nation, mais aussi la paix dans la région. Le rééquilibrage voulu est une démarche clairement à destination des États-Unis, lesquels sont liés au Japon par un partenariat qui forme la pierre angulaire de dispositif de sécurité de l’archipel. Disposer d’un outil militaire propre permettra au Japon de donner corps à ses appréciations autonomes des menaces qui pèsent sur la sécurité régionale.
Les lois de défense votées le 19 septembre 2015 vont dans ce sens via une réinterprétation de l’article 9 de la constitution pacifiste de 1946. Alors que le seul motif légitimant l’emploi des FAD était l’impératif le plus absolu d’auto-défense (attaque armée directe du territoire japonais), le glissement du concept vers « l’autodéfense collective » et l’acceptation d’un « pacifisme pro-actif » accorde une plus grande marge de manœuvre au Japon. Le pays peut désormais faire usage de la force armée pour secourir des alliés faisant l’objet d’une attaque. Cette évolution est dictée par le souci d’apporter sa contribution à la sécurité internationale, de même que la démarche s’appuie sur une lecture très réaliste du contexte régional (au sens de la théorie des relations internationales). Par ailleurs, le « pivot asiatique » prôné par les États-Unis implique de pouvoir s’appuyer sur un réseau d’alliances dans la région. Ce faisant, le Japon se place en relais dans l’idée d’apporter une réponse à l’émergence de la Chine, jugée très offensive.
Chronologie de la « normalisation des FAD »
Le Japon en 1945 → La constitution pacifiste impulsée par les États-Unis vise à remettre définitivement le couvercle sur l’expérience militariste et expansionniste de l’archipel. En contrepartie de la privation de la force armée, les États-Unis signent avec le Japon un traité de défense en 1951 par lequel Washington s’engage à protéger le Japon de toute agression extérieure. Bien que le traité inclut une clause d’assistance mutuelle en cas d’agression de manière à mettre les deux pays sur un apparent pied d’égalité, il s’agit bien d’une alliance inégale au profit des Etats-Unis, puisqu’il est inscrit dans le marbre le refus que les FAD se dotent de « capacités offensives ». De ce faits, les Forces d’Auto-Défense ne sont qu’une force minimum, très encadrée dans ses prérogatives.
La position pacifique du Japon est un garant auprès de l’opinion publique, l’élément fondateur de l’identité japonaise dans les relations internationales. L’on assiste aujourd’hui à un tiraillement du Japon, entre cette fameuse identité et le souci de la responsabilité politique du Japon au fur et à mesure que l’environnement régional devient de plus en plus menaçant. Face au constat d’une montée des périls, le Japon décide de se doter d’outils capables d’opérer une dissuasion crédible.
Dès lors, un mouvement d’ouverture s’opère et permet aux FAD de sortir de l’archipel.
→ La loi de 1990 pose la cadre de la participation japonaise aux opérations de maintien de la paix de l’ONU (OMP ou PKO pour Peace Keeping Operations). Les FAD sont néanmoins cantonnées à un rôle non-combattant, elles sont une force logistique d’appoint au service des Nations Unies.
→ A l’épreuve de chocs internes et externes, cette orientation de la politique de Défense se confirme : Le 11 septembre 2001, la guerre en Irak en 2003, le premier essai nucléaire coréen en 2006, crise autour de l’archipel des Senkaku en 2010-2012, ainsi que la catastrophe de Fukushima en 2011.
Thomas SIMON
Notes:
[1] http://www.ihest.fr/les-actualites/actualites-de-l-ihest/la-nouvelle-geopolitique-du-japon
[2] Cependant il est intéressant de constater que le gouvernement japonais nie jusqu’à l’existence d’un contentieux. En effet, en accepter l’idée reviendrait à fragiliser la position du Japon, lequel a le contrôle de ces îles et les administre depuis des décennies.
[3] http://dronecenter.bard.edu/act-war-drones-testing-china-japan-relations/
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